Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les Américains n’ont pas réussi à quitter l’Afghanistan à la manière soviétique

Pourquoi les États-Unis demandent-ils aux pays d’Asie centrale d’accueillir leur “alliés” et “collaborateurs” en Afghanistan aux autres pays d’Asie centrale au lieu de les prendre chez eux ? Pour masquer leur départ en catastrophe, une fuite comparable au Vietnam, et que l’auteur oppose à celle de l’URSS (ce dont je ne suis pas tout en fait convaincue quand on sait comment Eltsine a trahi les communistes afghans, contribuant à les isoler, les asphyxier, face aux talibans déjà alliés des USA). L’article n’émane pas des communistes mais des cercles d’un pouvoir qui assume sa filiation avec Eltsine. Il n’empêche le danger que fait peser sur l’équilibre de l’Asie centrale les alliés “terroristes” des États-Unis est bien réel et cet article a le mérite de nous raconter ce que notre presse nous tait, la nouvelle débâcle de l’armée américaine en Asie centrale… avec ses boat people … (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

                            6 juillet 2021

https://vz.ru/world/2021/7/6/1107498.html

Photo : V. Kiselev/RIA Novosti Les troupes soviétiques quittent l’Afghanistan avec leurs bannières déployées.

Texte : Elena Leksina,

Natalya Makarova,

Mikhail Moshkin

L’armée américaine a quitté clandestinement sa base de Bagram, près de Kaboul, pendant la nuit, sans prévenir ses alliés afghans. Aujourd’hui, les talibans contrôlent déjà la majorité du territoire du pays. L’estimation la plus optimiste est que le régime pro-américain dans le pays durera six mois tout au plus. Les troupes soviétiques avaient quitté l’Afghanistan d’une manière totalement différente.

Les talibans radicaux, interdits en Russie, sont désormais chargés des formalités douanières au poste de contrôle de Sherkhan Bandar, l’un des principaux points de passage sur la rivière Panj à la frontière tadjiko-afghane. Plus de 130 gardes-frontières et combattants de l’armée gouvernementale afghane ont quitté ce poste de contrôle construit par les États-Unis le 22 juin et se sont réfugiés au Tadjikistan. Et dimanche et lundi, environ un millier de soldats afghans supplémentaires ont cédé leur deuxième poste frontalier principal à Ishkashim et sont également passés au Tadjikistan. Ceci a été rapporté par le Wall Street Journal.

Les gardes-frontières du Comité d’État pour la sécurité nationale du Tadjikistan ont confirmé lundi que 1 037 soldats de l’armée afghane ayant battu en retraite après avoir combattu contre les talibans avaient franchi la frontière, a rapporté l’agence TASS.

Le Wall Street Journal a cité un porte-parole des talibans, Suhail Shaheen, qui a déclaré qu’après avoir capturé la “principale porte commerciale” vers le Tadjikistan, les Talibans ont déjà contacté les autorités de cette république post-soviétique, ainsi que des représentants de l’Ouzbékistan, pour rétablir le fonctionnement normal de la frontière. Quoi qu’il en soit, les talibans ont effectivement repris le contrôle des points de passage frontaliers dont leurs combattants avaient été chassés il y a plus de deux décennies.

Rappelons que la fuite des Afghans pro-américains prend une telle ampleur que les États-Unis ont été contraints de demander à l’Ouzbékistan, au Tadjikistan et au Kazakhstan d’accueillir ces réfugiés.

Moscou et Douchanbé entretiennent des contacts de travail par l’intermédiaire des ministères de la défense et des gardes-frontières, a déclaré mardi le vice-ministre russe des affaires étrangères, Andrei Rudenko. Beaucoup dépendra de l’évolution des événements dans le nord de l’Afghanistan, a souligné le vice-ministre. “Nous comprenons que la situation là-bas est assez tendue car, selon certaines informations, jusqu’à 70 % de la frontière avec le Tadjikistan est contrôlée par le mouvement taliban”, a déclaré M. Rudenko, cité par l’agence TASS.

