Tout cela est en débat qui est tranché par la pratique, celle à laquelle nous sommes contraints par le “basculement historique” dans lequel nos camarades chinois mais pas que jouent un rôle déterminant. A propos des thèses de Paul Boccara, de son ‘boukharinisme””, j’ai eu cette discussion lors de l’Université d’été à Montpellier avec la section économique et en particulier Frederic Boccara. Ils m’ont annoncé et promis de nous l’envoyer pour que nous en fassions un compte-rendu un livre qui montrerait en quoi les travaux de Paul Boccara loin de nous inciter à l’inertie ce qu’on avait tenté d’en faire du temps où les liquidateurs tenaient tout l’appareil du PCF supposait en réalité une élévation du niveau de la lutte des classes en particulier dans l’entreprise. Le livre est sorti le 4 novembre 2024 : en « 12 leçons d’économie et d’anthroponomie » : Paul Boccara dans les pas de Marx, aux éditions le Temps des cerisesc’est un ouvrage inédit de Paul Boccara, issu de la retranscription d’interventions de l’intellectuel communiste dans un documentaire de 2008. Il y évoque sa recherche théorique d’une « ambition considérable » sans cesse articulée « aux conditions historiques et aux luttes immédiates »
.Autre retour de l’actualité, j’ai fait état et j’en parle encore aujourd’hui du film du fils de Jean Lojkine, Boris, l’histoire de Souleyman sur l’uberisation et la chaine de prédateur de la Guinée à Paris. et aujourd’hui encore à propos des licenciements massifs en réponse à un gauchiste antisémite qui déverse sa haine contre Roussel et moi nous accusant d’être des “nazis sionistes” et de finir lui et moi au RN, on retrouve en plus délirant encore les accusations de certains de la LFI, d’Elsa Faucillon. Ces gens là qui ne sont que des petits bourgeois se prennent pour des “radicaux” alors qu’il sont l’autre face de la social démocratie. En réponse à ce taré je pèse mes mots qui est le visage grotesque des gens qui le sont moins mais qui croient être des radicaux mais ont rompu avec toute analyse marxiste et prennent leurs groupuscule pour une sorte de lieu d’où l’on délivrerait des brevets de révolutionnaire, leur art de hanter le couloir des ambassades n’a d’égal que leur ignorance des luttes qu’ils feignent de diriger. dans la réponse qu’il m’impose je fais état de notre collaboration Lojkine et moi auquel il faut ajouter Alain Chenu dans des ouvrages sur la classe ouvrière et de nos luttes.
Je sais sur quoi a porté notre différend c’était sur le travail et la pseudo disparition de la classe ouvrière, mais c’était d’abord sur le rôle de l’Etat, la nécessité des nationalisations, de la planification. Ce que je découvrais grâce à Fidel mais aussi de la manière que j’ai décrite par ailleurs à propos de la naissance des BRICS dans la relation entre Chavez et Poutine, face à la maitrise de l’énergie. Dans ma prise de conscience et mon éloignement de Boccara, il y avait eu cette réflexion éclairante de mon compagnon cubain: “les libéraux” feignent de démanteler l’Etat mais ils en ont plus que jamais besoin y compris dans ses formes supranationales pour forcer les peuples à acheter leurs armements privatisés, tous leurs discours sur la fin de l’Etat et la bureaucratie ne servent m’a-t-il expliqué qu’à créer un Etat coupé des peuples et ayant atteint un niveau de répression et de bureaucratisation rarement connu à ce jour. Cette parole parait prémonitoire face au paradoxe d’Elton Musk s’attaquant à l’Etat qui est à la base de la monstrueuse accumulation qui est la sienne et invitant à travailler avec lui par concours les meilleurs ceux capables de travailler 80 heures par semaine à cette tâche que Trump a comparé au projet Manhattan (mais pour concourrir à un tel poste il faut le faire sur Twitter et payer un droit d’entrée, il n’y a pas de petit bénéfice : en finir avec la bureaucratie inutile, celle qui tente de soigner, d’accueillir, d’éduquer avec toujours moins de moyens et tout polariser sur la guerre économique, sociale que serait “la révolution informationnelle” Ce projet a été accueilli avec enthousiasme en France par Pécresse, Madelin et compagnie… Et l’actualité là encore lui a répondu : pour la première fois l’Europe à savoir la commission européenne a pris 300 millions sur son propre budget pour donner des crédits aux Etats qui achèterons (aux Etats-Unis) des armements qui seront pour le moment dirigés vers l’Ukraine. Comme j’en parle dans un autre article il me semble que ce qui est en train de murir dans le parti, de la base au sommet c’est d’abord ce rôle du tavail mais aussi celui de la souveraineté de l’Etat et de l’intervnetion de la classe ouvrière. Fabien Roussel est sans doute peu formé en théorie, en géopolitique mais c’est le seul homme politique qui a au moins ces intuitions là…
Voilà j’en profite pour vous annoncer que je pars ce week end à Venissieux, Franck Marsal et bien d’autres contributeurs lecteurs de ce blog seront là et j’espère beaucoup de cette rencontre je sais que Jean Claude va intervenir depuis la Chine en video, je vous ferai un compte rendu mais Marianne a besoin d’un peu de repos alors ce week sera celui d’une mise à jour. (note de danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Xuan : Paul Boccara et la révolution informationnelle
Notre camarade Jean Claude Delaunay avait déjà émis des réserves sur la notion de révolution informationnelle, en particulier à partir de la contradiction entre travail mort et travail vivant.
