Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La réponse à la pandémie de «l’Amérique d’abord»: la finance parasitaire comme stade final de l’impérialisme de Lénine

Il me parait difficile voire impossible pour le PCF au stade où il en est arrivé, et donc au-delà du PCF, d’envisager un renouveau quelconque sans la prise en compte d’une situation internationale dans laquelle se joue l’affrontement entre les monopoles financiarisés et le sort de l’humanité. Il ne s’agit pas seulement d’une force politique mais bien de la France elle-même et de son déclin au stade impérialiste. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

DEC 4WRITTEN BY ZI QIU (紫虬)

Translation by: Jesse Lukaso


Note de l’éditeur : Zi Qiu (紫虬) est un blogueur et un chroniqueur marxiste chinois. Ses travaux peuvent être trouvés sur plusieurs plateformes en ligne et publications chinoises, dont Weibo, Utopia et Chawang.


Note du traducteur anglais

Cet article a été écrit et publié le 30 avril, avant l’horrible meurtre de George Floyd le 25 mai, mais bien après la déclaration d’état d’urgence par l’Etat de Californie le 4 mars en réponse au COVID19, signalant de manière générale la forte croissance de la pandémie aux Etats-Unis. Les longues queues de voiture aux points de distribution de nourriture, les manifestations anti-masque, et la menace croissante du chômage et de l’insécurité financière s’étaient déjà depuis longtemps durablement installés dans le paysage des Etats-Unis. La montée du mécontentement et la situation économique catastrophique ont créé une atmosphère nationale tendue au bord du soulèvement.

Dans ce contexte, cet article peut avoir l’air prémonitoire, décrivant des Etats-Unis qui s’aliènent à la fois de ses propres habitants et des gens à l’étranger. Pourtant la structure et l’organisation de l’hégémonie des Etats-Unis n’est qu’à un pas de distance de ce que Lénine constatait il y a bien longtemps : l’impérialisme comme stade ultime du capitalisme, défini par les monopoles, l’oligarchie financière, l’exportation de capitaux, la formation d’associations internationales de monopoles capitalistiques, et le parachèvement de la division territoriale du globe.

En appliquant l’ingénieuse théorie de Lénine dans l’analyse de l’impérialisme américain moderne, Zi Qiu montre que non seulement la pensée de Lénine reste pertinente dans un monde postsoviétique et unipolaire, mais aussi que les grandissantes contradictions auxquelles les citoyens américains font face s’apprêtent à atteindre un point d’acmé.

Les manifestations contre les violences policières ne continuent de ravager le pays 3 mois après les premières à Minneapolis, que pour être réprimées par la violence d’Etat. La côte Ouest des Etats-Unis fait désormais face à des désastres écologiques sans précédent, le produit de siècles de génocide contre les indigènes et d’écocides motivés par le profit, déclenchés par des politiques à la négligence et à l’ineptie désastreuses. Dans ce contexte cataclysmique, l’analyse de Zi Qiu reste empreinte de clarté. Zi Qiu ne fait pas que soutenir une analyse marxiste de la situation actuelle des Etats-Unis, mais montre aussi comment la Chine elle-même a été une victime de l’unilatéralisme hégémonique américain de façon concrète. Le chemin que la Chine doit emprunter est clair, bien que plus difficile à dire qu’à faire. De cette analyse l’on peut retirer implicitement la marche à suivre pour les militants de la gauche marxiste-léniniste américaine : appliquer l’analyse marxiste-léniniste pour comprendre complètement l’impérialisme américain, faire de l’éducation populaire et construire un mouvement pour débarrasser le monde des parasites, qui ne prennent pas la peine de voiler leur avidité sans limite, même en ces temps de souffrance générale.

Nous sommes heureux de publier cette traduction du travail de Zi Qiu, en l’honneur de l’héritage de la vie et des travaux de Lénine, qui continuent toujours à nous instruire dans notre oeuvre de démantèlement de la contradiction principale au niveau mondial : l’impérialisme américain.

Note du traducteur français

Ceci est une traduction indirecte, de l’anglais au français, effectuée par un membre de l’Institut Homme Total, Jesse Lukaso. L’IHT est un jeune institut français d’éducation populaire visant à former les esprits révolutionnaires de demain et à guider pas à pas les esprits curieux et engagés dans leur parcours intellectuel. Vie de l’esprit et vie de combat.

