Il est bon comme nous le faisons aujourd’hui de multiplier les sources d’information pour passer des bêlements de la totalité de nos médias sur le méchant Trump qui attaquerait les bases de cette démocratie américaine que nous aimons tous. Si l’on en croit notre vision française, il y aurait des chercheurs géniaux qui seraient poursuivis pour s’être baladés sur les campus avec des pancartes pour Gaza, c’est la pointe de l’iceberg. La réalité est que cela fait bien longtemps que la recherche publique a été asphyxiée et les crédits appropriés à des monopoles financiarisés, et on assiste de surcroit à une nouvelle vague qui traque les Chinois et autres concurrents. Trump là encore est en train de se débattre pour conserver la suprématie de l’Amérique qui fait eau de toute part. Tous les articles et commentaires de nos médias visent à monter l’idée d’un Trump fasciste ce qui n’est pas faux mais pour lui opposer un idéal « libéral » qui depuis bien longtemps n’est qu’un mythe, le consensus qui permet de continuer à feindre de dénoncer tout en montrant que le socialisme c’est pire… et là, les meilleurs sont à gauche voire dans la presse jadis communiste. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://ria.ru/20250525/amerika-2018868599.html
Des choses extrêmement intéressantes se passent dans les affaires intérieures des États-Unis, et elles nous intéressent parce qu’elles nous permettent d’entrevoir l’avenir de ce pays pour les décennies à venir. La semaine qui s’achève a été marquée par un nouveau scandale autour de l’interdiction faite à l’université de Harvard d’accueillir des étudiants étrangers. Et ce n’est qu’un aperçu des processus en cours. On peut d’ailleurs déjà tirer de nombreux enseignements pour notre propre avenir.
En bref, voici de quoi il s’agit : les opposants à Donald Trump l’accusent de détruire la science et l’éducation américaines, empêchant ainsi l’Amérique de redevenir grande. Faut-il les croire ? Commençons par examiner les faits.
Et il y a de quoi s’y méprendre, car la science est diverse, tout comme l’éducation. Par exemple, le mois dernier, les mauvaises langues de Bloomberg ont annoncé que des scientifiques fuyaient les États-Unis et étaient accueillis à bras ouverts dans des pays où les libéraux s’accrochent au pouvoir : au Canada, en Allemagne, etc. Mais en y regardant de plus près, on se rend compte qu’il ne s’agit pas de science en général, mais uniquement de la recherche médicale et de ce qui l’entoure.
Et là, on comprend que ce n’est même pas Trump, mais Robert Kennedy, le ministre de la Santé, qui a commencé à démanteler la communauté criminelle qu’est devenue la médecine aux États-Unis (et pas seulement là-bas), ou plus précisément le lobby médical avec sa pseudo-science. Ce n’est que le début, il y aura des condamnations judiciaires, alors certains feraient bien de fuir au Canada ou encore plus loin.
Mais plus généralement, comment « détruit-on la science et l’éducation » aux États-Unis ? Tout d’abord, on prive les universités et les centres de recherche qui y travaillent de fonds fédéraux. Au début, il semblait que seules les sciences humaines étaient visées. Il s’agit du fait que les communautés universitaires sont devenues des incubateurs pour cultiver cette idéologie que l’on qualifie aujourd’hui de libérale (un mot qui a été galvaudé). Cela a été rendu possible notamment grâce au transfert des deniers publics vers toutes sortes de projets inutiles via le budget fédéral. De plus, bon nombre de ces programmes ont désormais été révisés et leur efficacité s’est avérée nulle.
Mais le plus difficile se passe dans le domaine des sciences naturelles, là où se trouvent les technologies et les innovations. Il ne s’agit pas seulement et pas uniquement du fait que l’administration actuelle réduit les crédits alloués aux universités sans discernement, étouffant ainsi non seulement les humanistes, mais aussi les techniciens. L’essentiel est qu’on assiste ici à une grande bataille menée par les États-Unis pour retrouver leur suprématie technologique perdue. Et cette bataille revêt un caractère clairement anti-chinois, voire anti-asiatique dans son ensemble.
