Quand la France s’éveillera à la Chine, la longue marche vers un monde multipolaire provoque dans ses auteurs, et certainement chez Marianne et moi un écho que l’actualité ne cesse d’amplifier… C’est comme s’il n’avait pas cessé de s’écrire et cet écho est à la fois évènementiel, en prise avec ce que l’actualité découvre pour qui sait voir et un amas de livres dont nous allons tenter de vous parler ici. Il y a la nécessité de lire et faire connaitre des travaux « incontournables » sur la dynamique chinoise. J’ai commandé en particulier les livres de Remy Herrera et nous vous en ferons des comptes-rendus. Mais il y a aussi dans ce moment où comme nous l’analysons dans notre livre le monde multipolaire est déjà là et la Chine en partenariat stratégique avec la Russie (dans ce qu’elle conserve de soviétique et pas seulement) est la force d’impulsion. ce monde multipolaire est dans la phase 2 celle de la lutte des classes contre l’impérialisme dans laquelle les « sommets » sont la traduction de ce raz de marée. Et à ce titre aujourd’hui je vous propose trois livres qui viennent de paraître et qui portent sur « la conscientisation des masses », ce marxisme qui ne renonce pas à Hegel à travers la figure du prolétaire chinois et de sa « dictature ». Du rôle des intellectuels, scientifiques, artistes et le parti lui même : les communistes doivent se rassembler et que le lieu le plus opportun pour le faire est le PCF, mais non seulement il est impossible dans les conditions de « malentendu » qui se sont ossifiées que je le rejoigne jamais, mais après la manière dont a été prise la célébration de la Victoire ce 9 mai 2025, je n’ai même pas intérêt(je ne parle pas au nom des autres auteurs qui sont libres de leurs engagements, c’est le contrat de ce livre) à en faire l’objet principal de mes réflexions. Ce que je peux apporter est ailleurs et garantit la sérénité de chacun.

L’actualité française est desespérannte : Emmanuel Macron, Keir Starmer, Fritze Merz et Donald Tusk donnent dans le grotesque, ils prétendent s’être réuni pour soutenir un cessez-le-feu, une demande qui faisait déjà partie du plan original de Trump pour un accord de paix en Ukraine, un plan qui ne s’est jamais concrétisé puisqu’ il nécessitait des concessions importantes de la part de l’Ukraine comme condition préalable. Ce vaudeville n’a qu’un seul objectif obtenir que l’Amérique continue à financer Kiev à fonds perdus en attendant le retour des démocrates. parce que cette bande a ceci de commun avec toute la ligne de « gauche » y compris celle de ce qu’est devenu l’Humanité : créer les conditions de leur bonheur, le retour de l’Amérique qui leur assure une défense à moindre coût et la participation au pillage du reste du monde, Obama, Biden et les autres. En espérant que cela leur évitera le monde multipolaire et qu’ils pourront continuer à coloniser en paix, et négocier les chaînes des travailleurs en jouant les bobos de gauche, les belles âmes…
Ils n’ont pas compris deux choses:
- le monde multipolaire est déjà là, il est irreversible et Trump est un syndic de faillite qui ne fait que révéler ce qui existe déjà depuis des décennies.
- Mais nous sommes dans la phase 2 celle où le monde multipolaire en s’imposant à l’hegemon est désormais la proie de turbulences qui sont celles de la lutte des classe à la fois dans le néocolonialisme impérialiste et dans les luttes des classes à l’intérieur des nations et des ensembles régionaux.
Se débattre est du temps perdu ; on ne force pas un âne à boire s’il ne le veut pas…
Comment vous expliquer, Il y a là devant moi plusieurs livres que je voudrais dévorer et dont j’alterne la lecture tant ils m’aident à accueillir ce monde nouveeau en me nourrissant du passé que l’on veut à toute force nier comme s’il se fut s’agi d’un cauchemar et qu’il faudrait au contraire avoir la force de regarder dans ses ombres et lumières, moi je prends tout. C’est le présent et le devenir de ceux que j’ai tant voulu croire être mes compagnons et qui me sont inconnus, je ne vois pas où ils veulent aller. la fuite en avant dans l’autoflagellation et l’idée que le jour où l’on sera débarrassé de Staline tout ira bien même s’il est mort en 1953, il demeure le point commode de toutes les marginalisations et de toutes les soumissions ultérieures, on lit la Russie et la Chine sous cet angle là et in fine on appuie la grotesque expédition en Ukraine qui demeurera dans l’histoire comme un des moments où le tragique et le ridicule se le disputent à travers la bassesse des politiciens, il faut relire les féroces descriptions de Marx à propos de ces politiciens qui prennent la pose tandis que l’on s’étripe…
Mais les Français ne lisent pas et quand ils lisent ils se contentent de ce qu’ils savent ou croient savoir, ils n’apprennent rien tant ils croient savoir.. J’en suis pour ma part à ce moment de la lecture ou après avoir lu l’incipit, on ouvre les livres au hasard et on se laisse prendre par un texte comme je l’ai été par la manière dont Aragon lit Bolivar de Supervielle et s’interroge sur la spécificité de l’Amérique latine,,, ou cet autre où il exige qu’en matière de littérature et de culture, le gouvernement de Front populaire fasse moins de « politique » en fait d’idéologie pour retrouver le sens politique de la culture…
- Dans la bibliothèque de la Pleiade vient de paraître les Essais litteraires d’Aragon… je ne peux le quitter parce que je sais à quel point Aragon a compris cette idée qui m’avait fascinée chez Brecht: tout ce que j’aime n’a de sens que parce que les êtres humains sont là et pourtant a priori je ne leur voue pas une telle estime… Aragon va plus loin encore il découvre que ce qui donne son sens à Beaumarchais, à Figaro, à toute la littérature c’est la révolte des sans culotte du Faubourg Saint Antoine.
- Et voici que les éditions le Manifeste m’envoient le numéro 26 des annales Aragon journaliste année 1936-1937 et là c’est une nouvelle avancée dans cette réflexion, il ne s’agit plus seulement d’écrits, il rentre en action, il sollicite, juge et invite les autres écrivains artistes à entrer dans la bataille…Il sait et en même temps il continue parce que ce qui le porte est cette absolu de la sagesse, de l’être humain conscientisé (voir Kojève en 3)
- Un troisième pavé est là, qui vient également de paraître dans la bibliotèque idées chez Gallimard, Sophia I philosophie et phénoménologie par Alexandre Kojève, le philosophe espion du KGB qui a subjugué l’intelligentzia française et à travers Hegel les a lié à la révolution bolchevique.
Dans ces trois livres il y cette quête de la liberté humaine, celle dont personne ‘n’a jamais compris que c’était ce que des gens comme moi, comme Marianne, demandions, ni l’argent, ni la gloire, n’avoir envie de rien d’autre que de vivre et comme l’explique Kojeve de se conscientiser jusqu’au bout… la sagesse, se connaitre soi-même et je n’ai jamais rien écrit qui n’aille dans ce sens là, me battre avec les mots qui sur le papier résistent alors que dans la tête on a tendance à effacer l’obstacle.