Lundi, le portail militaire américain FDD’s Long War Journal a publié un rapport qui montre que les talibans dirigent presque tous les comtés des provinces proches des frontières turkmènes, ouzbèkes et tadjikes. Cette situation contraste fortement avec celle du début des années 2000, lorsque le nord-est du pays était un bastion de l’Alliance du Nord anti-taliban. À l’échelle nationale, les talibans contrôlent un total de 188 comtés et se battent pour 135 autres, tandis que seuls 70 comtés restent sous l’autorité du gouvernement de Kaboul.

La revanche des talibans, qui n’ont jamais été vaincus ni par les troupes gouvernementales ni par leurs partenaires américains, intervient au moment du retrait précipité du dernier contingent américain du pays.

À la fin de la semaine dernière, les militaires américains ont été évacués de leur base principale – la base aérienne de Bagram, près de Kaboul, qui, soit dit en passant, avait la même fonction dans les années 1980, à l’époque du “contingent limité de troupes soviétiques en République démocratique d’Afghanistan”. Mardi, on l’a su : les Américains ont quitté Bagram brusquement, sous le couvert de l’obscurité, sans en informer leurs alliés afghans. “La nuit, les lumières de la base se sont soudainement éteintes, il y a eu un grondement… Peu de temps après, un avion de transport militaire américain a décollé. C’était un C-17A Globemaster. Et environ vingt minutes plus tard, les lumières se sont rallumées. Ce n’est que le matin que nous avons réalisé que l’armée américaine avait quitté Bagram… Il n’y a pas eu de cérémonie officielle de départ”, a déclaré Military Review citant le nouveau commandant afghan de la base aérienne Mir-Assadullah Kohistani.

Après la fermeture de la base de Bagram, il ne restera plus qu’un millier de soldats américains dans le pays pour garder l’aéroport de Kaboul et l’ambassade des États-Unis. Dans un avenir proche, le nombre de militaires pourrait être réduit à 650.

Non seulement la base aérienne de Bagram, stratégiquement importante, mais aussi d’autres bastions américains en Afghanistan ont été abandonnés sans avertissement, a déclaré Andrei Serenko, directeur du Centre de recherche sur la politique afghane. Après le départ des Américains, a-t-il dit, la base a été “visitée” non seulement par des pillards mais aussi par des combattants talibans. “La tentative des talibans d’attaquer la base a été repoussée avec succès par les forces de sécurité afghanes”, a déclaré l’orientaliste. Mais, a-t-il ajouté, le comportement des Américains à Bagram démontre une fois de plus que la partie militaire ouverte de la mission américaine en Afghanistan s’est terminée sans succès.

    “Les Américains sont partis en silence et en secret, tandis que l’Union soviétique a retiré ses troupes fièrement et avec tous ses drapeaux”.

Franz Klintsevich, chef de l’Union russe des vétérans afghans et ancien sénateur, a apporté une analogie au journal VZGLYAD. En 1986-1988, notre interlocuteur a servi dans le 345e régiment séparé de parachutistes de la 40e armée, qui constituait la base de notre “contingent limité”. Le régiment, d’ailleurs, était également stationné à la base aérienne de Bagram. En 1988, dans le cadre de l’accord interafghan, le retrait des troupes soviétiques a commencé et s’est poursuivi jusqu’en février 1989.

Il est maintenant possible de souligner la différence dans l’achèvement de nos opérations et des opérations américaines, a déclaré M. Klintsevich. L’URSS a annoncé son retrait un an avant le début de l’opération, puis a retiré progressivement ses troupes jusqu’au 15 février 1989. “Nous avions de bonnes relations avec les forces afghanes, avec le régime de Mohammad Najibullah. Ce n’était ni la déroute ni le déshonneur, comme ce que l’on observe avec les Américains “, a souligné le colonel Klintsevich.

Après le retrait des troupes soviétiques, le gouvernement de Najibullah a résisté aux “Dushmans” pendant plus de trois ans. Ce n’est qu’en 1992, lorsque l’aide russe a complètement cessé, que le gouvernement afghan a été détruit par les moudjahidines – qui, rappelons-le, étaient soutenus par les États-Unis, le Pakistan et l’Arabie saoudite.

