Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Partager vos 90 années…

Ce texte nous émeut parce qu’il correspond tellement à ce qu’est Raoul. Fidel est un hidalgo, dont chacun dit la bonté, la clairvoyance, le génie, mais Raoul était la tendresse, la loyauté, le goût de la plaisanterie, de la fête, de la danse, l’humour, la modestie et la capacité à concrétiser les larges vues de son frère, d’en saisir la portée jusque dans ses conséquences concrètes dont il approfondissait le rôle innovant. Le goût du théorique et le pragmatisme, l’héroïsme et la fête, bref Cuba. Jamais on ne vit deux frères partager ainsi luttes et pouvoirs sans qu’intervienne entre eux la moindre rivalité, Raoul crée autour de lui des cercles de compétence et d’amitié profonde, les raoulistes, mais les raoulistes étaient les plus fervents fidélistes. Il y avait bien sûr entre eux un amour fraternel mais bien autre chose, leur capacité commune à s’oublier pour leur patrie et pour chaque petit cubain, l’attention aux humbles, la disponibilité, la reconnaissance de cet idéal commun. Célébrer avec Raoul, ce “crocodile aux yeux d’émeraude” qu’est Cuba, avec ces silhouettes vertes qui descendent de la montagne pour imposer l’image de la dignité, de la patrie, du socialisme c’est ne pas oublier que nous devons lutter à leur côté contre le blocus parce que Raoul c’est l’efficacité des mots et des actes. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

Par:Daily Sánchez LemusIsmael FranciscoIrene Pérez Dans cet article:

Les photos de cette époque décrivent la joie du jeune homme, bien qu’il soit loin de sa famille et en exil. Nous sommes la nuit du 2juin 1956. Maria Antonia Gonzalez se couche tranquillement: le gâteau était prêt pour Raul, avec ses 25 bougies . Dans l’appartement d’Emparan 49-C, dans le district fédéral, au Mexique, ils ont célébré son anniversaire. Fidel a demandé à Marie-Antoinette de l’attendre pour la célébration, car il doit sortir et faire des démarches. Ainsi, dans l’après-midi du 3 juin, des compagnons de combat et des connaissances se sont réunis dans l’appartement historique pour faire la fête.

Des photos de cette époque décrivent la joie du jeune homme, bien qu’il soit loin de sa famille et en exil. Raul avait dû quitter Cuba à la suite d’accusations d’avoir placé une bombe dans le cinéma de Tosca, après son départ de Presidio le 15 mai 1955 avec les autres assaillants des casernes Moncada et Carlos Manuel de Céspedes.

C’est pourquoi, le 24 juin, et à la suggestion de Fidel, Raul a été le premier moncadiste à arriver au Mexique après avoir demandé l’asile à l’ambassade pour sa propre sécurité. La situation devenait intenable pour eux à Cuba et les voies de la lutte politique étaient fermées.

Poco después llegaría Fidel y así cada joven, para organizar la lucha y ser libres o mártires. El exilio lo hizo crecer mucho más, concebir su vida ya definitivamente en función de su patria y del ideal de justicia. Un joven cariñoso, familiar, pendiente siempre de los de casa, aquellos brazos fuertes y amorosos que dejó en Birán precisamente en junio de 1955, antes de tener que salir de Cuba. En México fue donde supo de la muerte de su padre, Ángel Castro, el 21 de octubre de 1956, cuando faltaba poco para el regreso. Por eso justo antes del viaje anhelado, el pensamiento y las letras para su madre, para Lina Ruz:

Peu de temps après, Fidel et d’autres jeune gens arriveront, pour organiser la lutte et être libre ou martyr. L’exil l’a fait grandir beaucoup plus, concevoir sa vie déjà définitivement en fonction de sa patrie et de l’idéal de justice. Un jeune homme attentionné, familier, toujours attentif à ceux de la maison, ces bras forts et aimants qu’il a laissés à Biran précisément en juin 1955, avant de devoir quitter Cuba. C’est au Mexique qu’il a appris la mort de son père, Angel Castro, le 21 octobre 1956, alors qu’il était proche du retour. C’est pourquoi juste avant le voyage tant attendu, cette pensée et ces mots pour sa mère, pour Lina Ruz:

« Mère chérie!

