Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Regis de Castelnau : conversation imaginaire entre Lavrov et Rubio

Ce qui a caractérisé le PCF, disons « Thorézien », c’est sa capacité à intégrer les syndicalistes révolutionnaires, les marxistes de diverses sensibilités, les républicains « souverainistes » intellectuels, ouvriers, tous ayant leur « sensibilité » et qui aujourd’hui ont tendance à être fragmentés dans des niches groupusculaires. Mais ce qu’ils avaient en commun c’était une grande lucidité sur l’adversaire. Cette lucidité ancrée dans une dimension de classe évitait bien des dérives et les attendrissements a contrario. Regis de Castelnau, avocat ayant mené des procès à l’international pour le PCF, héritier d’une famille de militaires qui refusaient la capitulation des nantis, conserve beaucoup de cet ancrage. L’anti-impérialisme chez lui s’accompagne d’une sympathie non dissimulée pour la bravoure russe et d’un mépris total pour l’hégémonisme dominant et la vassalité de Macron. Souvent l’ensemble donne des résultats tout à fait pertinents et qui soulagent de la tartufferie ambiante. Ici Lavrov répond à Rubio : le nombre de fois où nous vous avez fait cocu est tel que je me demande si vous ne vous prenez pas pour des imbéciles en remettant ça… Notons l’unanimité de ceux qui ont peu de mémoire qui tend à se dégager autour de cette proposition de « cessez-le-feu! » En ce qui me concerne je me dis que les Russes, Lavrov en tête sont d’admirables joueurs et qu’ils ne jouent pas dans la même catégorie que Macron et sa « basse-cour », que Zelensky et que Trump ne peut l’ignorer. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

pour préciser : Une hypothèse qui me fait envisager avec plus de tranquillité le « piège » du cessez le feu.

Depuis le début la situation des Eats-Unis, la faiblesse de leur pilier », le dollar autant que l’armée américaine est patente et Trump est un sydic de faillite qui tente un changement de stratégie copié sur celle de la Chine et une remise en question des blocs dont le rapport qualité prix est d plus en plus défavorable. Dans ce genre de situation tout ce que vous faites se traduit par un cout supplémentaire que l’on renvoie sur les alliés et les Européens sont les dindons de la farce. Leurs médiocres dirigeants à la macron cherchent à la fois à sauver leur peau et le faire aux dpends de leur peuple. Cela ne changera pas la face de la guerre mais sera de plus en plus dur pour les malheureux peuples, une sorte d’ukranisation projetée dans laquelle il faut faire durer le rackett.

dans la crise comédie avec Zelensky ce qui est apparu clairement c’est que la guerre était bel et bien menée par les USA. Sans leurs renseignements les troupes ukrainiennes sont incapable de résister parce qu’elles n’ont pas la possibilité d’anticiper les manœuvres des Russes et cela existait dès le début de l’entrée des Russes, ça été installé comme si l’Ukraine n’étais plus qu’une base des Etats-unis. mais là depuis une semaine, les Ukrainiens n’étaient plus guidés et ils ont été tout de suite encerclés par les Russes et vidés en particulier de Koursk mais aussi du reste du front. Ils connaissent une débâcle avec un maximum de prisonniers.

la venue de Poutine en commandant miltaire a déjà ce sens et celui du 9 mai qui est la grande fête de la victoire. poutine comme nous l’analysons dans notre livre n’a de force que s’il assume l’héritage de l’URSS et dans la résistance à l’OTAN autant que dans son rôle dans les BRICS. Et il le sait.

Poutine comme tous les leaders de la bourgeoisie nationale, type De gaulle, Mustapha Kemal, Nasser et bien d’autres assume pour défendre l’intérêt de la nation la force de son peuple, leur faiblesse est qu’ils mènent aussi une rivalité avec les communistes qu’ils tentent de détruire ou de diminuer, ce qui fait qu’ils ouvrent en général les portes à la bourgeoisie compradore qui elle se nourrit de la vente du pays à l’impérialisme US et occidental. C’est ce que ne cesse de répéter Ziouganov qui met en garde contre la 5 e colonne.

Mais aujourd’hui Poutine sait que l’occident l’a condamné à mort et il ne cédera pas. Donc il est probable que avant de passer un accord avec Zelenski à Ryad, les termes de la négociation ont été fixés entre Moscou et Washington. Trump a lui même son propre ennemi interne qui joue en bourse contre lui non qu’ils soient en désaccord mais il cherche à négocier un partage du pillage escompté. Les Européens sont les marionnettes de cette faction. et les Russes n’ont pas à les ménager d’ailleurs Poutine vient déjà de répondre à Macron et même à cet innocent de Bompard : La Russie a averti ce jeudi 13 mars qu’elle considérerait l’envoi de soldats européens en Ukraine, afin de garantir un cessez-le-feu, comme un « conflit armé direct » avec Moscou. « Il est absolument inacceptable pour nous que soient déployées des unités des forces armées d’autres États en Ukraine […] tout cela signifierait l’implication de ces pays dans un conflit armé direct avec notre pays, auquel nous répondrons par tous les moyens disponibles », a déclaré à la presse la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova, citée par l’AFP.

