Nous avons publié hier « l’adresse du PRCF aux militants communistes du PCF », dont nous notions qu’elle appuyait des évolutions jugées positives du PCF. Nous avons également publié un article de la Pravda sur le Népal et le Sri Lanka, qui abordait la complexité de la politique de la bourgeoisie et de l’impérialisme, qui tente toujours de diviser et d’affaiblir le mouvement révolutionnaire des peuples pour leur émancipation afin de maintenir sa domination. Xuan poursuit le débat, en le replaçant dans le cadre général, matérialiste et dialectique qui est le nôtre. les tâches sont nombreuses, le défi posé par la crise de l’impérialisme hégémonique est gigantesque et, comme le souligne Xuan, nous ne sommes pas si nombreux.
Soutenir le débat fraternel, laisser les insultes de côté et pratiquer le principe « unité-critique-unité« , c’est partir du désir d’unité pour parvenir à l’unité.
Il faut saluer l’appel du PRCF en direction du Parti Communiste Français.
Progressivement l’unité des communistes doit l’emporter sur la division. C’est un mouvement irréversible, qui est lié à l’unité du mouvement communiste international (notamment à l’unité des communistes russes et chinois) et à « l’alignement des planètes », l’essor du monde multipolaire et la fin de l’hégémonisme et de ses satellites. L’expérience commune devrait nous aider, autrement dit il faut être matérialiste et partir des faits. Et l’examen dialectique des contradictions mondiales et nationales devrait nous aider à définir la contradiction principale, à l’échelle du monde et à celle de notre pays, de façon à saisir ce qui naît et se développe et ce qui disparaît. En lisant cet appel, j’ai relevé cinq points qui pourraient faire l’objet de débats.
1 – Renouer avec l’unité des partis communistes, en particulier avec le Parti Communiste Chinois.
J’en profite pour saluer le livre de Bruno Guigue « Chine : l’Odyssée chinoise de Mao Zedong à Xi Jinping », paru peu de temps avant notre livre et qui contribue à la connaissance de la Chine Populaire et du socialisme chinois.
Les communistes chinois et la Chine Populaire édifient le socialisme et brisent la domination économique et technologique impérialiste. Ils luttent pour la paix et la stabilité économique dans le monde et s’opposent au bellicisme et au déséquilibre économique de l’hégémonisme US. Le PCC ne veut pas s’imposer comme un parti père dirigeant la révolution mondiale, mais veut s’appuyer sur l’histoire de la Chine et ses conditions nationales spécifiques pour un socialisme « à la chinoise », comme le PCF veut un socialisme « à la française ».
Tout ceci correspond pleinement aux objectifs des communistes français.
Au lieu de se laisser berner et endoctriner par la propagande bourgeoise et atlantiste, il est nécessaire de s’informer sur le socialisme à la chinoise pour balayer le bashing anti chinois et anti communiste qui tient le haut du pavé dans notre pays. Par exemple sur le prétendu « génocide » au Xinjiang, où le terrorisme a commis près de dix fois le massacre du Bataclan. http://fr.china-embassy.gov.cn/fra/zgyw/202105/t20210531_9007186.htm#:~:text=Certaines%20organisations%20terroristes%20ont%20ouvertement,plus%20de%201%20000%20civils.
Notons au passage que le RN, prétendument opposé à l’Empire, a largement souscrit à tous ces mensonges, et a soutenu toutes les campagnes de propagande des USA avec la plus grande violence.
L’expérience vécue montre que la division du mouvement communiste international a lourdement pesé sur les peuples du monde des décennies durant. L’article « Le cercle vicieux de l’opportunisme » illustre encore les méfaits de la division, de l’esprit de secte, ou a contrario de grand seigneur, et nous en souffrons aussi dans notre pays. https://histoireetsociete.com/2025/07/28/le-cercle-vicieux-de-lopportunisme-article-de-la-pravda-sur-le-sri-lanka-et-le-nepal/.
2 – Promouvoir une paix durable en Europe et sortir de l’OTAN.
