Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les Allemands en ont assez des conservateurs, par Andrei Doultsev

S’il n’y a aucune raison de réellement se réjouir des résultats électoraux en Allemagne, selon Andrei Doultsev ils démontrent incontestablement que le “miracle” allemand n’est que de surface et que l’électorat a refusé de plébisciter ses dirigeants. Néanmoins au plan international, en ignorant tout de la coalition qui sortira in fine des transactions on peut espérer un axe plus pacifique dans lequel malgré les vœux des verts et la reddition de die linke, l’OTAN ne serait pas l’horizon vert-de-gris de l’UE. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

Le parti social-démocrate d’Allemagne (SPD) a remporté les élections au Bundestag, la chambre basse du parlement allemand, avec 25,7 % des voix. Le taux de participation aux élections a été de 76,6 %. Les résultats préliminaires officiels ont été publiés par la Commission électorale fédérale aux premières heures du lundi 27 septembre.

Andrei DOULTSEV, correspondant de la Pravda en Europe occidentale.

28 septembre 2021

https://kprf.ru/international/capitalist/205713.html

Le bloc conservateur de l’Union chrétienne-démocrate et de l’Union chrétienne-sociale formera la deuxième faction la plus importante du parlement allemand. 24,1 % des électeurs ont voté en faveur de ce bloc, selon la commission électorale centrale allemande. Il s’agit du pire résultat jamais obtenu par les conservateurs, étant donné que la CDU a perdu contre les sociaux-démocrates dans l’État d’origine de son chef, Armin Lachet, en Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Outre le SPD et la CDU/CSU, six partis ont fait leur entrée dans le nouveau Bundestag : les Verts (14,8 % des voix), le Parti démocratique libre (11,5 %), le parti populiste de droite Alternative pour l’Allemagne (10,3 %) et le Parti de gauche (4,9 %). Ce dernier n’entre au Parlement que parce qu’il a remporté trois mandats directs dans les circonscriptions, ce qui lui permet d’entrer au Parlement en tant que liste de parti et de former une faction, conformément à la loi électorale allemande.

Les sièges au Bundestag seront répartis comme suit : Le SPD obtiendra environ 206 mandats, la CDU/CSU 196, les Verts 118, les Libéraux 92, l’Alternative pour l’Allemagne 83 et le Parti de gauche 39. La session inaugurale du nouveau parlement devrait se tenir le 26 octobre.

Le parti social-démocrate allemand (SPD) exercera son droit de victoire et, après les élections, entamera des négociations avec ses rivaux pour former un gouvernement de coalition. Les options les plus probables pour la nouvelle alliance gouvernementale sont actuellement une coalition entre le SPD, les Verts et les libéraux, une coalition entre le SPD et la CDU/CSU, et une coalition entre le SPD, les Verts et le Parti de gauche.

Le SPD doit sa victoire avant tout à la popularité de son leader Olaf Scholz, l’ancien maire de Hambourg. Il jouit de la réputation d’un gestionnaire efficace auprès de la “classe moyenne”, mais il aime recourir à la rhétorique et aux promesses populistes de gauche. Scholz, qui a débuté dans le mouvement de jeunesse “de gauche” du parti des jeunes socialistes, est le principal architecte des lois anti-populaires du chancelier Schröder visant à réduire les prestations sociales et les pensions et à libéraliser le droit du travail de la République fédérale d’Allemagne. De la part d’un homme politique ayant des liens étroits avec l’élite bancaire allemande, il ne faut pas s’attendre à des changements structurels.

Scholz, comme ses prédécesseurs Schröder et Merkel, est un adversaire de la voie anti-russe et un partisan du dialogue multilatéral avec les États-Unis, la Russie et la Chine sur la base de relations mutuellement bénéfiques. Le SPD a ainsi réussi à repousser les russophobes du parti des Verts, qui insistaient sur une politique atlantiste agressive et sur la rupture des relations avec la Chine et la Russie.

La direction du Parti die Linke, qui a perdu 30 sièges, rêve d’une éventuelle première participation au gouvernement en Allemagne, qui pourrait être formé par “la gauche et le centre-gauche” : le SPD, les Verts et eux. Le parti de gauche espère qu’il sera au moins invité à sonder les discussions de coalition. Leurs dirigeants soulignent avant tout que les trois partis ont un programme commun sur de nombreuses questions sociales et qu’à l’approche des élections, die Linke a abandonné sa demande de retrait de l’Allemagne de l’UE et de l’OTAN, ce qui lui a fait perdre nombre de ses électeurs.

Le Parti communiste allemand (DKP) a légèrement renforcé sa position dans le contexte de la défaite du parti die Linke : alors qu’en 2012 et en 2017, il avait obtenu 10 000 voix, lors des élections du 26 septembre, il a obtenu le soutien de plus de 15 000 électeurs qui ont protesté contre l’opportunisme du Parti de gauche et la répression des communistes. En 2020, les autorités allemandes ont retiré à l’Association des victimes du régime nazi son statut d’organisme à but non lucratif et, cette année, elles ont tenté d’empêcher le DKP de se présenter au Bundestag.

Ces dernières élections montrent que les Allemands sont fatigués des conservateurs au pouvoir et qu’ils réclament un nouveau tournant pour la première économie de l’UE. L’Allemagne, considérée comme le fleuron de l’UE, souffre en réalité d’infrastructures sous-développées, d’un manque d’investissements stratégiques dans les domaines de la santé et de l’éducation, de la couverture du réseau et des connexions ferroviaires.

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1 Commentaire

  • joel faudot
    joel faudot

    changer un peu pur que rien ne change. Elire le ministre des finances de Merkel n’est pas vraiment le signe d’une rupture.

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