Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Quand la France s’éveillera à la Chine : Danielle Bleitrach à l’émission de Sud Radio (vidéo)

CRITIQUE ET AUTOCRITIQUE :

Je vais faire la critique de cette émission du point de vue de celle qui l’a vécue, ce qui est aussi une AUTOCRITIQUE. D’abord il faut noter son caractère totalement iconoclaste ! Il était important, essentiel même, que pour la première fois dans une radio qui est un des trois fleuron médiatiques (LCI, Sud radio, TF1) de l’empire Bouygues, soit apparue cette proposition! la France doit adhérer aux BRICS, que je l’ai imposée à travers notre livre à titre d’hypothèse et qu’il se soit trouvé un « joueur » comme Berkoff pour accepter la joute.

Le mur affronté, l’obstacle, c’est la construction d’une opinion largement partagée et l’exercice de la censure sur toute expression politique et culturelle qui irait à l’encontre, tout repose sur l’idée qu’il est défendu la liberté contre le totalitarisme, et a pour seul justificatif, l’absence d’un bilan du socialisme et de sa répression. cela est encore renforcé par le positionnement dans les guerres, qu’il s’agisse de l’Ukraine, ou de la répression israélienne. Il existe toute une littérature sur le sujet du goulag en particulier de la part des auteurs DELGA. Aucune force politique de gauche et même le PCF ne s’est inscrite depuis des décennies contre l’idée que le socialisme réel n’a été autre chose que le TOTALITARISME, l’équivalent voire pire que le nazisme.

Au contraire, il y a eu appui. Il est difficile de refaire le terrain si l’on assume des liens avec le PCF, avec la préface de Fabien Roussel, qui lui même ne sait pas très bien comment aborder le problème même si le PCF a repris appui sur le « producteur », le prolétariat. Même, si je précisais mon aspect « critique ». J’étais un auteur DELGA, mais aussi une militante politique, même critique, qui impliquait le PCF. J’avais donc décidé de ne pas donner prise à la polémique de ne pas même mettre la préface de Fabien Roussel au centre de mon intervention et de rester sur le livre et sur ce qu’il apportait.objectif rempli.

Je suis restée sur cette évidence, le monde des USA, Trump est un syndic de faillite et il a perdu et il tente de faire payer aux autres peuples ses alliés, les peuples d’Europe en particulier sa faillite. La Chine est incontournable parce qu’elle est la seule à dire NON avec suffisamment de force tel a été mon créneau.

dans le temps imparti, en fait une peu plus d’une demi-heure, J’aurais sans doute donc dû insister à un moment sur l’objectif de l’intérêt des BRICS pour les peuples du sud mais aussi pour nous plutôt que de tenter de démonter les multiples contresens sur la Chine et l’URSS, sur le socialisme, ce qui me ramenait à la répression. C’est une absence de préparation collective. je sais d’ailleurs exactement où j’ai raté le coche, c’est quand sincèrement intéressé il m’a dit « oui mais les BRICS n’ont pas de monnaie commune, il reste la puissance du dollar. Au lieu de voir l’espace politique qui s’ouvrait sans mettre en danger la zone de sécurité dans laquelle je m’étais installée, je n’ai pas suivi. Ou plutôt j’ai tenté de le faire en partant des années soixante et dix et de la crise de productivité avec ses différentes crises dont celle de 2008 dans laquelle la Chine avait régulé par l’achat d’obligations. Mais c’était trop long et il a interrompu la démonstration comme il l’a fait systématiquement, c’est un exercice auquel il faut mieux se préparer.

Un débat c’est comme un match de boxe, l’essentiel est d’abord d’avoir une allonge et un jeu de jambe tel que vous êtes protégé des coups habituels, mais aussi de savoir quand l’adversaire, lui, ouvre l’espace qui permet de réellement de l’emporter. et j’ai raté l’ouverture tout en continuant de l’empêcher d’user de ses coups ordinaires comme je le signale a été économisé le débat par exemple sur l’immigration, ou le wokisme et il n’a pas pu tabler sur mon énervement.

Peut-être ai-je perdu l’habitude peut-être suis je trop vieille mais je pense que c’est lié à un de mes principaux défauts qui ne date pas d’aujourd’hui., vouloir anticiper au-delà de ce qui peut être entendu. Je suis convaincue que nous sommes entrés dans une phase 2 du monde multipolaire, une phase où derrière le choc des civilisations apparent, il y la nécessité de la mobilisation populaire sur des bases de classe, pour résister à la guerre menées économiquement, monétairement, militairement contre Le monde multipolaire. la Russie postsoviétique, celle de « Poutine » a tenté de mêler à ce passé soviétique un nationalisme chauvin de la grande Russie, mais la mobilisation populaire a besoin du socialisme et de ses conquis. De même la Chine a opéré une refonte révolutionnaire de son histoire nationale et internationale en s’appuyant sur les conquis sociaux pour son propre peuple. Nous sommes dans cette phase là. chez nous en France, le capitalisme en crise, se débat et seul le fascisme peut désormais être un leurre chauvin, réactionnaire pour bloquer la colère populaire. Qu’ils en soient toujours à agiter le croquemitaine de Staline mort en 1953 ou d’inventer des affaires comme les Ouïghours dit leur rage impuissante. ce qui m’a fait rater, dans mes rêves, le moment où il fallait intervenir. On peut simplement espérer que comme il s’agit de la présentation d’un livre cela donnera suffisamment envie de compléter l’information.