Il est clair que le monde est divisé en deux et que la menace fondamentale pour la paix provient de la volonté des USA de conserver leur hégémonie et de rançonner y compris leurs propres alliés. Il faut ouvrir les yeux sur l’origine et les causes fondamentales de la guerre en Ukraine. Elles ne sont pas causées par un prétendu « impérialisme grand russe » mais d’abord par la multiplication des menaces existentielles de l’OTAN contre la Russie. L’alliance belliciste autour des intérêts hégémoniques des USA a créé au sein de l’Europe un avant-poste de l’OTAN en mettant au pouvoir un nid de frelons néo fasciste corrompu de la base au sommet, un pouvoir fantoche.
Un petit groupe d’influenceurs dans l’Humanité, parfaitement informé des turpitudes du duo Yermak – Zelensky et Cie et de leur dépendance totale des USA, a volontairement dissimulé le rôle majeur de l’OTAN dans ce conflit et mis en porte-à-faux l’orientation pacifiste du PCF. Le PRCF a raison de souligner le fossé qui sépare cette juste orientation pacifiste et le soutien encore présent aux pires bellicistes de notre pays, ou le soutien à une alliance militaire de va-t-en guerre, évidemment dépendante de l’OTAN, toujours hostile à la Russie, et débitrice du complexe militaro-industriel US. Ce sont précisément une telle menace et de telles alliances militaires agressives qui menacent une paix durable en Europe.
3 – Relever le drapeau du socialisme. Le PCF a relevé ce drapeau et les communistes ne cachent plus cet objectif comme une maladie honteuse, mais l’affichent comme l’avenir nécessaire de pays, un socialisme « à la française » dit à juste titre Fabien Roussel.
Le PRCF insiste sur la nécessité de soutenir les fondamentaux communistes : la dictature du prolétariat, le marxisme-léninisme, le centralisme démocratique, les références fondatrices au socialisme et à la classe ouvrière. La référence au socialisme et la reconstitution de cellules d’entreprises sont un grand pas dans ce sens.
Une France socialiste est le seul avenir possible pour notre pays, dont la situation se détériore de jour en jour, qui se trouve au troisième rang dans les déficits européens après la Grèce et l’Italie (voire au second selon certaines sources), et qui fonce dans le mur du militarisme et de l’appauvrissement du peuple. Cette situation est directement liée à l’abandon des investissements industriels, à la militarisation, à la poursuite de la guerre et au cas particulièrement rentier du capitalisme français. De sorte que son représentant Macron ne peut rien faire d’autre que pleurnicher face à une décision « brutale et infondée » des USA.
4 – Le socialisme n’est pas le communisme, c’est la dictature démocratique du prolétariat et il doit souvent se mettre en place dans un environnement hostile, et résoudre des contradictions avec les pays capitalistes. Le traité de paix de Brest-Litovsk, la reconnaissance de la Chine Populaire par la France et par les USA en sont des exemples. Une France socialiste bouleverserait également les relations économiques et politiques au sein de l’Europe, et n’aboutirait pas au protectionnisme commercial, mais proposerait des rapports équilibrés dans les deux sens aux autres pays européens, grands et petits. Elle mettrait fin à la domination – quasiment un colonialisme interne – de quelques pays dont la France sur les autres. Elle serait indubitablement la « rupture claire, cohérente et révolutionnaire » souhaitée par le PRCF, a contrario du « frexit progressiste » dont la nature de classe n’est nullement déterminée non plus que ses conséquences dans les rapports sociaux de production de notre pays.
Georges Gastaud ne nous contredirait pas sur la cause dialectique des transformations dans les rapports sociaux de production d’un pays, qui sont fondamentalement ses contradictions de classes internes et non les conditions extérieures.
Des décennies durant la FNSEA a entrainé la masse des agriculteurs et des éleveurs à Bruxelles en désignant les technocrates européens comme la cause de tous leurs maux. En septembre 2009 ce « syndicat » des cumulards s’opposait à la « guerre du lait », la grève des producteurs européens. L’oppression et la misère des paysans sont dues fondamentalement à l’industrie agroalimentaire et à la grande distribution de notre pays et non aux réglementations européennes, qui ne font qu’entériner le lobbying de ces monopoles. De même la contradiction fondamentale dans notre pays oppose l’immense majorité, le peuple, aux plus grands monopoles, et seul le socialisme peut la résoudre.
