Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Opinion : le vote à l’Assemblée Nationale et le choix d’une autre « sécurité » par le PCF… par Danielle Bleitrach

Ce vote mercredi à l’Assemblée nationale sur l’Ukraine a témoigné d’un important bougé sur la conception de la sécurité. Le choix de la direction du PCF dans ce domaine est déterminant et l’évolution témoigne de ce qui pourrait advenir si l’effort était amplifié. Cet effort concerne les membres du PCF mais il va bien au-delà, il existe désormais tout un espace satellisé à gauche mais aussi dans les forces syndicales, chez ceux que jadis on appelait les républicains de progrès, des organisations, des individus inquiets du déclin français, une majorité de Français, ce qui peut représenter un large rassemblement. Pour que ce rassemblement existe, pour qu’il puisse résister à la propagande de guerre incroyable que nous subissons, il faut une force politique dont les buts et les moyens s’inscrivent a contrario de la cause réelle de ce déclin. Il faut une force non sectaire mais qui nous aide à sortir des confusions ambiantes. Cette force est à construire, mais ce qui se passe à l’intérieur du PCF crée une perspective alors que l’on ne peut que constater que toutes les tentatives groupusculaires en France, comme dans la plupart des pays, ne peuvent pas aboutir.

Face à la propagande de Macron y a-t-il un début de résistance sur la conception de la « sécurité » ?

On ne peut pas isoler les débats sur la guerre de la lutte qui doit être menée contre la politique du gouvernement et celle de l’UE qui utilise l’escalade guerrière pour tenter de poursuivre une politique d’austérité, cédant au diktat des marchés financiers et à tous ceux qui ont intérêt à la poursuite de la guerre.

Ce qui se passe en matière de propagande est en effet stupéfiant. Certes depuis des décennies ont été mises en place des ré-interprétation de l’histoire, une censure de plus en plus pesante au nom de la démocratie, mais là ont été dépassés tous les garde-fous et on retrouve non seulement les grands classiques du pétainisme mais les procès en diffamation se multiplient y compris entre les principaux artisans de ce déballage en forme de mise au pilori.

Le fait est que l’on assiste à un début de résistance.

On ne peut pas attribuer aux seules positions de la direction nationale du PCF que l’on peut résumer par le « non à l’escalade de la guerre, oui à la sécurité collective » l’évolution encore insuffisante en France, mais ces avancées ne peuvent pas être analysées sans cette référence aux analyses politiques du PCF, à la manière dont ce parti a su lier la situation des couches populaires, la destruction des emplois, des services publics, du tissu industriel, la politique de l’énergie à la défense de la paix. Cette manière de reprendre pied dans les préoccupations des Français est attachée à la personne de Fabien Roussel, qui l’a porté dans les médias en essuyant des campagnes infâmes, mais aujourd’hui elle devient de plus en plus celle des militants en voie de réorganisation. Cette évolution dépend aussi largement du choc provoqué par la politique de Trump, la conscience de la défaite en Ukraine, de l’apparition d’un monde nouveau. Il y a une opinion générale d’être entré dans une autre ère. Quand le PCF a renoué avec sa conception de toujours, la politique de la sécurité internationale en remettant en cause l’OTAN et en faisant référence aux accords d’Helsinki, un pas a été accompli. Si Macron et sa « basse-cour » politico-médiatique en exagère les aspects angoissants, le parti communiste a été donc le seul a élargir la conception de la sécurité en montrant les possibles et les actions concrètes que cela suppose. La clarté est-elle totale, et surtout la mise en mouvement dans l’action, non, mais cela peut aller plus vite qu’on ne l’imagine.

Partir de l’insécurité telle qu’elle est vécue et que l’on dévoie dans la seule référence à l’immigration et à son corollaire, le péril venu de l’étranger, avec la réponse du surarmement…

Selon la dernière enquête de la Banque de France publiée ce mercredi, l’activité tricolore devrait progresser moins que prévu en 2025: +0,7%, au lieu de +0,9% prévu lors de la dernière estimation en décembre, et après 1,1% en 2024. La croissance du PIB est également revue à la baisse pour 2026, à 1,2% (-0,1 point). La principale raison évoquée : le climat d’incertitude qui s’est renforcé avec les premières mesures annoncées par le président américain. « Par rapport à nos projections de décembre, l’incertitude a un peu changé de nature. En décembre, elle concernait principalement le contexte interne puisqu’on était en pleine incertitude sur le Budget. Aujourd’hui, l’incertitude est d’abord au niveau international (…), en lien avec ce qui se passe sur les droits de douane américains », analyse Olivier Garnier, directeur Général de la Banque de France, en charge des statistiques, des études économiques et des relations internationales.

