Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Le sommet de l’OTAN… sommet de la soumission de l’UE ?

Ce n’est certainement pas un communiste qui établit ce diagnostic, non seulement celui de la veule soumission de l’UE, de nos dirigeants aux caprices du suzerain qui nous asphyxie sciemment, mais à l’analyse des conséquences d’une telle politique. Comment elle est préparée de longue date par les affabulations sur la menace russe, chinoise, iranienne, etc… cela fait des décennies que l’on cautionne au nom de la démocratie l’aventurisme criminel de l’impérialisme.. La gôche y a perdu toute crédibilité parce qu’une telle affabulation s’accompagne nécessairement d’une démission dans la défense des intérêts du peuple. Il serait temps que les communistes qui ont commencé leur retour au monde du travail, à la défense du social réalisent que ce retour n’existera que dans la clarté des rapports de force mondiaux et virent ceux qui continuent à jouer sur la confusion. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

rédigé par Philippe Béchade 26 juin 2025

Derrière les discours martiaux sur la « menace russe » et les impératifs de souveraineté, c’est surtout l’industrie militaire américaine qui se frotte les mains. Une montée en puissance stratégique… au prix d’un renoncement politique et budgétaire pour l’Europe.

Le sommet de l’OTAN a été un immense succès, claironne Donald Trump.

Comment lui donner tort, quand les Européens confirment vouloir consacrer 650 Mds€ – qu’ils n’ont pas – au renforcement de leur défense et au développement des « armes du futur » (qu’ils ne possèdent pas, c’est une évidence) ?

Mais les choses risquent de se gâter budgétairement si l’Europe, sous la pression de Donald Trump – qui ne veut plus que l’argent du contribuable américain soit alloué à notre protection – adopte le principe des 5 % du PIB consacré à la défense (3,5 % pour le matériel, 1,5 % pour la cyberguerre et le renseignement).

Les Espagnols ont déjà fait savoir qu’ils ne s’aligneraient pas, ayant « d’autres priorités, d’ordre social notamment ». D’autres pays vont devoir y réfléchir à deux fois, car, bien souvent, la défense ne représente que 2 % de leurs dépenses (le parapluie américain est là ; jamais on n’égalera son avance technologique, c’est une course perdue d’avance), et il faudrait multiplier ce total par 2,5 à 3,5 au cours des dix prochaines années.

Rajouter 0,25 % à 0,35 % par an pendant dix ans, c’est jouable. Mais il va falloir faire des arbitrages, couper dans les dépenses sociales – et ce ne sera pas populaire, sachant que les armes ont vocation à être stockées dans une optique de dissuasion.

On les achète – le plus souvent aux Etats-Unis… et puis rien. On espère qu’elles ne serviront à personne, contrairement aux dépenses de recherche, à la construction de data centers, à l’entretien des routes, à la prise en charge des soins, etc.

L’excuse des créations d’emplois sur le sol européen est assez légère, car c’est sans doute le complexe militaro-industriel américain qui sera le principal bénéficiaire. C’est le seul à même de répondre aux demandes d’armes puissantes et sophistiquées en quantité.

Le secteur de l’armement emploie 200 000 personnes en France, dispersées dans environ 500 entreprises, ce qui signifie qu’il s’agit majoritairement de PME (à 80 %), sous-traitantes d’une centaine de gros donneurs d’ordres – dont 20 % seulement ont une taille qui justifierait leur admission au SBF 120.

Pour en revenir au sommet de l’OTAN, il est clair que l’élément de langage incontournable, c’est d’imposer le concept d’un ennemi très mal intentionné, représentant une menace quasi éternelle, qui n’aura de cesse de vouloir nous envahir — alors que c’est lui qui possède toutes les matières premières (minerais, terres rares) et les hydrocarbures qui nous manquent, et qu’il nous vendait bien volontiers, à des prix avantageux.

Le narratif prête à la Russie des projets expansionnistes, alors que c’est l’OTAN qui pousse inlassablement ses pions vers l’est, absorbant, un à un, les pays autrefois emprisonnés derrière le rideau de fer (certains sont encore très russophobes, et leur passé soviétique reste la meilleure des excuses) — et ce, depuis 35 ans.

L’OTAN, alliance présentée comme défensive, a continué de se comporter comme s’il y avait une guerre froide à gagner : quitte à trahir la parole donnée, à ne pas respecter les traités censés faire respecter un statu quo, à multiplier l’implantation de bases aux frontières de la Russie (encerclement total, du Japon à la Finlande) et à développer les capacités d’espionnage de l’OTAN en douce – comme en Ukraine.

Toutes ces bases (près de 850 à travers le monde) ont coûté beaucoup d’argent au contribuable américain, et il n’a jamais été question d’en discuter, et encore moins de contester leur pertinence.

Et c’est pourtant ce que Donald Trump s’apprête à faire, brisant un tabou vieux de 80 ans… Il veut économiser de l’argent, car les Etats-Unis ne doivent plus jouer le rôle de « gendarme du monde ». En ce qui concerne l’OTAN en Europe, plus question de rajouter un centime… d’où ce double bénéfice : une réduction des budgets, assortie de prises de commandes de la part de ses alliés.

Trump a consenti, du bout des lèvres, à confirmer que la solidarité de l’OTAN continuerait de s’appliquer : si l’un de ses membres est attaqué, tous voleront à son secours – y compris en ayant recours à l’arme atomique.

Keir Starmer a justement appelé au redéploiement des capacités nucléaires britanniques au sein de « l’ensemble OTAN »… et l’Allemagne met désormais la pression sur la France pour qu’elle en fasse autant, en coopération avec ses alliés européens.

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