Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

John Sayles à la cinémathèque, un guerillero du cinéma américain

à la cinémathèque un guerillero du cinéma américain dont les films restent inconnus en France… L’histoire comme enjeu : dix-huit longs métrages qui vont de l’intime (au début des années 1980, une jeune mère de famille assume son homosexualité – Lianna, 1983) à l’épopée (une grève de mineurs dans les Appalaches en 1920 – Matewan, 1987 ; la résistance philippine à l’occupation américaine en 1900 – Amigo, 2010) en passant par le détournement du cinéma de genre (Lone Star, 1996, polar qui met à vif les blessures du racisme au Texas, Brother, 1984, histoire d’un extraterrestre à qui son aspect africain vaut de trouver refuge à Harlem). Une filmographie qui dessine une autre histoire des Etats-Unis. « L’histoire est l’enjeu d’une guerre, on le voit bien aujourd’hui, dit John Sayles. Au Texas, dans l’Oklahoma, les autorités interdisent que l’on parle de certaines figures historiques, comme Harriet Tubman, l’organisatrice de l’Underground Railroad [chemin de fer clandestin] qui aidait les esclaves fugitifs à gagner le Nord ou le Canada, alors qu’on oblige à célébrer William Travis, mort en défendant l’Alamo, mais qui gagnait sa vie en tant qu’avocat spécialisé dans la chasse aux esclaves. Cette guerre autour de l’histoire, je la mène depuis quarante ans.» Avant d’interdire l’histoire exhumons-en le visage occulté (note de Danielle Bleitrach)

« Lorsque Ronald Reagan est arrivé au pouvoir en 1980, l’une de ses premières actions a été de démanteler le syndicat des contrôleurs aériens. J’avais l’impression que les gens avaient besoin de se rappeler pourquoi les syndicats sont nécessaires. Aujourd’hui, j’aime toujours Matewan et je suis satisfait du travail des gens sur ce film – jeu d’acteur, production, musique. Une grande partie de l’histoire des luttes de mineurs a maintenant été documentée, et je pense que le film a aidé le public à s’y intéresser profondément. Surtout, je suis heureux qu’il célèbre les gens qui ont mené cette dure vie et ces combats. »
(John Sayles, entretien avec Jim Hemphill, Filmmaker Magazine, février 2020)

DIMANCHE 7 NOVEMBRE 2021, 20H15

SALLE GEORGES FRANJU

20h15 → 22h30 (135 min)


MatewanJohn SaylesÉtats-Unis / 1987 / 135 min / DCP / VOSTF / Copie restaurée par UCLA Films and Television Archive

Avec Chris Cooper, James Earl Jones, Mary McDonnell.

Récit des violents troubles sociaux qui éclatèrent dans les années 1920 dans la petite ville minière de Matewan, en Virginie-Occidentale.

Au cœur de la Virginie occidentale, John Sayles évoque le tragique épisode de la bataille de Matewan où les ouvriers d’une petite ville minière durent lutter pour leur vie et leur dignité. Pour la première fois, le cinéaste se penche sur des faits de l’histoire américaine passés sous silence et décide de les porter à l’écran. Avant Men With Guns (1999) ou Amigo (2010), il représente déjà, à cette époque, ce réalisateur capable de regarder l’Amérique droit dans les yeux en lui faisant comprendre ses torts. Tandis qu’il explore les causes et les conséquences de la baisse du prix du charbon, Matewan raconte le récit méconnu de ces briseurs de grèves, appelés des États environnants afin d’en obturer les effets. Au plus près de ces hommes broyés par le système, John Sayles s’engage dans une volonté humaniste pour dénoncer l’injustice de cette exploitation et livrer une sévère critique du capitalisme.

Pour en savoir plus sur la rétrospective John Sayles à la Cinémathèque française du 20 octobre au 13 novembre 2021 : https://www.cinematheque.fr/cycle/john-sayles-615.html

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