le principal danger qui pourrait naître de l’obstination à interpeller le PCF de notre part serait d’iimaginer qu’il y a là ressentiment, antagonismes personnels, même si l’on ne peut ignorer le rôle des individus et leur hypostasie en « acteurs ». Ce qui nous paraît essentiel est le rôle politique et théorique du parti révolutionnaire et pas seulement pour la classe ouvrière, le prolétariat mais pour la nation françaises, toute dimensions du rassemblement révolutionnaire. L’état aujourd’hui de ce qui fut ce parti peut créer l’équivoque du ressentiment et en accentuer l’aspect dérisoire. La question est infiniment plus essentielle et nous dépasse tous. Pour tenter de poser le problème, reprenons une remarque de Jean Jullien. Elle dit ce qui est pour histoire et societe, pour les auteurs de notre livre « Quand la France s’éveillera à la Chine, la longue marche vers un monde multipolaire, cet appel au dialogue. Nous sommes convaincus qu’il se produit historiquement quelque chose de nouveau, un basculement. Quelque chose qui défie le logiciel de pensée, celui que nous entendons depuis très longtemps et que Macron a repris ce matin en assimilant l’URSS et la Russie quasi génétiquement agressives et voulant « manger ». Tandis que la « gauche » définit Trump comme un populiste, c’est-à-dire l’antithèse des Démocrates. Évidemment ce logiciel est incapable de modéliser la réalité comme on modélise mathématiquement un processus physique.
Et voilà que ces deux « populistes » sont peut-être en train de mettre fin à un conflit meurtrier au coeur de l’Europe, tandis que les « Démocrates » affichent lâcheté et imprécations. On peut raconter tout ce qu’on veut mais le plus grand nombre préfère la paix, c’est-à-dire que l’antithèse de la démocratie libérale représente les aspirations et les intérêts du peuple y compris ceux de la classe ouvrière. Alors le plus grand basculement pourrait être le fiasco de ce logiciel.
Cela dit l’hégémonisme US n’a pas renoncé bien entendu. Les autres impérialismes non plus.
La Chine n’a pas jeté ses armes et les modernise encore, elle aurait tort de le faire. Le monde multipolaire devrait d’abord s’imposer et aller lui jusqu’au bout de sa transformation.
Ce que le groupe « Européen » qui se présente comme la démocratie a imposé au dialogue entre deux « autocrates » dits populistes et ce au plus grand dommage des peuples qui quelque soit la haine qu’on leur insuffle contre Poutine et Trump et la campagne hagiographique montée autour de Zelenski, ne veulent pas de la guerre, ni de sacrifier toujours plus leur vie pour cette « cause » et son pitoyable héros. Avant de passer à la nécessité révolutionnaire de la théorie regardons les FAITS, tels que le discours médiatique du Financial TIMES les rapporte…
Kiev va acheter pour 100 milliards de dollars d’armes à Washington, selon la presse. Le montant sera financé par l’Europe. Voici ce qu’on peut lire dans toute la presse internationale à ^partir d’une information du Financial Times qui n’a pas été démentie. L’Ukraine s’engagera à acheter pour 100 milliards de dollars d’armes aux États-Unis, qui seront financées par l’Europe, dans le cadre d’un accord visant à obtenir des garanties de sécurité de Washington en cas d’accord de paix avec la Russie, a rapporté hier le Financial Times.Le journal britannique, citant un document qu’il prétendait avoir vu, a ajouté que l’Ukraine et les États-Unis parviendraient également à un accord pour la production conjointe de drones, d’une valeur de 50 milliards de dollars.Les 32 pays membres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) se sont engagés le 24 juin, lors d’une visite du président américain Donald Trump en Europe, à allouer 5 % de leur produit intérieur brut à leur budget de défense. À cette occasion, le secrétaire général de l’alliance, Mark Rutte, a félicité le président américain d’avoir amené l’Europe à « payer gros » pour ses dépenses de défense.Ce nouvel objectif représente une augmentation substantielle par rapport à l’objectif actuel de 2 %, qui n’a toujours pas été atteint par près d’un tiers des 32 alliés. Après la réunion d’hier à la Maison Blanche, Rutte a déclaré que la redéfinition des frontières de l’Ukraine n’avait pas été discutée, car elle sera abordée lors d’une éventuelle rencontre entre Poutine, Zelensky et Trump. M. Rutte a assuré que l’adhésion de l’Ukraine à l’alliance n’était pas en discussion, ajoutant que le déploiement de troupes pour soutenir Kiev sur la ligne de front n’était pas envisagé.
