Des paysans de Castille-et-León manifestent devant le port de Santander Transféré
photo d’illustration : à la frontière franco-espagnole la Confédération paysanne fait jonction avec les Espagnols…
La mobilisation qui s’est tenue ce matin devant le port de Santander contre l’importation massive de céréales a été appelée par les organisations provinciales de Palencia de l’ASAJA, de l’UPA et du COAG
18 marzo, 2024 13:49SAUVEGARDER
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Des centaines d’agriculteurs de Castille-et-León et de La Rioja ont répondu lundi matin à l’appel des organisations provinciales de Palencia de l’ASAJA, de l’UPA et du COAG à manifester à l’entrée du port de Santander, en signe de protestation contre « l’importation massive » et le stockage de céréales sans droits de douane. Les producteurs espagnols sont contraints de vendre à des prix en baisse, ce qui contrevient à la loi sur la chaîne alimentaire et asphyxie financièrement les producteurs de céréales en Espagne, un problème dont souffrent particulièrement des provinces comme Palencia, où cette culture est prédominante. C’est également le cas de la communauté de Castille-et-León, c’est pourquoi plusieurs territoires se sont joints à la protestation, avec des professionnels du secteur de Valladolid, Soria et Burgos, ainsi que de La Rioja.
Cette mobilisation intervient alors que les autorités de l’Union européenne sont en train de prolonger d’un an l’importation de céréales en franchise de droits en provenance d’Ukraine. L’Espagne est le deuxième pays au monde qui achète le plus de céréales à ce pays, seulement dépassé par une grande puissance économique et démographique mondiale comme la Chine.
« L’importation massive de céréales sans droits de douane est la principale cause de la baisse des prix des céréales d’environ 100 à 110 euros au cours de l’année écoulée, soit une dépréciation d’environ un tiers qui place les prix des céréales en dessous des coûts de production dans notre pays. De plus, les produits sont importés sans contrôle que les exigences exigeantes de toutes sortes que l’Union européenne impose aux agriculteurs de l’UE sont respectées dans les pays d’origine, dans une concurrence déloyale évidente », dénoncent les syndicats agricoles
Selon les estimations récentes du ministère de l’Agriculture, environ 1 673 000 hectares de céréales d’hiver seront cultivés en Castille-et-León au cours de cette campagne 2023-2024 (dont près de 270 000 dans la province de Palencia, la troisième avec la plus grande superficie après Burgos et Valladolid, avec respectivement 371 000 et 279 000 hectares). Toutefois, comme les coûts diminuent beaucoup moins que ceux des céréales, cette prévision pourrait ne pas être confirmée par les superficies cultivées réelles dans les déclarations de la PAC, qui sont en cours de traitement.
Les agriculteurs craignent que, dans ce contexte de prix bas, ils aient besoin de rendements supérieurs à la moyenne de leurs terres pour couvrir les coûts. Cela entérinerait la perte d’attractivité que les céréales ont fait traîner en Castille-et-León, où l’on comptait auparavant environ deux millions d’hectares de céréales. Il y a des agriculteurs qui optent pour d’autres productions (oléagineux, protéagineux, fourrages), mais beaucoup décident aussi de laisser les parcelles en jachère pour ne pas au moins augmenter leurs coûts, ce qui se heurte à la nécessité d’importer des céréales, surtout lorsqu’il y a de mauvaises récoltes dues à la sécheresse.
Les organisations agraires représentées dans la province de Palencia, l’ASAJA, l’UPA et la COAG, ont programmé cette mesure dans le port de Santander car il s’agit de la voie d’entrée maritime la plus proche, mais l’importation de céréales sans droits de douane est généralisée dans tous les ports du territoire national. Les organisations demandent que l’énorme quantité de céréales déjà accumulée dans le port de Santander, ainsi que dans d’autres ports du pays, soit immobilisée jusqu’à ce que les droits de douane puissent être à nouveau appliqués, ainsi que sur les futures marchandises qui pourraient continuer à arriver d’Ukraine et d’autres pays tiers.
Jusqu’en juin 2025
La mesure de protestation s’inscrit dans le cadre de la mobilisation qui va avoir lieu au niveau européen contre la prolongation d’un an de l’exonération tarifaire pour les importations en provenance d’Ukraine. Le 21 février, les ambassadeurs des États membres de l’UE ont soutenu la prolongation de la suspension des droits de douane sur les exportations ukrainiennes pour une année supplémentaire (c’est-à-dire du 6 juin 2024 au 5 juin 2025).
La Commission européenne a proposé le 31 janvier de prolonger cette suspension et les quotas sur les exportations ukrainiennes vers l’UE, mais a introduit des garde-fous si un ou plusieurs pays sont affectés par leurs marchés agricoles, à la suite de manifestations dans cinq pays proches de l’Ukraine. Les agriculteurs de Pologne, de Hongrie, de Slovaquie, de Bulgarie et de Roumanie se sont plaints que l’augmentation des importations agroalimentaires en provenance d’Ukraine signifie une concurrence à laquelle ils ne peuvent pas faire face, ce qui se produit également en Espagne.
La plénière du Parlement européen devrait rendre son avis lors de l’une des sessions du mois d’avril. Si le Parlement européen n’introduit pas d’amendements au texte, le Conseil européen adoptera la prolongation, de sorte que le secteur agricole des pays membres se mobilise au niveau communautaire pour qu’une dérogation qui compromet la viabilité de l’agriculture céréalière à Palencia ne soit pas prolongée. Selon les derniers contrats approuvés à la Lonja de León, les céréales se sont déjà dépréciées d’environ un tiers au cours de l’année écoulée, principalement en raison de cette importation massive en franchise de droits./
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