Nous sommes donc devant un paradoxe qui veut que l’on invente la menace russe qui n’existe pas et n’a jamais existé alors que pour une grande part le coût de la guerre qui a été installée par les Etats-Unis sous Obama et Biden a été énorme, comme l’a été la soumission sans condition à toutes les délocalisations et licenciements boursiers. Ce qui se passe au niveau de la guerre est assez comparable à l’étrange phénomène d’une économie arrêtée pendant le COVID et par un miracle sur lequel personne ne s’interroge les milliardaires français voient leurs fortunes atteindre des sommets, comment cela se peut-il? Et bien dans cet appel à l’armement il y a quelque chose d’aussi mystérieux, quoiqu’il en coute ils trouvent le fric. Nous sommes devant une véritable arnaque qui a besoin d’inventer le péril pour nous voler l’essentiel par l’inflation, par la destruction des services publics. Tant qu’on ne fait pas la démarche de Roussel, partir des besoins des couches populaires on se faait avoir…

Et nous continuons avec l’art et la manière de subir les tarifs douaniers et plus encore puisque la politique menée par Trump va avoir des conséquences encore plus importantes. La plupart des pays y compris la Chine qui demeure le moteur de l’anti-récession vont devoir développer encore plus leur compétitivité pour y faire face, ce qui va peser sur des économies déjà aussi malades que celles de l’UE depuis qu’elles ont été contraintes à des sanctions boomerang contre la Russie et de fait à une dépendance accrue aux USA qui a ouvert une guerre économique contre elles. Le cas de l’Allemagne étant caricatural.

Dans ce contexte, il faut impérativement lutter pour une paix véritable et celle-ci en ce qui nous concerne n’aura pas lieu tant que cette vassalisation aux USA divisera le continent européen et créera les conditions d’une hostilité avec le reste du monde en particulier le Moyen Orient et l’Eurasie. D’où l’importance de ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale si l’on songe à ce qu’était en 1923 l’absence d’oppostion à la résolution 390 qui déjà laissait toute latitude à la ponction pour l’armement de l’Ukraine et représentait donc déjà à la fois un danger et une escroquerie, là l’union sacrée n’a pas tout à fait fonctionné.

Le vote à l’Assemblée nationale de ce mercredi et son contexte

Dix jours après un front uni dans le soutien à Kiev présenté lors du débat sur l’Ukraine, dont on pouvait craindre le pire, les députés ont monté des divergences salutaires sur la manière de procéder ce mercredi 12 mars. Invités à débattre d’une proposition de résolution européenne « appelant au renforcement du soutien à l’Ukraine », l’Assemblée nationale s’est divisée dans un contexte marqué par l’accélération des négociations avec l’accord de l’Ukraine à une proposition américaine de cessez-le-feu. Est-ce que Trump est autre chose que l’agitation de l’impérialisme des Etats-Unis? Les questions se multiplient mais aussi les doutes sur la délégation de la paix…

Le texte – sans valeur contraignante pour le gouvernement, mais à forte portée symbolique – a été largement adopté (par 288 voix, contre 54 et 132 abstentions), au terme d’un débat très politique, mais pas à l’unanimité et c’est avec un grand soulagement que l’on peut désormais apprécier la montée d’un camp de la paix face à une extrême-droite elle embarrassée. Le soutien à l’Ukraine peut effectivement donner lieu à bien des interprétations. Les députés de la France insoumise et la quasi totalité de leurs collègues Gauche démocrate et républicaine ont voté contre, tandis que les députés du Rassemblement national et de l’Union des droites pour la République se sont abstenus. Tous les autres groupes ont voté en faveur du texte.

La résolution adoptée ne se contentait pas de condamner l’agression russe, ce qui peut effectivement comme on l’a vu dans les votes de l’ONU relever de l’affirmation d’un point de droit international. Elle évoque le processus d’adhésion de l’Ukraine à l’Union européenne en plaidant pour qu’il « aboutisse dans les meilleurs délais ». Une perspective contre laquelle se sont élevés les groupes RN et LFI, ainsi que GDR et UDR, mais aussi des élus de la Droite républicaine.

En quoi le PCF est-il déterminant dans ce vote ?

Il y a le choix conscient d’être un leader et il y a ce que représente encore le PCF et la manière dont le capital mais aussi ses concurrents qui ont prétendu reprendre son rôle « révolutionnaire »sont obligés de se positionner par rapport à lui. Parce que reste toujours vrai et plus que jamais le constat: on ne gouverne pas la France avec un particommuniste à 20% ou à 2%. C’est vrai pour le capital mais ça l’est également dans les élections et leurs programmes et même pour un congrès du PS en préparation.

