Nous avons du mal à comprendre ce qui se passe en Russie tant nos médias ont littéralement inventé des sociétés qui n’existent pas. A force de nous faire croire que leurs créatures comme Navalny sont la force d’opposition à Poutine ils rendent impossible cette compréhension qu’il s’agisse de l’adhésion à l’actuel pouvoir ou du mécontentement réel. Les communistes sont la principale force d’opposition et dans le même temps une forme de garantie de sa non désagrégation telle que la cherchent les États-Unis et les occidentaux. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
22/02/2021
https://kprf.ru/party-live/regnews/200649.html
Malgré l’opposition des autorités, les pressions administratives et policières sur les militants de gauche à travers le pays, les communistes de la région mènent résolument la contestation populaire, et ce meeting à Tambov, devant le monument à Zoïa Kosmodemianskaïa, le 22 février le confirme.
Le chef des communistes de Tambov Andrei Jidkov a félicité les participants à l’occasion de l’anniversaire de la création de l’Armée rouge révolutionnaire et a déclaré fermement que le Parti communiste de la Fédération de Russie est la seule force politique du pays qui parle à partir de positions de classe non pas pour le changement d’individus, mais pour la construction d’une société socialiste.
«Qui s’est prononcé contre le génocide des retraites et a appelé les gens à participer à des manifestations de masse? Qui s’est opposé à la destruction des soins de santé, puis à l’enseignement à distance? Seuls les communistes! D’autres se sont tenus à l’écart et ont tranquillement attendu les prochaines élections. D’autres encore essaient de tirer à eux la couverture politique, agitant les masses avec des coups médiatiques, jouant sur des sentiments tels que le dépit, la déception, l’envie et la colère. Mais tous ne font que distraire le peuple des causes primordiales des processus destructeurs actuels, ils jouent le rôle de vernis des contradictions de classe. Mais il n’en sortira rien, car les causes de la crise ne sont pas momentanées – tout le système est pourri.
Les communistes sont en faveur de transformations cardinales dans notre société, pour un changement de cap socio-économique. Nous tenons dans nos mains des drapeaux rouges – avec lesquels nous avons construit le socialisme, avec lesquels nous avons vaincu l’ennemi, avec lesquels nous avons créé et conquis de nouveaux sommets en science et technologie. Avec eux, nous allons attaquer le régime oligarchique.
Aujourd’hui, nous élevons la voix pour défendre nos camarades languissant dans les cachots. Le Parti communiste de la Fédération de Russie demande la fin des répressions politiques », a déclaré le premier secrétaire du Parti communiste de Tambov, le chef de la faction du Parti communiste à la Douma régionale de Tambov Andrei Jidkov.
«En fait, nous sommes revenus à l’autocratie. Nous avons un petit-père le tsar – un président permanent, nous avons des nobles en la personne d’oligarques et de hauts fonctionnaires, des crapauds de tous bords, et nous avons les va-nu-pieds, au frais desquels tous ces messieurs parasitent. Celui qui travaille honnêtement sur la terre devrait être le propriétaire de cette terre, et non un groupe restreint d’exploiteurs et de scélérats qui nous dictent leurs conditions »a poursuivi l’élu municipal Alexandrov.
«Le vol et la corruption, les actions cyniques et impudentes des autorités ravagent notre pays. Toutes les garanties sociales ont été détruites, les revenus de la population diminuent, aucune liberté légale n’est en vigueur – ce sont les réalités de nos jours, – a noté dans son discours le secrétaire fédéral Veselovski. –Il faut se lever tous ensemble pour lutter pour le droit de vivre et de travailler dans notre pays natal. Il faut s’organiser, créer des syndicats, sortir dans la rue – rejoindre la vie politique avec le Parti communiste. »
Aujourd’hui, il est nécessaire de comprendre une vérité simple – il est devenu impossible de rester à l’écart. Le silence signifiera l’approbation tacite des processus destructeurs qui se déroulent sous nos yeux, il faut prendre parti d’un côté ou de l’autre.
Notre réponse aux mensonges, au vol, à l’arbitraire est la lutte politique sous les drapeaux rouges! La lutte pour le socialisme, pour offrir une vie meilleure aux travailleurs – tel a été le message du rassemblement populaire régional général, qui a abouti à l’adoption d’une résolution qui est un appel aux masses.
