Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Un monument poignant

L’article traduit par Marianne a été publié en 2014 dans le Birobijaner stern que nous présentons ci-dessous (1) et il constitue un rappel de la manière dont avant même le nazisme, la répression contre les juifs et contre les communistes est allée de pair en Europe centrale. En effet, on se souvient qu’à la suite de l’échec de la Commune de Budapest dirigée par Bela Kun une terreur blanche s’est abattue en Hongrie sur les communistes et les juifs dès 1920. Que ce soit la Pologne, la Hongrie, la Roumanie et une partie de l’Ukraine la chasse aux communistes avant pendant et après le nazisme s’est toujours doublée d’une chasse aux juifs. Encore aujourd’hui ceux qui prétendent en finir avec la soviétisation font encore et toujours référence comme en Ukraine, dans le Belarus à ce passé nazi, en retrouvent les drapeaux et les symboles. L’UE qui a placé un signe d’égalité entre communisme et nazisme avec l’appui de gens comme le sieur Glucksman a ouvert la boite de Pandore à la haine anticommuniste et antisémite c’est là un des paradoxes de l’histoire (note de Danielle Bleitrach, traduction de Marianne Dunlop)

 30.07.2014Birobijaner Stern

https://www.gazetaeao.ru/pronzitelnyj-pamyatnik/

Un monument inhabituel dédié aux victimes de l’Holocauste se trouve sur un quai de Budapest, près du Parlement hongrois.

Le mémorial a l’air simple, voire ordinaire – cinquante-trois paires de chaussures en fonte – pour hommes, femmes et enfants. C’est comme si quelqu’un avait eu si hâte de se baigner qu’il aurait enlevé ses chaussures en vitesse pour se plonger dans les eaux fraîches du Danube. Mais ce “quelqu’un” ne s’est pas précipité dans la rivière par choix et n’en est pas ressorti vivant…

En 1944-1945, les nazis ont procédé à des fusillades massives de Juifs le long du Danube. Les nazis pragmatiques obligeaient leurs prisonniers à enlever leurs chaussures avant l’exécution, car les chaussures étaient utiles pour les vivants et ne l’étaient plus pour les morts. Souvent, les bourreaux économisaient également les balles – les prisonniers étaient enchaînés les uns aux autres et on ne tirait que sur le premier prisonnier se trouvant au bord de l’eau ou un prisonnier sur deux. Les tués tombaient dans le Danube et entraînaient avec eux le reste des personnes encore en vie. Avant que la ville ne soit libérée par les Soviétiques, des milliers de Juifs ont été tués à Budapest. Leur nombre exact est inconnu – l’eau a caché toute trace de ces crimes. Seuls quelques-uns ont échappé au peloton d’exécution.

S’il avait été décidé de commémorer chacun des morts, il n’y aurait eu aucun endroit où poser le pied sur le quai. Alors pourquoi exactement 60 paires de chaussures en fonte (aujourd’hui elles sont cinquante-trois – certaines ont été volées) servent-elles à rappeler ces événements tragiques ? Ce nombre n’a pas été choisi par hasard, il est hautement symbolique. Le mémorial a été inauguré à Budapest à l’occasion du Yom Ha-Shoah, qui commémore la Shoah et l’héroïsme des Juifs d’Europe, le 16 avril 2005, date du soixantième anniversaire de la victoire sur l’Allemagne nazie. L’idée est venue du célèbre réalisateur Can Togai (2); le sculpteur hongrois Gyula Pauer lui a donné vie.

Au cours de l’été 2009, un incident s’est produit à Budapest qui a choqué le public. Des inconnus ont profané le mémorial aux victimes de l’Holocauste – ils ont mis des pieds de porc dans les chaussures en fonte. L’incident a déclenché une vague de protestations contre la profanation antisémite des monuments à la mémoire des Juifs morts dans le feu de la Shoah. Trois ans plus tard, cependant, une vague de vandalisme a de nouveau déferlé sur Budapest. Tout d’abord, le monument au diplomate suédois Raoul Wallenberg, qui a sauvé la vie de dizaines de milliers de Juifs hongrois pendant l’Holocauste, a été profané. Ensuite, des néo-nazis ont peint le mémorial juif, situé sur les rives du Danube, avec des graffitis et des inscriptions antisémites. En particulier, désignant avec une flèche le quai même où se trouvent les chaussures en fonte des Juifs exécutés, des inconnus ont menacé : “là nous vous fusillerons”.

