Décidément le président du KPRF est un grand politique qui voit loin et qui sait à qui il a affaire, ne sous-estime pas l’adversaire. Nous ne pouvons que conseiller à tous les lecteurs de ce blog de lire et de diffuser cette analyse qui dans les perspectives comme dans les moyens ne se fait pas plus d’illusions sur ce à quoi nous prépare le maquignonnage de Trump. Cela change du « coq » Macron selon l’expression utilisée par Ziouganov qui n’arrive même pas à être méchant avec la France. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://kprf.ru/dep/gosduma/activities/232086.html
Le 18 février, G.A. Ziouganov, président du comité central du KPRF et chef du groupe parlementaire communiste, s’est adressé à la session plénière de la Douma d’État. Nous vous proposons le texte de son discours.
– Chers membres du Parlement !
Nous suivons tous avec grand intérêt les pourparlers qui ont commencé au milieu de la semaine dernière entre les présidents Poutine et Trump. Aujourd’hui, le processus de négociation se poursuit à Riyad avec des délégations solides qui annonceront un paquet de propositions concrètes à la fin de la journée.
À mon avis, notre pays et la planète entière ont une tâche très responsable pour que ces négociations se terminent dans la bonne volonté et la paix. Mais nous devons garder à l’esprit que nous avons entamé des négociations avec un pays qui nous a déclaré la guerre. Avec l’OTAN, qui mène cette guerre depuis trois ans. Un dialogue très difficile nous attend, qui nécessitera les efforts de toutes les parties, factions, mouvements et de notre complexe scientifique et industriel.
Hier, le ministre des affaires étrangères, M. Lavrov, a déclaré que nous devions étudier l’histoire avec soin. Et nous avons un siècle d’histoire unique de négociations de ce type. Lénine a dû accepter la « misérablable » paix de Brest pour sauver la République soviétique et sa capitale. Mais il a ensuite formé une armée rouge de quatre millions d’hommes en un an, brisé l’Entente et libéré le pays. C’est lui qui a réuni pacifiquement notre grande puissance sous une nouvelle forme – l’URSS, poursuivant l’histoire millénaire de l’État russe.
Staline a opté pour une paix difficile, le pacte Molotov-Ribbentrop, avec l’Allemagne d’Hitler. Mais il mit à profit un an et demi de paix pour lancer la production de toutes les armes les plus récentes, « persuader » Roosevelt et Churchill et, au cours de trois cycles de négociations, mettre en place l’ordre mondial qui a duré près d’un demi-siècle.
Brejnev et Kossyguine ont créé la parité des missiles nucléaires en dix ans et ont contribué à chasser les Américains du Viêt Nam. Le président Nixon a été contraint de signer des accords non seulement sur la réduction des armes nucléaires, mais aussi sur la science, l’éducation et même le commerce.
Le président Poutine et nous-mêmes sommes aujourd’hui confrontés à une tâche extrêmement difficile. Et nous disposons d’arguments très solides pour la résoudre. Mais je tiens à souligner que nous n’avons pas droit à l’erreur ! En effet, toute erreur entraînera une déstabilisation à l’intérieur du pays et une défaite que les prochaines générations ne nous pardonneront pas.
Quels sont nos principaux arguments ? Tout d’abord, nous avons un taux de croissance économique de plus de 4 %. Et ceux qui tentent de ralentir ce taux sont contre le traité de paix.
Nous avons toutes les conditions pour relancer la science et l’éducation nationales. Et je tiens à remercier notre grande équipe dirigée par Alferov, Melnikov, Kashin, Smolin, Ostanina, Savitskaya pour avoir jeté les bases brillantes de la prochaine réforme de la science et de l’éducation.
Vous et moi bénéficions du soutien populaire et de la cohésion de l’armée. Il y a une unité sur les principales questions que nous avons soumises à la Douma d’État. Nous avons des forces armées puissantes, un complexe militaro-industriel qui fonctionne bien et tout ce qu’il faut pour avancer sur toute la ligne de front.