LA RUSSIE SERA SOVIÉTIQUE ET SOCIALISTE
Résolution des participants au rassemblement du peuple avec la participation des députés communistes
Camarades! Les contradictions entre le travail et le capital ont atteint aujourd’hui une acuité considérable et ont pris la forme d’une confrontation ouverte. Dans des conditions où, au cours des trente années de son existence, le régime colonial-oligarchique actuel a presque complètement détruit le patrimoine matériel et technique soviétique, quand il a presque complètement pillé notre pays, exploitant, détruisant et exportant de manière barbare les forêts, les ressources biologiques et minérales, quand l’or et les réserves de change ont été exportés vers les banques britanniques et américaines – cette clique oligarchique n’a pas d’autres sources d’enrichissement que le vol effronté de la population.
Et tout le monde ressent ce vol sur lui-même. Les prix et les tarifs augmentent régulièrement, ne laissant aucune chance à une existence tolérable pour la majorité absolue de la population. Les garanties sociales gagnées par les sacrifices et le sang des révolutionnaires du début du XXe siècle ont été complètement éliminées. La grossièreté et le cynisme, le vol et la corruption, l’anarchie et l’arbitraire de ceux qui sont au pouvoir, d’une part, le désespoir douloureux, l’oppression et l’exploitation, la pauvreté et la misère, la maladie et la mort des simples gens, d’autre part, sont devenus une terrible routine, sombres compagnons de la Russie moderne, ramassant au jour le jour une grande récolte sanglante pour le profit fou et effréné du capital maudit.
Nous, communistes, évoquant l’essence de classe et la logique interne du développement du régime bourgeois, avons mis en garde plus d’une fois contre ce malheur, appelant la population à s’opposer activement à l’arbitraire en cours. Mais beaucoup croyaient naïvement qu’il ne s’agissait que de propagande, et que nos craintes étaient vaines et exagérées, que concernant les retraites, la médecine, l’éducation, etc. personne n’oserait ôter les garanties sociales de son «propre» peuple. N’oubliez pas, pour la bourgeoisie, il n’y a pas de patrie – car elle n’est qu’un objet de vol, d’exploitation et de moquerie. Et le temps a une fois de plus confirmé notre justesse, la justesse de l’analyse marxiste-léniniste des processus sociaux, des lois découvertes et développées par les classiques de l’idéologie communiste.
De manière parfaitement prévisible, nous assistons à une détérioration catastrophique de la situation socio-économique des travailleurs ordinaires et au manque d’opportunités économiques pour eux de briser le cercle vicieux des peines et des privations créé par le régime actuel. Les conséquences objectives en sont: un changement dans la conscience de la population sous l’influence des conditions matérielles de vie, la croissance des sentiments de protestation, des évaluations critiques du gouvernement bourgeois actuel et des gens qui descendent dans la rue. La réponse du régime en faillite, comme nous l’avons averti à plusieurs reprises, a été une répression ouverte, affectant principalement les communistes, qui mènent une lutte de principe contre le régime pour son changement complet, et non pour le remaniement inutile des personnes «au sommet» dépendant de l’oligarchie. Des mesures de répression sévères ont été la réponse aux manifestations, et même des interdictions totales – la dictature autrefois cachée du capital a maintenant acquis un caractère manifeste.
Dans ces conditions, nous vous déclarons de manière responsable que les impulsions spontanées et les sorties non organisées, aussi massives soient-elles, resteront toujours des actions insensées ponctuelles. Sans présenter d’exigences politiques, sans un plan d’action clair et un objectif ultime extrêmement clairement formulé, elles ne mèneront à aucun résultat positif, même pas à protéger les droits et libertés minimaux des citoyens, sans parler du changement de régime. De plus, de telles actions, sans poser un grave danger pour le gouvernement actuel, ne feront qu’augmenter le renforcement de la dictature terroriste ouverte des cercles les plus réactionnaires du capital qui a été établi en Russie aujourd’hui, et conduiront à écarter les masses de la participation à la vie politique – c’est précisément le but de ceux qui encouragent et mènent ces actions non organisées.
Souvenez-vous, camarades! Il n’est possible de combattre avec succès la dictature capitaliste constituée et bien organisée qu’en s’organisant et en s’unissant de la même manière. Et cela ne peut se faire qu’autour de cette force politique qui est un antagoniste direct du système bourgeois existant et qui pose la question non pas d’un changement de relais de personnes dans le cadre d’un système capitaliste pourri, mais d’un changement de ce système lui-même et le transfert du pouvoir entre les mains de la majorité ouvrière de la population. Seul le Parti communiste est une telle force politique.
Camarades! Il est impossible de supporter plus longtemps l’anarchie et l’arbitraire du régime! Une fois de plus, comme il y a cent ans, nous ne pouvons trouver notre droit que dans une lutte organisée commune sous le drapeau rouge. Le résultat de cette lutte doit à nouveau être l’établissement du pouvoir soviétique.