En ces temps de sinophobie croissante et de confusion quant au rôle de la Chine dans le mouvement communiste international, cet article salutaire démontre le rôle salutaire et exemplaire de la République populaire, et démonte les discours antichinois. Que le lecteur retienne avec précision la nature parasitaire des relations entre non seulement étasuniennes, étudiées ici, mais de tout le bloc atlantiste, avec la Chine.


Article

Durant les trois à quatre derniers mois, la pandémie en Europe et aux Etats-Unis a suscité des sentiments populaires contradictoires à l’encontre de la Chine. Les statistiques américaines du coronavirus ont explosé, dépassant de loin tous les autres pays. Des corps non réclamés ont été éliminés, d’innombrables vidéos révoltantes d’appel à l’aide, venant de vieillards abandonnés, d’infirmières, de Noirs et d’autres gens de basse condition, et plus largement tout ce qui se passe outre-Atlantique constitue un spectacle trop misérable pour qu’il soit soutenable. Selon ce proverbe de la culture chinoise, “ne fais pas à autrui ce qu’on ne voudrait pas qu’on te fasse”. Qu’importe l’ethnie ou la nationalité des gens, on ne ressent qu’un unique sentiment de sympathie envers toutes les victimes de la pandémie, et en particulier envers les plus vulnérables à celle-ci. D’un autre côté, en contraste avec la situation extérieure, en Chine, “l’atmosphère ici est incomparable” : tout le monde, dans le pays, accueille le retour des héros qui ont sauvé la province du Hubei. Le travail et la production sont en train d’être restaurés et réorientés vers le devoir d’aide des autres pays dans leur lutte contre la pandémie.

Dans le même temps, les politiciens américains déguisent leurs mensonges pour les rendre plus agréables au public, et font porter le chapeau aux autres tout en s’accaparant tout le mérite. Les fédéraux et les Etats se pointent du doigt mutuellement dans des joutes politiques qui révèlent l’extension de la bassesse de leurs intérêts. C’est absolument hideux. Le résultat de la rhétorique “America First” de Trump se retrouve dans la pandémie : l’édifice idéologique fissuré semble au bord de l’effondrement, l’empire est incapable de masquer un chaos à l’image de celui d’une fourmilière inondée par de l’eau bouillante. Est-ce seulement à cause du nombre croissant de sacs mortuaires ? Pas vraiment. Ceux qui traînent les corps viennent des couches les plus basses de la société. Ce qui frappe au coeur de l’empire, c’est la profonde crise économique présagée par les faillites de la bourse financière.

C’est un évènement historique sans précédent : les cours boursiers aux Etats-Unis se sont effondrés 4 fois dans les dix derniers jours, la stratégie de la Réserve Fédérale, la quantitative easing, visant à casser les taux d’intérêts jusqu’à atteindre à zéro, ainsi que d’autres mesures d’urgences, se sont avérées inefficaces. Le 13 mars, les Etats-Unis ont déclaré l’état d’urgence. Le 17 mars, la Fed a activé une mesure d’urgence seulement utilisée lors de la Grande Dépression et de la Grande Récession de 2008 : la Commercial Paper Funding Facility. Le même jour, le gouvernement fédéral a annoncé un plan de relance de 1 000 milliards de dollars, incluant une somme de 500 milliards de chèques distribués au public américain. Pourtant, ce n’a pas été suffisant pour empêcher la quatrième chute. Bien que la bourse se soit rétablie par la suite, elle emboîte le pas de la Grande Dépression et de la Grande Récession, les deux ayant vu quelques remontées ponctuelles pendant leurs chutes, respectivement de deux et d’un an, mais toujours avec à la fin une chute de 89% pour la première et 50% pour la seconde. La gravité et la durée d’un krach boursier et d’une récession sont difficiles à prédire, mais pour le pétrole brut, avoir des prévisions d’évolution négative est un phénomène n’étant pas survenu depuis 30 ans. Comme le dit le dicton “Attrape assez de poux et ça finira de gratter”, nonobstant la dette nationale astronomique, les branches exécutives et législatives des Etats-Unis se réunissent autour d’un consensus, fait rare, fixant une nouvelle fois un budget exorbitant. Et sous la quantitative easing de la Fed, en faisant tourner la planche à billets sans restriction, la trajectoire actuelle consiste en une récession économique qui aura pour conséquence pour les pays du monde des degrés variables d’endettement, de déséquilibre de la balance des paiements et des crises de liquidité. L’écroulement de l’hégémonie du dollar américain devient de plus en plus envisageable, puisque les autres pays ne sont plus en mesure de supporter le poids de sa domination.