En fait les véritables négociations ont déjà eu lieu et ce qui se passe avec le retour de Lavrov à l’OSCE est peut-être c’est l’hypothèse la plus favorable ce qui a déjà été convenu, à savoir des conditions débarrassées du cirque politique et qui laisse les diplomates gérer les rapports de forces.

le véritable bon conseil qui a été donné aux nations européennes c’est de se débarrasser de la vassalisation US en recréant l’Europe de Brest à l’Oural, donc en incluant la Russie dans ue Europe des nations souveraines. Et de concevoir cet espace dans celui de l’eurasie et les Brics. le seul qui va dans ce sens est Roussel. le PCF commence à le percevoir et la prise de conscience est certes un peu confuse mais c’est la seule qui ouvre une perspective. (danielle Bleitrach pour histoireetsociete)

Proposition de cessez-le-feu : « tu m’as trompé une fois fois, honte sur toi. Tu m’as trompé deux fois honte sur moi »

« Camarade Sergueï Viktorovitch Lavrov, nous avons un appel du secrétaire d’État américain Marco Rubio.

• Je vais le prendre, passez-le-moi.

• Bonjour Monsieur le ministre, je vous appelle après la négociation que nous avons menée à Djeddah avec la délégation ukrainienne. Nous nous sommes mis d’accord avec eux pour faire à la Russie la proposition suivante : vous acceptez un cessez-le-feu, une trêve quoi, sur l’ensemble de la ligne de front pour un mois. Nous reprenons toutes les livraisons militaires à l’Ukraine et rétablissons leur accès aux systèmes électroniques satellitaires, d’ISR et de ciblage de leurs frappes. Et dans un mois, on commence les vraies négociations sur un traité de paix.

• Si je comprends bien, cher Monsieur Rubio, alors que nous sommes en train d’écraser l’armée ukrainienne, vous nous proposez de lui donner un répit pour qu’elle puisse souffler, se rééquiper, se réorganiser et être, avec votre soutien, à nouveau d’attaque dans un mois. Vous ne prenez aucun engagement aujourd’hui sur le contenu des négociations et en particulier sur les propositions régulièrement rappelées par Vladimir Poutine. Donc cette proposition de trêve n’engage ni les États-Unis, ni l’Ukraine sur la suite du conflit. Vous connaissez Monsieur le secrétaire d’État, mon souhait de toujours respecter les usages en gardant aux rapports diplomatiques la courtoisie nécessaire. Mais là, je vais me permettre une familiarité en vous demandant si vous n’êtes pas en train de vous foutre de ma gueule ?

• Ah oui mais non, pas du tout ! C’est bien une proposition de paix que nous formulons. Il ne s’agit pas dans notre esprit de permettre à l’Ukraine de récupérer pour éventuellement reprendre les hostilités. J’ai l’impression que vous n’avez pas confiance. En tout cas, désormais dans le processus de paix que nous avons initié, « la balle est dans votre camp ».

• « La balle est dans votre camp », pour une offre de cessez-le-feu c’est amusant. Permettez-moi cependant de vous rappeler que dans notre arsenal nous avons autre chose que des balles. Malheureusement je regrette, mais votre proposition n’en est pas une. Tout d’abord le fait que tous les excités bellicistes européens qui nous déclarent la guerre à longueur de communiqué, d’émissions et des colonnes, la reprennent mot pour mot, vous en conviendrez, n’est pas très bon signe. Ensuite, vous parlez de confiance. Bizarrement, Monsieur le secrétaire d’État, nous ne vous en faisons aucune.

Voyez-vous, le conflit n’a pas commencé le 24 février 2022. Son début peut être fixé au mois de février 2014 avec le coup d’État organisé et financé en Ukraine par les États-Unis. Une partie de la population ukrainienne n’a pas accepté ce renversement brutal d’un gouvernement légitimement élu. Les nouvelles autorités installées par Victoria Nuland ont utilisé des unités paramilitaires néonazies pour mener une répression féroce qui s’est transformée en guerre. En août 2014 l’armée ukrainienne avait investi la ville d’Ilovaïsk où elle fut écrasée par les troupes séparatistes. Première tentative pour trouver une solution à la demande du pouvoir de Kiev qui aboutit aux accords de Minsk-1, immédiatement violés. Les hostilités reprirent et en février 2015 bis repetita, à Debaltsevo, avec une même défaite sanglante pour l’AFU. Même tentative de solution avec Minsk 2, même violation immédiate par Porochenko, réactivation par Zelensky après son élection, même duplicité. Les dirigeants français et allemands de l’époque reconnaissent aujourd’hui qu’ils n’ont jamais eu l’intention de les faire appliquer, et le petit excité de président français a démontré qu’il ne les avait simplement jamais lus (!!!).

