Voilà une analyse sur ces jours de la mi-juillet, pour nous aider à comprendre le rôle de ce monde multipolaire et celui des USA, celui de Macron : un alignement sur l’atlantisme, qui « volonté de puissance » accélère le déclin français. La fuite en avant dans une logique de puissance néocoloniale est d’autant plus grotesque que l’empire colonial s’est effondré. En fait, il faut faire payer aux Français, à la classe ouvrière, à la jeunesse mais aussi à tous ceux qui ont une épargne la catastrophe et le gouffre d’une telle orientation, son aspect « irrationnel », inhumain. Cet article dit aussi ce qui unit les quatre auteurs d’Histoireetsociete et de notre livre (Quand la France s’éveillera à la Chine, la longue Marche vers un monde multipolaire. Delga avril 2025). Les quatre auteurs, Danielle Bleitrach, Marianne Dunlop, Jean Jullien et Franck Marsal, ont décidé de tenter une gestion collective de ce blog avec une direction des publications assumée à tour de rôle. Cette semaine c’est Marianne Dunlop qui gère et fait les choix rédactionnels. Nous allons profiter de l’été pour roder ce système collectif, voire l’élargir, c’est notre manière à nous de tenter, si faire se peut, d’entrer dans une autre logique que celle de l’anomie, l’impossibilité du collectif qui est la logique de la classe dominante impérialiste qui génère l’idéologie française et a réduit a quia toute opposition, malgré la colère du peuple français qu’alors on pousse vers le fascisme. Nul doute que le discours de Macron, le défilé, le budget, tout cela ne peut que faire monter l’extrême droite, d’où l’importance que nous accordons à ce qui nait chez les communistes.
Macron a comme invité d’honneur le président de l’Indonésie…
Macron sait-il lui-même où il va ? Sur le fond il n’est rien d’autre que le vassal empressé des USA, en train d’inventer en contradiction totale avec les FAITS une autonomie européenne de l’OTAN contre la Russie. Son discours du 13 juillet aux armées est un chef d’œuvre dans le genre comme d’ailleurs le choix de son invité d’honneur le président indonésien Prabowo Subianto. Il a été dit, en particulier dans des articles de l’Humanité, signés par Alex Nodinot des choses essentielles à la fois sur le personnage, ‘l’invité d’horreur » le président de l’Indonésie, un oligarque qui s’est illustré dans la répression anticommuniste. Mais l’article ne montrait pas l’autre face du personnage, membre des BRICS +, un des invités du sommet de Rio et dont nous analysons également les relations cordiales avec la Chine dans la transformation de la zone Pacifique.
Que nous dit ce double visage? Pour être libre, il faut être craint et pour être craint il faut être puissant. La logique de Macron et de l’occident hégémonique n’est pas celle des BRICS et de la Chine…
Dans un autre article, le même Alex Nodinot dénonçait justement le fait que le 12 juillet Macron se refendait d’un hommage à Jaurès et le 13, il votait des crédits de guerre dont effectivement on saura le 15 « qui va payer » ces nouvelles dépenses puisque c’est sur fond de budget de restriction des dépenses de survie pour le peuple français. Mais pour revenir à l’invité « d’horreur », tout n’est-il pas dit dans la phrase de Macron : Pour être libre, il faut être craint et pour être craint il faut être puissant. Cette phrase classe d’emblée le monde en deux catégories : ceux qui sont puissants, craints et donc libres, ceux qui ne sont ni puissants, ni craints et qui donc ne sont pas libres et donc sont dominés… par les premiers. C’est une vision impérialiste. Si l’on veut augmenter les budgets militaires, ce n’est pas dans une logique défensive, mais dans une logique impérialiste de domination et de liquidation de ceux qui résistent à la domination.
Cette idéologie impérialiste explique que l’on veuille dans la logique de vassalisation de l’UE avec l’enthousiasme des valets par rapport au maître et à ses exigences augmenter des budgets qui sont déjà les plus élevés de la région, les budgets militaires des pays européens de l’OTAN sont plus du triple de celui de la Russie. Elle nous permet de comprendre comment Macron prétend agir y compris par rapport aux BRICS et l’attitude différente de la Chine dans et hors BRICS.