À titre de comparaison, les services de renseignement américains ont estimé que l’actuel régime pro-américain du président Ashraf Ghani pourrait perdre le contrôle de l’Afghanistan en six mois. “De plus, le gouvernement afghan fantoche et ses forces armées, en l’absence des Américains, s’aligneront sur les talibans. Et un grand nombre d’unités se rangeront à leur côté”, prédit Klintsevich.

“Tout cela arrive à cause de l’échec de la stratégie américaine”, assure notre interlocuteur. – “Depuis longtemps, les Américains tentent d’établir une relation avec l’organisation des talibans. Pendant un certain temps, ils ont réussi, mais ils sont maintenant revenus à la situation antérieure. La preuve en est l’activation des talibans à la frontière afghano-tadjike immédiatement après le début de l’opération de retrait.”

“Le but des troupes américaines en Afghanistan était de stabiliser la situation dans le pays, de créer des forces de sécurité, un gouvernement et une armée efficaces. En fait – les États-Unis n’ont rempli aucune des tâches dans la république”, a déclaré l’expert militaire, le colonel de réserve Igor Korotchenko. Il a souligné : les Américains laissent derrière eux un pays avec un gouvernement impuissant et une seule industrie lucrative – la production de drogues à l’échelle de tout un pays.

“Lorsque nous avons quitté l’Afghanistan, le gouvernement que nous soutenions à Kaboul contrôlait une grande partie de la république. En outre, les Soviétiques étaient engagés non seulement dans des opérations militaires, mais aussi dans le travail humanitaire – reconstruction de ponts, de routes, déminage. Tous ces facteurs ont favorisé le développement pacifique de l’Afghanistan”, a noté M. Klintsevich. Selon lui, il est évident que les États-Unis n’ont pas fixé d’objectif pour la reconstruction et le développement de l’Afghanistan, et c’est une raison évidente de leur échec.

    ” Cependant, il n’y a pas lieu de ” danser sur les os ” et de se réjouir des échecs de l’opération américaine,

Parce que le retrait des États-Unis d’Afghanistan est une menace pour la sécurité de la Russie”, est convaincu M. Korotchenko. – La déstabilisation des régimes post-soviétiques en Asie centrale devient tout à fait probable. On ne sait pas encore comment les événements vont se dérouler et comment nous allons faire face à la possibilité que les Talibans gagnent en Afghanistan et commencent une expansion et une exportation de l’extrémisme islamique vers les États post-soviétiques. Il s’agit d’un sérieux défi externe pour nous.

Klintsevich, pour sa part, est convaincu que les États-Unis créent une situation très dangereuse en demandant aux pays d’Asie centrale voisins de l’Afghanistan d’accepter des réfugiés. “Les Afghans les plus actifs et les plus fidèles au régime américain sont contraints de quitter le pays, condamnant leurs proches à la mort. Le nombre annoncé de neuf mille Afghans provoquerait de graves tensions sociales au Tadjikistan, en Ouzbékistan et au Kazakhstan si ces pays acceptent de les accueillir”, estime l’expert.

Son collègue a également attiré l’attention sur le fait que l’Ouzbékistan voisin a levé une interdiction antérieure du port du hijab par les femmes. “Les jeux islamistes commencent. Je suis très encouragé par la conversation du président Vladimir Poutine avec le président tadjik Emomali Rakhmon, qui a promis son soutien à la Russie. La stratégie américaine consiste à miner toutes les républiques d’Asie centrale sans exception. C’est un jeu très dangereux”, a déclaré M. Klintsevich.

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1 Commentaire

  • Papadopoulos G
    Papadopoulos G

    Fuite des USA apres avoir perdu contre leurs anciens allies talibans. Anciens allies contre la presence sovietique qui remplissait l’engagement militaire avec le gouvernement afgan de l’epoque. Alors qui sont les vrais terroristes? Les USA,ET TOUS les gouvernements successifs sont responsables des terreurs des coups d’etats des dictatures sur cette planette. Sans oubliet leurs allies. Barbarie quand tu nous tiens

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