Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Pendant que les Français parlent d’autre chose, ne voient rien, l’UE cède au diktat des USA

Nous n’allons pas jusqu’à dire que l’affaire autour de la disposition Duplomb, la pétition qui rassemble un nombre non atteint jusqu’ici de citoyens est un leurre qui arrange bien le pouvoir, Macron et les siens, qui exaspèrent cet abcès de fixation pour mieux capituler devant les exigences de Trump et les politiques de surarmement, mais ça y ressemble beaucoup. Tout y est : la facilité de la démarche, signer une ènieme pétition, sans avoir à s’organiser, à travailler les esprits sur un changement de pouvoir réellement. Miracle, l’union de la carpe et du lapin autour d’une question qui emporte l’adhésion de tous. Il ne maquait plus que l’inénarrable Patrick Le Hyaric qui s’y connait en consensus foireux pour voir là l’événement le plus considérable qui se puisse envisager. Pendant ce temps, bien sûr, on ne parle pas de ce qui fâche.

Il y a aussi les luttes de factions au sommet, celle entre Retailleau et Macron… d’issue point… mais ça c’est au niveau que l’on pense être celui du peuple français…

L’incapacité à approfondir, à écouter, le désenchantement contre lequel nous avaient mis en garde Walter Benjamin avait encore évolué avec le « numérique », non pas dans le sens de l’interdit mais de celui d’un bavardage généralisé. En lien avec le néolibéralisme s’établit un régime d’information qui n’emploie pas la répression, mais la séduction. Il prend une forme smart. Il n’opère pas par commandement ou interdiction. Il ne nous impose pas le silence. Cette domination smart nous invite au contraire en permanence à communiquer nos opinions, nos besoins, nos préférences, à raconter notre vie, à poster, à télécharger et à liker. Ici la liberté n’est pas réprimée, mais totalement exploitée. Et elle unit l’étroitesse du champ de vision de ceux qui ne sont plus que consommateurs avec la répression de ceux qui sont « producteurs », dans les pays en développement, dans les usines comme dans les champs partout.

Donc tandis que la France entière parlait de tout sauf de ce que tramait la commission européenne et Macron et Merz… ceux-ci à l’exemple du Japon capitulaient en rase campagne tout en se demandant comment présenter cela comme un triomphe… Sur quoi aller négocier avec la Chine ? mais qui s’intéresse à de telles babioles ? Oui le peuple français n’a absolument pas envie d’aller se battre contre les Russes et a des doutes sur l’intérêt de la chose, mais les « élites » médiatico-politiques » en proie au crétinisme électoraliste et à leur amour pour la grande démocratie US trouvent toujours quoi inventer… avec le relais d’internet et des réseaux sociaux… l’incapacité à lire, à penser, à voir ailleurs que dans la familiarité …

On peut même en arriver désormais à des records dans la démagogie avec la désignation du « mouvement de Ruffin » celui des Français qui puent sous les bras, une certaine vision des « producteurs » qui est difficilement conciliable avec la conception thorezienne du prolétaire faisant alliance avec l’avant-garde de la culture, il est vrai que celle-ci donne dans le conformisme du design… et des idées toutes faites, des indignations en conformité et du complotisme contre la science, le renoncement à la réflexion collective sur ce qui peut alléger la peine des êtres humains..

A ce titre, on peut utiliser les nouveaux moyens de communication, les pétitions sur internet mais en étant conscient que cette « communication » ne saurait se substituer à celles qui plus que jamais conditionnent l’intervention populaire, formation, conscientisation, exercice démocratique réel … Écoute de l’autre, action ensemble à différents niveaux de rapports de force… en partant encore et toujours du « travail »…

Nous avons hier à propos du Japon annoncé les faits suivants repris ci-dessous, les réactions sur Facebook disent les limites de ce qu’on peut attendre de « l’information » celle dans lequel un clou chasse l’autre. Il est clair que sur Facebook, personne n’avait lu l’article publié. On ne dépasse pas trois lignes et comme il est question de l’extrême droite, on échange sur ce qu’on croit savoir. Les  » lecteurs » (sic) se sont mis à radoter sur leur propre « repoussoir » anti-immigré, le rassemblement national en notant justement qu’il y avait très peu d’immigrés au Japon. Ils n’ont même pas daigné reprendre un autre aspect de l’article qui était le déficit démographique et le fait que le patronat avait besoin d’immigrés. Bref, ils ont commenté l’analyse que nous avions tentée ici sur le Japon, claire, argumentée et, sans l’avoir lue, et en reconnaissant simplement ce qu’ils croyaient savoir et leur condamnation franco-française habituelle, incapable de lire et de ce fait de sortir d’un champ de préoccupation de plus en plus étroit. Sans même mesurer ce que l’étroitesse de ce champ apportait à l’extrême-droite et aux forces conservatrices.

