Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Sur l’archipel du Svalbard, Kecha, un espion venu du froid

Sur l’archipel du Svalbard, occupé par les Norvégiens et les Russes, il est interdit de posséder des animaux de compagnie. Cependant, le chat Kecha a réussi à contourner l’interdiction: selon ses titres de séjour, il s’agit d’un… renard. mais avant de tout savoir sur Kecha, il faut que découvriez le contexte. D’abord bien sûr il y a cet autre ami des bêtes qu’est Poutine, la manière dont il ne cesse de promulguer des lois interdisant la maltraitance animale et son affirmation sur les terres septentrionales… et avant lui, Lénine…

I –D’abord Poutine qui vient de déclarer (traduction de Marianne)

Dans les décennies à venir, la Russie s’”étendra” dans l’Arctique et les Territoires du Nord, car il s’agit d’un domaine important en termes d’exploitation minière, a déclaré le président Vladimir Poutine.

«La Russie est un pays du nord, plus de 70% de notre territoire est situé aux latitudes du nord. Tout ce qui se passe dans le Nord revêt pour nous un intérêt et une valeur particuliers. Maintenant, je ne parle même pas du développement de la route maritime du Nord », a-t-il déclaré lors d’une réunion avec des bénévoles et des finalistes du concours « Bénévole de la Russie », rapporte RIA Novosti.

Selon lui, le développement dans cette direction est l’avenir du pays, notamment du point de vue de l’extraction des ressources naturelles nécessaires au pays.

“Dans les prochaines décennies, la Russie va croître, bien sûr, dans les territoires de l’Arctique et du Nord, ce sont des choses absolument évidentes”, a souligné le chef de l’Etat.

Le président a noté que la nature de l’Arctique est extrêmement vulnérable, les activités économiques devraient y être menées en tenant compte des spécificités pour minimiser les risques environnementaux.

Auparavant, l’édition française Le Point rapportait que seule la Russie peut opérer sur tout le périmètre de la zone arctique, et que la région peut être qualifiée de “monopole” de la Russie.

Alors si le Point l’a dit …. (note de DB) mais reprenons le contexte….

Poutine aime les animaux mais les préfère sauvages un point d’entente avec les Norvégiens?

Carnets de Route – Classe Internationale (classe-internationale.com)

II- Une zone historique de tensions entre Oslo et Moscou 

Tout au long du XXème siècle, le Svalbard fait l’objet d’une concurrence rude entre la Russie et la Norvège. Dès la signature du traité, Moscou accuse la Norvège de profiter de sa faiblesse diplomatique pour mettre la main sur l’archipel, dans la mesure où en 1920, le nouvel État bolchevique n’est pas reconnu par beaucoup de puissances. Ainsi, la Russie ne fait pas partie des signataires du traité en 1920 et il faut attendre la reconnaissance de l’URSS en 1924 pour qu’elle puisse avoir son mot à dire. Dès lors, les Soviétiques considèrent que le Svalbard leur revient en partie, revendication formulée par le ministre des Affaires Étrangères de l’URSS Molotov, qui réclame en 1945 une administration conjointe de l’archipel ainsi que la souveraineté pleine et entière sur l’île aux Ours(qui à 9 habitants aujourd’hui NDLR)

Malgré l’échec de telles revendications, la présence russe s’impose comme une constante tout au long du siècle dernier. Ainsi, les besoins en charbon de Mourmansk poussent Moscou à racheter en 1932 la Nederlandsche Spitsbergen Compagnie, groupe néerlandais qui possédaient d’immenses mines de charbon sur l’archipel. À l’époque, la Norvège ne voit pas d’intérêt stratégique à investir dans de telles mines, qui seraient en outre peu rentables, et laisse donc faire Moscou. Pourtant, par cet achat, l’URSS devient propriétaire de plus 250 km2, ce qui lui permet de développer trois mines de charbon. La stratégie soviétique d’implantation passe par le développement de la compagnie Arktikougol, qui est à l’origine du développement de deux villes minières, Barentsburg et Pyramiden.

