Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

PARTI PRIS PAR DANIELLE BLEITRACH

le danger si l’on prend trop de distance avec l’événement qui parait au coeur de la vie politique française est de n’être compris, écouté par personne. C’est le risque de ce message que je vous envoie… Au-delà des péripéties électorales françaises, le galimatia des régionales, des départementales mais dont chacun mesure bien qu’elles jouent un rôle pour les primaires présidentielles, il y a des enjeux geopolitiques et historiques et ce sont eux qui nous intéressent en priorité dans ce blog.

Pour faire simple, nous emergeons d’une période historique entamée dans le milieu des années soixante et dix et dont le signal a été donné par les événements du Chili mais qui ont achevé leur trajectoire avec la fin de l’URSS et du socialisme européen. La fin du socialisme européen a donné un espace de survie au capital. il s’est accompagné d’un pillage (au nom des droits de l’homme) du tiers monde. Le paradoxe est sans doute que le capital qui accomplissait le crime chilien a été en capacité d’apparaître comme le défenseur des droits de l’homme et de la prospérité des couches moyennes contre le communisme défini comme le totalitarisme et l’absence de consommation. Il a été aidé dans ce travestissement par la social démocratie et la social democratisation de l’eurocommunisme. La victoire du capital, à la fois “victoire de la liberté individuelle” et jouissance de la consommation àtous les niveaux a été présentée en occident comme celle de la social-démocratie… Un miracle, nous payscapitalistes développés par la grâce des USA, nous avions la jouissance et la vertu, même si dans le tiers monde cela se tradusait par des tortures, des baisses de l’espérance de vie, le tout statistiquement masqué par l’évolution chinoise, qui elle allait a contrario de la tendance. Parce que trés rapidement la crise du capitalisme, les contradictions entre financiarisation et développement scientifique et technique culminant dans les défis climatiques et sanitaires a opéré un effet boomerang et le capitalisme a exigé sa livre de chair y compris chez nous, dans notre jeunesse. Ce qui a consacré la débâcle social démocrate et le retour en force dans les pays occidentaux d’une droite autoritaire et l’impossibilité de “tenir” les peuples en rébellion partout dans le monde. Le discours sur un capitalisme humaniste fait eau de toute part et le “terrorisme” n’y suffisant plus, la propagande cible toujours plus le communisme même là où il n’y a pas de communistes. On exige que l’on restitue nos “conquis sociaux” et le temps où ils ont été obtenus, celui où il existait une force communiste doit être lui aussi aboli, nié, on trafique l’histoire.

Dans cette période des années 1970 à 1990, il est clair que ce qui a favorisé cet assaut économique, politiqueet idéologique du capital a été l’absence de stratégie en vue du socialisme des partis communistes, l’abandon même de toute référence au socialisme, un vague humanisme…La destruction du parti révolutionnaire dans l’organisation comme dans la formation ou l’absence de formation des militants, et de surcroit l’abandon d’une presse communiste. Certes il y a eu des trahisons mais celles-ci interviennent sur un fond d’ébranlement beaucoup plus important. Le danger serait de ne pas le voir et de se contenter d’attribuer à des individus les problèmes rencontrés, un peu à la manière dont on attribue à Mélenchon tous les maux du PCF, sans oser voir que celui-ci n’a jamais caché qui il était (un lambertiste, un disciple de Mitterrand et de ce point de vue il a été parfois mieux que ce qu’on pouvait en attendre). Non la responsabilité est celle de la direction du PCF qui en a fait notre leader et donc la question est comment avons-nous accepté de telles directions?

Il y a eu “le miracle” du 38 e congrès, miracle qui se poursuit et s’amplifie mais dans la confiance qu’ici nous avons eu tendance à faire à ce processus et à la candidature de Fabien Roussel, il y a le constat d’un renversement de tendance au plan international que j’annonçais dès 2004 dans un livre intitulé les Etats-Unis de mal empire, ces résistances qui nous viennent du sud. Il y avait ce qui bougeait en Amérique latine mais aussi le rôle de la Chine, avec pour la première fois un pays issu du sous développement qui devenait le challenger des USA.

Cette perspective qui m’avait été inspiré par ce que je voyais à Cuba et par un livre de 1983 de Fidel Castro s’est de plus en plus développée.

Aujourd’hui nous sommes dans un nouveau moment historique, dans lequel la pandémie a joué le rôle de révélateur, dans lequel la tentative amorcée au 38 e congrès prend tout son sens. Le crise d”hégémonie du capital s’est accentuée mais a fait monter les choix bellicistes et autoritaires, l’appel aux forces conservatrices quel que soit le discours. Et bien sur cela pose le problème de la résistance auquel certains croient pouvoir répondre par un “rassemblement” derrière ceux qui nous ont conduit à cette situation. Alors même que le désaveu par l’abstention, voir par le vote extrême-droite montre que l’on ne peut pas tabler là-dessus.