Sur le plan politique comment convaincre ? par le choc de la réalité, par le fait qu’il est impossible de faire autrement. par la mise en évidence de l’incapacité d’apporter des solutions au niveau de ce qui existe, l’OTAN, l’UE, Macron, et surtout le capitalisme tel qu’il est. Les Français ne peuvent pas faire confiance à leurs capitalistes rentiers, parasitaires, et à leur personnel politique qui ne vaut pas plus que le capital qu’il sert. Toutes choses qui emportent la conviction par les FAITS. Si la France veut échapper à le crise et au déclin, elle doit mesurer le monde avec lequel elle doit compter et choisir des solutions gagnant-gagnant au lieu de la solution perdant-gagnant avec les USA (qui s’avéreront pour le peuple des USA perdant-perdant).

La limite de ma prestation est de ne pas avoir insisté sur l’offre des BRICS, de la Chine, sur ce gagnant- gagnant en tentant de rétablir des faits qui pouvaient avoir un aspect secondaire, rechercher à tous prix LA VÉRITÉ, ce qui est la manie des intellectuels. Nous sommes loin d’un niveau de conscience du moment réel. Tout au plus celui d’un basculement avec l’idée que l’on peut soit maintenir le statu quo, soit pour certains qui se pensent révolutionnaires qu’il suffit de copier ce qui a été fait, l’URSS, le Front populaire, etc… Il existe un « gauchisme » qui refuse de voir la réalité nous sommes dans une phase 2 d’un monde déjà là, celui de l’aiguisement de la lutte des classes derrière la défense des aires de civilisation. Peu d’entre nous mesurent cette phase 2, ils se croient encore dans le stade du basculement alors que les capitalistes eux savent la profondeur de leur crise, l’absence de solution.

C’est d’ailleurs ce qui nous a imposé notre choix POLITIQUE. On ne peut plus se contenter de positions justes mais marginales, les radio périphériques, les intellectuels courageux, ils ont joué et continuent à jouer un rôle essentiel mais il faut impliquer les forces de classe et qui restent de masse. maintenant c’est aussi une contrainte qu’il va falloir savoir gérer.

A ce propos, il est à noter quelque chose de très important. Berkoff, dans le débat, a paru vers la fin totalement perdre son sang froid, cela donnait presque à l’antenne le sentiment qu’il me virait de l’émission, ce qui en fait ne correspondait en rien à la réalité de la relation, puisqu’à la fin de l’émission nous avons longuement discuté de la suite à donner… Il avait surjoué l’indignation devant ma « légère » défense devant les pseudos crimes du socialisme. Or on s’aperçoit qu’après avoir ôté les longues pauses publicitaires de l’émission, la vidéo ci-dessous gomme l’excès de colère de l’intervieweur, ils ont jugé que celle-ci ne « passait pas »… donc il y a là encore la preuve d’un possible et comment l’utiliser…

ce que j’avais perçu de Berkoff, qui n’est pas aussi minable qu’une Apolline de Malherbe qui estime que « faire les gros yeux  » à celui qui ose rompre le consensus doit suffire. Il appartient à d’autres temps où le débat politique existait et il a surjoué l’indignation par rapport à ce qui est le ton de son émission et ce qui en fait le succès. Son succès vient justement du fait qu’il dit parfois des « vérités » qui sont interdites ailleurs tout en revendiquant son affiliation à une droite revenue de la gauche mitterrandienne. Ce qui devient le seul espace de « réalité » contestataire encore existant en France. Il fallait que je reste là dessus tout en soulignant notre différence d’ancrage dans notre conception du « peuple » et de le servir.

