Géopolitique.
Le sommet des BRICS à Rio de Janeiro témoigne de l’accélération d’une tendance en Amérique latine depuis l’arrivée de Trump, l’enjeu existait avant sous sa forme économique, politique mais ce qui est là devient incontournable. C’est pareil pour l’Europe mais nous avons un atlantisme forcené et un personnel politique incapable de sortir du consensus atlantiste et de leur courte vue électoraliste devenue seconde nature. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Pressés de toutes parts par Donald Trump, les pays d’Amérique latine multiplient les partenariats avec la Chine. Ce nouvel ordre géopolitique et commercial ouvre des perspectives, mais présente aussi des risques pour la souveraineté latino-américaine tentent d’exprimer ceux qui cherchent à avancer à reculons en tentant souvent en vain de préserver une marge de manœuvre avec les Etats-Unis. Mais Xi Jinping, absent, n’a rien à « défendre », les faits sont là… S’exprimant en visioconférence, Vladimir Poutine a estimé pour sa part que les Brics comptent désormais « parmi les centres clés de la gouvernance mondiale » et que « le système unipolaire dans les relations internationales (…) appartient désormais au passé ». S’il est question ici en priorité de l’Amérique latine et la manière dont elle doit se déterminer dans l’urgence, il faudrait consacrer à d’autres continents une égale attention. Il est question ici de l’Asie, avec l’Inde, mais le rôle de l’Afrique est tout aussi intéressant, parce que c’est dans ce continent que les expérimentations même financières se sont développées : à l’occasion de cet événement d’échange et de partage, l’Afrique a brillé par sa présence avec cinq dirigeants. On peut citer Cyril Ramaphosa (président Afrique du Sud), Abdel Fattah al-Sissi (Égypte), Abiy Ahmed (premier ministre Éthiopie), le président de l’Union Africaine, João Lourenço et le chef de l’État fédéral du Nigeria Bola Tinubu participent également à ce sommet dans la peau d’invité. Une présence qui confirme la place plus ou moins privilégiée de l’Afrique dans cette association et comme nous l’avions signalé le fait que dans ce continent se réalise déjà une part de l’innovation.

Cinq cents milliards de dollars. C’est le montant record atteint par les échanges commerciaux entre la Chine et l’Amérique latine en 2024. Une progression historique, révélatrice d’un potentiel basculement géopolitique et commercial.
Depuis l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche, et plus encore après la salve de menaces de taxes douanières adressées à de nombreux pays d’Amérique latine, Pékin accélère sa stratégie d’influence sur le continent.
À Washington, les chercheurs du Centre d’études stratégiques et internationales, cités par Voz de América, estiment que cette évolution marque une “transformation du paysage géopolitique dans la région”, en écho à l’émergence d’un “nouveau réseau d’interactions économiques” qui remet en question la traditionnelle prédominance des États-Unis. Au point que, en avril, Trump sommait déjà les pays sud-américains de “choisir” entre Washington et Pékin, rappelle Connectas.
Interrogé par CNN, le directeur du Centre d’études sino-latino-américaines, Enrique Dussel Peters, confirme l’évolution en cours :
“Nous sommes face à un nouveau triangle géopolitique, avec deux grandes puissances aux extrémités, et des pays tiers contraints de se positionner.”
Le président brésilien Lula lors du forum économique des Brics, le 5 juillet 2025, en préambule du sommet des Brics prévu le lendemain.© Daniel Ramalho / AFPCe dimanche 6 juillet s’ouvre le sommet des Brics à Rio de Janeiro, sous la présidence brésilienne. Les 11 pays membres – Afrique du Sud, Brésil, Chine, Égypte, Émirats arabes unis, Éthiopie, Inde, Indonésie, Iran, Russie -, qui représentent plus de la moitié de l’humanité et 40 % de la richesse mondiale, se retrouvent pendant deux jours au bord de la sublime baie de Guanabara, sous les auspices du président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva. Mais il y aura de grands absents Vladimir Poutine, visé par un mandat d’arrêt de la CPI, participera en visio, ou encore Xi Jinping, une première pour le dirigeant chinois qui sera représenté par son Premier ministre.
Sur les tensions au Moyen-Orient: Pékin et Moscou se sont montrés très discrets après les bombardements américains et israéliens sur l’Iran. L’Inde s’est même rapprochée d’Israël en s’abstenant sur la dernière résolution des Nations unies pour un cessez-le-feu à Gaza en juin. L’Inde entretient des relations étroites avec l’Iran comme avec Israël, et cherchera une désescalade des tensions régionales, en présence de l’Arabie saoudite, acteur clé dans la région et nouveau membre des Brics.
L’ombre de Donald Trump et de ses menaces économiques va peser sur ce sommet. D’abord parce que la Chine et l’Inde, qui négocient discrètement leurs droits de douane avec l’administration américaine, n’en font pas un sujet multilatéral alors que chacun mesure bien qu’à l’inverse de l’Inde les résultats de la transaction avec la Chine créent un tout nouveau contexte. la dédollarisation du commerce entre membres des Brics dépend de ce rapport de forces, en effet le président américain a menacé d’imposer des surtaxes de 100 % aux pays qui remettraient en question la domination du dollar dans les échanges internationaux et les conditions de la Chine créent un tout autre contexte en particulier pour la banque de développement dirigée par une brésilienne Dilma Roussef mais installée à Shanghai. Les prets accordées témoignent déjà d’échanges qui échappent au dollar et dépendent de trocs locaux.