5 – La direction du parti communiste est une nécessité dans la conduite de la révolution et du socialisme. Là encore l’expérience du mouvement communiste international l’a démontré, notamment dans les révolutions russe et chinoise, et dans la poursuite de la voie socialiste. C’est le fruit de notre étude sur la trahison de Gorbatchev, l’abandon des quatre principes en URSS et leur maintien en Chine Populaire : la voie du socialisme, la dictature du prolétariat, le marxisme-léninisme et la direction du parti communiste.
Le PRCF a entièrement raison de critiquer l’alliance – mais il faudrait dire la sujétion – du PCF avec la social-démocratie. Elle n’est pas seulement un fer de lance de la politique d’agression de notre pays, elle est aussi farouchement opposée au socialisme, quel que soit son camouflage « anti capitaliste » ou « contre la finance ». Et cela vaut aussi pour le fumiste qui prétend « renverser la table » mais qui n’a jamais dissimulé sa haine du socialisme. Cela ne signifie pas qu’il ne faut jamais s’allier avec qui que ce soit, mais qu’il ne faut pas laisser aux ennemis du socialisme les clefs d’une révolution qu’ils veulent faire capoter.
Nous sommes dans la zone des tempêtes, les résurgences du fascisme entravées par leur propre chauvinisme et liées à l’hégémonisme US n’ont pas d’avenir, mais elles sont une solution temporaire pour le capital. Poursuivons les débats pour parvenir à l’unité des communistes. Il nous faut un parti communiste des temps d’orage.
Xuan
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pam
excellent, unité critique unité.. ce texte est un cas d’école !
j’ajouterai un point réagissant à la formule » ne sauraient être un feu de paille ou une énième illusion pour les travailleurs exaspérés. « … On ne peut qu’être d’accord, l’évolution de la direction du PCF sur les questions internationales cette dernière année ne doit pas être un feu de paille, et pour cela, il ne faut pas laisser la bataille se dérouler « en haut », entre dirigeants, car on sait bien qu’il y a des dirigeants du PCF qui restent sur les positions du parti « muté ». Mais comme pour le meeting du 8 Avril pour la paix à Vénissieux, quand on remplit des salles avec Fabien Roussel, et que les militants font grandir la bataille pour la paix et contre l’impérialisme, y compris d’ailleurs avec quelques militants du PRCF, on fait grandir le feu populaire, pour qu’il ne soit pas qu’un feu de paille… mais annonce les mobilisations de masse.
admin5319
c’est parfait mais en attendnt vous laissez les mains libres à Roubaud Qashie et à Vincent Boulet, à tous ceux de son espèce, la fédération de l’herault lavera les gamelles et fera la tambouille pendant que ce sont eux qui iimposent le programme, n’nnocentpas le débat sur la Chine… à l’Université d’été…
ne vous faites pas d’illusion ils préparent le congrès et ils ne le font pas à Marseille pour rien…
oui j’enrage que tous ceux qui sont partis aient laissé à cette bande de petits bourgeois médiocres, censeurs parce qu’on tolère leur censure, la maison… et si j’avais un conseil à leur donner ce serait de s’inscrire en masse, de faire une campagne d’adhésion et de reprendre la PCF à ces gens là… Le débat d »mocratique, le défi démocratique ce serait de mettre à leur place qui n’est pas de diriger ces gens qui sont les porte parole de l’impéralisme. Oui c’était bien Venissieux mais vous ne suivez rien, des coups d’épée dans l’eau …
danielle
Frédéric Normand
Le prolétariat ne peut pas exercer directement le pouvoir, quelle que soit la nature de celui-ci, dictatoriale ou démocratique. De là deux possibilités :
– soit le prolétariat, lui seul, élit ses représentants, membres de divers partis politiques et le pouvoir revient au parti majoritaire. Il exerce alors une dictature au nom du prolétariat, qui l’a élu.