I. L’évolution du parasitisme financier de l’empire américain


Il y a plus de cent ans, Lénine relevait que parmi les caractéristiques de l’impérialisme européen, le contrôle du capitalisme financier sur la société est la première d’entre elles :

La suprématie du capital financier sur toutes les autres formes du capital signifie l’hégémonie du rentier et de l’oligarchie financière; elle signifie une situation privilégiée pour un petit nombre d’Etats financièrement “puissants”, par rapport à tous les autres

Cent ans plus tard, le principal aspect du monopole financier américain est le parasitisme, qui s’étend du domaine des choses matérielles à celui de l’immatériel, évoluant d’un contrôle de la société au contrôle global. Dans “Impérialisme, stade suprême du capitalisme”, Lénine dresse la liste des 5 caractéristiques de l’impérialisme du siècle dernier : monopoles, oligarchie financière, exportation du capital, formation d’associations de monopoles capitalistes et le parachèvement du partage du monde entre les grandes puissances. La nature fondamentale de ces 5 caractéristiques n’a pas changé pendant ces cent années : “le dense réseau de l’oligarchie financière” et son parasitisme ont évolué pour devenir l’âme, l’esprit et le sang même de l’économie américaine actuelle.

L’évolution des 5 caractéristiques de l’impérialisme :

1) Le monopole détenu sur la production est devenu un monopole sur tous les domaines. La finance s’est infiltrée dans le monopole transnational des données, des propriétés intellectuelles et des ressources stratégiques, ainsi que celui de l’idéologie, de la pensée économique et de la culture. Les informations bancaires internationales peuvent être saisies à travers le système bancaire SWIFT tandis que les droits sur les propriétés intellectuelles, marques, brevets, normes de fabrication et autres biens immatériels font l’objet d’un exercice abusif en vue d’extorquer de la plus-value.

2) La fusion des capitaux bancaire et industriel s’est transformée en l’hégémonie du dollar américain à travers la logistique des échanges mondiaux de l’énergie. A l’échelle mondiale, le dollar américain est employé dans 70% des accords commerciaux, et compose 65% de la somme des devises de réserve, générant ainsi d’importants revenus monétaires. Sur 10 ans, le taux de rotation du Forex s’est envolé à 40%, soit presque un tiers du PIB annuel des USA. Hormis les règlements comprenant la production de chaînes d’approvisionnement, la très grande majorité de ces transactions ne sont que de la spéculation.

3) L’exportation de capitaux s’est transformée en renversement des pays en voie de développement par l’utilisation du néolibéralisme comme arme. Parmi les exemples, on peut citer la méthode “acheter à bas prix, vendre à prix élevé” utilisée pour tirer du profit du marché des capitaux et forcer les pays importateurs de capitaux à entrer dans une situation de dépendance industrielle via des fonds souverains.

4) L’évolution des alliances monopolistes internationales. Par exemple, le G7, qui fait face à la montée de la Chine après des années de domination américaine, n’est plus un bloc monolithique en ce qui concerne le “retrait” des USA, puisque plusieurs pays commencent à abandonner le dollar américain.

5) Le marché mondial est sans cesse contesté et divisé par de vieux impérialismes. Avec la stratégie des entreprises chinoises “d’encerclement par la campagne” et la Belt and Road Initiative, des pays d’Afrique, d’Amérique Latine, d’Asie, et autres se retirent de ce que l’Occident voit comme des marchés “de chien maigre” [note du traducteur anglais : “chien maigre” signifie en Chinois des biens de piètre qualité avec un faible rendement en termes de profits].

II. Les contradictions de base de l’impérialisme renouvelées – la réaction parasitaire du capital financier


Lénine remarquait ceci :

L’impérialisme est l’époque du capital financier et des monopoles, qui provoquent partout des tendances à la domination et non à la liberté. Réaction sur toute la ligne, quel que soit le régime politique, aggravation extrême des antagonismes dans ce domaine également : tel est le résultat de ces tendances.