Il n’est pas seul et on peut considérer que la logique européenne est encore mieux définie par le chancelier allemand. Le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a d’ailleurs vivement critiqué le chancelier allemand Friedrich Merz lors d’une conférence de presse en marge de la réunion des ministres des affaires étrangères de la communauté des États de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) (1). M. Lavrov a accusé M. Merz d’utiliser une rhétorique anti-russe de type national-socialiste pour promouvoir la poursuite de la militarisation de l’Allemagne. A Kuala Lumpur, M. Lavrov a déclaré qu’il était « totalement absurde » de présenter la Russie comme une menace. Il espère que « tout homme politique doté de bon sens » s’en rendra compte. Selon M. Lavrov, M. Merz a délibérément opté pour une politique fondée sur la force militaire plutôt que sur des moyens diplomatiques pour traiter avec Moscou. « Si M. Merz pense que les options pacifiques ont été épuisées, il aura décidé de se consacrer entièrement à la militarisation de l’Allemagne aux dépens de son peuple, puis de revenir à l’utilisation de slogans nazis pour se défendre contre les menaces de la Russie », a déclaré M. Lavrov. Par cette critique, M. Lavrov souligne les divergences politiques actuelles entre la Russie et l’Allemagne, qui se sont intensifiées depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine et pose une fois de plus la signification réelle de ce que représente le régime ukrainien.
Il y a bien d’autres institutions qui sont l’occasion d’autres partenariats, la BRI ou route de la soie mais aussi l’OCS. Ainsi Le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a participé ce mardi 15 juillet à une rencontre bilatérale à Pékin avec le président Xi Jinping, a rapporté le ministère russe des Affaires étrangères. Cet entretien s’est déroulé dans le cadre de la participation de Sergueï Lavrov à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) (2), indique la même source. Parmi les sujets abordés par les deux responsables figurait la préparation d’une visite du président russe Vladimir Poutine en Chine à l’occasion d’un sommet de l’OCS, rapporte Moscou.
Macron ou l’hypothétique troisième voie européenne…
Le fait que ce soit un client de l’industrie militaire française n’explique pas tout mais est important, c’est la part « rationnelle » de la manière dont Macron, comme les Britanniques rejouent à travers les vestiges coloniaux, une industrie de guerre et la force nucléaire, le tout à contresens pour être les messagers des USA, comme en Afrique, dans le Pacifique, de tenter de diviser les BRICS ? C’est probable, mais le fait est que dans sa débâcle Macron peut se retrouver totalement en porte-à-faux dans la non existence de cette troisième force au service de l’empire US, et jouer une sorte de double jeu en faveur des « démocrates » opposés à Trump. La vanité de cette agitation qui retombe toujours du côté des Etats-Unis coïncide parfaitement avec la « ligne » imbécile de la gauche française sans parler de celle de Vadim Kamenka et Boulet. A savoir suivre l’OTAN en tapant sur Trump, attendre le retour de Biden. En ce moment un sursaut du PCF et quelques articles de l’Humanité nous laissent espérer un début d’évolution, la crainte porte sur la force de ce sursaut.
L’idée d’une troisième voie européenne au moment même où l’on offre aux USA l’influence supposée des restes de l’empire colonial ne mène pas très loin ni les pays concernés, ni la France. Nous rassemblons par ailleurs en quelques articles le contexte du « destin pacifique » à tous les sens du terme du sieur Macron :
Face à ce vers quoi veut nous conduire Macron, la position politique la plus offensive est celle du PCF telle que nous la rapportons. Oui, ce que ne dit pas cette position dans son avancée de classe et de défense de la souveraineté française, ce sont les causes du conflit et la définition de l’agresseur. De sorte que le pacifisme est bancal : cela peut aller jusqu’à la Russie est l’agresseur mais nous ne voulons pas faire la guerre. Mais d’un autre côté on dénonce le bellicisme de l’OTAN, ce qui est conforme aux choix de congrès et rompt avec la vision de propagande y compris du sieur Kamenka et d’autres de « la commission internationale ». On reste suspendu entre les deux positions, c’est la position de Fabien Roussel, mais même si elle s’appuie sur le fondamental, les besoins des Français et de la nation, elle n’est pas solide du moins pas assez pour affronter la fascisation qui est le corolaire de l’appui à l’OTAN et de l’atlantisme dans le cadre de l’UE.