Mais là où la réduction du champ intellectuel et géopolitique devient dramatique c’est le peu d’intérêt qu’ils ont manifesté pour ce qui se prépare comme signature d’accord avec Trump de la part de l’Europe, en quoi la signature du Japon était de mauvaise augure. Il devient de plus en plus évident que mes concitoyens français sont incapables de sortir de leur nombril et de leurs empoignades internes. Certes l’autorisation de pesticides dans l’agriculture française mérite notre attention mais ce qui se passe au niveau de la signature par la commission européenne d’une capitulation totale aux effets dramatiques méritait peut-être que l’on s’intéresse à la question.

Enfin, il y a une autre annonce, qui pourrait aussi attirer l’attention, celle du chancelier allemand qui déclare se passer « vu l’urgence » de la menace russe de tout appel d’offre pour développer la nouvelle Wehrmacht. Ce surarmement que les forces conservatrices appellent de leurs vœux au point d’avoir rompu gaiement avec des années d’équilibre budgétaire … qui ne voit pas la logique de ce chancelier Mertz ? Il a déclaré au Bundestag que les méthodes diplomatiques pour mettre fin à la guerre en Ukraine étaient épuisées. Il vient d’arriver et tout ce qu’il a fait, comme Macron, Starmer et tous les autres n’a été que de tenter d’attirer les États-Unis dans la guerre contre la Russie avec laquelle il n’a jamais tenté de négocier. Comme Macron, il a fourni des armes et râlé sur la fourniture de « Taurus » à Zelensky ! Il choisissait des cibles de camionnage sur le territoire russe tout en discutant de la façon de mettre fin à la guerre. Donc il devient lui-même un participant à la guerre. C’est-à-dire, la déclaration de Mertz de Macron sur l’épuisement des méthodes diplomatiques – les efforts qu’il n’a même pas faits, dit une chose : ils étaient d’abord intéressés à la poursuite du conflit et dans la même logique, ils estiment avoir fait l’impossible en matière de droits de douane.

La logique est simple !

Le tout sur la bacchanale boursière qui ne craint même plus le krach tant est salué l’art et la manière de nous plumer pendant que nous parlons d’autre chose…

Ursula von der Leyen et Donald Trump

Ursula von der Leyen et Donald Trump© JOHN THYS, NICHOLAS KAMM

Je reprends les paragraphes écrits hier dans l’article sur le Japon et le rôle d’éclaireur et de repoussoir de l’extrême-droite dans la démission des forces conservatrices devant les exigences des USA :

Face à la menace de surtaxes généralisées de 25% au 1er août le tissu économique nippon, très dépendant des exportations est très menacé. Le Japon, bien qu’allié-clé des Etats-Unis, vient d’opérer une totale reddition mêmes droits de douane de base de 10% que la plupart des nations, ainsi qu’à des surtaxes de 25% sur les voitures et de 50% sur l’acier et l’aluminium. Cet accord avec Tokyo va entraîner la création de « centaines de milliers d’emplois », a ajouté M. Trump, mentionnant des investissements japonais à hauteur de « 550 milliards de dollars » sur le sol américain, sans détail si ce n’est que « 90% des bénéfices seraient perçus par les Etats-Unis ». Même s’il faut pondérer l’enthousiasme des annonces de Trump (même quand celles-ci ne sont pas signées comme dans le cas de l’Indonésie), il est clair que l’acte d’Ishiba a été de s’incliner quitte à annoncer son retrait du gouvernement devant l’ingouvernabilité, surtout après une telle signature. Il y a des conséquences pour l’Europe. Le 22 et 23 juillet, avant la rencontre avec la Chine, la présidente Ursula von der Leyen et le président du Conseil européen António Costa se rendent au Japon pour le 30e sommet UE-Japon, rejoints par la haute représentante/vice-présidente Kaja Kallas. Avec le Premier ministre japonais Shigeru Ishiba, ils réaffirmeront sans doute la force et l’importance stratégique des relations entre l’UE et le Japon, dans un monde où les relations commerciales évoluent rapidement et où la volatilité s’accroît, mais que peut-on espérer d’une telle rencontre avec ce que l’on sait de l’accord signé par le Japonais ? Sinon qu’il ne va pas faciliter la négociation des Européens avec les États-Unis et que la Chine le sait.

