Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Vu du Japon: Xi secoue la maison que Jack Ma et Jiang Zemin ont construite

JOURNAL DE PÉKIN

L’article suit les standards habituels des articles occidentaux, et il nous renseigne pratiquement plus sur les interrogations de l’Occident que sur “la cité interdite” du pouvoir chinois. En filigrane, nous lisons la description de l’existence d’un possible Gorbatchev chinois, Jiang Zemin ayant eu des contacts avec les USA, né dans une famille riche, un clan dont la tendance aurait peut-être été le retour au capitalisme et qui a joué la transformation du parti, la proximité avec les “stars”, les élites médiatiques. En face, Xi Jinping, lui-même fils de révolutionnaire, envoyé très jeune au titre de la Révolution culturelle dans un village pauvre et y faisant ses premières armes politiques, un patriote qui n’accepte pas l’humiliation occidentale. Ce dernier semble durablement l’avoir emporté et la gestion de la crise du coronavirus, toujours en fond, a joué un rôle fondamental, comme la reprise ultérieure. On mesure que ce ne sont pas deux hommes, ce sont deux lignes à partir du socialisme de marché de Deng Xiaoping, la dualité des contraires et le mouvement. Notez que la population interrogée par le journaliste est de son propre aveu une population acquise au libéralisme économique et hostile aux communistes. (note de Danielle Bleitrach, traduction de Baran)

Au milieu de la pandémie, le chef du bureau chinois de Nikkei offre des images instantanées de la politique

A gauche, le fondateur d’Alibaba, Jack Ma, est un membre encarté au Parti communiste chinois grâce, au moins indirectement, à l’ancien dirigeant Jiang Zemin, à droite. Mais Ma semble avoir irrité le président Xi Jinping. (Montage Nikkei / Reuters et Kyodo)

TETSUSHI TAKAHASHI, chef du bureau de Nikkei Chine 2 novembre 2020 à 17h14 JST Mis à jour le 27 novembre 2020 à 16h39 JST

La Chine est enfermée dans une confrontation diplomatique houleuse avec les États-Unis – une confrontation qui ne se terminera peut-être pas avec l’arrivée d’un nouvel occupant à la Maison Blanche. A domicile, le président Xi Jinping continue de renforcer son emprise sur le pouvoir. Pendant tout ce temps, le monde lutte pour arrêter la pandémie de coronavirus qui a commencé sur le sol chinois. Le chef du bureau de Nikkei en Chine, Tetsushi Takahashi, suit ces histoires qui façonnent le monde depuis le cœur de Pékin.

Vendredi 27 novembre

C’était une surprise pour personne que Jack Ma, le fondateur de la puissante entreprise chinoise de commerce électronique Alibaba, ne fasse pas son apparition à la Conférence mondiale d’Internet de cette année.

L’événement annuel organisé par le gouvernement chinois – qui s’est ouvert à Wuzhen, dans la province du Zhejiang, lundi dernier – rassemble des fonctionnaires et des cadres du secteur technologique de haut niveau. Ma était un participant régulier dans le passé. Mais cette fois, c’était au président-directeur général d’Alibaba, Daniel Zhang, de représenter la société.

Zhang n’avait pas l’air en forme pendant son discours concernant les nouvelles règles “opportunes et nécessaires“, proposées par la Chine concernant les entreprises d’internet, se félicitant à plusieurs reprises d’une supervision accrue de l’industrie par les autorités.

Depuis fin octobre Alibaba fait l’objet d’une surveillance accrue de la part du gouvernement du président Xi Jinping, lorsque Ma déclarait à un forum financier à Shanghai que “la bonne innovation n’a pas peur de la réglementation, mais a peur d’une réglementation dépassée”.

Quelques jours plus tard, l’introduction en bourse de la filiale financière d’Alibaba, Ant Group, initialement prévue à Shanghai et à Hong Kong a été brusquement reportée à la demande des autorités. De nombreux acteurs du secteur financier pensent que Xi a lui-même pris la décision finale d’arrêter l’introduction en bourse.

Ma n’est pas apparu en public récemment, alimentant les rumeurs selon lesquelles il a été interdit de quitter le pays.

Le franc parler du milliardaire aux remarques provocatrices ont souvent irrité les autorités, mais c’est un véritable membre du Parti Communiste Chinois. Son adhésion a été révélée par le Quotidien du Peuple, un organe porte-parole du parti, à l’occasion du 40e anniversaire de la politique de« réforme et d’ouverture » du pays en décembre 2018.

