Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Ecoutez l’histoire de Nur Muhammad Taraki

Le Gorki afghan, le révolutionnaire, le communiste nous dit à quel point l’histoire de l’Afghanistan, les interventions, leur échec méritent d’être mieux connus.

Même les plus incultes de ceux qui veulent se mêler de parler de l’Afghanistan, ceux qui se laissent avoir par la presse et par les stupidités orientés de Bernard Henry Lévy et qui sévissent du Figaro à l’Humanité, savent ou croit savoir qui a été le commandant Massoud. Les plus incorrigibles inventent un sauveur dans cet obscurantiste médiéval mais ignorent tout des véritables héros de l’Afghanistan. Qu’il me soit permis de faire écho d’un temps disparu où une jeune femme comme moi pouvait découvrir un pays, son histoire à travers les œuvres d’un poète, romancier révolutionnaire. Aragon s’attachait à nous faire connaitre cette littérature. En outre la connaissance de cette histoire au plus près d’un pays, et de ses relations réelles avec une Union soviétique qui se cherchait. Depuis Khrouchtchev portée sur la coexistence pacifique et sur l’interventionnisme anti-chinois. Une URSS confrontée à la nécessité de changements en URSS, entrevus par Andropov, tout cela aurait dû inciter à beaucoup de prudence dans l’appréciation: les luttes anti-féodales et contre la corruption travaillant un pays sous des formes diverses. Avoir transformé cette aspiration nationaliste et à la justice en courant religieux fondamentaliste manipulé par la CIA est la principale victoire des États-Unis et des occidentaux. Mais cette prudence née de l’expérience devrait aussi nous faire dire que rien n’est joué.

Avant de vous raconter qui était Nur Muhammad Taraki, permettez-moi une question : qu’en sera-t-il de ce pouvoir des Talibans essentiellement Pachtounes qui n’a jamais quitté le pays, a mobilisé nationalisme et refus de la corruption, de la misère rurale et de ceux qui en exil au Qatar ont négocié la situation présente avec ces mêmes USA (avec quel cahier de charges? instaurer le terrorisme anti-chinois et anti-russe dans toute l’Asie centrale? ) Etes-vous capables de répondre à cette interrogation, moi non.

Mais ce que je sais de la manière dont l’histoire est tronquée, comment nous sommes perpétuellement désinformés m’incite à la prudence. Comme ce que je sais ne m’incite pas à pleurer sur la fin de ce gouvernement que l’on veut nous présenter comme “démocratique”. Il est tombé, c’est une bonne chose y compris pour les femmes et les enfants… Comme l’exprimait, il y a peu un dirigeant de gauche : “L’appartenance tribale, ethnique, linguistique, et régionale constitue dorénavant le fondement des rapports sociopolitiques. La misère, la maladie, l’addiction à l’opium (surtout parmi les jeunes femmes et les vieillards), le règne de la terreur, d’arbitraire, du non droit, d’enlèvement des enfants et d’autres pratiques criminelles ont créé un fort sentiment de méfiance parmi la population afghane ; elle ne croit plus aux promesses du gouvernement et de l’OTAN .”

Les talibans ont pu avancer sans résistance mais sont-ils un ultime avatar des manœuvres US ? Peut-on mettre sur le même plan l’intervention de l’URSS et celle des Etats-Unis, laquelle a précédé l’autre ?

Qui connait aujourd’hui connait Nur Muhammad Taraki (Pachto: نور محمد ترکی; 14 juillet 1917 – 8 octobre 1979) parmi vous ? vous ne le connaissez pas parce que ce romancier, écrivain, le Gorki de l’Afghanistan a été un révolutionnaire, un communiste fondateur du Parti communiste, le Parti démocratique du peuple d’Afghanistan (PDPA) avec Babrak Karmal. il a été élu secrétaire général du Parti démocratique du peuple de 1965 à 1979 et président du Conseil révolutionnaire de 1978 à 1979. En 1966, il publie le Khalq, un journal du parti prônant la lutte des classes, mais le gouvernement l’interdit. En 1978, lui, Hafizullah Amin et Babrak Karmal ont initié la révolution Saur et ont établi la République démocratique d’Afghanistan. Non seulement Nur Muhammad Taraki a développé des réformes d’une grande ampleur mais son assassinat déclencha l’intervention soviétique.