Le président brésilien, militant de la gouvernance mondiale face à un pouvoir concentré aux mains de quelques pays, pourrait donc être déçu parce que le contexte y compris en Amérique latine est celui du choix comme nous l’avons indiqué, ceux avec qui il avait souhaité s’allier comme l’Argentine sont ceux qui choisissent l’allégeance alors que le continent comme d’autres se trouve avec Trump dans l’obligation de choisir. Il y a l’intelligence artificielle, du développement des pays du Sud, cher à Lula, et le changement climatique, à quatre mois de la COP30 qui se tiendra, elle aussi, au Brésil et la Chine laisse les pays prendre leur responsabilité en multipliant les relations bilatérales.
Un enjeu de taille pour l’Inde
Pour l’Inde, les enjeux sont immenseset la Chine, la Russie le savent dans un voisinage asiatique complexe y compris face au Pakistan. Face aux menaces douanières américaines, le pays le plus peuplé du monde milite pour l’abaissement des barrières économiques entre pays du Sud. Narendra Modi se rendra à Rio de Janeiro au cœur d’un marathon diplomatique. Après le Ghana, le Kenya et Trinité-et-Tobago, il quittera le Brésil pour une visite officielle en Argentine.
Le sommet des Brics constitue le point d’orgue de cette tournée. « L’enjeu est d’abord économique pour l’Inde. Alors que Donald Trump se livre à un fort protectionnisme, il s’agit de compenser en facilitant les échanges entre pays émergents », explique Harsh Pant, directeur de l’Observer Research Foundation.
Autre priorité apparemment commune à Lula et Modi : défendre une position modérée au sein d’un forum souvent tiré vers une ligne anti-occidentale par le duo Pékin-Moscou. « Le défi est de résister à la domination chinoise, contraire aux intérêts indiens et à l’esprit multilatéral des Brics. Il s’agit de réformer la gouvernance mondiale pour la rendre plus transparente et inclusive », souligne Harsh Pant.Ce rôle suffira-t-il à lui accorder une place privilégiée par rapport à Trump et à sa guerre tarifaire, rien de moins sûr.
bonnes choses au sujet des négociations avec l’Europe. J’entends de bonnes choses sur les négociations avec l’Inde », a affirmé Stephen Miran. « Je m’attends donc à ce qu’un certain nombre de pays qui sont en train de faire ces concessions (…) voient leur date repoussée », a-t-il poursuivi.
Scott Bessent a déclaré à CNN que l’administration Trump se concentrait sur 18 partenaires commerciaux importants qui représentent 95% du déficit commercial des États-Unis. Mais il a déclaré qu’il y avait eu « beaucoup de tergiversations » parmi les pays pour finaliser les accords commerciaux.
Il a refusé de nommer les pays proches d’un accord commercial.
Donald Trump a déclaré à plusieurs reprises que l’Inde était sur le point de signer un accord et a exprimé l’espoir qu’un accord puisse être conclu avec l’Union européenne, tout en jetant le doute sur un accord avec le Japon.
Kevin Hassett a déclaré à CBS News que les accords-cadres déjà conclus avec la Grande-Bretagne et le Viêt Nam pourraient servir de lignes directrices pour d’autres pays cherchant à conclure des accords commerciaux avec Washington.
Stephen Miran a qualifié l’accord avec le Viêt Nam de « fantastique ».
« Il est extrêmement unilatéral. Nous appliquons des droits de douane importants aux exportations vietnamiennes. Ils ouvrent leurs marchés aux nôtres, en appliquant des droits de douane nuls à nos exportations », a-t-il affirmé.
Vendredi, Donald Trump a déclaré que les pays n’offrant pas de concessions pourraient voir leurs tarifs douaniers grimper jusqu’à 70%, mais il n’a pas donné de détails. Interrogé sur le taux de 70%, Scott Bessent a renvoyé à la liste du 2 avril, mais celle-ci ne comportait pas de taux aussi élevés.
Selon le projet de texte consulté par l’AFP, les Brics exprimeront leurs « graves préoccupations face à l’augmentation des mesures douanières et non-douanières unilatérales qui faussent le commerce » et enfreignent les règles de l’OMC.
Sans jamais citer Donald Trump, le message vise clairement la politique commerciale de Washington, relancée depuis son retour à la Maison Blanche. « De telles mesures menacent de réduire davantage le commerce mondial » et risquent d’« affecter les perspectives de développement économique dans le monde », avertit le texte.
La Russie et la Chine qui défient plus clairement l’ordre mondial des Etats-Unis n’ont cessé de témoigner de leur refus de céder sans pour autant imposer et ils sont bien en état sans être présents, tout en multipliant leurs liens bilatéraux avec ceux qui résistent y compris le Venezuela de devenir les leaders de fait d’une résistance dont on pourrait ne pas exclure le Japon, la Corée du sud et tout le partenariat des BRICS comme l’Indonésie, Cuba, le Vietnam, l’Afrique… et Paris.. mais Oui après son waterloo diplomatique à l’OTAN, que peut espérer Macron ?
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