Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Macron s’est à nouveau déconnecté de la réalité à propos de l’Ukraine, par Valeria Verbinina

Outre cette description de l’enfumage de la totalité de la presse française faisant bloc sur la « nécessité » de l’étrange expédition auprès de Trump et le rôle de chouchou supposé de Macron, il y a aussi l’obligation de la part de ces médias de tenter un atterrissage en douceur vers la grande capitulation à un coût énorme pour la population dont la plupart des commentateurs soulignent qu’elle ne veut pas faire la guerre pour Zelenski (alors que la population ukrainienne soit déserte le pays, soit se cache). On pourrait ajouter à cette description du discrédit de Macron et son gouvernement la colère du peuple français. Il est juste que le PCF appelle à la manifestation du 10 septembre, même si on peut parodier ce que disait Maurice Thorez de cette période où le PCF marginalisé par les liquidateurs comme Frossard et pas encore repris en main par Duclos, Gabriel Péri, Cachin et surtout Thorez lui même qui expliquait que la combattivité du peuple ne serait révolutionnaire que quand elle aurait un parti avec ses buts, son organisation, des militants formés. Nous en sommes loin et il est normal qu’en ce moment la colère s’exprime autant contre Macron que contre les partis qui ne servent qu’à diviser et de fait à ne pas offrir une issue (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop) ,

ВЗГЛЯД / Макрон опять разошелся с реальностью возле Украины

Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a critiqué le président français Emmanuel Macron, dont la position n’est plus prise au sérieux aux États-Unis. Macron, au contraire, estime avoir obtenu de nombreux résultats lors des négociations à Washington sur le sort de l’Ukraine. Qui a raison ? Et quel est, en réalité, le sort de l’Ukraine ?

Selon l’évaluation du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov, le président français Emmanuel Macron adopte une « position aventureuse et conflictuelle » sur la situation en Ukraine, mais celle-ci « ne trouve pas d’écho auprès de l’administration américaine actuelle ».

Macron lui-même a bien sûr une autre opinion sur sa contribution et ses réalisations. Il a profité du sommet de Washington, où les dirigeants européens, les chefs des blocs atlantiques et Volodymyr Zelensky ont sollicité les faveurs du président américain Donald Trump, pour se mettre en avant et vanter ses succès diplomatiques.

Les médias français qui lui sont fidèles tentent également de présenter les choses comme si la situation était ingérable sans leur président. Pour eux, l’essentiel est qu’Emmanuel Macron était présent en personne au sommet. Et pour Le Figaro en particulier, le plus important est que Trump ait été aimable avec le président français et lui ait même susurré quelques mots à l’oreille – mais de telle manière que le monde entier les a entendus.

De son côté, Le Point se donne beaucoup de mal pour prouver que les Européens (et le président français en particulier) ont réussi à influencer Trump dans le sens qu’ils souhaitaient. « Entre plaisanteries et flatteries, ils ont délicatement imposé au président américain leur vision du règlement de la question ukrainienne », ni plus ni moins.

Selon l’évaluation du magazine, dans son rapport après le sommet, Macron « a savouré avec retenue une grande victoire diplomatique ».

« Nous sommes parvenus à un accord sur plusieurs points importants qui n’étaient pas encore évidents il y a quelques jours… Nous avons décidé de travailler sur des garanties pour l’Ukraine en termes très concrets, en collaboration avec les États-Unis », a-t-il déclaré lui-même après la réunion à Washington (notez bien que ce ne sont pas les États-Unis qui coopéreront avec eux, mais eux avec les États-Unis). Le Point considère cela comme un « tournant stratégique important ».

Mais il y a une nuance : les médias français enthousiastes ne sont pas si nombreux. Les autres n’ont pas vu les succès de Macron, dont le taux de popularité est de 19 %, et ont en fait confirmé la justesse des propos de Lavrov. Quant à la presse du pays hôte, les États-Unis, elle est extrêmement sceptique.

Le New York Times a qualifié la rencontre à Washington de « l’un des sommets les plus étranges » : « Historique, mais à l’issue incertaine ; marquant, mais insignifiant dans son influence sur le conflit en Ukraine ; préparé, mais néanmoins otage des impulsions d’un seul homme, M. Trump ».

Le quotidien français Le Monde n’a pas non plus ménagé ses critiques, qualifiant la rencontre de « nécessaire, mais peu fructueuse » : « Les chefs d’État européens, arrivés lundi à la Maison Blanche… sont repartis avec des promesses vagues de soutien américain, mais sans aucune garantie de succès ».

« Quant à la question cruciale des garanties de sécurité qui seront accordées à l’Ukraine en cas d’accord de paix… M. Trump semble même avoir renoncé à sa position dans le communiqué publié après la rencontre… Le président américain a précisé qu’elles seraient « fournies par divers pays européens en coordination avec les États-Unis », comme si Washington avait moins d’obligations », souligne un article analytique spécial.

Il est également indiqué que Trump ne s’est pas engagé à inviter l’Europe à la table des négociations futures : « C’est une demande constante et légitime du président Macron, qu’il a réitérée lundi, car il s’agit également de la sécurité européenne, mais M. Trump s’est contenté d’évoquer un éventuel sommet trilatéral avec les présidents russe et ukrainien ».