Jamais la menace de l’OTAN n’est rappelée, ni l’objectif de la Russie d’une sécurité régionale. Jamais n’est dénoncé le soutien quasi officiel à la vingtaine de bataillons néo nazis, colonne vertébrale de l’armée ukrainienne. On ne peut pas en rester là… parce que voilà les faits.
Trump pose à ses alliés européens et asiatiques, comme aux nations qu’il considère comme soumises, la question de savoir s’ils vont réellement s’engager financièrement et en « hommes » dans sa croisade pour l’America first et la suprématie de l’occident au lieu de laisser les USA faire le « job » ? Il leur impose à tous son idéal de force comme unique « liberté » en leur laissant la possibilité de contraindre plus faible que soi, ce qui a toujours été la ligne de coalition de l’impérialisme occidental, et Macron s’empare de la posture.
Donald Trump ce 14 juillet a donné le ton, depuis la base aérienne de Joint Base Andrews, il annonce une livraison massive de Patriot missiles à l’Ukraine, mais à une condition : l’Union européenne doit régler la note, sans négociation, sans détour. « Nous faisons du business, ils paient, nous livrons », martèle Trump sans appel. Il s’en prend à Vladimir Poutine, l’accusant de duplicité et de cynisme : « Il parle bien, puis il bombarde tout le monde la nuit. » Trump hausse le ton, menace de sanctions, critique ouvertement la Russie, le fait réel c’est que la guerre s’enlise et les Etats-Unis une fois de plus ne maitrisent plus leur guerre par procuration, vont-ils comme d’habitude la transformer en « terrorisme » ? que les Européens paieront rubis sur l’ongle et qui se retournera contre eux. Qui peut dire ce que veulent les Ukrainiens, de qui parle-t-on ? Des Ukrainiens, des Français et mêmes des citoyens US ou d’une poignée qui va vers la guerre pour nourrir un système aux abois c’est là tout le problème. En votant des dépenses supplémentaires alors que leur budget de « défense » est déjà supérieur à celui de la Russie et qu’économiquement la politique des sanctions c’est le « perdant-perdant ».
Les Patriot missiles partiront pour Kiev, mais l’Europe, la petite Europe de l’UE paiera chaque centime. Pas d’aide gratuite, pas de solidarité automatique : « 350 milliards pour l’Amérique, 100 milliards pour l’Europe », lance Trump qui fait les comptes mais ce faisant il montre que cette guerre a toujours été celle des USA, de l’OTAN. Comme celles qui sont provoquées contre l’ennemi russe dans les pays Baltes par les descendants des anciens collabos du nazisme. Cette guerre n’aurait pu avoir lieu sans ce cocktail entretenu en Europe de l’ouest par la CIA. Comment cette opération a-t-elle reçu le renfort de la gauche y compris de juifs trahissant leurs origines en rejoignant Bandera et les autres, les BHL, les Glucksmann et même à l’Humanité les Vadim Kamenka… cela n’aurait pas pu avoir lieu s’ils n’avaient pas été recrutés par les « démocrates », la « gauche » y compris parisienne. Trump accuse ses alliés de profiter de la générosité américaine.
L’Otan se révèle pour ce qu’elle est, les intérêts qu’elle sert… la logique marchande recouvre la logique militaire, l’enveloppe de ses transactions : l’UE doit passer à la caisse, le gangster qui la protège de lui-même fait monter les tarifs… Payer jusqu’où, poursuivre le service ou tenter un autre atterrissage en trouvant à la fois des clients et des compères pour ce double jeu : diviser les BRICS, feindre l’unité et dans le même temps en ordre dispersé se chercher des clients déjà placés dans l’autre système. La seule certitude c’est que l’on va faire payer les peuples pour ce cadeau perpétuel aux marchés financiers et aux marchands d’armes, auxquels on tente d’ajouter l’IA et les nouvelles technologies, leur militarisation pendant que l’on coule l’école, la recherche, etc..
Berlin, enfin le chancelier un peu seul, propose d’acheter deux batteries de Patriot pour Kiev, Oslo une, Paris hésite, jamais un président américain n’avait ainsi transformé la sécurité du continent en marché, l’OTAN en supermarché de l’armement en jouant sur les divisions internes de ces pays en exaspérant un suprématisme blanc, un ennemi intérieur qui comme aux Etats-Unis serait aussi celui qui rouge, jaune ou basané serait également l’ennemi extérieur, celui dont la menace exige toujours plus d’armes, de feux allumés aux quatre coins de la planète.