Brève histoire de la révolution afghane et de ses divisions…

Taraki est né le 14 juillet 1917 dans une famille de paysans pachtounes Ghilji dans le district de Nawa de la province de Ghazni, en Afghanistan. Les Pachtounes, une ethnie afghane du sud qui est celle qui aujourd’hui a fourni les dirigeants talibans a aussi engendré quelques communistes sur la base de la lutte contre l’exploitation féodale et la corruption. Ainsi Taraki fut fortement influencé par Khan Abdul Ghaffar Khan, un nationaliste pachtoune et leader du mouvement des Chemises rouges dans l’Inde voisine, un admirateur des œuvres de Vladimir Lénine que Taraki a rencontré dans son exil. En effet, en 1932, à l’âge de 15 ans, Taraki qui a seulement fréquenté l’école de son village mais qui ne cesse de tenter d’approfondir ses connaissances part pour travailler dans la ville portuaire de Bombay, en Inde. Cet éveil intellectuel et politique d’un enfant de paysans pauvres donna matière à sa volonté révolutionnaire mais aussi à une œuvre de journaliste et de romancier. En Inde, il est employé comme commis par une famille de marchands kandaharis. C’est là qu’en suivant des cours du soir, il rencontre des communistes indiens. Taraki suit des cours du soir, où il a rencontré plusieurs membres du Parti communiste indien qui l’ont impressionné par leurs discussions sur la justice sociale et les valeurs communistes ainsi que Khan Abdul Ghaffar Khan qui l’initie à Lénine.

Cette histoire a fourni matière à son œuvre et à son livre le plus célèbre, œuvre de base du patrimoine littéraire afghan le De Bang Mosaferi, met en évidence les difficultés socio-économiques auxquelles sont confrontés les travailleurs et les paysans afghans. Ses œuvres ont été traduites en langue russe en Union soviétique où il noue des relations étroites avec quelqu’un dont j’ai parlé dans mes mémoires Boris Ponomarev, c’est-à-dire le trio Andropov, Gromiko et Ponomarev, sous la présidence de Brejnev.


Tarik, dont les compétences intellectuelles et linguistiques sont reconnues au-delà des communistes remplit des missions diplomatiques y compris aux USA mais la manière dont il s’affirme révolutionnaire et contre la monarchie lui vaut d’être relevé de ses fonctions. De toute manière à partir des années soixante, en pleine effervescence, il se concentre uniquement sur la création du Parti démocratique du peuple d’Afghanistan (PDPA), un parti politique communiste dont il devient le secrétaire général et Babrak Karmal le deuxième secrétaire. Il lance Khalq, le premier grand journal de gauche en Afghanistan. Le journal fut interdit dans le mois suivant sa première impression.

Mais en 1967, moins de deux ans après sa fondation, la PDPA s’est scindé en plusieurs factions, ce qui semble être un vice afghan. Les deux plus importantes étaient Khalq (Parti du peuple) dirigé par Taraki, et Parcham (Drapeau) dirigé par Karmal. Les principales différences entre les factions étaient idéologiques, Taraki soutenant la création d’un État léniniste avec dictature du prolétariat, tandis que Karmal voulait établir un « large front démocratique ».

Cette division entre Taraki et Karmal va être exploitée, la radicalité de Taraki a suscité de nombreuses réformes qui n’ont pas eu les effets escomptés. Le rôle d’Amin est considéré comme trouble et contre-révolutionnaire dès le déclenchement de la révolution du Saur contre le gouvernement bourgeois de Daoud Khan. Le 19 avril 1978, Mir Akbar Khyber, un révolutionnaire est assassiné et le meurtre a été imputé à la République d’Afghanistan dirigé alors par Mohammed Daoud Khan. Sa mort a suscité une grande colère chez les pro-communistes qui tout en ayant contribué à la fin de la monarchie étaient obligés de subir une politique anti-populaire. Craignant un coup d’État communiste, Daoud a ordonné l’arrestation de certains dirigeants du PDPA, dont Taraki et Karmal, tout en plaçant d’autres comme Hafizullah Amin en résidence surveillée. Le 27 avril 1978, la révolution de Saur a été déclenchée, apparemment par Amin. Khan a été tué le lendemain avec la plupart des membres de sa famille. Le PDPA a rapidement pris le contrôle du pays et le 1er mai Taraki est devenu président du Conseil révolutionnaire, un rôle qui regroupait les responsabilités de président et de président du Conseil des ministres (littéralement premier ministre dans le langage occidental). Le pays a ensuite été rebaptisé République démocratique d’Afghanistan (DRA), installant un régime qui durera jusqu’en avril 1992.