Il fut un temps où quelqu’un comme Ma n’aurait même pas pu ne serait-ce qu’envisager de rejoindre le parti. Les chefs d’entreprises privées étaient autrefois considérés comme des« capitalistes » et se voyaient refuser leur adhésion. C’est l’ancien président chinois Jiang Zemin qui a changé cela.

Au congrès national du Parti communiste à l’automne 2002, la théorie politique proposée par Jiang, appelée les “Trois Représentations“, a été inscrite dans la constitution du parti. La théorie était enracinée dans l’idée que l’étape suivante de réforme et d’ouverture à suivre pour la Chine doit consister à réduire graduellement le rôle de l’État et libérer la vigueur du secteur privé.

Le but du parti a été redéfini comme représentant « les intérêts fondamentaux de l’écrasante majorité de la population chinoise » ainsi que la promotion de «la tendance au développement des forces productives avancées de la Chine» et « l’orientation de la culture avancée de la Chine ».

Les communistes ont cherché à amener les entrepreneurs dans le bercail. Sans cette nouvelle façon de penser, il semble peu probable que la Chine ait l’Alibaba et la société numérique que nous connaissons aujourd’hui.

Pourtant, Xi semble préoccupé par la montée en puissance d’énormes entreprises privées et pousse l’État au premier plan.

J’ai visité Yangzhou dans la province du Jiangsu, la ville natale de Jiang, dimanche parce que je voulais voir la maison où il a grandi. Chaque résident local connaissait son emplacement. 

« La maison de Lao (vieux) Jiang est là-bas », m’a dit l’un d’eux.

Il s’est avéré que c’était un manoir entouré de hauts murs, montrant que Jiang a grandi dans une famille riche. Malgré l’absence de panneau d’information, l’endroit reçoit un flux constant de visiteurs prenant des photos devant la porte.

Xi aussi s’est rendu à Yangzhou pour une inspection le 13 novembre. Il n’est pas passé chez Jiang.

Le président essaie-t-il de fermer le rideau sur l’ère Jiang et son accent sur le secteur privé ? La réponse a des implications majeures pour l’avenir de Ma et d’Alibaba.

Vendredi 20 novembre : l’absence flagrante d’un membre du Politburo trouble l’avenir du Xinjiang

Plus tôt cette semaine, le Parti communiste chinois a décidé de mettre en œuvre «la pensée de Xi Jinping sur l’état de droit ».

Cela fait référence à l’appel du président Xi Jinping à s’en tenir au chemin d’un « Etat de droit socialiste aux caractéristiques chinoises », et conformément à cela de promouvoir la modernisation du système de gouvernance chinois. L’assemblée où la décision du parti a été prise, une affaire de deux jours, a été importante. Normalement, les 25 membres du Politburo, y compris les sept membres du Comité permanent du Politburo, sont censés y assister.

Mais une personne n’était pas là : Chen Quanguo, le secrétaire du Parti communiste de la région autonome ouïghoure du Xinjiang.

Ce n’est pas la première fois que Chen manque une réunion clé. Il n’a pas non plus assisté à la cinquième session plénière du 19e Comité central du parti, qui s’est terminée le 29 octobre. Il est inhabituel que des membres du Politburo soient absents du plénum – un rassemblement d’environ 200 membres du Comité central et 170 candidats membres.

Juste avant l’assemblée plénière, ​​il y avait eu au Xinjiang un cluster infecté au coronavirus. Les médias de Hong Kong ont émis l’hypothèse que Chen, ayant visité la zone touchée, n’avait probablement pas pu se rendre à Pékin en raison d’une quatorzaine.

Cela semblait être un argument convaincant à l’époque mais la quatorzaine est terminée depuis longtemps. Or on ne sait toujours pas pourquoi Chen ne s’est pas présenté à la réunion de cette semaine.

Les États-Unis jettent un regard sévère sur Chen concernant le traitement des musulmans ouïghours du Xinjiang sous sa surveillance.

En juillet, les États-Unis ont imposé des sanctions à quatre hauts responsables chinois, dont Chen, et à une organisation pour des violations présumées des droits de l’homme au Xinjiang. Les sanctions leur ont interdit de faire des affaires avec les Américains et ont gelé leurs actifs aux États-Unis.

