C’est avec beaucoup de joie que je publie ce texte concernant l’épidémie, j’ai cru au départ qu’il émanait du secteur international du PCF, j’ai cru au miracle mais il est déjà réjouissant de voir une responsable du PCF manifester une lucidité sur le rôle de la Chine, sur la nécessité du développement des échange scientifique, sur notre système de santé, sans polémique inutile mais en disant ce qu’il y a à dire.Non seulement que la Chine nous a donné des leçons d’efficacité mais aussi ce que tout le monde perçoit la nécessité d’être plus collectif, plus sociaux, la conscience de la crise de l’individualisme néolibéral… Bravo donc.(note de Danielle Bleitrach pour histoire et societe)
et ravie que vous soyez d’accord avec le texte que j’aiécrit voici une semaine: https://histoireetsociete.com/2020/02/25/ce-que-devrait-nous-apprendre-lepidemie/?fbclid=IwAR2337jZZa4wW4zwPeNfzrryqNbYkrJTNh4igN4UWB7mwCQiq1usQZW8H-M
PCF Maryse Montangon, membre du CEN, responsable du collectif Santé, Protection sociale.
À l’heure où nous écrivons ces quelques lignes nous ne savons pas encore quelle sera l’évolution de cette pandémie virale (sa durée, son extension, le nombre de victimes, l’impact en Franc, etc.). Pour autant, nous pouvons déjà faire plusieurs observations.
Le point de départ est en Chine en décembre et, après quelques moments de flottement durant les deux premières semaines, des mesures rigoureuses et impressionnantes de prévention ont été prises par les autorités chinoises : confinement strict et visiblement respecté de plusieurs dizaines de millions de personnes, construction en urgence de milliers de lits hospitaliers pour faire face à l’afflux de malades, mobilisation de forces médicales de réserve, organisation de la distribution de nourriture, etc. Cette façon de faire a impressionné le monde. La population chinoise, dans sa majorité, a adhéré et respecté les directives. On n’est pas sûr que l’Occident aurait obtenu de tels résultats et aurait été capable d’agir avec une telle ampleur. Wuhan, c’est aussi grand que l’Île-de-France… Les progrès de la biotechnologie ont permis aux Chinois d’établir en un temps record le génome du virus et des outils de diagnostic biomoléculaire ont été créés. La coopération mondiale a été exemplaire de ce point de vue.
En France, des mesures sérieuses ont conduit à limiter la contagion, mais l’incertitude sur l’évolution reste incontestable. Le ministère de la Santé a bien géré le premier épisode, mais voici que l’infection s’étend ; l’Italie est sérieusement touchée ainsi que d’autres pays. Le gouvernement français touche maintenant aux limites de ce qu’il peut faire du fait des politiques qu’il a suivies antérieurement. Tant de lits hospitaliers ont été fermés et la crise hospitalière est tellement importante qu’on ne voit pas comment on pourrait faire face à une arrivée massive de patient·e·s sans mettre en péril les autres hospitalisé·e·s. Selon une étude du ministère de la Santé publiée en octobre 2019, 4 200 lits d’hospitalisation complète ont été fermés en 2018 par Mme Buzyn. Les services d’urgence sont saturés en permanence. Aurait-on la capacité de créer des lits supplémentaires comme l’ont fait les Chinois ? Le doute est permis. L’État n’a aucune réserve de masques et des réunions tenues au ministère cette semaine ainsi qu’à l’ARS Île-de-France ont montré qu’il y avait une incapacité à offrir ces fournitures : on a conseillé aux professionnels de santé d’utiliser les restes de stocks de l’épidémie de 2009, or ils ont été détruits car périmés… Il n’y a plus aucun masque disponible. Si la crise s’aggrave en France, la sérénité gouvernementale sera probablement très vite mise à mal. Qui plus est, nous n’avons plus les capacités industrielles de produire ces masques. Quant aux prix, ils flambent. Multipliés par plus de 10 en quelques jours. L’économie de marché est incapable de faire des choix acceptables en termes d’éthique sanitaire. Et la politique d’austérité néolibérale appliquée au système de santé en fermant des lits, en mettant dans la crise permanente les hôpitaux, en réduisant le nombre de médecins, en économisant sur les stocks nécessaires pour la sécurité d’approvisionnement en matériel et en délocalisant l’industrie met le pays en grande difficulté.
La pandémie est aussi en train de provoquer une crise économique, à moins qu’elle n’en soit que le révélateur. C’est peut-être la raison pour laquelle les Bourses « dévissent » dans une proportion qui peut sembler irrationnelle eu égard au caractère nécessairement transitoire de l’épidémie. La spéculation trouve ici encore des motifs d’exercer ses talents. Le coronavirus nous apprend la fragilité d’une économie non planifiée, spéculative, ne tenant aucun compte des besoins fondamentaux humains, en particulier ceux de la sécurité des approvisionnements sanitaires et de la santé en général.
Maryse Montangon, membre du CEN, responsable du collectif Santé, Protection sociale.
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