Que veut-il dire par “provoquer partout des tendances” ? Le déclenchement de la pandémie nous fournit une excellente opportunité pour tous de faire une telle observation. Elle déchire le voile que représente la fausse transformation de la classe capitaliste monopoliste qui commençait à être créée pendant la Grande Dépression. La contradiction entre la privatisation et la socialisation des grands moyens de production est toujours inévitable, bien au contraire, elle est plus apparente que jamais.

1. Les rentiers n’ont jamais été aussi avares. Le secteur manufacturier ne représente que 20% de l’économie américaine. Les 80% restants consistent en une chaîne d’approvisionnement des services commerciaux établie à travers une hégémonie financière, technologique, militaire, ainsi que dans le domaine de l’information, en ponctionnant des tributs de richesses produites partout dans le monde. Les dépenses sociales américaines sont soutenues par un système d’impression de monnaie et d’émission de bons à des prix exorbitants. Le gouvernement, les entreprises et les personnes américains combinent ensemble une dette de 30 mille milliards de dollars. La raison pour laquelle les USA sont considérés comme le pays le plus puissant du monde – avec l’inertie de son innovation technologique, ainsi que celles d’industries secondaires telles que de l’alimentation – est le fait de son “art” de délivrer des devises et des bons. Une fois, le gouverneur de New York s’est exclamé : “C’est l’ironie la plus cruelle que le fait que cette nation est désormais dépendante de la Chine pou une si grande part de ces produits. ” Les Etats-Unis sont si habitués à ce que ces produits soient importés de Chine et d’autres pays, et depuis si longtemps, que lorsqu’ils font face à une grave pénurie pendant une pandémie, ils se rendent soudainement compte que les Etats-Unis, ce “grand” pays, sont si fragiles, car n’étant pas en état de produire lui-même. Les politiciens américains espéraient que les emplois du secteur manufacturiers retourneraient aux Etats-Unis, mais la réalité est qu’il y a beaucoup d’obstacles à franchir tant que le retour du capital industriel ne représente pas une urgence pour le capital financier monopoliste. Jusqu’au 14 avril, Renaissance Technologies avait pris parti de la pandémie pour vendre au rabais, au nom du Medallion Fund avec un retour accumulatif de 39% cette année, s’approchant des 40% du retour accumulatif du Gaoling Fund qui investit en Chine. Il est dit du fondateur de Renaissance Technologies, Jim Simons, qu’il a “battu” Warren Buffet, lui qui gagne 10 milliards de dollars en une seule année. Le marché des contrats pétroliers à terme prenant comme proie les clients chinois du “Crude Oil Treasure” reflète l’avarice et l’efficacité des monopoles financiers dans leur capacité de phagocyter du petit et moyen capital à travers la seule supériorité technique, avançant ainsi encore la concentration du capital. Le capital financier de Wall Street n’a aucun intérêt à rapatrier les emplois manufacturiers : tel est le conflit entre les partisans de l’élite de Wall Street et l’antiestablishment populiste représenté par Trump.

2. Inégalités salariales. La Grande Dépression de 1929 a appris une leçon à la classe dirigeante, et l’écart entre les riches et les pauvres a baissé pendant presque un demi-siècle. Cependant, la politique néolibérale de Reagan a représenté un tournant lors des années 1980, et aujourd’hui désormais le niveau d’inégalité est comparable à celui de l’époque de la Grande Dépression. Le monde entier sait que Trump et ses acolytes ont ignoré volontairement les premiers moments de la pandémie, et c’est seulement à cause des chutes répétées des cours qu’ils ont été contraints à agir et à faire montre de tristesse. L’évaporation des valeurs boursières tourmentent incessamment les capitalistes. Parmi eux, il y a les sénateurs Marsha Blackburn et Lindsey Graham qui, au service de Wall Street et de l’Empire américain, demande des restitutions à la Chine. Dan Patrick, le vice-gouverneur du Texas, semblait mettre l’accent de manière explicite sur le fait que l’économie était plus importante que la vie des personnes âgées lorsqu’il dit : ” Ceux qui ont 70 ans et plus, on en prendra soin nous-mêmes. Mais ne sacrifiez pas le pays. ” Cependant, la pandémie révèle au public la véritable nature du capital : un insatiable désir de profit, à tout prix. La bannière de “l’économie américaine” voile les intérêts du capital, d’où les manifestations contre Trump, dénonçant son indifférence face à la mort des êtres humains, de chair et de sang, au profit d’un seul intérêt pour les cours de la bourse et les sondages. Il est difficile de blâmer le peuple américain qui doit travailler dans de telles conditions : 60% des familles américaines ont moins de 400 dollars de côté en ces temps de crise et de survie. Ces Américains pourraient mourir du virus, mais la quarantaine imposée garantit le chômage et le défaut de paiement, un destin bien pire encore que de mourir de la maladie. De plus en plus de gens font banqueroute et perdent tout. Alors même que le gouvernement s’endette encore plus en faisant tourner la machine à billets et en délivrant des allocations, le conflit de classe aux Etats-Unis ne fait que culminer toujours plus haut.