De nombreux experts affirment que les États-Unis augmenteront probablement la pression sur la Chine à propos du Xinjiang après la prise de fonction du président élu Joe Biden, invoquant sa défense des droits de l’homme. Maintenant, la rumeur selon laquelle quelque chose serait arrivé à Chen va bon train.

Jeudi après-midi, je me suis arrêté au bureau régional du Xinjiang à Pékin, situé à environ 10 km au nord-ouest de la place Tiananmen. Chen a dû aussi souvent s’y rendre. J’avais essayé de visiter moi-même le restaurant du bureau en juillet, mais il avait été fermé en raison du coronavirus.

Cette fois, c’était ouvert. Alors que je goûtais à ce que l’on dit être la meilleure cuisine du Xinjiang au sein de la ville, deux femmes vêtues de combinaisons de protection bleues sont entrées, portant avec elles des kits de test de virus.

C’était déconcertant : des clients avaient-ils été testés positifs au COVID-19 ?

Un employé du restaurant m’a assuré que c’était juste une inspection d’hygiène régulière pour s’assurer que le virus n’était pas présent. Je me sentais soulagé, mais j’étais toujours mal à l’aise de dîner avec les inspecteurs autour.

En vérifiant minutieusement les locaux, je n’ai pas pu m’empêcher de penser à l’avenir de Chen et du Xinjiang.

Lundi 16 novembre : La Chine de Xi présente des défis pour Biden que Jiang n’a jamais fait

Je suis récemment tombé sur une vieille photo de Joe Biden serrant la main du président chinois de l’époque, Jiang Zemin. C’était publié le 9 août 2001, en première page du Quotidien du Peuple, le principal porte-parole du Parti communiste chinois. Bien sûr, les deux hommes paraissaient bien plus jeunes.

Biden, maintenant président élu des États-Unis, avait 58 ans lorsqu’il s’est rendu en Chine en tant que président du Comité des relations extérieures du Sénat et a rencontré Jiang dans la station balnéaire de Beidaihe, dans la province du Hebei.

Jiang, qui avait 74 ans, a déclaré que les Chinois avaient toujours eu des sentiments amicaux envers les Américains, d’après les comptes rendus de la réunion. Biden a apparemment répondu que les États-Unis voulaient que la Chine se développe et devienne forte, et que cela serait dans l’intérêt des deux pays.

À l’époque, les États-Unis avaient une force écrasante en tant que seule superpuissance du monde après avoir remporté la guerre froide. Biden ne doit pas encore avoir vu la Chine comme un concurrent. Bien sûr, il ne pouvait pas savoir qu’un mois plus tard, les attentats du 11 septembre ébranleraient les fondements de la suprématie américaine.

Près de 20 ans plus tard, la Chine rattrape rapidement les États-Unis

Le président Donald Trump a tenté de freiner l’élan de la Chine en menant une guerre commerciale. Biden, qui à 78 ans est sur le point de devenir le plus vieux président américain inaugurant le poste, voit sûrement la Chine et son régime à parti unique, très différemment maintenant.

Le président chinois Xi Jinping, 67 ans, s’est rendu dans la province du Jiangsu jeudi et vendredi derniers. Il s’est arrêté à Yangzhou, connue pour le Grand Canal construit au VIIe siècle.

Le Grand Canal a apporté des avantages significatifs à la ville et à ses habitants pendant des milliers d’années“, a déclaré M. Xi, soulignant la longue histoire de la Chine comme source de solidité. Il veut clairement mener un combat contre les États-Unis, fondés il y a moins de 250 ans, sous un cri de ralliement de «la grande reconstruction du peuple chinois ».

Yangzhou est également la ville natale de Jiang, qui à 94 ans est toujours considérée comme une figure influente. Alors que Xi cherche à consolider son emprise sur le pouvoir pour une longue période de règne jusqu’à l’horizon 2030, sa visite sur le territoire de Jiang a d’énormes implications politiques.

Cette relation à Jiang m’a rappelé l’Hôpital Général de l’Armée Populaire de Libération, dit aussi l’hôpital 301, à l’ouest de Pékin. Sur le toit se trouve un panneau avec le nom de l’hôpital écrit à la main par Jiang. Deng Xiaoping, qui dirigeait la politique de« réforme et d’ouverture » de la Chine, y est mort en 1997, laissant Jiang hériter de cette politique.

Mais en marchant dans la cour, on peut maintenant trouver le portrait de Xi et un grand panneau avec le slogan : « Suivez les ordres du parti, gagnez le combat et montrez de bonnes performances ».