À l’heure actuelle, que puis-je vous dire? Sinon que j’ai d’immenses désirs de vous voir et je vous aime plus que jamais. Quoi qu’il arrive, toujours souvenez-vous que vous aurez un fils qui vous adore éternellement.

Votre Raul

24 novembre 1956. » [1]

***

Raul Modesto Castro Ruz était né le 3 juin 1931 à Biran, quatrième enfant de Mme Lina Ruz et don ángel Castro. Racines cubaines et galiciennes, sang vif, cœur immense et loyauté à l’épreuve de tout. Il était dans l’assaut sur la caserne Moncada, dans le groupe qui a pris le palais de justice à Santiago de Cuba, où il a prouvé ses qualités pour être à la tête d’un groupe lorsque l’action a commencé. Il était au Presidio de Isla de Pinos avec son frère et d’autres assaillants survivants. Il était en exil et vint au Granma. Il étreint Fidel à Cinco Palmas et ils ont gagné la guerre ensemble. Là, sur le second front, il a organisé la révolution depuis le 11 mars 1958 et a construit en son centre ce que le pays pourrait être après le triomphe: un espace de liberté, très digne. Il a su conduire les forces armées de notre pays, et le pays lui-même quand c’était nécessaire.

Il a dirigé magnifiquement notre Parti communiste de Cuba. Il a été courageux dans la prise de décision et ferme sur les principes ce que ni le temps ni les contextes ne changent. Il a réussi à réaliser la conviction de Fidel que les Cinq reviendraient, et les voici. Il a discouru à sa manière, avec son style de sniper si nécessaire pour pointer les questions les plus complexes, et il a donné des leçons dans chacun de ses discours à l’Assemblée ou à la réunion, ou au Sommet. Il a porté dans ses bras forts une partie de l’âme d’une nation : à Vilma, à Fidel et Carlos Manuel de Cespedes. Il a embrassé les fronts et les mains de petits, qui, reconnaissants, estiment que quand il les embrasse, il embrasse aussi la patrie. Il reste amoureux des montagnes de la Sierra cubaine, de Santiago, de la terre de Frank Pais et de Vilma.

C’est comme ça qu’il a été tout au long de sa vie. Une personne intrépide et révolutionnaire. Communiste et ami fidèle, de ceux qui sont vrais, de ceux qui ont joué leur vie à ses côtés, et en tant que survivant il les emmène à ses côtés dans la lutte et dans ses moments de victoire. Telles sont dans son bureau les photographies de José Luis Tasende, dans la Moncada, ensanglanté, peu avant d’être assassiné; et celle de Ñico Lopez, au Mexique, peu avant sa mort. C’est encore lui qui, pendant la lutte, rédigea un testament déclarant comme son héritière Temis Tasende, la fille de José Luis; et qui quand il a su le montant qui lui revenait de son héritage, en a laissé une partie pour acheter une maison à la mère et à la sœur de Ñico. Celui qui a encore songé à Temis dans la Moncada, quand la caserne a été transformée en école et plein d’émotion lui a dit: « Regarde, Témita l’œuvre de ton père. »

Así también ha llevado siempre a Vilma Espín, su amada y admirada “Espinita” de los días de la Sierra, con la que ha tenido una familia grande y feliz. Él mismo, en un gesto que expuso ante los ojos de todos ternura y amor más allá del tiempo, escribió el 24 de noviembre de 2010 en el libro de firmas del Memorial que lleva el nombre de su guerrera:

Il a aussi toujours eu proche de lui Vilma Espin, sa bien-aimée et admirée « Espinita » de l’époque de la Sierra, avec laquelle il a eu une grande famille heureuse. Lui-même, dans un geste qui proclamait sous les yeux de tous sa tendresse et son amour au-delà du temps, a écrit le 24 novembre 2010 dans le livre de signatures du Mémorial :

« Le 26 janvier 1959, dans cette maison, j’ai mis un nouvel uniforme de guérilla et je suis allé me marier avec Vilma… la meilleure et la plus belle chose que j’ai faite de toute ma vie.