Le destin de Macron dans le Pacifique… et le discours martial du 14 juillet avec défilé de l’Indonésie, sur fond de pacification temporaire de la Nouvelle Calédonie…
Comment vont-ils faire partager aux pays du Sud qui ont été depuis quelques siècles les victimes de cet impérialisme et qui tentent de créer des rapports sud-sud a contrario de cet ordre inégalitaire, et qui les pille ? Cet ordre dit des BRICS mais dont les BRICS ne sont qu’un dispositif, une alternative de développement. Comment peut-on jouer avec cet « ordre », comme le propose Macron en prétendant qu’il y a une troisième voie entre la Chine et les USA, dans laquelle quelques pays avec à leur tête des autocrates comme Modi, Erdogan et bien d’autres pourraient se tailler un empire. Voire en jouant sur les influences néocoloniales.
Donc l’Indonésie l’hôte d’honneur, alors qu’il était il y a peu au sommet des BRICS de Rio, et qu’il a néanmoins un passé sulfureux d’anticommunisme très actif, ce qui serait une recommandation pour les Macron et autres Starmer, comme pour Hollande, Sarkozy et les autres, ceux qui depuis des décennies pratiquent la même politique de vassalisation en nous inventant le bon Obama et le méchant Trump, tous les deux méritant le prix Nobel de la paix ou ce qu’il est devenu comme les tribunaux jugeant les criminels de guerre. Le président de l’Indonésie, un homme à poigne, appartient à l’une des plus riches familles de l’île et il a été formé aux Etats-Unis, formation qu’il a mis en œuvre sans état d’âme. Que penser de ce genre d’individus ? Que Macron a déjà eu comme hôte Bachar El Assad alors que maintenant il enlace le terroriste d’Al Qaida qui avec l’aide des Turcs et des Etats-Unis, sans parler d’Israël et des Kurdes, impose sa loi à la Syrie voire au Liban en fichant une paix royale à Israël. Qu’il fait partie avec d’autres puissances émergentes de ces véritables individus d’extrême-droite comme Modi en Inde, qui à l’intérieur des BRICS ou à l’extérieur cherchent à devenir des puissances et jouent entre USA et Chine. C’est sur eux que Macron et sa troisième force compte pour diviser les BRICS selon leur logique impérialiste puisque l’essentiel est qu’ils soient anticommunistes et avides de puissance.
La caractéristique des BRICS est de ne pas exiger un changement de régime, ni même de surveiller les liens entretenus par ailleurs et le rapprochement très évident de ces pays avec la Chine est géopolitique, essentiellement économique pour jouir d’une marge d’action politique plus grande, mais pas « idéologique ». Et nous assistons de ce point de vue à une autre architecture mondiale dans laquelle le bellicisme des Etats-Unis et de ses vassaux a du mal à mobiliser les alliés comme il le fait ou prétend le faire avec l’OTAN surtout quand cela se double maintenant de guerres tarifaires.
On en est à la guerre comme supermarché des profiteurs de guerre directement au plus haut niveau.
Donc la France officiellement veut montrer qu’elle est prête au combat. Elle roule les mécaniques et le traditionnel défilé du14 juillet organisé lundi à Paris pour la fête nationale a mis en avant des militaires français « prêts à partir » en opérations, au lendemain de l’annonce de dépenses accrues et de l’affirmation d’une logique impérialiste voire fasciste qui a été précédée la veille d’une journée dédiée à Jaurès et de inénarrable Manuel Valls venant porter la bonne nouvelle sous un montage de bric et de broc de la réconciliation entre les peuples autochtones et les descendants des communards exilés en Nouvelle Calédonie et y développent une vision colonialiste malgré Louise Michel, l’ile étant pour cause de nickel et de sous-impérialismes locaux prête à utiliser le fait de la grande misère de la France face aux populations d’outre-mer.
Le défilé met cette année à l’honneur l’Indonésie, avec qui la France a conclu un partenariat stratégique pour peser dans la zone inde-pacifique. Le président indonésien Prabowo Subianto, qui assistera aux festivités au côté d’Emmanuel Macron après avoir accueilli son homologue français fin mai à Jakarta, a annoncé son intention d’acquérir davantage d’avions de combat Rafale, de sous-marins Scorpène et de canons Caesar, ainsi que des frégates légères. Il est bien pauvre celui qui ne peut pas promettre quitte comme en s’en souvient l’Australie quand les USA le décideront.