Quelle est la position du PCF ? Il y a d’une part les appels de Fabien Roussel à un front anti-impérialiste, le combat en faveur de la paix, de l’emploi, du pouvoir d’achat, mais il y a d’autre part la définition obstinée d’une adhésion au groupe « démocrate » avec une contribution importante de la presse, du secteur international, de l’université d’été, voire de la fête de l’Humanité à cette intervention des « démocrates » européens à l’escalade guerrière, cette adhésion à ce que l’impopulaire Macron tente d’imposer au peuple français. Le journal l’humanité s’en fait tous les jours l’écho.

le même jour, où Macron et ses complices menaient l’opération que l’on sait dans le bureau ovale, le journal l’Humanité, jadis celui de Jaurès et puis des communistes, faisait chorus avec cette opération et se félicitait de la présence de l’Europe en appui de Zelenski.
Dans un article que nous publions par ailleurs, PAM (Pierre Alain Millet) annonce la présence de Franck Marsal à l’université d’été du PCF avec notre livre (dont il est toujours interdit de faire la moindre critique dans ce meme journal l’Humanité, ni dans la quasi totalité de la presse communiste) en ces termes: Une parente âgée, très férue d’actualité, avec toute sa tête, me disait récemment « c’est une catastrophe, la politique, on n’y comprend plus rien ». C’est un sentiment répandu, les leaders politiques semblent incapables d’expliquer les bouleversements du monde, de la société, le délitement apparent de la puissance publique face aux trafics malgré tous les discours…Les suites de la rencontre Trump Poutine en Alsaka illustre ce sentiment d’être totalement dépassé par une histoire qui se joue ailleurs. Macron et les dirigeants de l’Union Européenne continuent de répéter qu’ils vont défendre l’Ukraine et ses frontières, semblant trouver des centaines de milliards pour les dépenses militaires comme s’il n’y avait pas une dette gigantesque dont ils menacent tous les services publics… Et ils sont reçus par Trump comme des vassaux venant chercher les explications du maître qui pourtant multiplient les déclarations sans lendemains… et revenant de sa rencontre avec Poutine sans cessez-le-feu mais en affirmant qu’on peut négocier la paix..
Voilà excellement posé, le rôle du parti communiste sur le plan que l’on peut qualifier de Théorique, il doit aider à non seulement rassembler ceux qui doivent combattre pour leur vie et celle de leurs enfants, mais il doit aider à surmonter les « confusions » qui bloquent ce combat.
Parce que cette confusion, nous l’affirmons entraîne le mutisme chez les militants, la peur de s’affirmer, ce construire une alternative, les subordonne à une sorte de consensus mou dans lequel ils seront acceptés. l’interdiction de publication, qui va jusqu’à la censure à l’université du titre de notre livre à ce titre n’est pas une erreur, ou le caprice d’un individu qui s’estime blessé dans des querelles personnelles, il s’agit de la pratique habituelle d’une faction qui a constitué un entrisme dans des postes clés du débat national. Ce sont ces gens là qui sont chargés des questions internationales, de la formation des militants, de l’université d’été, ceux qui interdisent l’intitulé de l’exposé de Franck Marsal sur notre livre. Le fait que comme nous l’exposons par ailleurs, ce dernier sera à l’université d’été du PCF, le 24 août est le résultat d’une bataile mais avec une censure qui s’est poursuivie dans l’humanité où tout compte-rendu du livre ‘malgré la préface de Fabien Roussel,est interdit et donc l’est également des auteurs présentés à la fête de l’humanité. Ce qui se passe avec le PCF est très grave et va bien au-delà des membres de ce parti, de ses dirigeants, ce que nous percevons dans une approche théorique c’est la rôle que joue le baillonnement de ce parti.