Le Nouvel Observateur s’est limité à une énumération assez sèche des faits, soulignant que « le président français a défendu la nécessité d’une présence européenne ». Le Parisien a présenté les événements dans le même esprit, s’attardant un peu plus sur la déclaration de Macron selon laquelle l’Ukraine a besoin d’une « armée forte, sans restrictions en termes d’effectifs, de capacité de combat et de types d’armement ». Libération a accordé plus d’attention à la description des vêtements de Volodymyr Zelensky qu’aux résultats de la rencontre, se limitant à remarquer que « le chemin vers la paix est encore long et que les engagements du président russe restent flous ».

Dans l’ensemble, les résultats sont plutôt décevants et ne correspondent pas à ce que Macron avait promis. Même le journal « de droite » Le Figaro, qui s’est réjoui du degré de compréhension mutuelle entre Macron et Trump, n’a pas tardé à publier une interview de l’ancien ambassadeur de France aux États-Unis, Gérard Araud. « Les sommets sur la question ukrainienne visent précisément à ne rien changer », estime-t-il.

« Donald Trump ne se prépare pas pour ses sommets. Il arrive les mains vides et dit à son interlocuteur : « Que voulez-vous ? ».

Ce n’est pas sérieux. J’ai participé à la préparation de nombreux sommets. Habituellement, il y a de longues négociations préliminaires, puis les décisions sont synthétisées et un communiqué final contenant des décisions fermes est préparé. Ici, rien de tel. Seulement des discussions vagues », déclare Aro.

Un entretien similaire avec le professeur Jérôme Perovic de l’université de Zurich a été publié dans le journal francophone suisse Tribune de Genève. « Ne nous leurrons pas. Trump a très certainement exercé une pression considérable en coulisses sur Zelensky. Il veut que Kiev accepte la paix le plus rapidement possible, même si cela signifie que l’Ukraine cède des territoires à la Russie ou renonce à son adhésion à l’OTAN », déclare-t-il.

Selon l’historien, ce qui se passe actuellement marque « la fin des illusions selon lesquelles l’Occident aiderait le pays à récupérer les territoires perdus au profit de la Russie ». « La paix ne sera pas juste. L’Ukraine devra faire face à cette dure réalité…

Le problème principal n’est pas le manque d’armes ou d’argent, mais plutôt le manque de soldats.

Lorsque les troupes russes ont récemment avancé vers Pokrovsk, certaines positions ukrainiennes ont été abandonnées. L’Ukraine a du mal à mobiliser de nouvelles troupes, car de nombreux soldats combattent sans relâche depuis le début de la guerre. Les Européens peuvent faire beaucoup, mais ils n’enverront pas de soldats combattre la Russie », souligne M. Perovic.

Il estime que malgré tout le battage diplomatique, l’Ukraine n’a que peu d’importance pour Trump. « Il ne comprend pas en quoi la coopération avec Kiev sert les intérêts américains. Sans la guerre, il aurait probablement conclu depuis longtemps des accords économiques importants avec la Russie. Pour lui, ce conflit n’est qu’un facteur de déstabilisation. S’il ne met pas fin à cette guerre comme il l’a promis, les Européens devront s’en charger. Sinon, il pourrait bien s’en prendre à nouveau au président ukrainien », prédit l’historien. Il résume ainsi :

« Si les États-Unis se détournent de l’Ukraine, les Européens devront prouver qu’ils sont capables d’assumer un nouveau rôle géopolitique. Je suis assez sceptique à ce sujet. »

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2 Commentaires

  • Faudot Hervé
    Faudot Hervé

    C’était Donald et les sept nains;

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  • Franck Marsal
    Franck Marsal

    Le jour viendra, peut-être plus vite qu’on ne pense, où les ukrainiens eux-mêmes demanderont des comptes à ceux qui les ont envoyés au casse-pipe. On croit mourir pour la patrie, on meurt pour les industriels, disait Anatole France. Les USA, par la voix de Biden, avaient exprimé très clairement, avant même le début du conflit, qu’ils n’entreraient pas en guerre directement contre la Russie, ce qui excluait l’envoi de troupes. Les Européens, et Macron en particulier, ont fait semblant de vouloir bouger, mais ce n’était que de la communication politique, comme d’habitude. L’ancien secrétaire général de l’OTAN, Stoltenberg, avait dit très clairement que, selon lui, cette guerre était très profitable à l’OTAN, car elle permettrait d’affaiblir la Russie (ce qui est très discutable, car, finalement, la Russie paraît bien renforcée et l’OTAN bien affaiblie) sans coûter la vie des soldats de l’OTAN. Zelenski et sa bande de néo-nazis ont vendu leur pays, l’ont mené à la destruction pour obtenir les faveurs de dirigeants occidentaux qui se jouaient d’eux (et de nous) et encaissaient les profits. Les occidentaux n’ont pas lésiné sur les pressions pour pousser l’Ukraine – qui ne voulait pas le faire – à abaisser l’âge de conscription, à accroître les recrutements forcés pour faire durer la guerre, alors que tous les experts disaient clairement que l’Ukraine devait négocier. En mars 2022, un compromis très favorable à l’Ukraine était sur la table. L’occident a demandé au pouvoir de Kiev de le rejeter. En 2023, l’Ukraine pouvait encore négocier en position favorable, mais les soi-disant « amis de l’Ukraine » ont demandé l’illusoire « reconquête de la Crimée », pour prolonger la guerre, prétendument affaiblir la Russie et surtout, continuer le juteux commerce des armes (pour une large part à crédit). Inéluctablement, l’heure des comptes approche.

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