Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Parti communiste du Brésil: les temps nouveaux exigent de nouvelles tactiques

Le parti communiste du Brésil qui jusqu’ici a privilégié le confinement et la santé a décidé de redescendre dans la rue pour y affronter les fascistes qui utilisent à plein tous les “irrationnels”, l’aliénation des masses mais aussi la faim, le besoin de survie. C’est pour cela qu’il faut se battre pour les masques, pour les gestes de prévention pour aller affronter ce qui va avec toutes les dictatures le mépris des pauvres et des faibles, les mettre dans l’impossibilité d’exister (note de Danielle Bleitrach).

 PAR: PARTI COMMUNISTE DU BRÉSIL (PCDOB) | 8 JUILLET 2020

Dimanche 31 mai, des Brésiliens sont descendus dans la rue pour contrer les manifestants néonazis et pour protester contre les violences policières contre les personnes de couleur.

Dès le début de la pandémie, les forces progressistes ont mis l’accent sur la vie et la démocratie, sachant que la science est la meilleure défense pour préserver les gens de Covid-19 et que le respect des institutions sociales est nécessaire pour défendre la démocratie. Alors que la science indique que l’isolement social est le meilleur moyen de sauver des vies, nous avons besoin d’un droit garanti à l’isolement, qui ne peut être accompli que par des mesures de protection sociale adoptées par les gouvernements.

Comme d’habitude, le président Bolsonaro a ignoré la science et a fait tout le contraire. Il a minimisé la gravité du virus, encouragé les gens à désobéir aux règles d’isolement et tenté de limiter un fonds d’aide d’urgence à seulement 200 000 reals brésiliens (37 000 $ US); lorsque cela a été défait au Congrès, il a retardé les paiements. Il a licencié ou ignoré les ministres de la santé, engagé des confrontations avec les gouverneurs et n’a visité aucun hôpital ni manifesté sa solidarité avec les victimes. Il n’a pas présenté d’agenda concret pour lutter contre le virus. Pour aggraver les choses, le président a profité du moment de deuil national pour intensifier son autoritarisme, approuvant même et participant à des manifestations de rue de groupes fascistes et d’extrême droite.

Le mouvement social brésilien a su s’adapter aux nouvelles réalités de la pandémie. Incapables de descendre dans la rue, nous avons créé des manifestations virtuelles, et de nos fenêtres notre indignation a fait écho. Sous la pression politique, l’aide d’urgence est trois fois supérieure à ce que le gouvernement de Bolsonaro a proposé, et les États reçoivent désormais une aide financière. Nous avons poussé et obtenu le report de l’examen d’entrée à l’université, afin qu’aucun étudiant ne soit davantage touché par les inégalités au milieu de la pandémie. Nous avons freiné bon nombre des impulsions autoritaires de Bolsonaro. Nous montrons que nous sommes la majorité dans notre société et que nous n’accepterons pas le fascisme.

Cette semaine (jusqu’au 31 mai), la température a augmenté. Avec la pandémie, conjointement avec les politiques néolibérales génocidaires, qui créent déjà des conditions difficiles pour les plus pauvres du Brésil, ces conditions sont devenues insoutenables. La police continue d’assassiner des jeunes noirs et pauvres, même pendant la pandémie. Le vent de la rébellion aux États-Unis a soufflé ici. Parallèlement à tout cela, les fascistes sortent de leurs trous; dans une manifestation d’intimidation, ils ont défilé le dimanche devant la Cour suprême – qui a autorisé une enquête sur Bolsonaro – avec des insignes nazis et un certain nombre de références suprémacistes blanches.

Le pot a débordé et il n’y avait aucun moyen de l’arrêter. Le 31 mai, les progressistes organisés ont envoyé un message: personne ne possède les rues. Ceux qui ont assisté aux événements auraient préféré rester chez eux et protéger leur santé et celle de tous, mais le scénario au Brésil ne le permet pas. Le président de la République et ses légions fascistes fracturent la société, menacent la démocratie, favorisent les conflits, se moquent du deuil de milliers de familles, contredisent la science, minimisent la pandémie et tuent notre peuple.

Beaucoup dans la gauche doutent, à juste titre, que nous devrions être dans la rue, principalement parce que nous sommes encore au sommet de la pandémie et que notre message principal doit être la défense de la vie. Mais la réalité s’impose et n’est pas statique. La tactique doit changer pour suivre la nouvelle réalité. Il n’est pas bon pour l’avant-garde du mouvement de dire aux gens de rester à la maison pendant que la révolte gronde. Les gens seront dans les rues avec ou sans nous. Notre tâche dans cette réalité est de nous associer à cette mobilisation et de contribuer à élargir son caractère et à faire avancer sa défense de la démocratie.

Le Brésil s’est réveillé antifasciste le 31 mai. Les manifestations ont été un cri de rébellion de ceux qui ne peuvent pas s’isoler en toute sécurité, qui sont profondément blessés par la crise économique et sociale, et qui enterrent leurs enfants assassinés par la police militaire ou tués par Covid -19 car ils n’avaient pas accès à l’eau et au savon. Il était impossible pour les Brésiliens de voir les fascistes occuper les rues le dimanche et rester immobiles ou garder le silence. Les manifestations ont montré qu’elles peuvent faire partie d’un mouvement qui canalise et renforce le sentiment que nous sommes majoritaires, que nous sommes à 70%.

Le message a été envoyé et nous allons retourner dans la rue jusqu’à ce que les fascistes reculent et que nous atteignions la capacité de nous isoler du virus tout en garantissant une démocratie florissante et des garanties sociales minimales. En ce moment de l’histoire du Brésil, l’antifascisme devient un service essentiel et les rues redeviennent une étape fondamentale de la lutte pour la démocratie.

Si, aujourd’hui, le Brésil est dans les rues, Bolsonaro et ses hordes fascistes sont à blâmer. Le peuple brésilien est, de par sa formation sociale, antifasciste. La diversité culturelle a produit un peuple unique au monde. S’il existe un endroit sur terre où une société plus juste pourrait s’épanouir, c’est bien le Brésil, à cause de notre peuple. Nous ne permettrons pas à la classe dirigeante d’imposer son programme autoritaire et génocidaire.

Le peuple brésilien triomphera!

Adapté de l’article sur UJS.org .
Image: UJS.org .

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