Taraki a été nommé président du Conseil révolutionnaire (chef de l’État) et président du Conseil des ministres (chef du gouvernement) tout en conservant son poste de secrétaire général du PDPA (guide suprême). Il a d’abord formé un gouvernement composé à la fois de Khalqistes et de Parchamites; Karmal est devenu vice-président du Présidium du Conseil révolutionnaire tandis qu’Amin est devenu ministre des Affaires étrangères et vice-président du Conseil des ministres. Des problèmes internes sont rapidement apparus et plusieurs khalqistes éminents ont accusé la faction Parcham de conspirer contre le gouvernement Taraki. Une purge Khalqi du Parcham a ensuite commencé avec l’envoi des membres les plus éminents de la faction hors du pays: Karmal est devenu ambassadeur afghan en Tchécoslovaquie et Mohammad Najibullah est devenu ambassadeur afghan en Iran. La lutte interne ne se trouvait pas seulement entre les Khalqistes et les Parchamites ; la rivalité tendue entre Taraki et Amin avait commencé dans la faction Khalq, les deux se disputant le contrôle.

Karmal a été rappelé de Tchécoslovaquie, mais plutôt que de retourner en Afghanistan, il est allé se cacher avec Anahita Ratebzad, son ami et ancien ambassadeur afghan en Yougoslavie, car il craignait d’être exécuté s’il revenait. Muhammad Najibullah les a suivis. Taraki les dépouilla donc de tout titre officiel et de toute autorité politique. Le Gouvernement taraki a lancé une réforme agraire le 1er janvier 1979 qui tentait de limiter la superficie des terres qu’une famille pouvait posséder. Ceux dont les propriétés foncières dépassaient la limite ont vu leurs biens réquisitionnés par le gouvernement sans compensation. Les dirigeants afghans pensaient que la réforme serait accueillie avec l’approbation populaire parmi la population rurale tout en affaiblissant le pouvoir de la bourgeoisie. La réforme a été déclarée complète à la mi-1979 et le gouvernement a proclamé que 665 000 hectares (environ 1 632 500 acres) avaient été redistribués. Le gouvernement a également déclaré que seulement 40 000 familles, soit 4 % de la population, avaient été affectées négativement par la réforme agraire.

Les récoltes agricoles se sont effondrées et la réforme elle-même a entraîné une montée du mécontentement parmi les Afghans. Lorsque Taraki s’est rendu compte du degré d’insatisfaction populaire à l’égard de la réforme, il a rapidement abandonné la politique. Cependant, la réforme agraire a été progressivement mise en œuvre sous l’administration Karmal ultérieure mais on ne sait pas encore aujourd’hui ses résultats réels. Bloquer une réforme agraire en instaurant la pénurie est une réponse bien connue de la part des koulaks mais ce furent d’autres réformes que les services secrets britanniques et US toujours à la manœuvre utilisèrent pour susciter des réactions archaïques et religieuses.

Dans les mois qui ont suivi le coup d’État, Taraki et d’autres dirigeants du parti ont lancé d’autres politiques marxistes radicales qui ont remis en question à la fois les valeurs traditionnelles afghanes et les structures de pouvoir traditionnelles bien établies dans les zones rurales. C’est-à-dire que dans le même temps il a affronté les valeurs religieuses traditionnelles et les refus de la centralisation du pouvoir. Ce qui fait partie également des particularités tribales afghanes. Les communistes avaient acquis une audience certaine chez les “modernistes” qui voulaient construire un État, que l’on trouvait dans l’armée et dans la fonction publique. Ce qui a empêché l’extension des réformes et donné au contraire de la force à la réaction anti-réforme. Taraki a initié les femmes à la vie politique et a légiféré pour mettre fin aux mariages forcés. Les pratiques traditionnelles jugées féodales, telles que l’usure, le prix de la mariée et le mariage forcé, ont été interdites et l’âge minimum du mariage a été relevé. Le gouvernement a mis l’accent sur l’éducation des femmes et des hommes et a lancé une ambitieuse campagne d’alphabétisation. La charia a été abolie et les hommes ont été encouragés à se couper la barbe. Il a créé une télévision nationale.

Sous l’administration précédente de Mohammad Daoud Khan, un programme d’alphabétisation créé par l’UNESCO avait été lancé dans le but d’éliminer l’analphabétisme d’ici 20 ans. Taraki a dénoncé ce programme et a voulu la fin de l’analphabétisme sur quatre ans malgré la pénurie d’enseignants. Le gouvernement de Taraki a tenté de réduire ce délai de 20 à quatre ans, un objectif irréaliste compte tenu de la pénurie d’enseignants et de la capacité limitée du gouvernement à superviser une telle initiative.

