11 août 2025
Notre analyse porte sur des dynamiques, des temporalités avec ou sans profondeur historique. Dans le monde dominé par l’idéologie dominante capitaliste, et nous sommes plongés jusqu’au cou dans cette représentation du monde, celle selon Obama et Trump… qui ont ceci en commun qu’ils ne mesurent pas la nouvelle configuration, et se croient toujours en capacité d’en user avec la Chine comme avec l’URSS, pourtant les faits sont têtus, la dyamique est autre et ce qui aurait pu marcher dans la guerre froide se heurte à la multipolarité gérée habilement par une Chine qui joue et gagne sur la stabilité et le développement économique… On peut ajouter qu’avec une telle erreur d’estimation nul ne peut se réjouir pleinement d’une quelconque paix obtenue grâce à une négociation dont le gangster, le juge et le gendarme sont les Etats-Unis. La paix est conçue par Trump comme une avancée de la logique de la guerre froide. Trump arrive non comme un ami mais en ayant marqué des points, du moins le croît-il dans le cas du traité Azerbadjian-Arménie, chasse gardée de la diplomatie russe où il se croit désormais l’arbitre mais dont le véritable point faible est qu’il ne tient que comme une avancée de fait des « affaires » et des armées étasuniennes (1). La Chine, quant à elle est dans une dynamique qui poursuit dans la paix et le gagnant-gagnant. C’est ce que nous analysons dans notre livre et qui nous fait choisir l’adhésion aux BRICS. En fait, notre proposition est de marquer selon les traditions françaises les meilleures, de ne pas se laisser prendre dans la démarche fausse et dangereuse de notre suzerain et à ce titre il y a les BRICS, mais il peut y avoir bien des formes de coopération qui toutes marquent simplement le bon sens des Faits exposés ici. (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
(1) Là encore, le plus difficile est de comprendre le changement de « temps » dans une nouvelle dynamique. Si Trump semble avoir raflé à la Russie son rôle habituel de médiateur dans cette zone, on peut considérer qu’il y a là un piège tant l’affaire est bâclée, non seulement le refus de l’Iran rend « le couloir » fragile, mais la déclaration en vue d’un accord de paix, paraphée le 8 août par les dirigeants de l’Arménie et de l’Azerbaïdjan à Washington sous l’égide de Donald Trump, provoque certes le ravissement de la presse de Bakou, qui y voit un renforcement géopolitique majeur de l’Azerbaïdjan, mais pas des médias arméniens qui déplorent un “fiasco total”, estimant que leur pays a fait des concessions sans réelles contreparties. Ce qui n’est pas faux, et sert de leçon à tous ceux qui seraient tentés par un tel arbitrage. Citons encore une fois Primakov qui à la chute de l’URSS estimait que les USA allaient reprendre le Grand jeu mais que leur diplomatie était trop rustique pour être aussi dangereuse que celui de l’Angleterre jadis. Surtout face à une diplomatie russe avec en arrière fond la Chine… (note de Danielle Bleitrach)
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Dans la compétition de Trump avec la Chine, la Chine gagne
Donald Trump ne s’intéresse pas beaucoup aux chiffres et au monde réel, mais c’est là que le reste d’entre nous vivons, il vaut donc la peine de vérifier périodiquement. Trump et beaucoup d’autres – y compris de nombreux démocrates – sont impatients de voir les États-Unis engagés dans une compétition de type guerre froide avec la Chine.
J’ai soutenu que c’est une façon stupide de façonner la politique étrangère. La première guerre froide n’a pas été très amusante. Nous avons jeté beaucoup d’argent dans la construction des fortifications, des armes dont la plupart n’ont heureusement jamais été utilisées. Mais nous avons eu des guerres chaudes en Corée et au Vietnam, ainsi qu’un grand nombre d’interventions dans divers pays du monde. Et nous avons eu un certain nombre de points chauds, notamment la crise des missiles de Cuba, où un faux pas aurait pu anéantir le monde.
Quoi qu’il en soit, à mon avis, nous ne devrions pas considérer la guerre froide avec l’Union soviétique comme un modèle à imiter. Mais en dehors de mes opinions personnelles, il y a une différence fondamentale entre l’Union soviétique et la Chine. À son apogée, l’économie soviétique représentait environ la moitié de la taille de l’économie américaine. L’économie chinoise est déjà un tiers plus importante que celle des États-Unis et connaît une croissance beaucoup plus rapide. C’était vrai avant l’entrée en fonction de Donald Trump, mais l’écart de croissance s’est encore creusé au cours des six premiers mois de cette année.
L’économie chinoise a connu une croissance annuelle de plus de 5,0 %. Pendant ce temps, l’économie américaine n’a progressé qu’à un taux annuel de 1,2 %. En dollars, l’économie chinoise a progressé d’environ 1 000 milliards de dollars au cours des six derniers mois, tandis que l’économie américaine n’a progressé que de 180 milliards de dollars.
Cette comparaison ne signifie pas grand-chose pour aucun d’entre nous dans notre vie quotidienne. Les gens se soucient de savoir s’ils ont un emploi, des salaires en hausse et un niveau de vie. Les choses ne semblent pas bonnes non plus sur le front des salaires et du niveau de vie, mais je vais laisser cela pour l’instant.
Le fait est que si nous nous imaginons dans une compétition de guerre froide avec la Chine, nous perdons beaucoup. Je sais que les statistiques de croissance de la Chine doivent toujours être considérées avec scepticisme (ce sera peut-être aussi le cas ici), mais il ne fait aucun doute qu’elles sont à peu près correctes sur une longue période.
Au cours du dernier demi-siècle, la Chine est passée du niveau de vie de l’Afrique subsaharienne au niveau de vie des pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure. Cela signifie que même si la croissance de 5,0 % annoncée pour la première moitié de l’année n’est peut-être pas tout à fait correcte, elle est probablement dans la fourchette.
Donc, nous ne devrions pas être comme Donald Trump et dire que nous pouvons ignorer les chiffres. Nous sommes en retard sur la Chine et nous sommes encore plus à la traîne. Tels sont les faits que les nouveaux guerriers de la guerre froide doivent reconnaître.
Cet article a été publié pour la première fois sur le blog Beat the Press de Dean Baker.
Dean Baker est économiste principal au Center for Economic and Policy Research à Washington, DC.
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