Une mise en garde provenant de Vzgliad, un média pro-gouvernemental au spectre politique assez large (ici, le journaliste est plutôt un homme de droite) mais qui dit des vérités que nous ne devrions pas négliger (note et traduction de Marianne Dunlop pour Histoire et Société)
https://vz.ru/opinions/2025/6/4/1336406.html
Igor Maltsev écrivain, journaliste, publiciste
4 juin 2025
Illustration : 7 morts et 126 blessés, tel est le bilan du déraillement d’un train survenu après que des drones ukrainiens aient fait exploser un pilier du pont, dans la région de Briansk
Ceux qui connaissent déjà le journalisme européen ont immédiatement suggéré, après l’annonce de l’attentat contre un train de voyageurs près de Briansk, que certains journaux berlinois présenteraient les faits de la manière suivante : « Ce sont les Russes eux-mêmes qui ont fait exploser le train. » Mais on s’est trompé. Cette version a tout de suite été reprise par d’anciens journalistes russes en cavale, qui sont maintenant juste des youtubeurs russophones qui font ça pour se nourrir.
Nos collègues occidentaux, que Dieu leur pardonne, n’ont pas voulu se précipiter et ont attendu l’attaque de drones en Sibérie. Et là, ils se sont complètement déchaînés. « Jour noir pour Moscou », « Une multitude d’avions détruits », etc. Les journaux britanniques, bien sûr, sans aucune méthode ni ligne directrice, ont inséré dans chaque titre « Pearl Harbour pour Poutine » (Daily Star, Metro, Sky News, Bloomberg, etc.) – quelle originalité.
On voit tout de suite que ces titres ont été rédigés par des zombies qui n’ont aucune idée de ce qui s’est passé au Japon après Pearl Harbor, jusqu’à Hiroshima et Nagasaki. Comme le dit une vieille blague de prisonniers : « Ne pointe pas le doigt sur toi ».
Le plus drôle, c’est que nos « opposants » se sont immédiatement mis à écrire sur Pearl Harbor comme avec un copier-coller – ils pensaient sûrement que c’était eux qui avaient inventé ça. Et ce n’est qu’ensuite que tout est redescendu vers les Telegramers particulièrement talentueux.
Le lendemain, la bacchanale de la victoire a commencé. Sans surprise, Bild s’est réjoui – les russophobes les plus en vue y sont installés depuis longtemps. Le journal économique allemand Handelsblatt a écrit à propos de « l’opération « Toile d’araignée » – la plus grande opération contre les aérodromes russes ». Le journal suisse NZZ, qui critique habituellement les Allemands et est considéré comme intelligent, a tristement repris le thème : « Pearl Harbor russe ». Le journal bruxellois Le Soir a publié une photo de Zelensky rayonnant de joie, etc.
Savez-vous de quoi il n’a pas été question ? Exactement : de l’attentat sur la voie ferrée qui a coûté la vie à des civils. Car personne en Europe ne doit savoir que l’Ukraine est un État terroriste qui commet des attentats contre des infrastructures civiles.
Sur ces mêmes voies ferrées que les troupes russes n’ont pas touchées en trois ans, qu’elles n’ont pas rasées avec des FAB ou même des drones. Ce qui, d’ailleurs, a permis à tous les politiciens européens de se rendre tranquillement à Kiev, comme pour aller au travail, afin de se pavaner dans le bureau de Zelensky ou, par exemple, de se promener dans la mise en scène de Boutcha avec des mines aigries devant les caméras. Ils étaient tous convaincus que même par accident, l’armée russe ne frapperait jamais un train en marche, car il y avait très probablement des civils, des enfants et d’autres non-combattants à bord. Parce que les Russes ne font pas la guerre aux civils.
Mais l’Ukraine, elle, fait la guerre. Les Ukrainiens ont donc franchi toutes les limites de l’humanité. Et pour une raison quelconque, aucun des messieurs journalistes et éditeurs n’a voulu s’en apercevoir. Comme si cela n’avait pas existé.
Savez-vous qui a publié cet article, avec une carte en plus ? Le Figaro, un journal français classique, que l’on peut difficilement soupçonner de sympathie pour la Russie. Mais ils ont néanmoins raconté à leurs lecteurs ce qui s’était passé. Ils ont également cité Alexandre Khinstein, gouverneur de la région de Koursk. Ils ont carrément présenté le journalisme tel qu’il était autrefois.