Aujourd’hui, en vous appelant à rejoindre et à vous rallier dans les rangs du Parti communiste, nous soulevons la question d’un début décisif d’une telle lutte, la nécessité d’arrêts de travail et de grèves, de rassemblements et de manifestations, et d’autres formes disponibles de lutte parlementaire et non-parlementaire.
Révélant l’essence pourrie du régime actuel de la dictature bourgeoise, avec vous, au nom de l’écrasante majorité du peuple russe, nous lui exprimons notre extrême méfiance, la considérons nécessaire et exigeons:
– arrêter immédiatement et inconditionnellement la répression politique, libérer les représentants innocemment condamnés et injustement détenus du Parti communiste de la Fédération de Russie, des représentants d’organisations de gauche et d’autres mouvements politiques qui ont été emprisonnés ou persécutés sur des cas forgés de toutes pièces (Vladimir Bessonov, Andrey Levchenko, Nikolai Bondarenko, Sergei Udaltsov, Pavel Groudinine etc.). Enfin, élucider les meurtres politiques de nos camarades (Lev Rokhlin, Viktor Ilioukhine, Valentin Martemyanov, Anna Kiryan, etc.).
– Démission immédiate du président Vladimir Poutine.
– Dissolution de l’Assemblée fédérale de la Fédération de Russie (GD et SF), qui applique une législation antisociale par la majorité de Russie unie et par les forces d’autres partis bourgeois.
– Démission du gouvernement de la Fédération de Russie et dissolution de tous les organes du pouvoir bourgeois qui n’ont rien à voir avec les droits et les intérêts vitaux de la majorité ouvrière de Russie.
– Dissolution de «Russie unie» et des autres partis bourgeois, qui ne sont rien de plus que ses branches, et interdiction de leurs activités en tant que force anti-populaire qui a conduit la population de la Russie et le pays lui-même au bord du désastre.
– Transfert de tout le pouvoir aux corps électifs du peuple – les Soviets des députés des travailleurs.
A ce rassemblement ont participé, aux côtés du Parti communiste de la Fédération de Russie : le Komsomol, l’Union des Officiers Soviétiques, “Nadezhda Rossii”, “Russian Lad”, des cercles marxistes et autres.
En l’honneur de l’anniversaire de l’Armée rouge, au nom des participants à la réunion, le secrétariat du comité régional a déposé des fleurs sur le monument à Zoïa Kosmodemianskaïa, une courageuse membre du Komsomol, héroïne de l’Union soviétique, qui a donné sa vie pour défendre la Mère patrie socialiste.
Le 23 février, les communistes de Tambov organiseront une action de dépôt aux monuments commémoratifs consacrés à l’acte héroïque du peuple soviétique pendant la Grande Guerre patriotique.
Tambov, Service de presse du parti communiste
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Grégoire PIERRE
Article riche et utile sur le plan de l’information. Il est rare, dans les médias français, de voir retranscrits les propos des responsables du PCFR. La situation en Russie pourtant le justifierait, tant elle est intéressante, voire passionnante : on y observe la société post-communiste là où elle était censée, par excellence, ne jamais advenir.
Le PCFR s’est lancé dans la bataille électorale. Mon propos n’est pas de commenter point par point son programme. Cet aspect toutefois : un citoyen appartenant à la bourgeoisie est-il aussi abject que le dit Andrei Jidkov – j’entends au point de le priver de tout droit civique ? Comment définir cette exclusion par une loi ? Par ailleurs, à partir de quel seuil devient-on un bourgeois ? Autant chercher à savoir combien mesure le plus grand des nains.
Ce programme communiste, à en juger par ce qui en est dit dans l’article, n’envisage pas de revenir, malgré la pointe de nostalgie qui y transparaît, au régime socialiste d’autrefois, tel quel. La transformation socialiste dont il est question dans le titre est alors plutôt une transformation sociale.
Au-delà du succès de ce programme, qu’on peut lui souhaiter, le défi est de montrer, si le PCFR remporte la majorité des voix donc la majorité des sièges, que le socialisme est compatible avec la démocratie. Quel que soit le résultat des élections, la Douma n’est pas destinée à redevenir le Soviet Suprême, où il n’y avait pas d’opposition.
La tendance historique, à l’échelle de la communauté des nations, est de reconnaître le fameux principe ‘un homme, une voix’ pour fondement de la démocratie et de l’État de droit. Qui le remet en cause désormais ? Espérons que les derniers régimes à le rejeter encore rejoindront dans un avenir proche les pays qui le pratiquent sans le dénaturer.