le PCF tel qu’il a été fondé par Maurice Thorez et le rôle qu’il a joué historiquement…
Il faut relire le très beau livre de Maurice Thorez, fils du peuple (comme d’ailleurs les excellentes mémoires de Jacques Duclos au même titre que les écrits littéraires d’Aragon; son travail de journaliste). Cette lecture permet de comprendre comment un fils de mineur pouvait devenir un indivdu cultivé, conscient. « L’opinion française était comme la terre de France, celle que des agriculteurs avait nourrie embellie depuis des siècles, un patrimoine acquis dans les « gestes du travail » . Nous avons ici une approche de’un terme « théorique », la dialectique. L’homme et le monde humain qu’il crée ( soit le monde historique) sont dialectiques pour la seule raison qu’ils sont comme liés par cette interaction . « Le propre de l »homme », c’est-à-dire la dialecticité de l’homme et du monde historique, naît et périt avec cette interaction. A l’inverse, la dialectique n’est rien d’autre que cette interaction prise dans son ensemble, c’est-à-dire l’interaction comprenant ensemble l’homme l’homme qui produit l’interaction et le monde historique que l’homme a produit. Car, s’il est vrai que l’homme et le monde historique n’existent pas en dehors de l’interaction( avec le monde naturel), cette interaction n’existe pas non plus en dehors du monde historique qu’il crée. (…) Dès lors , qu’est ce dont que ce monde historique? Avant tout, il s’agit du monde « idéal » de la culture humaine. C’est donc le monde de la science, de la litérature, de lart, de la religion, du sport et ainsi de suite, des « superstructures idéologiques » comme disait MArx. au fond, il s’agit du monde du discours humain ou -plus exactement- du monde du contenu sémantique de ce discours humain. « (p. 322-323 Alexandre Kojeve. Sophia philosophie et phénoménologie) (1) l’auteur de ces lignes, que nous allons fréquement citer, analyse comme nous allons le montrer par ailleurs qu’il ne s’agit en tant que discours que de mots et la seule chose qui les rendes sensées, vraisemblables comme ayant un contenu est l’existence des être humains et l’interaction permanente qu’il entretient avec le monde naturel, qu’il transforme en créant une autre réalité.
Ce que le PCF, celui disons de Maurice Thorez a crée c’est cette unité dialectique d’abord au sein de la classe ouvrière, du monde du travail et la nation, il en a constitué la dimension historique. Cette terre de France, ce fruit du travail a été trahi par la classe dominante, celle que représente Macron et ses complices, mais l’enjeu est aussi aujourd’hui puisque depuis une trentaine d’années des liquidateurs au sein du parti s’emploient à faire disparaître de la mémoire et de la conscience de ce peuple. L’université d’été est aux antipodes de ce qu’a pu représenter le parti communiste de Maurice Thorez, mais Franck pense et nous le soutenons qu’il ne faut rien laisser à l’abandon. La dimension historique du peuple de France a été sciemment détruite par la classe dominante qui a utilisé le ressac historique de la fin de l’URSS pour en finir avec ce lien entre la nation et son peuple, sa classe ouvrière. La d »sindustrialisation de la France n’a pas été seulement une catastrophe économique, elle a détruit en profondeur cette relation.