Certes la specificité du groupe communiste de ne pas avoir que des députés communistes rend difficile de savoir le vote du groupe, mais il est clair aussi que la plupart des compte-rendus sont embarrassés par une opposition qui ne se limiterait pas à l’affrontement complice supposé de la LFI et du RN. y compris par d’autres votes et interventions. (1)

Certes la riposte en faveur de la paix sur des bases claires qui dénoncent l’OTAN, le rôle de l’UE et en appellent à de nouvelles relations internationales portées par le PCF est encore à l’état embryonnaire mais cette risposte crée déjà les conditions d’une prise de conscience et du refus de l’Union sacrée. Si la LFI a toujours voulu revendiquer le rôle d’opposant le plus radical à Macron et aux compromis de la social démocratie, le disputant au RN mais créant les conditions d’une division telle que Macron espérait en sortr renforcé, il est aussi obligé en matière d’opposition « sociale » de ne laisser aucun espace au PCF, on l’a vu lors des élections des Européennes où la candidate à LFI à collé le jeune candidat du PCF sur son programme social (quitte à se montrer totalement différente au parlement européen).

Cela fait partie de la stratégie mitterrandienne de Melenchon, qui est toujours axée sur la présidentielle : on mène les premières années de la campagne dans le radicalisme le plus absolu en essayant de convaincre que tous les autres ne sont que de pâles réformistes. il s’assure le monopole de fait de la gauche de l’aspiration au changement social et quand il a ainsi renforcé ses troupes, au moment des élections il joue les rassembleurs et sort les drapeau bleu blanc rouge et devient le candidat réformiste, le vote utile. C’est la stratégie de Mitterrand par laquelle il tuait ses partenaires à gauche pour mieux après adopter une ligne qui a été celle du libéralisme et de l’atlantisme en s’appuyant sur les couches moyennes urbaines et en faisant monter l’extrême-droite comme un repoussoir. melenchon y a ajouté une dimension pseudo tiermondiste emprunté à l’Amérique latine mais qui s’est vite transformé en communautarisme et est resté mené par des couches moyennes urbaines.

Il est évident que le PCF tel qu’il a commencé à apparaître gène une telle stratégie au plan intérieur en s’inscrivant dans la lutte pour l’emploi, pour le pouvoir d’achat, pour l’industrialisation, une politique énergétique et pas seulement le clientélisme communautariste des banlieues. Il devient alors le véritable adversaire que l’on transforme en petit franchouillard raciste , comme cela a déjà été fait par ce même Mitterrand pour Marchais, en frisant le lybchage. D’ailleurs Melenchon construit sa stature internationale présidentiable en allant vendre son rôle anti-impérialiste à toute l’internationale y compris communiste en l’opposant à la trahison du PCF. La politique internationale du sieur Boulet et autre Kamenka est une aide indéniable à un tel projet.

Mais quand le même PCF continue sa transformation en se battant pour la paix et en retrouvant les fondamentaux du PCF, il faut occuper l’espace, même si celà reste encore très flou comme on l’a vu avec les déclarations de Bompard. D’où ce vote à l’assemblée. On voit à quel point le PCF pourtant réduit à sa plus simple expressio,, désorganisé reste un parti pas tout à fait comme les autres.

Mais ne boudons pas non plus notre plaisir, pour la première fois apparaît la possibilité d’un véritable camp de la paix qui devrait constituer des bases d’élargissement dans le mouvement social. Pour la première fois ce monopole n’est pas laissé à l’extrême-droite… divisant le camp du choix d’un nouveau monde, multipolaire, vers le socialisme, en deux factions irréconciliables . Et cela dépend pour beaucoup de ce que deviendra le PCF.

Danielle Bleitrach

(1) Analyse du scrutin n°976 – 17e législature – Assemblée nationale En fait tous les députés communistes ont voté contre ils étaient 6, la FI étaient 13. en fait on a assisté à certaines dispersion des votes dans les autres groupes en particulier chez les écologistes …

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1 Commentaire

  • Denis Lemercier
    Denis Lemercier

    Merci pour tout cela Danielle.
    Je pense que le vote sur la résolution est à l’adresse suivante:
    https://www.assemblee-nationale.fr/dyn/17/scrutins/988
    9 députés du groupe GDR ont voté contre, 3 se sont abstenus.
    Le scrutin 976 concerne un vote sur un sous-amendemant si j’ai bien compris

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