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L’OTAN ouvre son «front biélorusse»

Les experts occidentaux sont convaincus que le Kremlin a changé d’avis au dernier moment sur le fait de livrer Loukachenko en pâture aux Américains

Alexandre Sitnikov

Alexandre Sitnikov

https://svpressa.ru/politic/article/275472/?nat=2&ntvk1_source=2149455071

L'OTAN ouvre son «front biélorusse»

Photo: Valery Sharifulin / TASS

Loukachenko est un ennemi féroce de l’Amérique, de tout l’Occident et, en général, de tous les libéraux. Il doit être éliminé à tout prix, comme une tumeur cancéreuse. Cette conclusion se dégage de la publication analytique de l’Institut international d’études stratégiques (IISS) “La Russie et la question biélorusse”.

L’article a été écrit par le Dr Nigel Gould-Davis, rédacteur en chef du magazine Strategic Survey et chercheur principal de l’IISS pour la Russie et l’Eurasie. Il est considéré comme un expert de notre pays et de l’ex Union soviétique.

Nigel Gould-Davis déclare que l’espoir d’un coup d’État –car on ne peut pas appeler autrement le fait de contraindre le « petit père » à transférer le pouvoir à Tikhanovskaya  – est en train de fondre. Au tout début, on était convaincu que Moscou n’aiderait pas Minsk en raison du scandale de l’arrestation des 33 «combattants de Wagner» et des contradictions économiques croissantes entre la Fédération de Russie et la République du Bélarus.

Mais Poutine a déclaré dans une interview du 27 août qu’il avait créé une “réserve d’agences de police” qui serait utilisée si la situation chez les voisins devenait incontrôlable en raison “d’éléments extrémistes se cachant derrière des slogans politiques”.

Ce qui se passe actuellement en Biélorussie n’a rien à voir avec le Maidan de 2014. Loukachenko, qui avait auparavant sous-estimé les médias libéraux de Minsk et la molle opposition pro-polonaise, s’est littéralement réveillé sous l’influence de conversations avec Poutine. Il écoute clairement les conseils de VVP [Vladimir Vladimirovitch Poutine, mais l’abréviation se lit comme “PIB”, NdT], et cela est bénéfique pour «le régime qui dirige le pays depuis 26 ans».

En l’occurrence, il n’est pas question ici d’apprécier ou non le “petit père” [Batka en russe, NdT]. Si on laisse de côté les préjugés politiques et la personnalité de Loukachenko, alors une bataille idéologique a lieu à Minsk. Les Occidentaux «blanc-rouge-blanc», soutenus et dirigés par l’Amérique et ses alliés, se confrontent avec ceux «nés en URSS».

Nigel Gould-Davis a attiré l’attention sur le fait que Poutine n’a pas immédiatement défendu Loukachenko, qui «méprise les valeurs occidentales et est nostalgique de l’époque soviétique». Moscou n’est probablement pas non plus très satisfaite de la politique sociale de Minsk. Le Bélarus, pauvre en ressources, a maintenu un niveau de vie de ses citoyens comprable à celui de la Russie, riche en pétrole et en métaux.

L’opposition communiste et de gauche en Russie a souligné à plusieurs reprises ce fait, appelant le Kremlin à taxer plus lourdement les riches. En conséquence, Alexandre Grigorievich dans les médias russes fidèles au gouvernement, apparaissait de plus en plus comme un impudent et même un rustre qui “menaçait la Russie de claquer la porte et de se tourner vers Amérique”. Et en fait, un torrent de boue coulait de nos écrans de télévision sur le vieil homme, qui est «un salaud qui veut du pétrole aux prix intérieurs russes». Et d’ailleurs, allez-vous nous narguer avec votre carotte biélorusse sous la forme d’un État d’union. ” ” Il n’a qu’à se joindre à nous, et alors il recevra l’or noir de la Russie pour une bouchée de pain. “

Immédiatement après l’annonce des résultats du vote à Minsk, le chef du Parti libéral démocrate, Vladimir Zhirinovsky, a exigé de cesser d’ “entretenir le parasite” Loukachenko. Ce n’est un secret pour personne que Vladimir Volfovich dit souvent ce que le Kremlin voudrait dire mais n’ose pas. Même le sénateur qui fait autorité Alexei Pouchkov dans sa chaîne Telegram a commencé à expliquer pourquoi le vieil homme est confronté à la défaite dans la lutte contre l’opposition.

Il est possible que, sous l’influence de ce genre de discours, les États-Unis soient parvenus à la conclusion que l’heure «X» était venue. Dans tous les cas, le Strategic Survey écrit que “certains politiciens (russes) sympathisaient avec les manifestants sévèrement battus et critiquaient vivement Loukachenko, prévoyant même sa chute”. Qu’il le veuille ou non, c’est notre gouvernement qui lui-même a envoyé un signal à l’Occident qu’il livrait Batka en pâture. On ne peut s’empêcher de rappeler la phrase de Pouchkov: “Avec des informations de mauvaise qualité, une politique de haute qualité est impossible”.

