Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Staline ne s’estimait pas à la hauteur de Lénine, ni même un héros.

Si le KPRF, le parti communiste de la fédération de Russie accorde un rôle essentiel à Staline et surtout à Lénine dans la construction de l’URSS que regrettent la quasi totalité des Russes, certains Russes plaident pour la dénonciation du rôle de Khrouchtchev et la manière dont il serait à l’origine de la destruction de l’URSS. Même si c’est à Elstine et surtout Gorbatchev que l’on attribue la trahison, il y a tout un courant qui relit les textes de l’époque, les archives pour comprendre ce qui s’est passé et des historiens sont en train de produire des ouvrages qui sont de qualité, sans stigmatisation et sans apologie. Mais dans l’opinion publique cette appréciation historique se fait quelquefois en parallèle avec la reconsidération de la querelle sino-soviétique qui intervient sous Khrouchtchev mais le plus souvent c’est la conscience d’être soviétique, d’être soumis à la même agression occidentale qui incite à une telle ré-interprétation. (note de Danielle Bleitrach)

“Je n’ai pas montré un tel courage”. Pourquoi Staline a-t-il refusé l’étoile du héros de l’Union soviétique ?

Aujourd’hui, il est commun de dire que Staline aurait imposé le ′′culte de sa personnalité′′ au pays et pour illustrer cette thèse khroutchevienne on dit que Staline s’est vu décerner le titre de généralissime de l’Union soviétique.

À cet égard, de nombreux Russes et pas seulement les communistes trouvent utile de rappeler qu’après la victoire de 1945, en notant les mérites exceptionnels de I.V. Staline dans la Grande Guerre Patriotique, le politburo du comité central du VKP (b) a décidé non seulement de lui attribuer le titre de Generalissimus, mais aussi :

  • Renommer Moscou en ville de Staline.
  • attribuer à I. V. Staline le titre de héros de l’Union soviétique.

V. Molotov, ancien dirigeant des affaires étrangères qui comme Kaganovitch a refusé de trahir Staline a fait état de ce fait dans une conversation avec l’écrivain F. Tchouev :

′′Ils ont fortement suggéré que Moscou soit rebaptisée la ville de Staline. Ils se sont montré très insistants ! Je m’y suis opposé. Kaganovich a défendu aussi cette idée. Il a déclaré : ′′Il n’y a pas seulement le léninisme, mais aussi le stalinisme !” “Staline a été scandalisé… Il a refusé avec indignation de renommer la capitale”.

De telles propositions avaient déjà été avancées avant – à la fin des années 1930, il a été proposé de renommer Moscou ′′ Stalinodar “. Mais Staline a dénoncé toutes ces initiatives.

En ce qui concerne le titre de héros, il lui a été officiellement attribué, mais :
′′ La conversation est venue pour décerner à Staline le titre de héros de l’Union soviétique après la guerre. Staline a dit qu’il ne correspondait pas au statut de héros de l’Union soviétique. Un héros est désigné comme tel pour avoir montré personnellement du courage.

′′ Je n’ai pas montré un tel courage “, a déclaré Staline.

Et il n’a pas accepté l’étoile.

′′ Je n’ai pas montré un tel courage ′′ – après avoir lu ceci, je me suis immédiatement rappelé l’histoire décrite dans les mémoires du Maréchal Golovanov. Lors des jours les plus critiques de la bataille pour Moscou, lorsque Staline a été appelé du quartier général du Front occidental et a proposé de quitter la capitale, il (Staline) a répondu qu’il n’irait nulle part hors de Moscou, et à ceux qui l’y invitaient il a conseillé de prendre des pelles et de creuser leurs tombes. ′′ Je n’ai pas montré de courage ′′ – vous devez comprendre qui a prononcé ces mots, et celui qui était derrière eux.

Eh bien, quant au titre de Généralissime. Les maréchaux, les généraux et les ministres l’ont persuadé d’accepter. Staline a accepté, mais l’a ensuite regretté. Molotov dit :
“… Il a toujours regretté.
… Staline est à la tête du mouvement communiste, il construisait le socialisme. Il n’avait pas besoin de ce titre. Non, il était vraiment désolé “.

C’est exactement ça. Et après la mort de Staline, les mêmes maréchaux (comme Joukov), les généraux (comme Khrouchtchev) et les ministres (comme Mikoïan) qui l’avaient convaincu d’accepter ce titre, ont soudainement dénoncé la ′′vanité′′ de Staline, qui s’est ′′approprié′′ le titre de Généralissime.

À titre de comparaison, je vous rappellerai que le dénonciateur principal de Staline N. Khrouchtchev en seulement onze ans au pouvoir s’est attribué quatre étoiles dorées – trois héros du travail socialiste (1954, 1957) et un héros de l’Union soviétique (1964). Je ne me souviens pas d’une guerre que nous aurions gagnée sous le leadership du Khrouchtchev… il a été ′′courageux′′ en 1964 ?

En général, tirez des conclusions. Et ne confondez pas Staline qui serait un être gonflé de vanité, et Khrouchtchev un combattant désintéressé. N’est-ce pas ce que les médias nous disent aujourd’hui ?


Source : Tchouev F. ′′Cent quarante entretiens avec Molotov”

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1 Commentaire

  • etoilerouge commune
    etoilerouge commune

    bien d’accord. D”ailleurs les capitalistes n’ont pas peur de KTROUTSCHEV mais de STALINE.

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