L’invitation a été précédée par un déplacement plein d’ambition (pour qui?) de notre marine …
Après avoir accueilli le président Emmanuel Macron à Jakarta fin mai, le président Prabowo Subianto est l’invité d’honneur de ce défilé. Une illustration des ambitions françaises pour l’Indo-Pacifique, dont la France est une nation riveraine. Un intérêt stratégique que l’on retrouve au large avec l’opération Clémenceau 25 qui s’est achevée en avril et la projection du porte-avions Charles de Gaulle et de son escorte en mer des Philippines vers non seulement l’Indonésie mais le Japon (Japon et Philippines aujourd’hui sont l’ultime espoir d’un mini Otan dans cette zone).
« C’était le premier déploiement aussi lointain du Charles de Gaulle et de son groupe aéronaval, explique le capitaine Sébastien Perruchio, porte-parole de la Marine, au micro de notre journaliste Franck Alexandre. C’était la première fois que le groupe aéronaval franchissait les détroits indonésiens avec un gros focus autour de l’Indonésie, avant de poursuivre vers le Pacifique Nord. »
Déploiement dans le Pacifique
Lors de ce déploiement, le groupe aéronaval a fait escale en février sur l’île indonésienne de Lombok. Une étape clé « pour connaître la zone » et « ouvrir ce point d’appui fondamental avec notre partenaire indonésien », souligne Sébastien Perruchio. « C’était la première escale d’un porte-avions à Lombok, qui s’inscrivait dans le cadre de l’exercice Lapérouse. Un exercice conduit avec les Indonésiens sur le thème de la sécurisation des détroits indonésiens. »
Deux bâtiments d’escorte sont allés un peu plus loin, ont fait escale à Okinawa, au Japon, pour un exercice conjoint. « Là encore, une première pour ces escorteurs du groupe aéronaval et le bâtiment ravitailleur de force Jacques Chevallier, dont c’était la première grande mission. Ce déploiement a été l’occasion pour ces deux escorteurs d’aller jusqu’au Japon. Des avions dans le même temps allaient jusqu’en Australie. Nous avons aussi ouvert l’escale de Subic Bay, dans les Philippines. »
« Cela a vraiment été une occasion unique de se déployer dans le Pacifique au sens large, résume le porte-parole de la Marine. Un engagement significatif avec un partenaire de la zone, avec vraiment cet objectif d’affirmer, en tant que nations du Pacifique, un espace Indo-Pacifique, libre, ouvert et stable dans une logique de partenariat et pas de confrontation. » Cet exercice militaire conjoint est un privilège précieux et stratégique dans cette zone extrêmement contestée et vitale au commerce international.
Diplomatie de défense active
Car dans cette région du monde où se concentre la compétition entre la Chine et les États-Unis, la France cherche à renforcer ses partenariats et ouvrir des portes après avoir essuyé les échecs que l’on sait en Afrique et au Moyen Orient que Macron attribue à la Russie, en continuant à servir les intérêts des USA qui contribuent avec l’aide des Britanniques à son éjection. L’Indonésie est à ce titre essentielle, vue son importance et son influence régionale. Du côté indonésien, cette participation à la fête nationale française « est un grand honneur » et « une reconnaissance de notre présence croissante sur la scène mondiale, en particulier parmi les pays en développement », a déclaré le ministre de la Défense, Sjafrie Sjamsoeddin. Elle est vue aussi comme une illustration de la stratégie de « diplomatie de défense active » de Jakarta, selon Radio Republika Indonesia citée par Courrier International.
Le président et ancien général Prabowo Subianto qui a des ambitions de grande puissance s’est lui aussi engagé dans un grand programme de modernisation militaire de son pays, diversifiant ses partenaires et fournisseurs. L’Indonésie a signé un contrat de 10 milliards de dollars avec la Turquie, négocie des F-15 avec les États-Unis, discute aussi avec la Chine et la Russie sur des questions d’armement. Dans ce plan de modernisation, il dit à chacun ce qu’il veut entendre ! Paris est un « partenaire-clé » avait confié le président Prabowo à son homologue français en mai. Il avait déjà orchestré l’achat de 42 avions de chasses Rafale et deux sous-marins Scorpène pour 10 milliards de dollars lorsqu’il était ministre de la Défense.