***

Le président cubain Raul Castro, à la clôture du XIe Congrès des FEEM. Palacio de Convenciones, La Havane , Cuba. PL PHOTO/Ismael Francisco.

Ainsi est Raoul

Connaître sa loyauté envers Fidel, le frère des rêves et des combats; son affection infinie, son respect et son admiration; et le fait d’être prêt à risquer sa vie pour lui. Et on sait aussi que tout cela a été réciproque depuis toujours. C’est ce qui ressort de l’article du chef du Mouvement du 26 juillet, le 17 juin 1955, publié dans le journal La Calle, où, face aux accusations portées contre son frère, il répond:

Ce « pundonoroso »(déshonoré) militaire a le droit d’accuser mon propre frère Raul d’avoir posé jeudi une bombe au théâtre Tosca, alors qu’il se trouvait exactement ce jour-là en Oriente aux côtés de mon père, âgé et gravement malade. À ce même Raul Castro qui, à la caserne Moncada, a fait neuf prisonniers et les a tous traités avec une attitude chevaleresque irréprochable, qui sait combattre de front et ne tue pas de prisonniers et ne pose pas de bombes!

(…) Mon nom n’a pas été inscrit sur la terrible liste des terroristes, et si c’est une déférence, une courtoisie de M. Carratalá [2], je l’en remercie. Merci beaucoup! Mais le nom de mon frère qui participe à mes idées en toute loyauté sans sortir de la ligne tracée y a été inclus; l’accuser, c’est m’accuser, et je ne vous en remercie pas, Monsieur Carratalá. [3]

« L’accuser, c’est m’accuser », cinq mots pour le définir. C’est pourquoi – et pour ce moment et de nombreux autres très grands de notre Histoire – nous nous souvenons avec émotion de cette nuit du 3 décembre 2016 où nous avons entendu sur la place de la Révolution Antonio Maceo jurer devant le cèdre de Fidel de défendre la Révolution et de faire respecter les paroles du Titan selon lesquelles celui qui tente de s’emparer de Cuba ne récupérera que son sol gorgé de sang s’il ne périt pas lui-même dans la lutte. Et là, sentir le silence de la nuit se briser quand il a appelé son frère deux fois du plus profond de la poitrine: Fidel, Fidel, hasta la victoria….Siempre!

C’est Raul. Le nôtre. Celui qui n’a pas non plus besoin d’autres nominations pour atteindre les gens, car son caractère, sa fidélité et sa modestie lui ont conféré – comme à Fidel – toutes les autorités morales pour conduire notre peuple et concrétiser la continuité des rêves qui les ont amenés à la Moncada.

C’est pourquoi ses quatre vingt-dixième années ne passent pas inaperçues. C’est pourquoi, ce 3 juin, tout un pays l’accompagne pour planter un cèdre de plus… Et ici, il nous aura, l’année prochaine, et l’autre, et l’autre… pour continuer à peupler de vert olive et vert espoir notre avenir.

[1] Katiuska Blanco: All the cèdres time, Casa Editora Abril, Deuxième édition cubaine, La Havane, 2009, p. 394.

[2] Conrado Carratalá: est arrivé à Colonel de police. Tueur au service de la dictature de Fulgencio Batista.

[3] Fidel Castro: Here can’t live, journal La Calle, 17 juin 1955, consulté dans Fidel Periodista ï Editorial Pablo de la Torriente Brau, 2016, pp.95-96.

Raul Castro au palais des congrès. Photo: Ismael Francisco/ Cubadebate.

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