Heureusement, la plupart des gens sont très respectueux de ces monuments commémoratifs. Les touristes qui se sont rendus à Budapest partagent ensuite leurs impressions sur les pages des médias sociaux et sur divers sites web de voyage.

« Pour certains, les “chaussures” peuvent sembler être un monument amusant, mais pour beaucoup, il s’agit de l’un des monuments les plus forts et les plus poignants du monde, qui confirme que l’art monumental peut être aussi émouvant que la peinture » – c’est ainsi que ce mémorial est décrit sur le site web d’ANGA Travel.

“Ce monument laisse une impression très forte. Il est très simple, mais très poignant. Il est effrayant d’imaginer cette tragédie, et il est impossible de l’oublier. Cela ne doit plus se reproduire dans le monde !” – a écrit un visiteur de TripAdvisor.

L’année dernière, le journal russe Argumenty i Fakty a inclus le mémorial de l’Holocauste de Budapest sur le Danube parmi les 18 “monuments les plus poignants du monde”. Il a occupé l’honorable première place dans ce classement inhabituel.

À côté des chaussures en fonte, les habitants allument traditionnellement des bougies et déposent des fleurs à la mémoire des Juifs assassinés.

(1) Birobidzhaner Shtern a été fondée le 30 octobre 1930.

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Emmanuil Kazakevich, qui a reçu le prix Staline à deux reprises, la plus haute récompense littéraire du pays, en a été un des auteurs et membre du personnel du journal en 1935-1938. Pendant la Seconde Guerre mondiale, Birobidzhaner Shtern fait partie du journal « Birobidzhanskaya Zvezda ». En mai 1945, le Birobidzhaner Shtern reprend son édition indépendante. L’oblast autonome juif avait été mis en place par le gouvernement soviétique dans le but de résoudre la question juive en donnant une terre au peuple juif, un des peuples d’Union soviétique. Selon les données officielles, l’édition avait 12.000 lecteurs en 1970. Birobidzhaner Shtern est le seul journal en Russie à contenir une section en yiddish. Le journal, dirigé par Yelena Sarashevskaya, présente des articles yiddish et russes écrits par des contributeurs de différents pays. Mordechai Scheiner, un écrivain yiddish et l’ancien grand rabbin de l’oblast autonome juif et chef de la synagogue de Birobidzhan était l’un des lecteurs et des partisans du journal. Le rabbin actuel, Eli Riss, est né dans la ville et soutient les activités yiddish au Birobidzhan.

En 2009, Birobidzhaner Stern et le journal régional Birobidzhanskaya Zvezda se sont réunis sous la direction de birobidzhan Publishing House.

  • (2) Can Togay (né le 27 août 1955, Budapest), réalisateur, scénariste, acteur et poète hongrois.

Il est né à Budapest du couple demandeur d’asile politique Gün Benderli et Necil Togay du Parti Communiste turc et son enfance s’est passée en Allemagne de l’Est. Rejoignant la compagnie de théâtre de Péter Halász en 1969, Togay a étudié l’anglais et l’allemand à l’Université Eötvös Loránd entre 1973-1978. Après avoir obtenu son diplôme, Togay a étudié la linguistique comparée franco-allemande auprès de Jean-Marie Zemb à l’Université Sorbonne Nouvelle pendant deux ans jusqu’en 1980, et entre 1980-1984, il a été étudiant de Zoltán Fábri à l’Université des arts du théâtre et du cinéma. En 1992, son film A nyaraló est projeté au Festival de Cannes. En 1993, il a joué dans le film Mavi Sürgün, réalisé par Erden Kıral. En 1994, il a reçu le prix du meilleur acteur du Festival international du film d’Ankara, de ÇASOD et du Festival international du film d’Alexandrie pour son rôle dans le film Une histoire d’automne de Yavuz Özkan. (d’après Wikipédia turc)

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