Xi est déterminé à briser la dépendance de la Chine à l’égard des États-Unis et à construire une superpuissance comparable. La Chine à laquelle Biden est sur le point de s’affronter n’est plus le pays avec lequel il avait l’habitude de traiter.

Vendredi 13 novembre : ‘Bravo, M. Trump’ : pourquoi la Chine tient Biden à distance

Jusqu’à aujourd’hui, les autorités chinoises n’avaient pas encore reconnu Joe Biden comme le vainqueur de l’élection présidentielle américaine. Au moins officiellement, le démocrate n’était perçu que comme le candidat que les médias pronostiquaient gagnant.

Vendredi, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Wang Wenbin, a finalement déclaré que la Chine “adressait ses félicitations” à Biden et à sa vice-présidente Kamala Harris. “Nous respectons le choix du peuple américain“, a-t-il déclaré lors de son briefing régulier, tout en rappelant également que “les résultats des élections américaines seront déterminés selon les lois et procédures américaines“.

Cela ressemblait un peu à une excuse après avoir obstinément insisté pendant des jours sur le fait que le résultat n’était pas finalisé. Peut-être que Pékin est arrivé à la conclusion que Biden serait en effet le prochain occupant de la Maison Blanche. Maintenant, une autre question est de savoir quand le président chinois Xi Jinping lui-même pourrait féliciter Biden.

Que pensent les Chinois ordinaires de Biden ? Pour jauger le sentiment du public, je suis allé dans un restaurant populaire connu pour ses liens avec l’ancien vice-président américain.

Le restaurant Yaoji Chaogan, adjacent à Gulou, ou la tour du tambour, est un lieu touristique célèbre à Pékin. Le restaurant est connu pour son plat de chaogan, un ragoût de foie et d’abat de porc avec de la sauce soja. Biden s’y est arrêté en août 2011, alors qu’il servait sous la présidence de Barack Obama.

Lors de ma dernière visite au restaurant il y a cinq mois, la Chine était toujours en état d’alerte contre le COVID-19. Cette fois, l’endroit était relativement bondé de clients, dont environ la moitié étaient probablement des touristes. J’ai entendu dire que la visite de Biden a considérablement haussé le standing du restaurant, incitant de nombreux voyageurs nationaux à s’y rendre quand ils vont à Pékin.

J’ai partagé une table avec un couple marié dans leur soixantaine, vivant à la capitale. Je leur ai demandé ce qu’ils pensaient de Biden. L’un d’eux a répondu : “[Biden] pourrait être meilleur que Trump. Trump a été vraiment terrible, en lançant une guerre commerciale et en se mêlant de Taiwan.

Ils semblaient soulagés que l’ère Trump se termine. On aurait dit qu’ils en avaient simplement assez de Trump – au lieu d’avoir de grands espoirs pour Biden.

En effet, tout le monde en Chine n’est pas satisfait du résultat apparent des élections, à en juger par le bavardage en ligne. Il est facile de trouver des publications sur les réseaux sociaux soutenant Trump. L’un d’eux, par exemple, a dit : “Bravo, Mr Trump.”

J’ai entendu deux théories sur pourquoi cela pouvait exister.

L’une d’elle soutient que la sympathie pour Trump est en réalité une expression du mécontentement envers le Parti communiste.

Si Biden atténue la pression américaine sur la Chine, cela ne ferait que renforcer l’emprise autoritaire du parti. Ces craintes suscitent également un soutien à Trump à Hong Kong et à Taiwan.

L’autre théorie est que l’administration Xi espère en réalité voir Trump rester au pouvoir.

Il est possible que Biden, qui valorise les idéaux démocratiques, adopte une position ferme sur les droits de l’homme et pose un adversaire plus redoutable que Trump.

Certains affirment que cette perspective a été un facteur dans la récente décision d’accorder au gouvernement de Hong Kong le pouvoir de disqualifier les législateurs pro-démocratie.

Je pense qu’il y a du vrai dans les deux théories. Dans tous les cas, la Chine ne déploie pas exactement le tapis de bienvenue pour Biden.

Lundi 9 novembre : Qui a arrêté l’introduction en bourse d’Ant ? En Chine, on ne peut que spéculer

Alors que la lente marche de Joe Biden vers la victoire à l’élection présidentielle américaine retenait l’attention du monde entier, la suspension du plan de cotation à la bourse de Shanghai et d’Hong-Kong d’Ant Group, la filiale de la holding du groupe Alibaba, a suscité une vague d’intérêt similaire en Chine la semaine dernière.

