Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Cinéma URSS: Train de propagande : Agit-train, 1919

On notera les crânes rasés des enfants pour éviter les poux (et donc aussi le typhus)… S’agit-il de bezprizornis (ces enfants aux pieds-nus, devenus orphelins à cause de la guerre civile), ou d’un regroupement d’enfants plus ordinaires ?

On notera aussi le piano pour accompagner les films muets.

-Les trains d’agitation
Pour soutenir la révolution d’Octobre, les bolcheviks devaient aller plus vite, s’adresser au plus grand nombre et dans un pays vaste. 
Au début de la révolution, le Comité exécutif central panrusse (VTslK) invente les trains d’agitation ou trains d’Agit-prop (pour Agitation-propagande).
Ces trains sont décorés de grandes affiches illustrées pour diffuser des messages.
Ils hébergent club, journal, salle de cinéma, théâtre et bibliothèque, magasin et tribune d’orateur montée sur roues. 

Ci-dessous, on peut voir un projet pour le décor d’un de ces trains. 

Train d'agit-prop
Nikolaï LAKOV (1894-1970), Esquisses pour décoration de wagon d’agit-train “l’éducation est la base de la liberté », 1919-1920. Aquarelle, crayon de graphite sur papier; 15,4 x 45 cm. Collection de la Galerie nationale Trétiakov, Moscou
Train de propagande
Dziga Vertov : Kino-Nedelia, le train de propagande V. I. Lénine no 1, 24 septembre 1918, no 17. Copenhague, Danish Film Institute


Les trains d’Agit-prop (agitation-propagande) font 19 trajets à travers le pays en 2 ans, d’Odessa à Irkoutsk, et de Vologda à Bakou pour réunifier les régions et diffuser auprès du peuple les bases culturelles de la révolution d’Octobre 1917. 


En 1926, plus de 50% de la population des plus de 18 ans était encore analphabète (1er recensement soviétique), ce qui explique la diffusion par l’image des messages du pouvoir.
 

je voudrais terminer ce petit rappel essentiellement visuel par une anecdote que m’a rapporté une amie. Cette amie, Jo Amado était belge, elle avait été résistante durant la deuxième guerre mondiale. La mère de son premier époux était très proche de la reine Elizabeth de Belgique que l’on appelait “la reine rouge” pour ses sympathies pour les bolcheviques. Donc cette femme était partie avec la reine dans un de ces trains. Elles s’amusaient beaucoup d’une aventure dont elles avaient été témoins. Un des films, anti-clérical, présentait un pope lubrique, peut-être Raspoutine violant les femmes, mais à chaque représentation la vigueur virile du personnage attirait les sympathies du public qui l’applaudissait vigoureusement… L’équipe a décidé de supprimer le film. Plus sérieusement, le nom du grand cinéaste Dziga Vertov reste attaché à cette expérience de l’act “actif”. L’Art est politique disait Döbli “Il agit”

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