Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Alice Ekman : Oui la Chine est communiste avec ferveur…

Cent ans du Parti communiste : pour les Chinois, “le monde tout entier doit tendre vers l’idéal communiste”, selon Alice Ekman, une sinologue anti-communiste mais qui de livre en livre ne cesse de démonter les illusions que l’on peut avoir en occident sur “le capitalisme à la chinoise” parce que si on a coutume de voir ce renouveau à travers Xi Jinping, le choix de ce dernier, son pouvoir même repose sur le collectif qui n’a jamais cessé de présider au développement chinois c’est du moins l’opinion que nous avons ici et c’est ce que décrit la sinologue en fait. A noter qu’il y a un parallélisme entre la manière dont les USA ont justifié dès le départ l’ignominie du blocus à Cuba et la dénonciation actuelle de la Chine. Nul ne met en doute l’adhésion des populations à la gouvernance communiste mais il s’agit de déstabiliser l’économie, la société pour rompre cette adhésion baptisée ici ferveur et d’en faire la preuve d’un endoctrinement, alors que le capitalisme reposerait lui sur l’adhésion “démocratique” de citoyens conscients. Ce qui est d’autant plus étonnant que le socialisme repose sur un développement sans précédent du niveau d’éducation et de connaissances scientifiques. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Cent ans et pas un doute ! La foi en “l’idéal communiste” reste intacte en Chine. Et “aucun signe d’ouverture ou de démocratisation du système politique actuel” n’est donné, souligne Alice Ekman.Article rédigé par franceinfoRadio France Publié le 01/07/2021 10:19Mis à jour le 01/07/2021

Alice Ekman, sinologue, auteure de Rouge vif – l’idéal communiste chinois aux éditions de l’Observatoire, a souligné jeudi 1er juillet sur franceinfo que le Parti communiste chinois qui célèbre son 100e anniversaire “est incontournable, omniprésent” et “s’est renforcé ces dernières années, notamment depuis l’arrivée de Xi Jinping”. Pour les Chinois “l’idéal communiste doit rester un idéal vers lequel non seulement la Chine mais le monde tout entier doit tendre”. Le leader chinois qui a renforcé la surveillance de son peuple devrait rester au pouvoir au moins jusqu’à 2027, selon la sinologue, et “ne donne aucun signe d’ouverture ou de démocratisation du système politique actuel”, constate-t-elle.

franceinfo : Le Parti communiste chinois reste tout puissant ?

Alice Ekman : 95 millions de membres, mais c’est aussi 2 millions de nouvelles recrues par an en moyenne, avec une grande proportion de personnes de moins de 35 ans. C’est un parti qui est omniprésent dans la société chinoise, c’est-à-dire dans les universités, les hôpitaux, dans les comités de quartier qui existent toujours. Quel que soit votre domaine professionnel, votre activité, un moment ou un autre, vous avez affaire au Parti en Chine. Xi Jinping a renforcé le poids du Parti dans l’économie. Plus spécifiquement, il a renforcé l’existence de cellules du Parti dans les entreprises privées. L’État supervise de plus en plus l’économie dans certains secteurs, même les secteurs émergents, comme par exemple la blockchain et les cryptomonnaies. On voit que le Parti est incontournable, omniprésent. Il s’est renforcé ces dernières années, notamment depuis l’arrivée de Xi Jinping au pouvoir fin 2012.

La Parti communiste est-il aussi un outil de surveillance de la population chinoise ?

Xi Jinping a appelé au début de son mandat à renforcer la surveillance mutuelle. Il y a une atmosphère de surveillance mutuelle qui s’est renforcée au sein d’une société au sens large. Xi Jinping a remis au goût du jour les séances de critique et d’autocritique entre collègues et camarades dans les entreprises et les institutions publiques. C’était une pratique qui existait déjà sous Mao, qui n’a jamais totalement disparu. Xi Jinping a aussi mis en place une vaste campagne dite anticorruption sous l’égide de la Commission de la discipline et de l’inspection. Cette commission fait très peur parce que beaucoup de cadres, de membres du Parti et de fonctionnaires au sens large peuvent être mis sous enquête et parfois sur dénonciation.

“Il y a l’émergence d’une atmosphère qu’on pourrait qualifier de peur au sein d’une partie de la population, notamment la population qui est membre de l’élite du Parti.”Alice Ekman, sinologue 

à franceinfo

J’ai vraiment vu l’évolution entre la période Hu Jintao qui était au pouvoir de 2002 à 2012 et la période Xi Jinping où clairement les interlocuteurs chinois s’expriment moins, se regardent mutuellement. Et en complément de la surveillance humaine, existe la surveillance technologique, puisque Xi Jinping a renforcé la présence des caméras de vidéosurveillance, l’utilisation des applications pour smartphones par les autorités de la sécurité publique.