Lors de la visite d’Emmanuel Macron, Jakarta a annoncé son intention d’acquérir davantage d’avions de combat Rafale, de sous-marins Scorpène et de canons Caesar, ainsi que des frégates légères. Il ne s’agit pour le moment que d’une « lettre d’intention » mais que la France espère concrétiser à l’occasion de la venue du président indonésien à Paris, voire même doubler, selon des informations de l’EurAsian Times. Le ministère de la Défense indonésien et le ministère des Armées français ont convenu d’établir un partenariat stratégique et de renforcer les échanges entre leurs industries de défense.
Le « bon voisin »
Diplomatiquement aussi, les étoiles semblent alignées. Jakarta pratique une politique de non-alignement fidèle à celle dessinée il y a 70 ans par de nombreux pays du Sud à la conférence de Bandung, avec l’objectif affiché d’être le « bon voisin » de tout le monde. Et la France répète à l’envi que sa stratégie indo-pacifique suppose des partenariats mutuels et respectueux de la souveraineté des pays, loin des prédations de la Chine et des États-Unis. Et il espère dans cette stratégie jouir de l’appui du Japon et de l’Inde.
Dans ce contexte, et à l’occasion des 75 ans de leurs relations diplomatiques, les deux pays « entrent dans une nouvelle phase de leur partenariat stratégique, un partenariat axé sur le renforcement de la souveraineté de nos deux nations », pointait Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger dans une tribune du quotidien indonésien anglophone The Jakarta Post. Une phase dont cette invitation au défilé du 14-juillet est une illustration supplémentaire.
Oui, ce non alignement, cette référence à la Conférence de Bandung n’est pas négligeable, avec en toile de fond néanmoins le poids des pays pétroliers et le jeu parallèle de l’OPEP+ que l’on retrouve au sein des BRICS mais également hors BRICS. C’est un jeu qui n’a rien à voir ni avec celui de la guerre froide, ni celui du bref temps du monde unipolaire et de la victoire supposée définitive de l’ordre libéral. La plupart des institutions internationales établies durant cette période ne sont pas adaptées à ce monde multipolaire et la Chine, ses alliés progressistes mettent en place un ordre plus égalitaire, plus inclusif, en créant de nouvelles institutions comme les BRICS et en revitalisant l’esprit de l’anticolonialisme né du rôle de l’Union soviétique et du socialisme.
L’Indonésie non seulement était au sommet des BRICS mais elle entretient des relations privilégiées avec la Chine… quant au Japon, nous abordons la difficulté pour Macron de fournir une alternative « économique » et politique comparable à celle de la Chine ou des USA et même de la Russie.
Il est évident que Macron ne sait plus très bien lui-même s’il agit comme il le fait clairement en Afrique et au Moyen orient, en Europe même pour porter en fait quoiqu’il en dise les exigences de Trump en cherchant à diviser les BRICS, les « pays non alignés » ou s’il tente malgré tout de se ménager une porte de sortie, le fait est qu’il n’a plus aucune crédibilité…
L’Indonésie et la Chine, le choix « raisonnable » d’une coopération bilatérale entre « non alignés » c’était le titre d’un article par lequel nous analysions déjà le « choix » multipolaire que la guerre tarifaire de Trump rend plus « rationnel » que jamais…
La Chine et l’Indonésie ont tenu mardi 8 juillet à Jakarta la première réunion de hauts responsables du dialogue ministériel conjoint Chine-Indonésie sur les affaires étrangères et la défense (dialogue ministériel « 2+2 »).
Les pays ont convenu de résoudre pacifiquement leurs différends afin de maintenir la stabilité régionale et de stimuler la coopération et le développement régionaux.
Le dialogue, lancé en 2023, est le premier mécanisme de niveau ministériel « 2+2 » que la Chine a formé avec un autre pays. Au cours de la réunion, les deux parties ont convenu que la mise en place de ce mécanisme reflétait le caractère stratégique et de haut niveau des relations sino-indonésiennes.
Les deux parties ont exprimé leur appréciation pour le développement des relations sino-indonésiennes et leur volonté de renforcer la communication et la collaboration, de renforcer la coopération politique et sécuritaire et de faire progresser la communauté de destin sino-indonésienne.