c’est pourquoi , il faut comprendre que notre interpellation qu’il s’agisse de ceux qui parmi nous sont encore membre du PCF et d’autres qui comme moi nous ne le sommes plus n’a rien d’une querelle mesquine , il concerne les conditions d’une lutte contre cette mise en jachère. Alors voici quelques notes théoriques qui vous inciteront peut-être à entrevoir le prix d’ une conscience politique en partant de la simple nécessité d’avoir à lutter dans le travail, dans la dignité , d’abord partons de ce qui est

Mon grand père vieux mineur, avait les qualités de l’ouvrier français: le gout de son métier , l’amour et l’orgueuil de son travail. Il était honnête, intègre, dur envers lui-même et envers ses enfants, mais il n’admettait pas qu’on le chincanât sur ce qu’il avait fait, surtout quand il estimait l’avoir bien fait. Sensible, perpétuellement révolté contre l’injustice, secoué de colères soudaines, il supportait sans sourciller la faim et le gel, mais je l’ai vi pleurer en croisant dans la rue un enfant qui avait froid. Militant syndical, il luttait avec ardeur pour ses revendications, conscient de ses dévoirs, avec la fierté légitime de l’ouvrier sans reproche: « je veux avoir le droit de dire en face la vérité à mon patron », répétait-il. (Maurice Thorez fils du peuple p.33)
quelques pages plus loin , après avoir traversé les paysages du nord dévastés par la guerre, le jeune Maurice est dans la fosse 4 des mines de Dourges. Il se passionne pour l’action syndicale, pour la lutte politique.
« La aussi je sentais que tout était à refaire »(…) « La situation politique et économique de la France créait rapidement un état d’esprit révolutionnaire dans le prolétariat. La cherté croissante de la vie, la baisse du franc, la crise des Transports, du charbon, du sucre, les difficultés pour passer de l’économie de guerre à la production de la paix, tout cela créait une agitation que la loi des huit heures, imposée au gouvernement Clémenceau, ne suffisait pas à calmer. Une vague de grèves déferle sur le pays. Mais comme il n’y a pas de parti révolutionnaire fortement organisé, cet éveil de la conscience ouvrière demeurera sans suite quant à l’action. Lénine n’a-t-il pas écrit : « Sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». Entravée par les traditions néfastes d’avant-guerre dans l’anarchosyndicalisme et dans le pacifisme, dans la plus grande confusion cherche sa voie« . ‘id. p.37)
Pourquoi la théorie ? Combien de fois, à la manière de tous les rebelles, en tant que communistes, avons-nous défié tous ceux qui prétendaient nous faire plier ou nous accabler de leur censure, de leur diffamation ou croyait nous navrer en nous privant de quelque hochet: « comment pouvez-vous imaginer que cela ait une quelconque importance pour nous… Il y a là nulle vanité mais un immense orgueil qu’Alexandre kojeve attribue à ce qu’il nomme la philosophie marxiste-léniniste-staliniste. Comment cette volontée de lutte, ce refus de céder devant l’injustice devient-il aspiration à la connaissance ? Comment franchit-il les bornes de l’entendement ordinaire ?
Il suffit de lire encore aujourd’hui des grands dirigeants comme Marx, lénine, Fidel ou même Ziouganov pour sentir leur curiosité en éveil devant ce défi, celui de l’omniscience de l’humanité dans son processus historique . Ils sentent au plus profond de leur être que c’est la liberté, et qu’elle est là dans cette audace, cet orgueil de ce qui est accompli le mieux que l’on peut.
Qu’est ce qui évite alors la médiocrité mégalomane, l’illusion de la toute puissance du chef et son aspect ubuesque ? Celle d’un Macron ou d’un Trump ? Parce que le fait qui s’impose à tous même s’il est désarçonné et s’il se sent impuissant devant l’aspect irraisonné de ces gens qui sont prêts à la guerre et dont on ne perçoit même plus dans leurs actes la rationalité du capital sous sa forme libérale. C’est ce qui renvoie justement à la dialectique historique telle que nous l’avons définie à partir de Maurice Thorez. Simplement le fait de savoir que quelque soit le niveau qu’il atteint lui-même cette connaissance ne sera pas son apanage. Il n’est qu’un maillon sur une longue chaîne et il lui vient le désir de mettre sa main sur celles peintes au fond des cavernes… Et comment le Parti devient-il le moyen de cette marche ?