https://www.lafauteadiderot.net/La-revolution-informationnelle-une
Je reprends les thèses de Paul Boccara sur l’information :
« L’essentiel c’est la prédominance des informations dans tous les domaines de la vie qui pourrait révolutionner la société. »…[contrairement à la machine-outil liée à l’échange, au marché] …« une information, vous la donnez et vous la gardez encore. Elle peut être partagée indéfiniment, jusqu’à l’échelle de toute l’humanité. Ce serait une des bases d’une société future possible de partage, que l’on pourrait aussi appeler société communiste de liberté de chacun ».
Et il poursuit en développant une contradiction dans laquelle cette possibilité serait « récupérée » par le système capitaliste « La société de non partage récupère le partage. »
Dans « Révolution informationnelle, « numérique », valeur et analyse marxiste de la marchandise. Quelques réflexions provisoires », son fils Frédéric écrit aussi :
http://23.pcf.fr/sites/default/files/eco_po_742_743_dossier_0.pdf
«…une fois ces informations créées leur partage a un coût proche de zéro. Ainsi, une fois mises au point, ou acquises, le coût des informations fonctionne comme un coût quasi fixe. C’est une incitation au partage sur une large base »
Tout d’abord il faut se poser des questions sur « la prédominance des informations », c’est-à-dire que « les informations deviennent plus importantes que la machine ».
L’information n’existe pas indépendamment de toute réalité matérielle. Elle-même est matérielle, c’est une combinaison d’états physiques électroniques sur des supports matériels.
Ces supports matériels ont une durée de vie qui n’est pas éternelle, et leur service exige une consommation d’énergie au prorata de la quantité d’informations qu’ils contiennent, du traitement de ces informations, de la quantité et de la vitesse de leur transmission. Même l’ordinateur personnel d’un amateur de jeux vidéo nécessite au moins un bon ventilateur, mais cette consommation peut être considérable dans un centre de données.
Ensuite la communication des données à l’échelle du monde demande aussi beaucoup de travaux et d’énergie.
Enfin ces données, sous forme d’états physiques ou de trains d’ondes dans leur transmission, doivent être traduites sous la forme de langages plus ou moins évolués pour être lisibles ou bien transformées en points lumineux ou en ondes sonores. Ces conversions exigent non seulement des logiciels mais des puces informatiques dédiées. Et toute cette machinerie implique une maintenance et de perpétuelles corrections et mises à jour, pour résumer cela de la façon la plus simple possible.
Il vient que la notion d’une information libre de toute matérialité est une illusion et que la création, l’utilisation, l’échange de ces données a sans cesse un coût, une valeur marchande. Elle n’a pas seulement une valeur d’usage mais aussi une valeur d’échange, sans lesquelles elles n’existent que virtuellement.
Ainsi le capitalisme n’a pas « récupéré » ce qui pourrait être « une des bases d’une société future possible de partage, que l’on pourrait aussi appeler société communiste de liberté de chacun », c’est le capitalisme lui-même qui a permis le partage d’une telle marchandise et qui l’a étendu à l’échelle du monde ; et ce qu’il récupère n’est autre que la plus value réalisée dans la vente de cette marchandise.