 
Vous avez rencontré des centaines de personnes membres du Parti, chefs d’entreprise, étudiants. Est-ce que c’est un sujet que vous avez pu aborder avec eux tranquillement ?

Quand on me demande si la Chine est communiste, ce n’est pas du tout un sujet tabou. Au contraire, les langues se délient. Tout dépend de votre interlocuteur, mais au sein de l’école du Parti, parmi certains diplomates, des chercheurs affiliés au ministère, on considère que la Chine n’est qu’à la première étape du socialisme et que l’idéal communiste doit rester un idéal vers lequel non seulement la Chine, mais le monde tout entier doit tendre. Alors ça, c’est de la rhétorique marxiste, mais qui est toujours très prégnante parce qu’elle façonne les esprits. Elle fait partie de la formation classique de la fonction publique en Chine. Il faut l’avoir en tête parce que, certes, l’expression est limitée sur le sujet aujourd’hui en Chine, mais certains témoignent une certaine ferveur idéologique qu’il ne faut pas sous-estimer.

“Certains entrent au Parti comme on entre en religion. Ils parlent de foi, de pureté idéologique.Alice Ekman 

à franceinfo

Et le vocabulaire peut être à la fois assez éloquent et en même temps assez violent, parce que Xi Jinping a dit, par exemple, qu’il fallait ‘rogner l’os jusqu’à la moelle’, c’est-à-dire se débarrasser des impuretés des camarades qui ne seraient pas assez purs.

 
Peut-on imaginer une forme de perestroïka à la chinoise ?

Pas sous Xi Jinping. Il restera probablement au pouvoir après le 20e congrès qui va se tenir à l’automne 2022, c’est-à-dire très rapidement. C’est pour cela que ce centenaire du Parti est important parce qu’il permet de consolider encore un peu davantage le pouvoir Xi Jinping. Il pourrait rester après 2022, encore cinq ans au pouvoir, jusqu’à 2027, voire 2032. Il a amendé la Constitution en 2018 pour pouvoir rester au pouvoir. En tout cas, lui-même ne donne aucun signe d’ouverture ou de démocratisation du système politique actuel.

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3 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    La surveillance technologique est aussi omniprésente dans les pays de l’OTAN au service de la très grande bourgeoisie ; tout une classe de serviteurs de la bourgeoisie occupe toutes les places de la direction de la société : l’administration publique à tous les échelons, l’enseignement, les finances, la direction de l’ensemble de l’économie, la justice, les média et la culture.
    Quand à l’adhésion à la démocratie bourgeoise les taux d’abstentions démontrent le contraire et en particulier dans les anciens pays socialiste où la contre révolution à détruit les moyens de production et forcé des millions de travailleurs à l’émigration.
    La pluralité de façade n’offre qu’un changement d’étiquette aux électeurs pour lesquels d’année en année se sera une exploitation encore plus intense, la précarité, le désespoir et les anti dépresseurs légaux ou non comme simple avenir.
    Finalement ces analystes ne voient ils pas leur propre reflet dans l’image qu’ils se font des autres.

    Combattre le crime économique par Deng Xiaoping :
    https://dengxiaopingworks.wordpress.com/2013/02/25/combat-economic-crime/
    De nombreux textes parlent du renforcement du parti de la formation des cadres, de la critique et de l’autocritique, du droit à l’erreur ; des textes très pratiques.

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    • Chabian
      Chabian

      Effectivement dans toutes les sociétés, il y a un contrôle social.
      Dans les pays capitalistes, c’est la liberté ‘de principe’ de s’enrichir qui prédomine, sauf que les “réseaux sociaux” traditionnels (convenance bourgeoise, savoir-vivre catho) veillent au grain rebelle, à l’ivraie, à l’orange pourrie ! Et ce droit libertaire est contre le respect de l’homme (exploitation avec le salaire minimum) et le droit de la nature comme ressource (extractivisme destructeur). Et le droit des capitalistes, de l’inégalité structurelle de nos sociétés ne rencontre aucune limite (fiscale, etc.). Bref nous sommes libres sauf de nous enrichir et de vivre dignement. Notamment la consommation de masse et la culture commerciale pourrissent notre dignité humaine.
      J’admire les sociétés socialistes qui ont eu un contrôle concret de la pandémie en connaissant et visitant les gens, en vérifiant et satisfaisant leurs besoins alimentaires, en intervenant dans leurs besoins sanitaires (suivi de quartier des cas de Covid), toutes choses impossibles dans la société capitaliste qui ignore cette sollicitude et qui a tout raté face à la pandémie. Contrôle et sollicitude : Je songe spécialement à Cuba et je recommande Fresa y Chocolate (?) qui en parle librement.

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    L’internationale dans un campus :
    https://youtu.be/WNPKRjNEZ5E

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