Mais citons ici Koveje :
« Or, puisque le processus historique du développement de la philosophie n’est rien d’autre que le reflet idéel (la superstructure idéologique ») du processus réellement historique, c’est-à-dire économique et sociopolitique, et puisque la « sagesse » est accessible uniquement à la fin de ce processus, à savoir dans la societe « idéale » et communiste qui la renferme, alors on pourra dire plus précisément que l’accession à l’omni-science couronnera l’ensemble des efforts accomplis par l’humanité dans toute son histoire. En d’autres termes, si la philosophie attribue à l’homme les qualités qui sont d’ordinaire uniquement attribuées à dieu, comme l’omni-science, alors sous le terme « homme » on entend non pas la personne isolée, exclusive, spécialement douée, mais l’homme collectif, c’est-à-dire toute l’humanité, prise dans l’ensemble de ses multiples développement historiques.
Ainsi, c’est avec orgueil, mais sans folle « témérité », que la philosophie marxiste-léniniste-staliniste, soit la philosophie de notre temps, aspire consciemment et ouvertement à atteindre l’omni-science. Mais en sachant que la « sagesse » peut être atteinte de façon pratique seulement « à notre époque », dans la societé « idéale », c’est-à-dire définitve (communiste), société qui n’est pas encore pleinement réalisée, cette philosophie sait qu’elle même n’est pas encore et ne saurait être le savoir parfait. Elle aspire consciemment à ce dernier et elle y tend sérieusement, puiqu’elle déploie ses efforts pour l’atteindre, tout en sachant que, sans effort conscient , c’est-à-dire sans son travail opinâtre et sans sa lutte décisive, ce savoir ne sera jamais atteint. Cependant, en faisant tout ce qui est en son pouvoir pour atteindre le savoir parfait, elle sait qu’elle ne l’a pas encore atteint en tendant à la perfection, elle connaît son imperfection et, néanmoins , elle suppose que son savoir imparfait est l’unique voie pour obtenir le savoir parfait. (Alexandre Kojeve, Sophia philosophie et phénoménologie,nrf. Gallimard. p. 118 et 119)
Ce chemin se présente au plan des idées comme celui de la critique…
Rares sont ceux qui ayant compris quelque chose, l’envisagent d’une manière critique, c’est-à-dire se posent des questions sur la vérité de ce qu’il ont compris. Pourtant c’est un processus naturel de l’évolution de l’humanité : une sorte de crédulité enfatine de l’humanité qui la soumet aux mythes, d’abord à celui de sa propre origine, qu’est-ce qui l’a enfanté? Le revers du mythe est la croyance. C’est-à-dire que tout discours articulé, répété un nombre suffisant de fois engendre d’office la vérité. Encore aujourd’hui il faut mesurer que la réfutation par l’expérience de la fausseté n’emporte pas la conviction et l’expérience des réseaux sociaux est là pour le prouver. La cohérence du discours peut déterminer un « rationalisme naif ». Ce doit être vrai, ça a été dit à la télévision.

la politique c’est ça et rien d’autre… c’est la seule « offre », la marginalisation du PCF a cet effet essentiel. Le conformisme et l’adhésion au consensus de peur de perdre de l’audience fait partie du processus…
Kojève dit que ce qui a déterminé le scepticisme face au mythe a été la multiplication des mythes. Si le rationalisme primitif du mythe supposait naivement que tout discours cohérent(le mythe) fut vrai, alors-en étant devenu sceptique- ce même rationalisme se mit à soutenir que tout discours ( mythe) était faux ou dubitable: « au commencement était le serpent » pourquoi pas? mais l’autre dit que c’était le soleil, voire tout ce que l’on voudra. » qu’il s’agisse du rationalisme mythique naif ou du scepticisme naif, dans les deux cas, on présuppose tacitement que la raison ou le discours est la seule manière d’atteindre la vérité. Le résultat est que l’un affirme que le discours atteint toujours la vérité et l’autre qu’il ne l’atteint jamais. Bien sur, le scepticisme est un progrès mais il atteint vite ses limites. Donc il eut le rationalisme critique : si l’on identifie le serpent et le soleil, c’est-à-dire que l’on donne à deux mots le même sens la contradiction disparaît, un peu comme quand on identifie libéralisme et démocratie. Après avoir soumis deux affirmations à une identification critique, on peut conserver les deux affirmations qui de prime abord pourtant s’excluent.