« lorsque la révolution socialiste débuta en Russie, dit Kojeve, l’adjectif « conscientisé »y connut d’emblée un succés sans précédent. Des espressions telles que « je suis conscientisée », « le prolétariat conscientisé », vous, les citoyens conscientisés » et ainsi de suite s’entendaient à chaque coin de rue et, même si ce mot avait pris sur les lèvres de nos ennemis le tour d’une raillerie, il était prononcé par nos amis avec foi et élévation. Or, personne ne remettait en doute le fait que cette déclaration concernait la prise de concience révolutionnaire des masses. Pourtant, après la victoire de la révolution, le concept de prise de conscience ne fut pas jeté aux oubliettes. Au contraire, le Parti et le gouvernement n’eurent de cesse de s’orienter idéologiquement en fonction des masses révolutionnairement conscientisées et de s’appuyer sur elles pour agir et y puiser leur propre force. Or, si le Parti et le gouvernement s’efforçaient, d’un côté, d’utiliser la prise de conscience qui avait déjà eu lieu, ils tendaient, de l’autre et selon l’ordre des choses, à l’élargir et à la développer. On peut ajouter, du reste, que ce labeur consistant à approfondir et à étendre cette prise de conscience ne fut jamais aussi conscientisé et mis en oeuvre qu’à notre époque stalinienne » (p.17)
et si je m’écoutais je continuerai à recopier tout le livre qui fait 530 pages, Aragon dans la pleiade sans les index c’est 1958 pages et Aragon journaliste 314. Voici donc traduit du russe à partir de manuscrits aussi illisbles que ceux de Marx, ce que l’on connaissait jusqu’ici que par des notes prises en cours par l’écrivain Queneau ou par les dires d’autres élèves comme Lacan… cet espion venu du froid pour nous convaincre de la victoire de l’esprit des masses comme finalité de l’espèce… et du vivant… la dialectique…
En fait, c’est tellement passionnant et cela correspond tellement à ce qui m’inpirait quand j’écrivais le livre que nous venons de publier sur la Chine. J’étais dans un retour à Hegel et j’identifiais le prolétaire, à la calligraphie de l’homme qui parait marcher. Marianne n’en pouvait plus de mes références à Hegel et c’était de cela dont il était question que je retrouvais dans « servir le peuple » de Mao. IL n’y a rien de visionnaire, il faut que les choses soient déjà là, elle sont là dans les masses au zenith de leur conscience, et en même temps il faut un parti pour que le gouvernement conserve cette préoccupation constamment et ne se contente pas comme un démagogue d’utiliser la colère, le ressentiment des masses.
Parce que si cela reste affaire d’intellectuels il faut affronter ces textes , cette époque pour mesurer où cela porte le progrès de l’humanité et où commence la rupture avec la réalité et la folie de Pol Pot… C’est ce qu’Aragon n’a cessé d’affronter et tout un trajet qu’il importe de comprendre, voir de juger à la lumière des défis d’aujourd’hui et de non seulement une ère messianique mais le soulagement des souffrances et de la peine des êtres humains et de leur milieu naturel d’épanouissement… Nous y reviendrons parce qu’il y a tant de texte qui paraissent écrits pour aujourd’hui, et on suit avec étonnement la manière dont Aragon dit en contrebande mais est aussi pleinement enraciné dans la réalité de ce qui se passe en espagne autant que dans les procès faits à Trotsky… il cherche dans l’URSS le chemin de la France, celui qu’il retrouvera sur les terres des Flandres dans la semaine Sainte vingt ans après en 1956, seul le collectif peut cela …

Ces trois livres qui viennent d’être publiés sont exactement ce dont un certain nombre d’entre nous sont avides… Mais que certains soient avides ne signifie pas que les autres le soient même si chacun sent bien que nous sommes dans de grands bouleversements.
danielle Bleitrach
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