3. Le grave conflit interne au système américain. Un avantage du système fédéral américain est sa réactivité tant au niveau central qu’au niveau local, ce que Mao Zedong avait noté pendant ses dernières années. Cependant, la pandémie révèle un défaut fatal à un tel système : quand un conflit surgit, chacun suit son propre chemin. Le gouvernement fédéral et les Etats s’attaquent et parient les uns contre les autres tout en se disputant les approvisionnements médicaux. Les Américains sont fiers de leurs médias et de leurs journalistes, 90% d’entre eux étant pourtant contrôlés par 6 entreprises, et malgré cela, il y a tant de couverture négative de la crise, comme s’il y avait une véritable fascination pour le chaos, condamnant constamment le président et le gouvernement, diffusant la souffrance des masses, comparant les avantages des autres pays avec l’incompétence du parti d’opposition, etc. Ce qui a l’air d’être un “exemple” américain de démocratie libérale n’est en réalité qu’une lutte de pouvoirs entres des groupes d’intérêts capitalistes, un simple subterfuge visant à engranger des voies. Est ce que l’égalité, les droits de l’homme et l’abolition définitive de la féodalité les promesses des Etats-Unis ? Le beau-fils du président Jared Kushner exerce un contrôle sur le budget de la lutte contre la pandémie, qu’il use en employant des ressources nationales afin de rassembler des produits médicaux rares, tout ça pour les remettre à environ 5 firmes privées. Les gouvernements des Etats doivent ensuite prendre part à une véritable vente aux enchères pour obtenir ces produits, ce qui permet à ces compagnies de tirer un pactole de cette crise nationale.

Alors que des gens meurent et que les masses ont du mal à être dépistés, les capitalistes trouvent une opportunité pour être audacieux. Trump ignore la pandémie et ment comme un arracheur de dents afin de tromper les sondages, mais les gens se rendent compte que peu importe qui deviendra président, car la duplicité du système s’est constituée comme un véritable ennemi public pour les classes moyenne et populaire américaines. De plus, le montant exorbitant de la dette et de la création de devises ne placent pas seulement l’Empire au dessus d’un volcan, mais son parasitisme attire aussi les foudres de peuples partout dans le monde.

III. L’avarice de l’entourage proche de Trump encouragée par le parasitisme des relations sino-américaines


En avril 2016, lors des élections générales, après que sa position en faveur d’une taxation plus lourde pour les riches ait été la cible de critiques, Trump a tweeté “Les économistes disent que ma stratégie fiscale va faire monter la dette nationale à 10 mille milliards. Quels idiots ! Je vais laisser la Chine payer l’addition !”

Tout le monde voit que la solution magique de Trump est d’élever sans cesse les barrières douanières et de prélever les recettes. La nouvelle version du rapport de Stratégie de sécurité nationale de la Maison Blanche voit la Chine comme un adversaire stratégique qui remet en question les intérêts américains fondamentaux relatifs à la question taïwanaise. Une guerre commerciale, et la menace d’un blocus militaire pointent à l’horizon. Et alors que la pandémie reste une urgence, l’infection du personnel militaire a pour résultat la réduction à l’impuissance des armes.