Si mon adversaire est le mal c’est que je suis le bien… C’est ce que Parménide reconnaît avec honneteté en ayant le courage de reconnaître que tous les discours cohérents n’avaient effectivement qu’un seul et même sens quand le penseur est arrivé au bout du chemin « critique » et il retombe aussitôt sur ses pieds puiqu’il ne peut y avoir qu’un seul sens et ce sens n’est autre que l’absolue vérité elle-même. qu’il s’agisse, on le voit des intervenants sur un plateau de LCI ou du censeur en chef actuel de l’humanité, de l’université du PCF , nous avons la force de la cohérence du mythe et celle de la pensée critique enfermé dans la rationalité du seul discursif. La raison ne peut déjà plus changer , rejeter ou élargir le discours qu’elle a créé; en un mot, la raison est certaine qu’elle a trouvé la vérité absolue. Il suffit alors d’un unique mot pour la dire qu’il s’agisse de Dieu, de la démocratie, de l’Europe ou du capitalisme… ou de la nécessité derrière l’UE de mener le combat contre le mal puisque désormais même l’humanité le dit.
Mais résumer à un seul mot, nuit à la communicabilité du discours parce qu’une fois qu’on l’a prononcé on ne peut pas dire ce qu’il signifie réellement. : « il est insensé( au sens propre du terme, c’est-à-dire dépourvu de sens pouvant être exprimé par un discours) (…)or il va de soi que cette raison n’est pas satisfaisante, puisque si chaque individu doué de raison, c’est-à-dire de la parole, aspire à dire la vérité, alors celui qui aspire à la verité veut parler d’elle (ouvrage cité p.129) . On ne saurait dire plus clairement, l’étrange mutisme dont le « fils du peuple », le militant communiste est aujourd’hui frappé. Il y a un fait incontournable, les militants communistes étaient jadis des caisses de résonnance, leurs fêtes étaient le lieu d’immenses rassemblements ouverts à tous, de plus en plus il s’agit de lieux de consensus qui paradoxalement deviennent des espèces de banquets républicains entre militants ou d’université populaire basées sur la censure. On ne sait plus de quoi on parle, tout devient incompréhensible… N’est alors raison que la réalité qui se « révèle » à l’homme, ces discours « évidents »…Il suffit pour exclure les auteurs du livre sur le monde multipolaire cette extraordinaire réflexion de Claude Gindin dans cette réunion du 13 e arrondissement de Paris, alors qu’il était proposé de présenter notre livre à l’importante communauté asiatique : « je connais certains des auteurs ce sont des staliniens » …
Mais comme le démontre Koveje les choses « évidentes » ont simplement la force des mythes. Même si on sent confusément que son experience sensible immédiate ne correspond pas à ce rationalisme du discours « évident ». Oui mais il y a une disfférence de statut entre le discours de la raison proclamé unique et donc évident comme une théologie et le sentiment confus que cela ne coincide pas avec l’experience sensible, c’est l’empirisme, l’ « emprico-critique » disait lenine…
Il est évident que je n’ai plus aucune confiance dans ce que dit Macron, mais ils disent tous pareils… De toute façon ailleurs c’est pire…
Et à ce moment-là, bien sur me voilà confrontée à la difficulté de confrondre réalité et expérience sensible avec le fait que selon mon expérience sensible le soleil tourne autour de la terre et non l’inverse… et nous revoilà dans le sceptcisme le plus complet. Du type: et qu’est-ce qui me dit que votre Chine est un pays socialiste et d’ailleurs après l’expérience du socialisme qui partout est une dictature…
Là nous sommes confrontés à un nouveau seuil qu’à sa manière par un internationalisme polarisé sur l’URSS , le parti de Maurice Thorez avait su franchir celui du passage à l’impérialisme, ce que Lénine définissait comme le stade ultime du capitalisme. Cet attachement, a produit son contraire avec l’eurocommunisme, le stade du scepticisme de la part d’idéalisme que contenait cette foi dans le modèle. Et il faudra bien un jour analyser pourquoi et comment la dialectique historique de ce monde eurocommuniste en est resté à l’empiro-criticisme… Et pourquoi aujourd’hui, ceux qui dirigent l’idéologie de fait du PCF, « les superstructures » de sa presse, de sa formation, comme de son approche internationale sont-ils tous dans cet empiro-criticisme ou effectivement tout est équivalent ce que dit le parti communiste Chinois, toutes les forces progressistes et communistes de la planète et les forces réactionnaires capitalistes qui conduisent notre pays à la catastrophe ?