– soit on établit, par des raisons idéologiques, qu’un parti, un seul, est par définition le parti du prolétariat et qu’à ce titre il est habilité à exercer une dictature pour le bien du prolétariat, en son nom.
Le suffrage, même limité à une seule classe sociale, s’accorde mal avec la dictature. De plus rien ne garantit que le parti majoritaire au sein de la classe des prolétaires-électeurs ait pour ligne d’établir à terme la société communiste. Exit donc la première possibilité. Reste alors la seconde : le parti ayant cette ligne prend le pouvoir par la force, l’exerce seul, et, ne faisant face à aucune entrave, construit le socialisme. Là tout s’accorde, la logique de la dictature est respectée. Un inconvénient survient toutefois lorsque plusieurs partis revendiquent cette ligne : lequel est le bon ? Le comble du malheur est atteint lorsqu’il ne s’en trouve aucun pour défendre cette façon de prendre le pouvoir et de l’exercer.
Franck Marsal
Il ne faut pas aborder la question du pouvoir de manière abstraite mais de manière dialectique et pratique. Lenine donne une définition très concrète et précise de la dictature, il dit que c’est un pouvoir qui n’est limité par aucune loi.
De nombreuses expériences historiques, tant des révolutions bourgeoises comme des révolutions socialistes montrent que lorsque la révolution abolit la loi existante surgit nécessairement une période de dictature, durant laquelle de nouvelles loi vont pouvoir être structurées. Lorsqu’il s’agit d’une révolution sociale, où l’ensemble des rapports sociaux doivent être modifiés, cette période est d’autant plus longue, car il faut que les nouveaux rapports soient établis avant de pouvoir être stabilisés et entérinés par une nouvelle structure sociale, politique et de nouvelles lois.
Le prolétariat, comme toute classe mais encore plus que les autres, parce qu’il est la classe dominée, la classe nombreuse, a besoin de s’organiser pour agir, mais la manière dont il s’organise est radicalement différente de la manière de s’organiser de la bourgeoisie. La bourgeoisie s’organise par le sommet et en cachant le pouvoir réel derrière des fictions politiques puisqu’elle est une classe dont le pouvoir réel, celui de l’argent est centralisé par l’accumulation du capital, s’exerce en petits comités, dans des transactions cachées (dont la réalité sociale doit échapper officiellement au politique) alors que la façade du pouvoir doit être démocratique et publique.
Il s’en suit une organisation politique où le sommet doit subordonner la base, cela est matérialisé en France par deux organisations particulières : le président de la république, dans un rôle ambigu avec le parlement et les préfets, qui subordonnent les institutions locales au pouvoir exécutif central. Je viens de lire quelques pages lumineuses où Duclos analyse la structure constitutionnelle de la France et les rapports président / parlement, en les faisant remonter non pas à la 5ème république , mais à Napoléon 3, au 2 décembre et à Mac Mahon. Duclos est visionnaire de notre macronisme actuel …
Dans le système bourgeois, de plus, le collectif est nié. L’individu doit se présenter seul pour voter, dans le bien nommé « isoloir » et il n’existe aucun cadre dans lequel le peuple peut débattre, donc prendre conscience de sa réalité collective et délibérer dans la même dynamique collective. Le peuple doit déléguer son pouvoir à des individus que la plupart du temps il ne connaît pas, avec lesquels il ne fait pas société, avec lesquels il ne travaillent pas (c’est récisément ce qui change lorsqu’un puissant parti communiste permet d’avoir des députés ouvriers, choisis et en lien avec les collectifs de travail.
Les expériences socialistes sont très riches dans le fonctionnement d’autres règles démocratiques, mais l’influence de l’idéologie dominante bourgeoisie et le complexe de supériorité occidental nous rend très difficile leur appréciation et leur compréhension. L’idéologie dominante va même jusqu’à nous faire penser qu’il est normal que le peuple soit mécontent de ses gouvernements et les change régulièrement et que, si le peuple se satisfait du pouvoir exercer en son nom, c’est louche et c’est le signe d’une « dictature ». Renversement habituel de la vérité. ..