La manière dont Fabien Roussel a tout de suite centré la question de la canidature communiste en réponse à cette donne et qui sans écarter le rassemblement des forces de progrès et de gauche au contraire, leur donne une assise concrète par une reconquête de la classe ouvrière et des couches populaires tranche par son réalisme sur les luttes de place qui fontl’ordinaire de l’élection. Les communistes n’ont pas de peine à s’en rendre compte et à adhérer à ce qui leur redonne un rôle actif qui correspond à leur engagement. Mais rien n’est encore fait pour situer ce choix dans un contexte plus large qui est pourtant celui du mouvement du capital, tant sur le plan financier que belliciste.

Au delà du refus quasi épidermique des militants communistes devant l’effacement de leur parti, il y a des choix beaucoup plus profonds dans ce nécessaire sursaut et qui correspondent à ce bouleversment géostratégique. L’élection présidentielle pose un problème incontournable : celui du pouvoir d’Etat et de qui est en mesure d’exercer “la dictature” légitime, quelle classe sociale? … Certes la constitution de la 5e comme d’ailleurs les institutions de l’UE sont faites pour empêcher que le socialisme soit une option et pour rendre indépassable la dictature du capital. Mais refuser d’y être présent, accepter la soumission dans une alternative qui ne fait que reproduire l’hégémonie du capital c’est renoncer à cette revendication stratégique.

Il faut être trotskiste pour inventer un but idéal en créant de fait les conditions pour qu’il ne soit jamais atteint, pour renoncer de fait à poser le problème en pratiquant la surenchère. De ce point le vue le trotskisme n’est qu’une variante de la social démocratie. Par exemple considérer qu’il faut continuer à être derrière Melenchon et que le communisme est déjà là, ou autre variante il n’y a que l’UE qui compte, le frexit suffit à tout, un parti révolutionnaire n’a aucune importance, j’en passe et des meilleures. Mais le propre de tous ces “révolutionnaires” c’est qu’ils exigent que le pCF ne soit pas présent là où sejoue dans l’esprit des Français la légitimité de la classe ouvrière et des travailleurs à imposer leur démocratie et pas celle du capital qui institutionnellement ne mène plus nulle part. Les citoyens comme les militants des partis ont de plus en plusconscience de ne pas compter pour un et que lesjeux sont déjà faits.

la force de la campagne de Fabien Roussel c’est d’avoir là encore innové en articulant sa campagne sur les luttes autant que dans l’habituelle présence dans les médias pour y faire entendre un discours en phase avec les couches populaires, les deux démarches se nourrissant. L’effet d’entrainement est réel et les militants redécouvrent le porte à porte et le contact pas simplement la distribution de tracts. Dans l’idéal, l’organisation se recrée.

Rapidement, je pense qu’au-delà de la prise de conscience du 38e congrès qui pour beaucoup a repris pied dans la période de Georges Marchais face aux dérives amorcées sous Robert Hue et les suivant, il faut retrouver les racines thoréziennes. Ce sont elles qui ont permis à la base du PCF de choisir un augtre chemin et d’aboutir à ce moment d’une grande intensité politique qui a montré à quel point le PCF n’était pas un parti comme les autres: la désignation du candidat communiste. La campagne de Fabien Roussel poursuit en ce sens là et on ne peut que s’en féliciter.

Je n’aurais jamais pensé personnellement qu’il se trouverait dans ce parti la force d’une telle démonstration et d’une ligne qui est d’une grande clarté et permet de ne pas avoir d’adversaire à gauche tout en dégageant de plus en plus ce que doivent être les choix de classe et nationaux autant qu’internationaux. Nous sommes dans un processus et tout doit être fait pour l’appuyer.

Nous reviendrons sur le sujet souvent, mais l’histoire est en train de s’accélérer et commence à surgir la question de l’internationale communiste qui elle aussi est confrontée à la dimension de classe, à l’organisation, aux relations entre partis, comme réponse à cette nouvelle étape de la nécessaire transition.

Deux événements viennent d’intervenir auxquels nous devons réfléchir en étudiant les positionnements des différents partis : la conférence des partis communistes origanisée par la Chine et cellle au Portugal. les militants communistes devraient être mieux au fait de ce qui s’y est passé. Nous espérons pouvoir vous apporter des informations.

Danielle Bleitrach

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1 Commentaire

  • pedrito
    pedrito

    Je suis heureux de lire ces lignes signées de Danielle. Pour ma part depuis quelques semaines j’étais en train de retrouver un “second souffle” après cette longue traversée du désert. Je viens d’apprendre que j’ai réussi à gagner quelques voix pour ROUSSEL. Et çà fait du bien pour continuer à retrousser les manches, comme il y a cinquante ans. Bravo Danielle, continue de nous entrainer et suivre ton courage clairvoyant.

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