Si l’on se contente là encore de comparer deux discours cohérents on aura aucune chance de considérer lequel est convaincant, c’est-àdire vrai de celui qui ne l’est pas. La vérité d’un discours peut-être établie seulement par rapport à la réalité qu’il désigne. Tant que l’on n’effectue pas cette vérification par comparaison, le discours ne peut être tenu pour ni vrai, ni faux, c’est une hypothèse. Mais qu’est-ce que cela veut dire de comparer à la réalité elle-même; Il faut que nous passions par la vraisemblance en remplaçant les hypothèses les moins vraisemblables par les plus. Et pour cela il faut élargir les expériences à un plus grand nombre. L’idéal est que TOUTES les expériences sensibles de la réalité justifient la vraisemblance de l’hypothèse.
Mais nous devrons conserver l’idée qu’il ne s’agit pas d’une vérité mais qu’elle est la plus vraismeblable jusqu’à ce qu’un autre FAIT bouscule notre certitude. qui a été construite sur la cohérence du discours et sur la réalité, le discours unifie alors que la réalité diversifie. Donc si on en reste à ce niveau d’empirisme soit on se mure dans le silence de la vérité, soit on bavarde dans la multiplicité des possibles.
mais ce balancement entre le mutisme de la verité unique et de la diversité du sensible ignore que l’être humain n’est pas seulement doué de raison et de parole, ni de sens, mais qu’il agit et qu’il travaille
Voilà nous sommes arrivés à ce bouleversement philosophique inouÏ que encore confusément Fabien Roussel subodore mais qui devrait passer à l’organisation. Tant que le secrétaire du PCF demeurera un débatteur sympathique, plus talentueux que bien d’autres, sans un parti révolutionnaire au sens marxiste léniniste derrière lui, ses propositionsreposant sur despassages à la télé où un clou chasse l’autre et même ça et là quelques distributions de tracts, des livres en vrac en l’entrée d’une fête n’en sera pas ainsi la proposition de Fabien restera de l’ordre de l’hypothèse et celle-ci demeurera un discours parmi d’autres discours, c’est à dire sans force face au mythe dominant ou étant noyé dans le scepticisme généralisé. Pour passer du discours à l’action qu’on le veuille ou non il faut du travail, du travail, encore du travail comme disait Lénine… Ce qui est dommage et dommageable pas seulement pour ce parti.

Pour l’empiriste, dit l’analyse théorique, l’expérience sensible qui au delà du discours, nous révèle la réalité qui nous est extérieure et qui existe indépendamment de nous, il n’en demeure pas moins que cette expérience déforme, elle n’est que diversité. Il a raison de comparer le discours au réel.
pour trouver la vérité,il faut bel et bien comparer le discours au réel et, pour ce faire, on doit le conduire au-delà des frontières de l’expérience; on doit, pour ainsi dire, l' »appliquer » au réel qui existe au- dehors de nous et independamment de nous, indépendamment de notre expérience et de notre discours. Mais l’empiriste se trompe lorsqu’il juge que cela est impossible. En effet, l’homme est pleinement en mesure de réaliser cela et c’est cela qu’il fait de facto à chacun de ses pas. Déplacer le discours au-delà des limites de l’homme et de l’insérer dans la réalité objective, extérieure et indépendante, c’est ce que l’on appelle le travail.