Tout cela deviendra inévitablement les principaux arguments dans les négociations. Trump sera obligé de les écouter. Au passage, il a démontré une bonne connaissance de notre histoire en disant : pourquoi avons-nous déclenché une guerre contre un puissant pays nucléaire qui a vaincu Napoléon et Hitler ? Aujourd’hui, alors que nous préparons le 80e anniversaire de la Victoire, nous devons mener un travail éducatif actif auprès de la nouvelle génération de notre pays afin qu’elle connaisse sa propre histoire.
Celui qui pense que les actions de Trump sont chaotiques se trompe. Sa stratégie est réfléchie et calibrée. Pour la première fois, le complexe militaro-industriel-technologique des États-Unis dispose d’un tel pouvoir. Ils ont déjà « dépouillé » le Canada, pillé l’Europe. Ils transportent déjà des marchandises par le canal de Panama pour pas cher. Et ils dicteront leurs conditions à tout le monde. D’ailleurs, la « partition » est si bien écrite que l’Europe, réunie hier à Paris sous la houlette du « coq » Macron, n’a pas pu prendre une seule décision consolidée.
Le secrétaire américain à la défense est venu dire directement : il n’y aura pas d’Ukraine dans l’OTAN. Et si vous y allez, nous retirerons le cinquième article de la charte de l’alliance et vous laisserons sans parapluie nucléaire. Et le vice-président américain Vance a déclaré à la conférence de Munich sur la sécurité que le principal ennemi de l’Amérique aujourd’hui n’est pas la Russie ni la Chine, mais les ordres européens, qui ont supprimé tous les fondements de la démocratie et des droits de l’homme. Il a ensuite donné une brillante conférence sur le fait que l’électeur a toujours raison. Je conseille de distribuer ce discours de Vance à Russie unie afin que vous le lisiez attentivement et que vous adaptiez également votre législation électorale.
Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir aujourd’hui pour soutenir le président et l’équipe de négociation. Nous devons les aider à réaliser nos projets. Mais je tiens à rappeler à cette équipe qu’elle doit savoir clairement à qui elle a affaire.
Lorsque M. Trump est arrivé au poste de président des États-Unis, la première chose qu’il a faite a été d’ordonner le tir de missiles sur la Syrie. La deuxième chose, c’est que les Américains ont tué des chefs militaires de premier plan en Iran. Troisièmement, il a tenté d’organiser un coup d’État au Venezuela. Quatrièmement, il a imposé de nouvelles sanctions à Cuba. Cinquièmement, il a rompu les négociations sur le Moyen-Orient. Il a entrepris de rendre à l’Amérique sa grandeur. Et il sait très bien qu’aujourd’hui, les États-Unis et la RPC sont à égalité, et que dans dix ans, la Chine dépassera les États-Unis en termes de production industrielle par un facteur de deux. Empêcher cela est l’objectif clé auquel sont subordonnées toutes les actions de sa nouvelle administration.
Mais Trump lui-même n’a plus que 1 430 jours à la Maison Blanche, et il n’aura pas d’autre mandat. Il prépare donc Vance à lui succéder, afin d’ajouter huit années de présidence à son règne et de faire de l’Amérique le pays numéro un en douze ans. Un pays avec l’économie la plus avancée, avec l’intelligence artificielle, avec les dernières technologies. Et neutraliser tous ceux qui tentent de les contredire.
Dans ces conditions, il faut d’abord tout faire pour améliorer notre situation financière et économique. Les banquiers prévoient déjà une croissance de 1 à 1,5 % cette année. Mais cela fait déjà dix ans que nous avons une croissance de 1 %. En conséquence, nous avons connu la guerre et d’autres problèmes graves. C’est pourquoi il est urgent de se mobiliser et de construire notre ligne. Car ce qui se passe actuellement est absolument anormal. Nos campagnes sont déjà en train d’étouffer, le complexe de construction patine. Avec une telle politique financière et économique, l’industrie ne peut pas travailler normalement. Il y a de l’argent, mais les producteurs nationaux n’y ont pas accès !
Il faut renforcer le soutien aux hommes qui se battent en première ligne. V.I. Kashine et moi-même envoyons déjà le 135e convoi sur place. Toute notre équipe fait un excellent travail. Aujourd’hui, nous avons remis à d’éminents activistes des médailles d’or commémoratives pour l’anniversaire de notre victoire.