«Dans le pays (au Bélarus), des consultants politiques (russes) et, peut-être, des employés du service de sécurité travaillaient activement. Le 21 août, le Conseil de sécurité russe s’est réuni pour discuter de la situation au Bélarus. Un avion, propriété du FSB, s’est rendu à Minsk à deux reprises. Mais Poutine n’a pas rendu public ses opinions avant l’interview même », note Nigel Gould-Davis.

Lorsqu’il est devenu évident pour le Kremlin que les «blancs-rouges-blancs» étaient contrôlés de l’extérieur et activement soutenus par les États-Unis, Moscou s’est rendu compte que moins d’un mois après le changement de pouvoir à Minsk, les chars de l’OTAN se retrouveraient aux portes de Smolensk et la capitale pas bien loin des bases américaines. …

En cas de frappe de missile, le président de la Fédération de Russie n’aura pas assez de temps non seulement pour descendre au bunker – même pour se lever de son fauteuil. Les considérations de sécurité de l’État l’emportaient sur les griefs contre le vieil homme. Poutine a averti les dirigeants de l’UE que leur ingérence dans les affaires intérieures de la Biélorussie serait “inacceptable”. De plus, il a exclu «tout dialogue authentique avec la société civile» – c’est-à-dire avec «l’opposition blanc-rouge-blanc».

Si vous extrayez le «délayage» de l’article de l’Étude stratégique, en résumé il restera une menace mal cachée d’utiliser la force militaire contre le Bélarus et même contre notre pays. «Cette position de la Russie (soutien à Loukachenko) comporte des risques à la fois pour elle-même et pour les autres», prévient le rédacteur en chef de Strategic Survey.

D’accord, maintenant seul un occidental paresseux ne gribouillera pas quelque article sur “le dernier tyran de l’Europe”. Le fait que l’IISS reflète la position de l’Occident n’est pas non plus un secret, mais maintenant les médias militaires d’outre-mer ont commencé à écrire sur la nécessité d’un changement de pouvoir à Minsk.

Ainsi, le portail d’informations du Pentagone Militari.com estime que “l’Amérique doit se ranger du côté du peuple biélorusse”. Dans un article portant ce titre, le sénateur américain Rob Portman a expliqué que le Centre mondial d’interaction avec les forces pro-américaines dans tous les pays du monde (GEC) a été créé sous l’égide du département d’État américain. Cela a été fait pour répondre rapidement à des défis similaires à ceux qui ont eu lieu en Crimée au printemps 2014. Rappelons qu’alors sur la péninsule lors d’un référendum, les habitants de Tauride ont voté à la majorité absolue pour rentrer chez eux – en Russie.

Désormais, tous les efforts et les ressources du GEC visent à changer le gouvernement de Minsk. Il ne fait aucun doute qu’un plan militaire a également été élaboré, au cas où. Remarquez bien: Rob Portman a en fait répété la thèse de Gould-Davis sur l’importance fondamentale de la Biélorussie pour l’Amérique: «Il ne s’agit pas principalement de« sphères d’influence », comme le pensent certains observateurs. Si tel était le cas, les intérêts pourraient être équilibrés par un compromis. “

Autrement dit, les États-Unis ont entamé une lutte sans compromis. Les États-Unis ont besoin d’une Biélorussie strictement pro-américaine, peu importe dirigé par qui de jure, que ce soit une dame occasionnelle Tikhanovskaya ou le diable lui-même.

Il s’avère que ce n’est même pas une question de géopolitique militaire et de frappe instantanée de missiles sur Moscou. Tout est beaucoup plus sérieux: Loukachenko a défié les «valeurs occidentales», c’est-à-dire le capitalisme libéral, Nigel Gould-Davis en est convaincu. Par conséquent, Batka n’était pas si loin de la vérité quand il a soutenu que les troupes de l’OTAN étaient prêtes à envahir la Biélorussie.

Une autre chose est drôle: Strategic Survey s’est soudainement rendu compte que l’Occident, bavardant sur le fragment apparemment vaincu de l’Union soviétique, a obtenu un résultat complètement différent. Au lieu d’un divorce entre la Fédération de Russie et de la République du Bélarus, il y a un rapprochement entre les deux peuples frères. Cependant, très probablement, lorsque tout sera réglé, des voix se feront à nouveau entendre de Moscou: “Arrêtez de nourrir le parasite Loukachenko”

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1 Commentaire

  • gendre.dominique
    gendre.dominique

    pour ceux qui veulent en savoir plus sur cette république il existe un livre “la dernière république soviétique” écrit pa r Stewart Parker publié chez Delga très interessant.

    Répondre

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