Par exemple, récemment, les médias hongkongais ont publié un article sur la chasse aux étudiants indonésiens aux États-Unis. Pourquoi ? Eh bien, c’est le pays musulman le plus peuplé au monde, et ses étudiants ont participé très activement aux manifestations contre les atrocités commises par Israël à Gaza. Même si l’on comprend bien que la cible principale n’est pas les Indonésiens, mais bien les Chinois, qu’ils étudient aux États-Unis, y travaillent ou collaborent avec des centres de recherche américains. Cette histoire nous submerge d’une avalanche de statistiques et d’autres faits.
Il s’avère qu’il s’agit de plusieurs milliers d’étudiants pour lesquels il est de plus en plus difficile d’entrer aux États-Unis et encore plus difficile d’y rester : la liste des contrôles insultants et idiots auxquels ils doivent se soumettre ne cesse de s’allonger. Et tout le monde est contrôlé sans exception, alors que le pays compte en permanence environ un million d’étudiants étrangers. Mais plus de la moitié d’entre eux viennent de Chine et d’Inde. Et ils préfèrent, notons-le, les disciplines technologiques. Avec l’Inde, tout est encore relativement normal, mais les Chinois sont chassés du pays par une atmosphère paranoïaque de haine et de suspicion. Ce n’est qu’en second lieu, comme nous l’avons déjà dit, que les Indonésiens et autres ont commencé à être visés.
Tout cela constitue un véritable bouleversement à l’échelle mondiale. Le fait est que la supériorité technologique des États-Unis s’est construite pendant des décennies sur la conviction que toute personne ayant obtenu un diplôme dans ce pays deviendrait, sinon un agent de l’influence américaine dans son pays d’origine, du moins un sympathisant de la « terre de la liberté ». Mais plus probablement, elle resterait aux États-Unis et contribuerait à la grandeur de l’Amérique. Et cela a fonctionné. Et comment ! Tout a commencé lorsque les Américains ont débauché les meilleurs cerveaux d’une Europe épuisée par deux guerres mondiales, le nazisme et la ruine d’après-guerre. Il s’est ensuite avéré que près d’un quart des entreprises pesant un milliard de dollars avaient été fondées aux États-Unis par d’anciens étudiants étrangers. Ce fut l’âge d’or de la technologie américaine.
Qu’est-ce qui cloche aujourd’hui ? Beaucoup de choses. Par exemple, les dépenses publiques américaines consacrées à la recherche fondamentale ont chuté de manière persistante. En Chine, elles ont augmenté et continuent de croître, tandis que le nombre d’universités a triplé depuis 1998. En conséquence, les États-Unis ont depuis longtemps reculé à la deuxième place mondiale en termes de nombre de publications et de brevets, et reculent lentement dans les classements des meilleures universités du monde. La Chine, quant à elle, progresse selon tous les indicateurs mentionnés.
Et voici l’un des résultats de cette situation : un petit dossier (avec une galerie de photos) sur ceux que les scientifiques eux-mêmes élisent aux États-Unis à la tête des communautés scientifiques internationales, dans des domaines allant de la finance à la sismologie ou à la thérapie génique. Auparavant, les Chinois titulaires d’un passeport américain y dominaient. Aujourd’hui, la liste compte de plus en plus de citoyens de la RPC ou de personnes qui ont travaillé aux États-Unis mais sont retournées dans leur pays d’origine.
Pourquoi sont-ils partis ? La puissance douce de la Chine s’est-elle renforcée ? Ou ont-ils été évincés ? Mais alors, pourquoi ont-ils été évincés ? Il s’avère que c’est principalement parce que les Américains soupçonnent de plus en plus que la fuite des cerveaux, qui profitait auparavant aux États-Unis, profite désormais à la Chine, et ce, avec l’argent américain. Et ce revirement s’est produit bien avant Trump. L’administration actuelle ne fait que réagir à l’effondrement comme elle le peut.
Première conclusion : c’est pour longtemps. La restructuration des industries et la bataille pour les cerveaux et les technologies qui l’accompagne se poursuivront bien après que Trump aura disparu de l’horizon.
Deuxièmement, il semble que les États-Unis comprennent que la situation dans les domaines scientifique, technique et éducatif est désastreuse. Ce n’est plus une thérapie de choc qu’il faut, mais une thérapie à coups de barre de fer. Et dans ce cas, comme on le voit, on frappe parfois sans discernement. Mais c’est au début, on verra bien la suite.