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Pyramiden, communauté minière achetée par l’URSS en 1926, puis vendue à Arktikougol au début des années 1930. Aujourd’hui, elle fait partie des nombreuses villes fantômes du Svalbard. La statue de Lénine trône encore, vestige de la période soviétique. (©️ Wikipédia)

Bien que l’exploitation de Pyramiden soit abandonnée en 1998, Barentsburg se remarque par son dynamisme certain, qui a permis de maintenir une importante présence russe au Svalbard. Aujourd’hui, cette ville peut compter sur l’immigration d’une proportion croissante d’Ukrainiens issus du bassin houiller du Donbass, fuyant pour la plupart les troubles récents qui s’y déroulent. Aux besoins de charbon s’ajoute un intérêt stratégique qui pousse la Russie à maintenir une présence à Barentsburg, port d’importance majeure en Arctique car situé à l’entrée de l’Isfjord et donnant une ouverture directe sur la mer du Groenland. Aussi, cette présence permet à Moscou d’exercer son droit commercial à travers la volonté de transformer la ville en un pôle touristique du Svalbard, bien que cela se révèle être moins aisé que prévu. 

Malgré l’interdiction formelle de toute militarisation de l’archipel en vertu de l’article 9 du traité, les tensions entre Oslo et Moscou trouvent un certain écho dans le domaine militaire. L’intégration de la Norvège dans l’OTAN en 1949 avait ainsi pu être vue par l’URSS comme une provocation directe. Néanmoins, la création en 1975 de l’aéroport de Longyearbyen, la capitale de facto du Svalbard, change la donne. En effet, Moscou obtient de pouvoir l’utiliser et donc de placer des hommes pour surveiller le trafic aérien. Ainsi, les Soviétiques pouvaient habilement empêcher aux États-Unis d’accéder à l’archipel, bien que la Norvège soit partie de l’Alliance atlantique. Mais les choses ont récemment pris une toute autre tournure lorsque le journaliste norvégien Bard Wormdal révèle en 2019 que la station SvalSat 一 située dans les hauteurs de Longyearbyen et au sein de laquelle opèrent 50 Américains 一 aurait capté des images satellitaires qui ont été revendues à des militaires puis utilisées pour guider des bombardements en Libye et en Afghanistan. Bien que la Norvège affirme qu’aucun satellite militaire ne livre de données via SvalSat, les dynamiques qui structurent l’archipel pourraient radicalement changer si cette information était avérée. 


Vers une nouvelle guerre froide ? Les ambitions russes sur l’archipel

L’affirmation de la souveraineté norvégienne concomitante à l’implosion de l’URSS a conduit Oslo à prendre davantage d’assurance concernant le Svalbard. À partir des années 1970, Longyearbyen s’est diversifié et s’est imposé comme la clé de voûte de la présence de la Norvège sur l’archipel, qui renforce ainsi son rôle dans l’Arctique. Depuis plusieurs années, Oslo multiplie les exercices militaires en mer dans les eaux avoisinantes, ce qui ne plaît guère à Moscou, qui dénonce fermement ces activités. Cela survient d’autant plus à un moment où les tensions entre la Norvège et la Russie ont été ravivées par l’invasion de la Crimée en 2014 et le conflit dans le Donbass qui en a résulté. À la lumière de ces événements, la possibilité d’une invasion du Svalbard par la Russie ne semble pas être prise à la légère par Oslo. 

Beaucoup sont ceux qui parlent volontiers de l’imminence d’une nouvelle « guerre froide », d’autant que le contexte actuel est celui d’une militarisation accrue de l’Arctique de la part des Russes, qui veulent faire de la région leur nouveau pré carré. Ainsi, Oslo a dénoncé en avril 2016 une provocation inadmissible lors du transit de forces spéciales tchétchènes à l’aéroport de Longyearbyen, qui devaient se rendre sur une base russe du pôle Nord pour y effectuer des exercices militaires. Un an plus tard, en mai 2017, c’est au tour de la Russie de protester contre la visite d’une délégation de l’Assemblée parlementaire de l’OTAN au Svalbard, qui y voit les prémisses de préparatifs militaires sans précédent. Le ton monte rapidement et en juin, le quotidien Kommersant menace la Norvège d’ouvrir les hostilités, évoquant la possibilité d’un conflit militaire. Bien qu’un tel événement soit peu probable dans l’immédiat, cela montre néanmoins à quel point Moscou prend au sérieux le Svalbard. Les provocations de la part de la Russie émanent aussi des plus hautes sphères de l’État. Ainsi, en 2015, le vice-président russe Dmitri Rogozine avait posté sur Internet des photos de lui au Svalbard alors qu’il était désigné comme persona non grata dans l’espace Schengen à la suite de sanctions dans le cadre de l’offensive en Crimée.