La Chine a donné à son voisin indonésien un aperçu des résultats de la troisième session plénière du 20e Comité central du Parti communiste chinois, soulignant l’engagement de la Chine à approfondir les réformes, à promouvoir un développement de haute qualité et à faire progresser la modernisation chinoise. Ces efforts devraient créer de nouvelles opportunités pour la coopération sino-indonésienne et le développement régional, a déclaré la partie chinoise.
La Chine a également réitéré sa position sur les questions touchant à ses intérêts fondamentaux et à ses préoccupations majeures, telles que la région de Taiwan et la mer de Chine méridionale. L’Indonésie a réaffirmé son adhésion au principe d’une seule Chine et a plaidé pour une résolution pacifique des différends afin de maintenir la stabilité régionale.
Les deux parties ont souligné l’importance de défendre les cinq principes de coexistence pacifique et l’esprit de Bandung, d’adhérer conjointement à un véritable multilatéralisme, de maintenir une architecture régionale ouverte et inclusive et de mener des réformes et une construction de la gouvernance mondiale, contribuant ainsi à la paix, à la stabilité, à la coopération et au développement régionaux et mondiaux.
La réunion a également porté sur des questions internationales et régionales d’intérêt commun, telles que la situation palestinienne. La Chine a déclaré qu’elle défendait un concept de sécurité commun, global, coopératif et durable, et qu’elle était disposée à travailler avec l’Indonésie pour renforcer le dialogue, la communication et la coordination autour de la mise en œuvre des trois principales initiatives mondiales, en défendant conjointement l’équité et la justice internationales.
La logique de puissance ne fait pas partie de la « rationalité » mais de ce qui est défini comme la logique d’animalité dans la tradition philosophique occidentale. La réflexion sur l’animalité se distingue radicalement d’une approche zoologique comme d’une approche ethnologique qui présenterait les modes de relations aux animaux propres aux diverses sociétés humaines. C’est vers le discours philosophique qu’il convient de se tourner pour appréhender ce concept supposé dire l’essence de l’animal et que l’on retrouve dans la « barbarie » et la civilisation, in fine dans l’idée des peuples libres et ceux qui doivent être « esclaves », l’idée a engendré son contraire par la réalité de l’exploitation et du pillage. Dans la tradition occidentale, le concept d’animalité remplit, de par sa structure et son contenu, une fonction importante dans la définition de l’humain lui-même. En effet, le concept d’animalité ne vise pas tant à caractériser l’essence des êtres vivants sensibles autres que l’homme qu’à construire son contre-modèle, son négatif ontologique. Aussi l’animalité est-elle définie en creux, par un ensemble de manques : manque de raison (Descartes), manque de liberté (Kant), pour ne citer que les principaux aspects de la démarcation, et cela va jusqu’à engendrer la haine des êtres humains au nom de la nature pour mieux conserver l’opposition au lieu de la remettre en cause dans les FAITS. Il s’avère que le libéralisme a porté cela jusqu’à la volonté fasciste d’anéantissement et s’en donne toujours plus les moyens. Quand la lâcheté du vassal se venge de son impuissance face au suzerain. La question que nous posons dans notre livre est celle de savoir si la France est condamnée à cette logique impérialiste ou si elle peut au moins entrer réellement à égalité dans un monde multipolaire. Certainement pas avec Macron et les « élites » politico-médiatiques qui tiennent à sauver cette logique.
1) L’ASEAN, communauté des États de l’Asie du sud-est, un de ces nombreux forums fondés pour renforcer l’endiguement anti-communiste, est en pleine mutation non seulement par l’évolution manifeste de son rôle anti-Chine mais aussi par le nombre de membres dont certains comme l’Algérie ont choisi de la rallier. En fait, c’est bien la possibilité d’une troisième voie non pas européenne mais d’une « neutralité » des non alignés qui est recherchée.
(2) L’OCS regroupe dix pays dont la Chine, la Russie, l’Iran, l’Inde et le Pakistan. Elle entend faire contrepoids aux organisations occidentales type OTAN pour promouvoir la sécurité entre voisins sur la base de négociation dans lesquelles la Russie en tant qu’héritière de l’URSS joue un grand rôle, c’est pourquoi désormais elle est devenue un carrefour privilégié d’une coopération en matière de politique, de sécurité ou encore de commerce alternatif pour le continent eurasiatique en Asie centrale.
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