Taraki a signé un traité d’amitié de vingt ans avec l’Union soviétique le 5 décembre 1978 qui a considérablement étendu l’aide soviétique et a aidé à cette alphabétisation qui a été ramenée à sept ans.

Ce qu’il faut voir c’est que les soviétiques s’entendaient parfaitement avec Douad et n’aspiraient pas à son renversement. Appelés à l’aide pour soutenir le gouvernement Taraki face à la réaction, en particulier le soulèvement d’Herat, proche des fondamentalistes iraniens, ils n’étaient pas enthousiastes, ainsi Alexei Kossyguine président du Conseil de ministres répondait ceci à Taraki : « Nous pensons que ce serait une erreur fatale d’engager des troupes au sol. […] Si nos troupes entraient, la situation dans votre pays ne s’améliorerait pas. Au contraire, la situation s’aggraverait. Nos troupes devraient lutter non seulement contre un agresseur extérieur, mais aussi avec une partie importante de votre propre peuple. Et le peuple ne pardonnerait jamais de telles choses »

Après le rejet de Kossyguine, Taraki a demandé l’aide de Leonid Brejnev, le secrétaire général du Parti communiste de l’Union soviétique et chef de l’État soviétique, qui l’a averti qu’une intervention soviétique complète « ne ferait que faire le jeu de nos ennemis – les vôtres et les nôtres ». Brejnev a également conseillé à Taraki d’assouplir les réformes sociales drastiques et de rechercher un soutien plus large pour son régime. Mais Brejnev on le sait avait une partie de sa famille à Tachkent beaucoup plus intéressée à ce qui se passait en Afghanistan et dans la zone du nord proche du Tadjikistan.

En 1979, Taraki plus ou moins réconcilié de force avec Karmal a obtenu de Brejnev l’envoi de 500 conseillers et spécialistes militaires et civils, et la livraison immédiate d’équipement armé soviétique vendu à 25 % en dessous du prix initial. Les Soviétiques ne cessaient de prôner l’unité du parti et l’entente entre Karmal et Taraki. Mais tout s’est accéléré avec l’assassinat de Tarik par Amin.
Au départ Amin se faisait le chantre de Tarik, organisant autour de lui un culte de la personnalité mais face aux révoltes, le rôle de l’armée devenait plus central au sein de ces luttes de pouvoir qui déplaisaient aux soviétiques, qui passaient leur temps à tenter d’empêcher les coups d’Etat et assassinats.

Au retour d’une conférence des non alignés à Cuba, l’assaut entre les deux dirigeants devient guerre ouverte et les Soviétiques essayèrent de dissuader Amin d’expulser Taraki et ses associés de leurs positions, mais Amin refusa. Le 15 septembre, un bataillon soviétique de la base aérienne de Bagram et l’ambassade ont été mis en position pour tenter de sauver Taraki, mais ils n’ont jamais reçu l’ordre de faire un geste. C’est là un point qui demeure obscur et dans lequel est mis en cause la famille de Brejnev. Pourquoi la politique de non intervention, la recherche de l’union et de l’ouverture défendue par les Soviétiques n’est-elle pas allée jusqu’à empêcher le coup d’Etat d’Amin et l’assassinat de Tarik ? … Le 16 septembre à 20 heures, Radio Kaboul a annoncé que Taraki avait informé le Politburo du PDPA qu’il n’était plus en mesure de poursuivre ses fonctions et que le Politburo avait par la suite élu Amin comme nouveau secrétaire général. Amin utilisant l’inertie de Brejnev a tué Taraki, emprisonné sa famille et sa veuve qui n’ont été libérés que par l’arrivée au pouvoir de Karmal que les Soviétiques ont dû venir appuyer face au coup d’Etat d’Amin. Amin a maquillé le meurtre en mort de maladie.