Les relations tendues entre Moscou et Oslo sont également perceptibles dans le domaine de la pêche. En 2005, la Norvège avait ordonné l’arraisonnement du chalutier russe Elektron, qui pêchait illégalement la morue dans sa ZPP. Néanmoins, les deux gardes-côtes norvégiens qui avaient demandé l’arrestation ont été malmenés par le capitaine du chalutier, qui les a enfermés dans la cale pour ensuite se rabattre sur Mourmansk, où il a été accueilli en héros. Bien que cet événement soit un cas isolé, il met toutefois en avant les désaccords grandissants entre la Norvège et la Russie. 

Cependant, il faut se garder d’analyser les rapports entre les deux pays comme des dynamiques d’opposition totale et insurmontable. En effet, malgré les tensions sous-jacentes, ils ont une longue tradition de coopération dans les eaux de l’Arctique, notamment quant à la pêche. Les problèmes de pêche illégale de morue sont aujourd’hui presque intégralement réglés et la répartition des quotas se déroule sans heurts. Au contraire, le politologue Bruno Tertrais va même jusqu’à affirmer qu’il existe aujourd’hui davantage de collaboration entre Oslo et Moscou qu’entre Oslo et ses alliés historiques, dont Bruxelles, ce qu’il nomme le « paradoxe du Svalbard ». 

III- Le Chat russe est-il un renard

C’est dans ce contexte tendu mais dans un équilibre stable/instable, entre conflit ou coopération comme dans d’autres régions du monde, que Russia Beyond nous parle de “chat”, ce site à en effet l’art de transformer la géopolitique en dépliant touristique. Donc suivons le chat (qui ressemble étrangement au mien qui s’appelle CHE) en tant que héros de John le Carre… D’ailleurs ce chat est un renard suivant l’état civil, l’esprit de Lénine qui aimait tant les chats…

 https://t.me/russiabeyond_fr

Environ 3 000 personnes vivent sur l’archipel norvégien du Svalbard, dans l’océan Arctique. L’écrasante majorité de la population est norvégienne, tandis que les Russes vivent dans la petite colonie de Barentsbourg – ils peuvent y mener des activités économiques en raison du statut spécial de l’archipel. C’est dans cette colonie, parmi les bâtiments résidentiels, l’église en bois et les monuments à la gloire de Lénine et du communisme, que vit le chat Kecha.Centre du tourisme arctique Grumant

Au premier abord, rien d’inhabituel, mais le fait est que les animaux domestiques ne sont pas autorisés dans l’archipel, à l’exception des oiseaux en cage, des lapins, des petits rongeurs et, sur autorisation spéciale, des chiens. On pense en effet que les chats peuvent perturber l’équilibre écologique, ou encore attraper la rage ou d’autres infections dues aux renards et aux lièvres polaires.

On ne sait pas par qui et comment Kecha a été amené ici. Denis Iourisson, un résident local, a déclaré lors d’une interview pour AltaPress que le chat avait été transporté secrètement par les Russes dans les années 2000, officiellement enregistré comme un renard.Olga KostrovaCentre du tourisme arctique Grumant

Il passe tout son temps libre dehors, nourri tant par les locaux que par les touristes. Selon Olga Kostrova, organisatrice de voyages dans l’archipel, Kecha a pourtant bien une maîtresse.Ioulia Litvinova

« Il n’est pas à l’abandon, mais il aime la liberté, il aime se balader. Il vit dans une maison, il a une maîtresse. Néanmoins, il mange volontiers si on lui sert de la nourriture », précise-t-elle.Olga Kostrova

En 2020, Kecha a eu 12 ans, explique Ioulia Litvinova, une habitante du Svalbard, mais il est toujours très actif.

« On ne l’a jamais vu se battre avec des renards. Mais quand on se promène avec les chiens du centre de huskies, il vaut mieux le contourner, car il y a eu des cas d’attaques de Kecha sur des chiens », explique-t-elle.Centre du tourisme arctique GrumantCentre du tourisme arctique Grumant

Une rumeur avance que Kecha n’est plus le seul chat de l’archipel. En juillet 2020, les touristes ont en effet pu photographier un chat très similaire, mais d’une couleur légèrement différente. Ioulia affirme qu’elle a également commencé à remarquer d’autres chats sur l’île, mais que Kecha reste le plus populaire du Svalbard.Centre du tourisme arctique Grumant

« Kecha me ravit [quand il apparaît] lors de mes pauses-déjeuner. En ce moment, il est sale, est recouvert de boules de poils, et a les yeux larmoyants. Cependant, il reste l’une des principales attractions de Barentsbourg, et selon la légende, si vous caressez Kecha et faites un vœu, il se réalisera », ajoute Litvinova.Centre du tourisme arctique Grumant

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