Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

BERTOLT BRECHT / Y A-T-IL UNE LUTTE DES CLASSES ?

Je dédie ce texte de Brecht à deux Tuis particulièrement “incorruptibles”. L’une a longtemps sévi sur les plateaux télés à partir d’un livre qui relevait de la pure diffamation “les réseaux de Poutine” et qui a d’ailleurs débouché sur un procès de ses victimes désignées comme des espions financés par Poutine sans le moindre commencement de preuve. Nous étions entre autres Marianne et moi dans la catégorie et nous avons témoigné à ce procès, je ne me souviens pas de son nom et impossible de le retrouver sur internet tant la baudruche est dégonflée… Il semble que ça ait calmé éditeur et responsables d’émissions. Mais voici que surgit dans le même genre Marie Holzman. La télévision chinoise en langue française a déclaré lundi 11 mai, qu’ils allaient lui intenter un procès en diffamation pour qu’elle apporte des preuves de ce qu’elle allègue. C’est parfois la seule méthode dans les cas extrêmes. Mais pour les autres comme le démontre Brecht ici, il est clair qu’ils sont “incorruptibles”, ni prestiges, vie confortable ne les pousseront à dire ce qui est exigé d’eux… Enfin c’est ce qu’ils se racontent pour se prendre pour de courageux dénonciateurs Meme ceux qui paraissent à la pointe de la dénonciation prennent souvent bien garde de ne pas aller au-delà de ce qui est acceptable en matière de “lutte des classes”, on dira que ce “système” est insupportable mais on n’ira pas jusqu’à revendiquer le socialisme, et réclamer une organisation politique communiste pour le mettre à bas, ceux-là qui l’oseront et revendiqueront l’héritage révolutionnaire seront hors “contrat”. Mais relisez le “talon de fer” de Jack London… Il dit un peu la même chose que Brecht sur ce qui est toléré et ce qui ne l’est pas.: de la diffamation au coeur en écharpe individuel et se revendiquant comme tel… l’ornement des salons et des plateaux de télévision. (note de Danielle Bleitrach).

Dispute des Tuis (les intellectuels, marchands de formule à la solde des puissants) au sujet de l’existence des classes sociales

L’empereur Tchen Chen voulait savoir s’il existait des classes dans son peuple. Il décida d’organiser un concours de Tuis sur cette question. Il tint conseil avec son ministre Fou : devait-il ou non récompenser la meilleure opinion?

Fou donna son avis.

De son discours, on devait conclure que ce serait une offense aux Tuis que de leur offrir de l’argent pour l’établissement de la vérité. L’empereur, de son côté, ne voulait s’épargner aucun sacrifice et souhaitait être servi le mieux possible. Il donna acte à Fou que jamais les Tuis ne se laisseraient acheter s’il s’agissait de la vérité. Mais c’est précisément cela, conclut-il avec perspicacité, prouvant par là qu’il avait lui-même reçu chez les Tuis une éducation de tout premier ordre, c’est précisément cela qui rendait possible la proposition d’un prix. S’il avait existé le moindre danger que l’un des Tuis se laissât influencer dans son verdict par l’argent, jamais on n’aurait eu le droit de proposer un prix pour une solution déterminée, mais, dans ces conditions, on en avait le droit.

Il ne restait plus que la question de savoir à quelle réponse on donnerait le prix. A celle qu’il existe des classes ou à celle qu’il n’en existe pas?

Cette décision avait très peu d’importance, il fallait tout de même la prendre. Après un peu d’examen pour et contre, au cours duquel on ne fit que souligner le peu d’importance de cette décision et on en vint presque à jouer aux devinettes, à la courte paille et à pile ou face, l’empereur décida surtout pour mettre un terme à l’entretien que le prix irait à la réponse suivant laquelle il n’y avait pas de classes.

Chez les Tuis, lorsque le concours impérial fut annoncé, il y eut une grande inquiétude; ON se demandait en général si les grands Tuis qui avaient été invités à s’inscrire pour la compétition, resteraient vraiment objectifs. C’est que chacun d’eux, pensait-on aurait la tentation de donner une réponse qui n’était pas payée en argent.

Mais, comme on va le voir, le concours fut l’un des plus grands triomphes qu’ait jamais fêtés l’incorruptibilité des Tuis.

Inachevé…

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