D’autre part la loi de la valeur ne disparaîtra pas non plus immédiatement avec le capitalisme.
Staline écrivait dans ‘Les problèmes économiques du socialisme en URSS’ « On demande parfois si la loi de la valeur existe et fonctionne chez nous, sous notre régime socialiste.
Oui, elle existe et fonctionne. Là où il y a marchandises et production marchande, la loi de la valeur existe nécessairement ».
Et plus loin : « La valeur, ainsi que la loi de la valeur, est une catégorie historique liée à l’existence de la production marchande. Avec la disparition de cette dernière disparaîtront aussi la valeur avec ses formes et la loi de la valeur. »
Sur la possibilité de « bases d’une société future possible de partage, que l’on pourrait aussi appeler société communiste de liberté de chacun », Jean Lojkine écrit sur Médiapart « La révolution informationnelle antichambre autogestionnaire du communisme 2.0 ? »
https://blogs.mediapart.fr/sylla/blog/090213/la-revolution-informationnelle-antichambre-autogestionnaire-du-communisme-20
« il s’agit d’une « nouvelle forme de la lutte des classes »
« La civilisation informationnelle est une civilisation autogestionnaire, comme on peut le voir dans les formes de démocratie nées d’Internet. Encore faut-il que ces mouvements se fédèrent, dépassent leur dimension purement libertarienne et fassent leur jonction avec les formes de démocratie représentative ; faute de quoi, les petits groupes informels ne pourront pas subsister et contrer les hiérarchies verticales du pouvoir et les clivages entre représentants et représentés. »
Je passe ses théories sur le dépassement du capitalisme, sur la négation de la prise du pouvoir d’Etat, comme sur l’échec patent d’une fédération de mouvements autogestionnaires.
Par contre la « dimension purement libertarienne » de « la civilisation informationnelle » mérite peut-être un rapprochement. Dans « I.A. La plus grande mutation de l’histoire », Kai-Fu-Lee relate la naissance de cette civilisation informationnelle aux USA :
« Beaucoup d’entrepreneurs de San Francisco sont les rejetons de professionnels accomplis : des informaticiens, des dentistes, des ingénieurs, des universitaires, etc. On leur a répété, lorsqu’ils étaient enfants, qu’ils avaient le pouvoir – oui, eux particulièrement – de changer le monde. Pendant leur premier cycle universitaire, ils ont appris l’art de la programmation avec les plus grands chercheurs, mais ils ont aussi goûté aux joies des débats philosophiques auxquels un cursus en sciences humaines donne accès. Une fois installés dans la Silicon Valley ils se sont rendus au travail en empruntant les rues arborées qui serpentent dans les banlieues californiennes.
Cet univers d’abondance se prête à merveille à de nobles aspirations et invite naturellement à imaginer des solutions techniques élégantes à des problèmes abstraits. Ajoutez à cela une histoire régionale jalonnée d’avancées majeures dans le domaine de l’informatique, et vous avez le décor parfait pour voir fleurir l’idéologie mi-geek, mi-hippie qui définit depuis longtemps la Silicon Valley. Au cœur de cette école de pensée, on trouve un techno -optimisme quelque peu béat – la conviction que chaque individu, chaque entreprise, peut réellement changer la face du monde par son esprit innovant. Copier des idées ou les caractéristiques d’un produit est mal vu, cela revient à trahir les croyances qui prévalent actuellement – un acte indigne du code moral d’un authentique pionnier. Tout tourne autour de l’innovation à l’état pur, l’ambition de créer un produit totalement nouveau
qui pourra, comme le disait Steve Jobs, « laisser son empreinte sur le monde».
Les start-up qui naissent et grandissent dans un tel environnement sont souvent guidées par une mission. Elles partent d’un concept original ou d’un but idéaliste autour desquels elles édifient leur entreprise. Leurs déclarations de mission énoncent de grands et beaux principes, déconnectés de toute préoccupation matérielle ou motivation financière… »
Comme chez certains petits-bourgeois idéalistes passés « du col mao au Rotary », les beaux principes « déconnectés de toute préoccupation matérielle ou motivation financière » ont laissé sur le monde l’empreinte de l’hégémonie US dans le numérique.
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