Et troisièmement : il est bon de bien choisir ses partenaires. On peut rappeler ici l’une des décisions prises lors du « sommet de la Victoire » russo-chinois à Moscou, le 8 mai : organiser une année conjointe, russo-chinoise, de l’éducation. Mais ce n’est là qu’une de nos nombreuses bonnes décisions pour avancer avec confiance vers un monde nouveau.
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Georges Rodi
Ce ne sont pas les mesures de Trump qui font de la Chine une puissance de la Recherche & Développement. Le mal est plus profond.
A la base existe cette conviction que les Chinois sont incapables d’innover.
Et en conséquence, il suffirait de leur interdire de participer à un programme donné pour les maintenir dans les bas-fonds de la connaissance scientifique.
En 2011, un exemple bien antérieur à Trump, les USA ont interdit à la Chine de participer au programme de Station Spatiale Internationale. Et ont suivis d’autres lois interdisant de vendre à la Chine les micro-processeurs résistants aux conditions de l’espace.
Depuis, voilà que la Chine a développé ses propres solutions et se trouve dans la situation enviable d’être le seul pays a posséder sa propre station spatiale, où elle peut développer matériaux innovants, molécules médicales, semences, tout cela en toute confidentialité et pour son seul profit.
Et les exemples se multiplient depuis.
Car il se trouve toujours des spécialistes -des Think-Tank Prétentieux- pour affirmer que jamais au grand jamais les Chinois ne pourront faire des véhicules plus performants que les Allemands ou les Japonais, jamais ils ne pourront produire des micro-processseurs capables de rivaliser avec ceux de NVIDIA, jamais ils ne pourront rattraper leur retard en IA.
S’en suivent immanquablement, année après année, des constats désolés devant les résultats imprévus -toujours imprévus- des scientifiques et industriels chinois.
Surtout, ne changeons pas une équipe qui gagne, ces analystes continueront à recevoir des budgets confortables pour fournir leurs rapports inconsistants aux décideurs politiques.
Si les Chinois obtiennent de tels résultats, alors qu’ils sont supposés être incapables d’innover, c’est parce qu’ils volent la Recherche Fondamentale dans le monde entier.
Voilà l’explication.
… Les Chinois parviendraient même à voler des innovations qui n’existeraient que dans le futur…
Les politiques menées par Trump ne sont que le reflet de cette arrogance néocoloniale qui ne s’embarasse pas de préjugés raciaux.
Résultats assumés et prévisibles, il se trouve des cerveaux qui retournent au pays natal.
Cela dit, la plupart des innovations chinoises ne leur doivent rien.
L’IA de Deep Seek est le résultat du travail de jeunes chinois qui n’ont jamais mis les pieds aux USA, de purs produits des universités chinoises.
Pour se remettre la tête à l’endroit, et pour les lecteurs curieux, il existe une collection d’ouvrages (Science and Civilisation in China) rédigés par un universitaire de Cambridge, Joseph Needham (1900-1995) qui a consacré la moitié de sa vie à redonner vie à l’histoire des philosophies et des sciences en Chine.
Tout simplement formidable.
Mais copieux.
Entre autres délicatesses, c’est l’occasion de découvrir que ce n’est pas Watt qui a inventé la machine à vapeur, ni Gutenberg l’imprimerie à caractères amovibles
Et reconsidérer qui a bien pu redécouvrir (ou voler ?) le plus d’innovations.
Aujourd’hui, la Chine retrouve une place naturelle aux yeux de ses citoyens.
En silence, avec des annonces soigneusement discrètes.
Volontairement je pense, inutile d’énerver d’avantage les USA.
Mais (comme pour les déclarations de PIB), la réalité devient impossible à cacher.
Récemment ont été prises en compte dans les évaluations internationales des universités les brevets ou les parutions rédigées uniquement en chinois, et voilà que les universités locales trustent les meilleures places.
Des villes inconnues de Trump comme Chengdu ou Xiamen ont des universités qui surpassent Stanford ou Chicago.
https://www.nature.com/nature-index/research-leaders/2024
Trump peut bien ajouter son grain de sel aux mesures stupides de B.Obama ou J.Biden, il ne fera qu’ajouter de la motivation du côté des Chinois et du chaos dans son économie et ses relations internationales.