Kojeve donne l’exemple de l’avion, tant que l’avion n’existe qu’en projet (par exemple dans les dessins de léonard de vinci), on pouvait étudier son hypothèse en elle même ou alors la comparer à l’expérience sensible. Dès lors, tout se passait, pour ainsi dire, à l’intérieur de l’homme et il n’y avait aucune possibilité de confronter l’hypothèse à la réalité (objective) mais quand l’avion fut construit, le travail, c’est-à-dire la réalité physique de l’effort des travailleurs a ainsi porté l’hypothèse hors des frontières de la pensée humaine et l’a intégré à la réalité même (qui existe indépendamment de cette pensée) l’avion construit est d’un côté, tout aussi objectivement réel et indépendant de l’homme que disons une montagne, un nuage ou quelque plante. D’un autre côté, cependant , jamais aucun avion ne serait apparu sur cette terre s’il n’y avait pas eu le projet, c’est-à-dire l’hypothèse, laquelle n’existe qu’en l’homme et qu’en fonction de lui. Or, c’est précisément ce qui caractérise le travail de l’homme : une certaine existence idéale (un projet, une hypothèse, un théorème), c’est-à-dire en dernière instance un certain discours (logos) qui, par l’intermédiaire d’une série d’actions réelles, devient une existence réelle ou matérielle; c’est-à-dire une chose. Par conséquent, grâce au travail, le discours devient une partie du monde réel ainsi, le travail permet de « comparer » ce dernier non seulement à l’expérience subjective, mais à la réalité objective elle-même, ou en d’autres termes, d’établir sa verité (objective). pp 148 et 149.
Ce n’est pas un hasard, si après avoir résisté et avoir fini par tolérer la présence de notre livre, le directeur de l’université d’été Roubaud Qashie a interdit qu’il soit fait mention de son titre, l’atelier aura simplement la vague dénomination de Regards sur Chine. C’est parce que notre titre n’était pas de simples « regards », il renvoie à des actions réelles, celle de Français affirmant leur refus du mythe consensuel, un succedanné du péril jaune, le doute salubre sur ce que désormais TOUTE la presse, TOUTES LES UNIVERSITES et fêtes du partii, voire le congrès lui même présenter comme le socialisme dictatorial,. Cette chine qui non contente de nous prendre nos emplois soutiendrait Poutine qui nous menacerait. Les deux hypothèses meriterait d’être confrontées à la réalité, celle qui veut que ce soient nos capitalistes qui déplacent les emplois, comme c’est l’OTAN, l’UE qui arme un pays qui n’appartient pas à l’OTAN, ni à l’UE contre la Russie et ce depuis très longtemps avant toute intervention russe. A ce mythe, là notre livre substitue l’acte d’entendre ce que la Chine a à nous dire sur la longue marche vers le monde multipolaire dans lequel nous avons toute notre place. On ne peut pas à la fois croire dans le discours de Macron et envisager d’agir dans un monde en pleine réalisation.
Tout ne revient-il pas en fait à la manière dont nous analysons cette phrase de Macron «Cette paix ne peut être une capitulation, ce serait dramatique pour l’Ukraine et les Européens (…). Ce serait l’effondrement de l’ordre international construit depuis 70 ans» . Et comment se situe le directeur de l’Université d’été du PCF, le secteur international, l’humanité qui organise la censure de notre livre. Peut-être préfèrent-ils l’ordre international construit depuis 70 ans plutôt que le monde multipolaire, ce qui est leur droit mais pas celui d’empêcher que le parti révolutionnaire de maurice Thorez ait connaissance de cette alternative dans laquelle se reconnaissent tous les partis communistes.
Veuillez m’excuser ce ce long plaidoyer, j’imagine que peu nombreux sont ceux qui seront allés jusqu’au bout de cette lecture mais même s’ils ne sont qu’une dizaine, ils sauront peut-être trouver les mots pour atteindre ceux à qui ils sont en réalité destinés.
danielle Bleitrach
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