D’un côté, renforcer les relations sino-américaines préserverait l’arrangement du parasitisme américain : cela garantirait que la Chine continuerait d’acheter en gros de la dette américaine, qu’elle achèterait des produits à forte valeur ajoutée et qu’elle importerait des ressources stratégiques dépendant de produits américains tels que de la nourriture, tout en exportant des produits à faible valeur ajoutée nécessitant une grande quantité de travail. Même si les produits chinois ne prennent que 20% des importations américaines, ils consistent généralement en des produits de nécessité à bas coût, qui viennent alléger le conflit de classe. Alors que les USA ont de surcroît l’avantage de conserver la valeur du surplus, le gouvernement américain peut augmenter les revenus en modulant à souhait les taxes douanières, et la dévaluation du RMB maintient un niveau constant des prix de vente afin que la population, qui consomme ces produits, ne se soulève pas. Cependant, d’un autre côté, beaucoup de signes indiquent que la guerre commerciale américaine ainsi que les actions militaires ne sont qu’un écran de fumée visant à masquer la mise en place d’un dispositif d’étouffement financier. L’objectif est d’infiltrer et d’influencer la libéralisation financière de la Chine et aussi de créer une crise financière dans le pays pour que le capital chinois parte vers les marchés financiers américains, tout cela ayant pour but ultime de préserver la bulle financière américaine.

Des organisations et des universitaires en Chine et à l’étranger ont expliqué le parasitisme des relations sino-américaines en des termes concis :

Le Rapport National de Santé publié en 2013 par le Groupe National de Recherche sur la Santé de l’Académie des Sciences de Chine révèle que les Etats-Unis emploient seigneuriage, inflation fiscale internationale, dette souveraine, placements à l’étranger, actifs liquides, pratiques commerciales déloyales, produits dérivés financiers, contrats à terme de commodités en vrac, propriétés intellectuelles comme les 10 moyens de profiter de son hégémonie mondiale. Mises ensemble, les richesses acquises à travers ces 10 moyens représentent 52,38% du PIB américain total tandis que les richesses que la Chine perd par ces mêmes canaux s’élève à 51,45% de son propre PIB. Les Etats-Unis profitent de ces canaux à hauteur de 32 836,70 $ par habitant tandis que les pertes de la Chine à travers eux sont de 2 739,70 $, soit 120% du revenu disponible d’un foyer moyen chinois (China News, 8 janvier 2013).

Le directeur de l’Institut de la Coopération Economique du ministère du Commerce Huo Jianguo affirme que, pour chaque 100 milliards de dollars de produits exportés depuis la Chine vers les Etats-Unis, les Etats-Unis peuvent en tirer 80 milliards tandis que la Chine n’en reçoit que 20 milliards. (China Economic Net, 29 septembre 2010)

Un article scientifique du professeur Niall Ferguson, de Harvard, résume en quelques mots le parasitisme américain : “La Chine produit, les USA consomment”.

IV. Soyez sur un pied d’alerte face au brigandage financier américain


“Renforcez les frontières”. C’est ce que Xi Jinping a donné comme mot d’ordre dans la lutte contre la pandémie, et cela peut être dit de même concernant les relations sino-américaines. Lorsque la guerre commerciale entre les deux pays a commencé, il y a plus d’un an, des représentants américains ont avancé l’idée du besoin de s’appuyer sur des “forces internes” à la Chine qui incluent la cinquième colonne ainsi que l’infiltration à long terme de la pensée néolibérale américaine. Parmi les thèses de cette pensée, certaines idées sur le capital soutiennent la croyance fondamentale selon laquelle le système américain est un modèle pour tous les autres.

Frappant de clairvoyance, Lénine avait prédit le parasitisme des relations sino-américaines ainsi que la réponse du prolétariat dans Impérialisme, Stade suprême du capitalisme :

L’impérialisme, qui signifie le partage du monde et une exploitation ne s’étendant pas uniquement à la Chine, et qui procure des profits de monopole élevés à une poignée de pays très riches, crée la possibilité économique de corrompre les couches supérieures du prolétariat; par là même il alimente l’opportunisme, lui donne corps et le consolide

Obsédée par ce que Lénine jugeait être “le plus grand réservoir potentiel de profit”, la Chine, les Etats-Unis languissent de construire leur version fantasmagorique de la “Chinamerica”. La mise en avant des slogans comme “Sauver l’Amérique, c’est sauver la Chine” ou encore “Faites payer la Chine !” est devenu une constante des deux dernières campagnes présidentielles. Utiliser la pandémie comme une excuse pour demander des rétributions financières qui montent au plafond n’est que l’expression naturelle du capital monopoliste Euro-américain.