Le Berliner Zeitung, un journal fondé dans la zone d’occupation soviétique il y a exactement 80 ans, a écrit : « Effondrement mortel d’un pont : la Russie parle d’« attaques terroristes ». Deux ponts se sont effondrés en quelques heures dans les régions frontalières de Koursk et de Briansk, en Russie ». Ils ont écrit ce qui était connu à ce moment-là. C’est précisément pour cela qu’on essaie de les écraser, en particulier les publications du groupe Axel Springer.
Mais le magazine allemand Focus est tombé encore plus bas avec son titre « L’Ukraine fait sauter deux ponts et détruit un train militaire ». « Militaire ». Oui. Avec des femmes et des enfants. Je connaissais deux filles qui travaillaient pour Focus. Des militantes de gauche complètement à côté de la plaque. Elles affirmaient être des pacifistes convaincues. Et leur publication aussi. Maintenant, j’en ai encore une fois la preuve. Merci.
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Et pourtant, tout le monde a littéralement essayé d’empêcher le lecteur de réfléchir au lien entre les événements : le meurtre de citoyens russes pacifiques, commis de manière ignoble, en catimini, le soir même avant les nouvelles négociations à Istanbul. Car si l’on se place de leur point de vue, selon laquelle l’attaque de drones contre des avions est « une opération de renseignement et militaire remarquable visant à renforcer la position de négociation », alors l’attentat contre un train civil est, dans n’importe quel système de coordonnées, un crime odieux et sanglant contre des femmes et des enfants, qui non seulement affaiblit toute position de négociation, mais la réduit à néant.
Pour autant que je sache, Zelensky lui-même, se vantant de l’opération « Toile d’araignée », n’a pas dit un mot sur l’attentat contre les trains. Il a donc essayé de faire croire qu’il ne s’était rien passé et que ni lui ni les services secrets ukrainiens n’étaient impliqués. Car il sait très bien qu’il s’agit d’un acte terroriste et d’un véritable crime de guerre.
Le journal Die Welt s’est montré le plus réticent, ne publiant qu’au moment des négociations d’Istanbul un article intitulé « Une attaque qui va révolutionner la guerre moderne ». Dans leur enthousiasme, ces imbéciles ne comprennent pas que certaines astuces ne fonctionnent qu’une seule fois. Et de toute façon, comme l’a montré la SVO, les Russes apprennent vite. Mais ils ont aussi gardé le silence sur le train civil qui a été précipité dans le ravin.
Et maintenant, la presse est silencieuse, même sur cette « opération brillante ». Pourquoi ? Je pense que ceux qui ont encore un cerveau ont soudain compris que, par exemple, ils ont aussi des trains. Des trains bondés d’immigrés sans titre de transport et qui sont toujours en retard, mais des trains quand même. Et le moment viendra où les assassins et les saboteurs ukrainiens devront se réfugier dans leurs pays et sur leur territoire.
Et qui sait ce que leur esprit criminel et dément leur inspirera alors.
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RV
Maltsev est-il un journaliste au sens classique ?
((https://vz.ru/opinions/expert/4026/))
N’est-il pas est un idéologue en mission, qui use des formes du journalisme pour servir une narration stratégique pro-régime ?
admin5319
C’est drôle cette inversion accusatoire. Maltsev est justement en train d’expliquer que les médias occidentaux ne font plus, à quelques exceptions près, du vrai journalisme, et que c’est très dangereux pour nous, pour les populations de nos pays, d’être à ce point sous-informés. Ce genre d’articles nous permet de nous regarder de temps en temps de l’extérieur, une pratique éminemment salutaire, même si on peut être partiellement en désaccord avec la description faite de nos pays. Par ailleurs, l’idée principale que je retiens de cet article, c’est que les Russes, PAR PRINCIPE, ne ciblent pas les populations civiles, une tradition qui remonte au moins à l’Union soviétique, quand l’Armée Rouge préférait voir ses soldats tomber au combat plutôt que de détruire des villes entières avec leurs habitants. Il n’y a pas l’équivalent du bombardement du Havre par la RAF, par exemple, où 5 000 civils français ont péri dans une attaque qui visait une dizaine d’ennemis allemands.