La décision de suspendre l’introduction en bourse prévue d’Ant Group en Chine reposait sur une réflexion globale concernant la protection des intérêts des consommateurs financiers et des investisseurs“, a déclaré vendredi aux journalistes, Liu Guoqiang, gouverneur adjoint de la Banque populaire de Chine, au lendemain de la décision publique.

Si elle s’était réalisée, l’introduction en bourse de 35 milliards de dollars aurait brisé le record de 29,4 milliards de dollars détenu par Saudi Aramco l’année dernière, la plus importante introduction jamais réalisée.

Il semble peu probable que la suspension n’ait été ordonnée que par les autorités monétaires, contenant la banque centrale. Il est naturel de supposer que la directive est venue d’une personne haut placée dans la hiérarchie, à la tête de laquelle se trouve le président Xi Jinping.

Le premier signe annonçant que quelque chose se préparait est apparu lundi dernier, lorsque la Banque Populaire de Chine (PBOC) et la Commission de réglementation des banques et des assurances de Chine (CRBAC) ont soudainement convoqué, entre autres, Jack Ma, le fondateur et “contrôleur effectif” d’Ant Group.

Les propos de Ma lors d’un forum financier à Shanghai le 24 octobre ont peut-être provoqué la réaction des autorités. «Les bonnes innovations n’ont pas peur de la supervision, mais elles craignent une supervision obsolète », a déclaré Ma. Il a également déclaré que la Chine n’avait pas de risque financier systémique – son risque étant plutôt de ne pas avoir de système.

De nombreuses spéculations abondent selon lesquelles ces propos ont bouleversé Pékin et ont déclenché une enquête.

Lors du même forum, le vice-président Wang Qishan, connu comme un proche collaborateur de Xi, a déclaré dans un discours préenregistré que pour la Chine, l’essentiel était de prévenir le risque systémique. Sciemment ou non, Ma a en fait dédit le commentaire de Wang quelques instants plus tard. Cela pourrait avoir déclenché le bouton-poussoir du vice-président.

Wang, un expert financier, et Ma, qui a mis sur route Alipay, une application de paiement pour smartphone rassemblant plus d’un milliard d’utilisateurs, étaient très proches autrefois. Ma a même accompagné Wang lors d’une visite en Israël en octobre 2018. Leur relation se serait-elle détériorée ?

Ou bien y a-t-il un autre angle ? Au cours des derniers mois, les proches associés de Wang ont eu des problèmes avec les autorités. Fin septembre, Ren Zhiqiang, ancien chef d’un groupe immobilier public, a été condamné à 18 ans de prison. Et au début d’octobre, Dong Hong, qui avait été l’aide de Wang pendant près de 20 ans, a fait l’objet d’une enquête pour “graves violations disciplinaires“.

Qui a stoppé la cotation d’Ant ? La question reste sans réponse en Chine, où il n’y a pas de liberté d’expression et où les médias sont étroitement contrôlés. C’est l’une des raisons pour lesquelles, même après le remplacement du président Donald Trump par Biden, les États-Unis et la Chine resteront probablement en désaccord.

Lundi 2 novembre : l’absence soudaine du présentateur de China Central TV suscite un sentiment de déjà-vu

Le Parti communiste chinois a conclu jeudi son assemblée plénière du Comité central avec la publication d’un communiqué. Cette nuit-là, le programme d’actualités de China Central Television (CCTV) “Xinwen Lianbo” a commencé son rituel : un présentateur lisant le texte intégral du document qui décrit les décisions prises.

Il a fallu au présentateur une demi-heure pour arriver au bout de l’essentiel du prochain plan quinquennal et d’une initiative référant à une visée long terme (jusqu’en 2035).

Xinwen Lianbo“, diffusé tous les soirs à 19 heures, est l’émission de d’informations nocturnes la plus connue du pays. Elle rend compte des activités du président Xi Jinping et explique les politiques du gouvernement. Même en Chine, où les médias sont considérés comme «la gorge et la langue » du parti, Xinwen Lianbo exerce une autorité et une signification spéciales.

Curieusement, la présentatrice populaire de 43 ans, Ouyang Xiadan, n’est plus apparue depuis fin avril. Son absence a suscité une controverse considérable sur les réseaux sociaux chinois.