Malgré cela, les théories de Lénine sur le parasitisme de l’impérialisme suivi par son inévitable déclin et sa mort étaient vues comme dépassées avec le début de l’écroulement de l’Union Soviétique, qui avait été flétrie par la Perestroïka menée par Gorbatchev. Cet événement a aussi eu un retentissement à l’intérieur de la Chine pendant un long moment : le capitalisme est en pleine vie, tandis que des factions socialistes se défont l’une après l’autre – où est passée la mort que Lénine avait prédite ? Par conséquent, les universitaires chinois se sont mis à avertir régulièrement de ne pas sous-estimer l’attrait rationnel du capitalisme.

Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société (Karl Marx, Contribution à la critique de l’économie politique)

Les deux “jamais” de Marx sont souvent mal employés par des pseudo-marxistes afin de défendre le capitalisme en confondant parasitisme et productivité. Ils croient que ce qu’ils voient comme les “rapports de production nouveaux et supérieurs” – les coopératives ouvrières, par exemple – sont des idéaux abstraits et lointains qui sont bien trop en décalage avec la réalité pour être mis en pratique alors qu’en réalité, ces caractères socialistes existent déjà dans les sociétés capitalistes depuis Marx.

Dans ce mode de pensée, la proposition de privatisation, libéralisation et marchandisation du Consensus de Washington menée par l’économiste américain John Williamson en 1989 a reçu de grands éloges de la part de figures au sein et en dehors du Parti Communiste Chinois. Quelqu’un a publié un article disant : “Une analyse objective montre que les trois propositions du “Consensus de Washington” ont déjà été mises en place en Chine… la contribution du secteur étatique à l’économie nationale n’est pas si important que ça, à peine à 30%”.

Depuis le 18ème Congrès National, le camarade Xi Jinping résume les leçons apprises de ces quarante années de réforme et d’ouverture ainsi que les perspectives d’une nouvelle renaissance chinoise en présentant une position claire et concise :

“Tous les camarades du Parti doivent garder à l’esprit que ce que nous construisons est le socialisme aux caractéristiques chinoises, et non pas quelque autre doctrine? La haute qualité du développement de l’économie de la Chine dans l’avenir doit se faire dans des conditions plus libres.”

Alors que de plus en plus de gens soutiennent une communauté mondiale qui fait progresser une destinée humaine partagée, l’unilatéralisme et l’hégémonie devenant de plus en plus impopulaire, le Consensus de Pékin et la Belt and Road Initiative reçoivent des soutiens systématiques et sans précédent, et l’on peut affirme avec certitude l’écroulement imminent du Consensus de Washington. Nous devons donc rejeter le dogmatisme qui ignore les circonstances actuelles tout en maintenant une compréhension solide de la quintessence de l’Impérialisme de Lénine. Dans le concert de l’aide et de la compréhension mutuelles, nous devons identifier les aspects parasitaires du capitalisme monopoliste financier qui soutient l’ouverture financière. Renforçons les frontières et enfonçons les pieux, souvenons-nous de la douloureuse expérience russe, pillée par les USA après sa propre ouverture financière, et battons-nous avec fermeté contre le parasitisme du capital monopolistique américain. L’avenir des Etats-Unis est le produit du conflit interne en cours dans le pays, par conséquent la plus grande contribution que la Chine peut apporter au peuple américain est de refuser toute activité économique qui pourrait payer les factures des parasites américains.

La tendance néolibérale en vigueur depuis des décennies qui est toujours largement consensuelle était décortiquée avec éloquence par Lénine il y a cent ans. Nous concluons par un avertissement qui nous est adressé par l’instructeur de la révolution :

[…] tout cela fait que les classes possédantes passent en bloc dans le camp de l’impérialisme. Engouement “général” pour les perspectives de l’impérialisme, défense acharnée de celui-ci, tendance à le farder de toutes les manières, – n’est-ce pas un signe des temps. L’idéologie impérialiste pénètre également dans la classe ouvrière, qui n’est pas séparée des autres classes par une muraille de Chine.

20 avril 2020, en commémoration du 150ème anniversaire du grand Vladimir Lénine Zi Qiu (紫虬)

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