En ce qui concerne l’élargissement du cercle de nos alliés, les BRICS et l’OCS sont une invention unique de Poutine et de Xi Jinping. Si nous faiblissons et mettons en péril la solidité de ces alliances, ce sera un crime aux conséquences désastreuses pour les cent années à venir. Il n’y a pas d’autres options pour renforcer notre opposition à la puissance de l’Amérique et de l’OTAN dans cette situation. À cet égard, notre parti prépare un mémorandum. Avec nos camarades chinois, nous avons tracé la route rouge de Pékin à Leningrad, en passant par Oulianovsk, Kazan et Moscou, jusqu’au croiseur Aurore. Et le président soutient cette initiative. Russie unie devra donc réagir.
Nous finalisons actuellement les préparatifs d’un Forum international antifasciste de grande envergure. Afonine, Novikov, Kalashnikov et Taisaev le préparent. Nous vous invitons à y participer. Des délégations de plus d’une centaine de pays s’y retrouveront. Le programme est très vaste, commençant par la Place Rouge, la colline Poklonnaya et le Théâtre de l’Armée soviétique. L’Ensemble Alexandrov a l’intention de se produire et de montrer ce qu’est notre grande culture.
Qu’est-ce que la Russie a à craindre ? Tout d’abord, la « cinquième colonne » ! C’est elle qui a étranglé le pays soviétique. Et vous ne vous décidez toujours pas à rendre à Stalingrad son nom héroïque. Et sur cette vomisserie d’Eltsine au centre de Moscou, construite pour un milliard trois cents millions. Qui l’a autorisé ? Enquêtons ensemble ! Vous ne vous rendez pas compte que c’est un défi lancé à tous ceux qui se battent aujourd’hui ? C’est absolument inacceptable !
Et si vous clôturez à nouveau le Mausolée le 9 mai, aucune organisation véritablement patriotique ne le pardonnera ! Alors, soulevons officiellement la question et remettons la Place Rouge dans l’état où elle se trouvait en 1945, lorsqu’elle a accueilli le légendaire défilé de la Victoire. Nous prouverons alors que nous sommes capables d’assurer l’unité des générations.
Et nous devons aussi nous méfier des provocations. Car des provocations, il y en a eu à chaque fois que nous avons dû conclure les accords les plus importants. Les meilleurs experts pour les organiser sont à Londres. Ils pratiquent depuis des siècles les actions subversives les plus sophistiquées dans le monde entier. À cet égard, une attention particulière doit être accordée aujourd’hui aux pays baltes.
Je vous invite tous à travailler activement à la conclusion de cet accord historique dont parle le président Poutine. Nous devons veiller à ce que cet accord nous garantisse la sécurité pour les décennies à venir.
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Lavallée Ivan
C’est quoi la « vomissure » qu’évoque Ziagounov ?
Par ailleurs au début il dit « Tout d’abord, nous avons un taux de croissance économique de plus de 4 % » et puis plus avant il annonce » croissance de 1 à 1,5 % cette année. Mais cela fait déjà dix ans que nous avons une croissance de 1 % » . Il doit y avoir une explication que j’aimerais bien avoir
Marianne
La « vomissure » c’est le Centre Eltsine. Il y en a déjà un dans l’Oural, et certains voudraient en ouvrir un aussi à Moscou…
Sur le PIB : celui de 2024 est en effet supérieur à 4%, mais sur dix ans, avec des hauts et des bas, la croissance est plus près de 1%.
Etoilerouge
Merci Marianne. Et nous communistes français, ne pourrions nous soutenir nos camarades de Russie en réclamant le respect pour la place rouge, soon mausolée, sa tribune légendaire d’où Staline prononça son discours fameux pendant que sous la neige défilaient les soviétiques, en armes montant au front? Soutenir nos camarades russes qui réclament ce que tous les antifascistes devraient réclamer le retour du nom glorieux courageux éclairé de Stalingrad lumière ds la nuit fasciste?