Ouyang, qui est devenue présentatrice de «Xinwen Lianbo» en 2011, est connue pour son sourire éclatant et une personnalité accessible. Après l’épidémie de coronavirus en janvier, elle est souvent apparue dans des programmes spéciaux. On ne sait pas pourquoi elle a brusquement cessé ses émissions, mais beaucoup pensent qu’elle a été interrogée sur ses liens avec un haut fonctionnaire du gouvernement déchu de son pouvoir en raison d’une faute présumée.

Les journalistes de CCTV sont souvent pris dans des scandales impliquant des hauts responsables du parti et du gouvernement – que les allégations soient vraies ou non.

Jia Xiaoye, l’épouse de Zhou Yongkang – un haut responsable de l’administration de l’ancien président Hu Jintao qui a été condamné pour corruption et expulsé du parti en 2014 – était également une ancienne journaliste de télévision. Elle a été reconnue coupable de corruption en 2016. Il y avait même des rumeurs, jamais prouvées, selon lesquelles Zhou aurait déguiser l’assassinat de sa première femme en un accident de voiture afin de pouvoir épouser Jia.

Pour beaucoup, CCTV évoque le bâtiment du siège de la chaîne aux formes étranges, achevé en 2012 dans le quartier d’affaires Guomao de Pékin. Cependant, apparemment, le studio du département des actualités se trouve toujours dans l’ancien siège social de l’ouest de Pékin. Le bâtiment se trouve en face de l’hôtel Jingxi, où s’est tenue la session plénière du parti. La zone abrite également des installations militaires – le musée militaire de la révolution populaire chinoise et, à côté, le bâtiment Bayi (ou le Pentagone chinois).

L’ancien quartier général de CCTV y est niché, comme s’il était protégé par les forces armées. En effet, dans les pays en développement, les groupes rebelles qui tentent de prendre le pouvoir ont d’abord ciblé les diffuseurs.

Une chose est claire : CCTV reste enveloppé de secret.

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1 Commentaire

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Quel contraste entre cette représentation d’une lutte interne et la communication que l’on retrouve sur CGTN France sur YouTube dans leur playlist “Marchons ensemble”
    https://www.youtube.com/watch?v=ulnHLu5sx8Y&list=PLwlh9F3hy8o7dIxcc_iHHxMZhdafqPOxT

    Dans les documents de cette playlist les actes des prédécesseurs, même Jiang Zemin, sont présenté dans une continuité cohérente de développement de la Chine, Jiang Zemin y est présenté comme un des architectes de la Chine moderne au même titre que Mao Zedong, Deng Ziaping ou Xi Jinping. Dans cette série de reportages l’action du dirigeant n’est jamais séparée de celle du peuple, le monde du travail y est fièrement représenté, le rôle du Parti Communiste n’est pas négligé dans son encadrement des directions du pays qu’elles soient politiques ou économiques.

    Le fil conducteur de cette série est le développement déterminé de la Chine est sa participation harmonieuse dans le monde, avec les difficiles négociations internationales et les accords gagnant-gagnant.

    Pour ceux qui suivent régulièrement ce blog, cette série éclaire bien des sujets abordés ici, dont l’intégration internationale de la Chine. Un secteur industriel symbolique du développement des USA et Européen tel que l’automobile y est traité. La Chine a autorisé la premiére entreprise privée automobile en 1991, Geely, elle posséde aujourd’hui 100% de Volvo et détient des parts importantes de Daimler Benz. La Chine en 30ans est devenu le premier producteur mondial de voiture, certains avaient peur de l’ouverture à la concurrence, cela à permis la montée en gamme et en qualité des travailleurs dans le secteur automobile et une production de qualité.

    Un phénomène intéressant est le nombre d’abonnés à CGTN France 128 000 seulement comparés au plus de 740 000 de RT France. Cela montre aussi le peu d’intérêt “grand public” pour la Chine, alors que c’est la plus grande force économique au monde. Ces derniers jours des exploits technologiques ont eut lieu en Chine, la mission lunaire Chang’e 5, les essais du
    Soleil Chinois pour la fusion nucléaire, et l’essai réussi de passage à la suprématie quantique en informatique battant le record de vitesse de Google, 2000 fois plus rapide. Ces exploits technologiques intéressent l’Humanité dans son ensemble mais en France c’est le silence radio dans les média grand public. Quelle ironie pour des élites qui nos ont prôné l’ouverture à la mondialisation durant des années.

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