En fait, il y a dans l’empire américain à ce stade, au moins quelque chose qui fait effectivement penser à l’empire romain. Au fait que les Romains qui n’étaient pas esclaves s’estimaient une Res publica et méprisaient la monarchie comme d’ailleurs la « tyrannie ». Au fur et à mesure des conquête, ils installaient des êtres méprisables, le plus souvent haïs par leurs sujets et qui ne régnaient que parce qu’ils achetaient le soutien de Rome. Ce soutien développait autour du potentat un ramassis de courtisans et l’ensemble ne cessait de s’étriper, en luttes de factions, en sollicitant du suzerain le paiement de leur dette et leur faveur. De temps en temps, l’Amérique se souvient d’avoir la première refusé la monarchie et élu un président. Bien que fortement hiérarchisée, racialisée, leur société s’accorde une exceptionnalité « démocratique, celle par rapport à l’Europe hérissée de « monarchies » , divisée, autant que le Japon tribal, féodal et les autres fiefs. Le conservatisme est celui de cette caricature démocratique qui doit rechercher les faveurs du suzerain…

Au niveau des médias qui sont acquis à ce conservatisme se parant de la « démocratie », le discours en proie à « un conflit à la Faust » entre sa vassalisation et ses intérêts réels, se réfugie dans « une objectivité » qui entretient la confusion et la rupture de l’opinion avec les partis traditionnels. Il n’y a pas de lutte idéologique en face si ce n’est la revendication à la paix mais qui est désormais confrontée à l’ascension d’un chauvinisme qui nourrit le militarisme en le présentant comme une garantie d’indépendance très anticommuniste.

L’insistance du discours « antifasciste », libéral, anti-autoritaire table sur le fait qu’il faudrait défendre « la démocratie » face à la Chine communiste et au retour du Japon et d’autres pays asiatiques vers le fascisme. Il faudrait se résigner, l’Asie dans le fond n’existe que dans la soumission aux Etats-Unis, rien ne serait pire que la rupture avec le monde démocratique symbolisé par les USA et l’Europe, la pacification de l’Asie dépend de la présence des Etats-Unis.

Comme la défense supposée de la démocratie européenne et de son corrompu et erratique Zelensky dépend toujours des USA ou son successeur parce que la manifestation des « bobos » contre la « corruption » et l’absence de démocratie dit que Zelensky a fait son temps…

La capitulation de l’UE devant Trump

Les Européens n’en voulaient pas mais ils auraient fini par céder par crainte d’un taux plus élevé. Selon le Financial Times, l’UE et les États-Unis seraient sur le point de conclure un accord commercial qui imposerait des droits de douane de 15% sur les produits européens. Une information que Reuters semble s’être fait confirmer auprès de deux sources diplomatiques européennes.

Il s’agirait d’un accord similaire à celui annoncé par le président américain la nuit dernière avec le Japon. D’ailleurs dans la foulée, Donald Trump avait affirmé que « l’Europe arrivait demain, et le lendemain, nous en avons d’autres qui arrivent. »

C’est donc une mauvaise nouvelle pour les Européens mais Bruxelles aurait fini par accepter ces taxes dites réciproques pour éviter la menace du président américain de les porter à 30% à partir du 1er août, ont déclaré au Financial Times trois personnes au courant de la situation.

Les deux parties renonceraient aux droits de douane sur certains produits, notamment les avions, les spiritueux et les dispositifs médicaux, ont indiqué les sources. Les droits de douane sur les voitures baisseraient eux à 15% contre 27,5% actuellement.

L’UE n’écarte pas les rétorsions

Pour rappel, depuis le mois avril, les exportateurs européens paient un droit de douane supplémentaire de 10% sur les marchandises envoyées aux États-Unis. Une taxe qui s’ajoute aux droits préexistants, qui s’élevaient en moyenne à 4,8 %.

Bruxelles maintiendrait toutefois sa volonté d’avoir recours à des mesures de rétorsion sur quelque 93 milliards d’euros de produits importés des Etats-Unis qui seraient frappés d’un droit d’entrée de 30%.

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