En 2022 avec des garanties françaises et allemandes, les Russes ont évacué les environs de Kiev qu’ils occupaient pour permettre la mise en œuvre du traité de paix négocié et rédigé entre la Russie et l’Ukraine. Résultat, une balle dans la tête du négociateur ukrainien par les néonazis, rupture de l’accord sur injonction de Biden et reprise de la guerre.

Et maintenant, Monsieur le secrétaire d’État, alors que le corps expéditionnaire ukrainien à Koursk est en train de s’effondrer, vous me proposez un accord qui n’en est pas un. Et de vous faire confiance encore une fois ?

Alors cher Monsieur Rubio, je vais m’autoriser quelques distances avec la civilité diplomatique, en vous rappelant une maxime paraît-il d’origine anglaise : « fool me once, shame on you. Fool me twice, shame on me ». Que l’on peut traduire en langage des rues par : « tu m’as niqué une fois, honte sur toi. Tu m’as niqué deux fois, honte sur moi ».

Si l’on compte depuis l’élargissement de l’OTAN, le nombre de cocufiages que nous avons subis a quand même sévèrement entamé notre capital d’amour-propre.

C’est terminé, nous entendons le reconstituer. »

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3 Commentaires

  • BELLEMAIN Serge
    BELLEMAIN Serge

    Juste un détail…depuis que je suis le blog de Régis de Castelnau, donc depuis plusieurs années, de Castelnau, s’affiche « communiste », le revendique régulièrement pour marquer d’où il parle, et argumente avec le souci d’illustrer ses analyses par les analyses des communistes des pays étrangers. Ses positions sur la bataille d’Ukraine, à illuminer par la stratégie définie par les néo-cons étatsuniens, « démocrates » ou « républicains » dont « Le grand échiquier » de Brezinski est « la bible », et la réinformation qu’il entend mener avec des spécialistes en stratégie militaire et en géopolitique, outils d’analyse qui manquent cruellement à la plupart des militants du PCF, englués dans « l’après-huisme » à construire pour redonner à la Classe ouvrière un outil de sa libération du capitalisme et de la construction du socialisme, sont INDISPENSABLES aux militants pour débrouiller, y compris sur le plan juridique, la pensée, donc l’action du militant. Son expertise juridique, par ailleurs, est sans égal…Des Bleitrach et des de Castelnau sont indispensables à la lucidité nécessaire alors que les dangers se font de plus en plus pressants : l’impérialisme est « questionné au niveau mondial » par la majorité des pays de l’ONU…nous souffrons, et continuerons de souffrir, mais la porte des possibles, dont le SOCIALISME! L’évolution du PCF, enfin!, ne peut que nous réjouir, alors que chacun, encarté ou non, peut et doit reprendre sa place dans la lutte pour le socialisme, s’il s’en est écarté, comme je l’ai fait, car seule véritable solution à la construction d’un Monde qui mettra définitivement à l’ordre du jour la construction d’un COMMUN universel!

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    • admin5319
      admin5319

      c’est vrai que j’ai de la sympathie pour Regis de castelnau, nous appartenons tous deux à un temps où être communiste impliquait un certain panache et ou ne pleurnichait pas sur les fausses victimes et vrais affabulateurs mais il y a aussi des nuances entre nous, il fait partie de ceux dont je sohaiterais qu’il soutiennent -de manière critique – les positions du PCF et en particulier la référence de ce dernier à la négociation dans un cadre diplomatique et international, sans préjuger de la négociation. Ce qui est le cas des positions actuelles de Roussel, même si nous le jugeons tous les deux (castelnau et moi) un peu trop souvent ignorant de l’histoire y compris celle du PCF et plus encore de l’internationale, trop influencé par le père joseph, l’éminence crise de l’UE le sieur Boulet. Il n’empêche, lui comme d’autres devraient se rendre compte qu’il est urgent de « rassembler, et il n’y actuellement aucune force qui avance aussi vite sur le terrain de la « vraie sécurité » que le PCF et Roussel… Si Regis de Castelnau voulait bien se résigner à ce soutien critique celui-ci lui éviterait des prises de position qui ont parfois dépassé disons le « raisonnable » vers certaines formes d’extreme droite au nom de la souveraineté nationale. Bien que j’ai moi aussi toujoiurs vu en lui un communiste. mais le connaissant comme je le connais, il s’en fout de ce que je pense à peu près autant que moi quand on tente de me faire adopter une position qui n’est pas la mienne… Nous avons trop vu de donneurs de lecon à l’échines souples, écoeurants. On fini par éprouver un certain soulagement à être seul c’est ce qu’ils ont fait de nous…
      danielle Bleitrach

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  • Michel BEYER
    Michel BEYER

    Ce dialogue imaginaire est à rapprocher de la mise en garde de Ziouganov.
    S. LAVROV mis à contribution pendant cette période très mouvementée répond à des bloggeurs américains. C’est une vraie leçon de diplomatie:
    https://mid.ru/fr/foreign_policy/news/2002637/

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