Donc on doit peser politiquement ce qui se jouait dans cette indignation qui ne passait pas. Les médias et leurs bailleurs de fond ont tenté de bâtir la représentation d’ une internationale dans laquelle les fascismes Trump, Musk, Meloni, et les autres rejoignaient Poutine et les ex-pays socialistes européens… contre la démocratie, le libéralisme, macron, l’UE… et cela allait jusqu’à des audaces d’ennemis communs coupés des réalités de la classe ouvrière. Il y avait l’os de la Chine socialiste et les racontars sur l’URSS de Staline… on remontait jusqu’à Robespierre… oui mais voilà dans la lutte des classes, pour la paix dans la défense de l’emploi, des formations, cela s’effondre, l’internationale noire est bien là mais elle est circonscrite à leurs soutiens réels sur tous les continents… Et c’est là où il faut porter les coups, les miens étaient là, avec la force de la Chine sa réponse au service de son peuple, j’insistais sur la production, la souveraineté nationale, sans accorder d’importance aux leurres. Notez qu’ il n’y a pas eu la moindre percée de la part de mon interlocuteur sur l’immigration ou « le wokisme » les habituels lieux d’affrontement du « gauchisme », mais il y manquait non seulement les rapports sud-sud mais les possibles pour nous, la véritable perspective socialiste. le fait est qu’il est difficile d’avaler tout mais il faut mieux centrer et c’est là-dessus, conserver production, souveraineté nationale et l’assortir des possibles des BRICS et des rapports sud-sud.

Doc il faut mesurer les acquis de ce débat (rester sur la production et ce que signifie, le peuple, le prolétaire, le socialisme) comme seul garant de la souveraineté nationale et de la paix internationale, mais le faire en présentant mieux l’apport de la proposition chinoise et de ses partenaires stratégiques.

(note de Danielle Bleitrach)

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4 Commentaires

  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Les auditeurs sont tellement habitués à entendre autre chose, que cela a du être un choc pour beaucoup. André Bercoff , même sincère, est un personnage formaté aux dépêches de l’AFP. Ce choc, il a du le ressentir lui-même en fin d’émission. Il était préparé je n’en doute pas. Mais il ne s’attendait pas à autant de pugnacité de la part de Danielle. C’est vrai que nous avons eu l’impression qu’il stoppait l’émission. Mais c’est un grand professionnel. Il a voulu « garder sur le feu » pour d’autres joutes le fond du débat qui est: oui, la Chine construit le socialisme en utilisant le capitalisme, et tout le monde y trouve son compte, gagnant-gagnant.
    En 1949, la Chine c’était 90% d’analphabètes, 90% d’habitants en dessous du seuil de pauvreté. 75 ans après, c’est quoi la Chine? Bien sûr, il y a eu des erreurs, des excès. Il faudrait revenir sur la période de la Révolution culturelle. Cette période n’a pas eu que des aspects négatifs, loin de là. J’écoutais l’autre jour Bruno Guigue qui a écrit aussi un livre sur la Chine, publié aussi chez DELGA: Ou va la Chine? . Bruno Guigue faisait état d’un sondage dans la population chinoise sur les personnages importants de la Chine dans toute son histoire, Mao arrivait largement en tête, malgré la Révolution Culturelle, laquelle a joué parfois contre lui.
    L’émission durait 45 minutes. Danielle se reproche de ne pas avoir assez mis l’accent sur les BRICS, et la nécessité pour nous français d’en être membre (F.Roussel aborde lui aussi cette question). Cela reviendra, peut-être plus vite qu’on ne le pense.

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  • Pedro
    Pedro

    Je me demande si c’est plus dangereux un fasciste qui dit du mal des communistes ou un petit bourgeois ni-ni, comme les appelait Roland Bart dans une de ces mythologie: ces petits bourgeois qui vivent dans leur petit cocons occidental, qui cite c’est 100 millions de morts pour Staline, 200 millions pour Mao, des numéros fabriqué par des nazi déclarés où dissimuler, qui ont fabriqué les dictatures partout dans le monde, en Amérique latine en Indonésie avec son million de morts de communiste dans les années 60, des pays entier détruit avec leurs populations, en Irak en Libye et en ce moment en Palestine. Pour des gens comme ce monsieur bercoff tout cela est bien déplorable mais mauvais mauvais c’est les communistes. Il n’y a qu’à voir sa gestuelle comme il s’emporte.

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  • Xuan

    Comment la Chine peut-elle nous aider si elle essaie d’abord de résoudre ses problèmes ?
    Je crois que la réponse ce n’est ni la Chine ni l’Europe, c’est l’hégémonisme US.
    En s’opposant collectivement à l’hégémonisme US avec le sud global nous pouvons résoudre les causes externes de nos problèmes.
    Quant aux causes internes, la Chine n’a pas et ne veut pas s’en mêler ni s’y ingérer.
    Elle peut juste nous montrer que le socialisme est supérieur au capitalisme.
    A nous de découvrir et réaliser la recette du socialisme qui nous convient.

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  • Frédéric Normand
    Frédéric Normand

    La Chine a des entreprises performantes, son secteur privé est dynamique, mais faut-il y voir une raison de militer pour son régime politique ?

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