La présidence éphémère d’Amin a été entachée par des controverses du début à la fin. Son gouvernement n’a pas réussi à résoudre le problème de la population révoltée contre le régime alors que la situation s’aggravait rapidement et que les désertions et défections de l’armée se poursuivaient. Il a essayé de changer les choses avec des ouvertures amicales au Pakistan et aux États-Unis, qui sous influence des Britanniques se persuadèrent de la volonté d’expansionnisme soviétique, l’empire du mal… Ils se mirent à financer massivement les différents groupes et notre presse se mit à glorifier les magnifiques et folkloriques rebelles. Pour les soviétiques, à partir de là l’assassinat de Tarik, le jusqu’auboutisme d’Amin sont devenus le signe d’une entente de toujours avec les USA et le Pakistan qui abritait les forces réactionnaires fondamentalistes. Amin pratiquait l’assassinat de masse des opposants communistes aussi bien que des religieux. L’Union soviétique, sous Leonid Brejnev se méfiait de plus en plus de lui ; c’est comme cela que l’Union soviétique a été contrainte d’intervenir en Afghanistan, invoquant le Traité d’amitié de vingt ans de 1978 entre l’Afghanistan et l’Union soviétique. Amin a été à son tour assassiné au palais de Tajbeg le 27 décembre 1979 dans le cadre de l’opération Storm-333, donnant le coup d’envoi de la guerre soviéto-afghane de 10 ans; il avait régné pendant un peu plus de trois mois et a été à l’origine de l’intervention soviétique. Il faut noter que le pouvoir qui lui a succédé avec Karmal a non seulement promu des réformes mais a tenu bon après le retrait de l’armée soviétique. C’est seulement quand Boris Eltsine sur ordre des Etats-Unis a organisé le blocus en arme et en énergie de l’Afghanistan que le pouvoir communiste et progressiste a été détruit. Mais même face à un ennemi puissamment armé par les USA, son implantation et sa résistance ont été infiniment plus considérable que ce à quoi on vient d’assister en août 2021.

Donc non seulement les Soviétiques ne sont pas intervenus par soif d’expansion mais c’est au-contraire les USA et les Britanniques qui ont créé de toutes pièces une révolte réactionnaire en plaçant leurs pièces de telles sortes qu’elles rendaient l’intervention nécessaire.

Le 2 janvier 1980, dans l’édition du New Times de Kaboul (jour du 15e anniversaire du PDPA), la ministre de l’Éducation Anahita Ratebzad a qualifié Taraki de « fils martyr du pays » et a dénoncé Hafizullah Amin comme « ce despote sauvage, bestial, fou et espion reconnu de l’impérialisme de l’Amérique ».

Quand on a suivi cette histoire, on comprend mieux la manière dont les pays limitrophes d’Asie centrale, la Russie, la Chine et même le Pakistan considèrent la situation autrement que notre presse toujours à l’affut d’une story stelling capable de donner à leurs gouvernements le beau rôle sont en train de nous raconter l’histoire de pseudo-héros par ce médiocre plumitif qu’est Bernard Henry Levy. Faire de Massoud un pacifiste, moderne qui aurait défendu la cause féminine c’est abuser des opiacés dont ces gens faisaient commerce… Je vous fais grâce de l’attitude complexe du général Abdul Rachid Dostom, d’origine ouzbek — qui tenait le “verrou” de Mazar el chariff et qui aujourd’hui est un allié d’Erdogan… C’est un de mes favoris et il semble qu’il soit en embuscade. Les américains, obsédés par “l’expansionnisme soviétique” dans leur imagination ont donc financé la guerre civile et résultat, plusieurs années de guerre civile et la montée en puissance des talibans, ainsi que d’autres groupes de moudjahidines, les talibans s’emparent de Kaboul en 1996, installent un régime obscurantiste et accordent une base sûre à Oussama Ben Laden. Notez que le sort des femmes afghanes évoqué à la hâte pour justifier l’intervention américaine fut aussi dense en particulier dans les magazines féminins qu’aujourd’hui et tout aussi puant de mauvaise foi… Les Américains quand ils n’eurent plus la guerre froide et les méfaits supposés du communisme, proclamèrent celle contre le terrorisme, ce qui ouvre des espaces infinis… et tout aussi catastrophiques…

Et puisque littérature il y a considérez que le romancier, révolutionnaire, féministe, communiste Tarik méritait peut-être d’être connu…

Moi tout cela m’a été conté au Tadjikistan au début des années quatre-vingt… je faisais la connaissance de magnifiques femmes tadjikes et j’avais découvert à la bibliothèque de Douchambé des livres en français publiés sous la direction d’Aragon aux éditeurs français réunis… Tous les auteurs d’Asie centrale…

Les peuples ne sont pas ce que l’on imagine d’eux et le refus du peuple afghan prendra encore bien d’autres formes…

Danielle Bleitrach

PS… je croyais pas que quelqu’un irait jusque-là et pourtant Anne Hidalgo a osé en appeler aux mannes de cet obscurantiste dont ce délirant de BHL a prétendu faire le Che de l’Afghanistan… mais que faire devant tant de furie interprétative ?

Paris Mayor Anne Hidalgo delivers a speech during a ceremony to unveil a commemorative plaque in honour of late Afghan anti-Taliban commander Massoud in an alley along the Champs-Elysees Avenue in Paris on March 27, 2021. (Photo by Christophe ARCHAMBAULT / POOL / AFP)
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