La tentative de récupération des acquis du socialisme par le fascisme est un mouvement général et les communistes russes, ici Touri Afonine mènent un combat résolu contre cette banalisation du fascisme qui passe partout par le même processus: faire l’amalgame entre fascisme et communisme, pour mieux porter ses coups contre les communistes de leur refus hier comme aujourd’hui de l’exploitation et du bellicisme. (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)
https://kprf.ru/party-live/cknews/231373.html
Depuis quelques jours, la thèse circule dans le milieu de l’information russe : Hitler était, paraît-il, un homme de gauche ! Presque un communiste ! Qui est chargé de diffuser cette belle idée ? L’aile droite de la propagande d’État russe. Elle affiche et réaffiche de temps à autre des textes sur ce sujet.
Ce n’est plus un secret depuis longtemps : la Russie compte de nombreux propagandistes à la solde de l’État, qui défendent des idées ouvertement de droite et qui s’en prennent constamment à Lénine, aux bolcheviks, à l’Union soviétique et à toutes les idées de gauche en général.
La toile de fond de la droite russe est une déclaration d’Alice Weidel, leader du parti d’extrême droite allemand Alternative pour l’Allemagne. Elle a récemment déclaré, lors d’une émission en direct avec Elon Musk, qu’Hitler n’était pas du tout de droite, qu’il « était communiste et se considérait comme un socialiste ». Les partisans de la droite russe se sont empressés de reprendre cette thèse.
Quels sont donc les arguments de ceux qui veulent faire passer Hitler pour un homme de gauche ? Le parti d’Hitler portait les mots « travail » et « socialiste » dans son nom. Le drapeau nazi était de couleur rouge. Hitler a parfois vilipendé les capitalistes et, en général, il a largement eu recours à une rhétorique anti-élitiste.
Je voudrais vous demander : avez-vous des arguments plus substantiels ? Outre la démagogie d’Hitler et la couleur des drapeaux ? Quelque chose dans le domaine socio-économique ? Ici, la droite n’a en fait qu’un seul argument : Hitler a eu recours à une régulation planifiée de l’économie.
Messieurs, je voudrais attirer votre attention sur les faits suivants :
- Hitler, dans les années 1920, a déclaré dans « Mein Kampf » que les communistes et l’URSS étaient ses principaux ennemis. Bien entendu, il a lié tout cela à sa question raciale-nationale préférée : le marxisme a été inventé par les Juifs, et ils dirigent également l’Union soviétique.
- Une fois au pouvoir, Hitler a envoyé tous les gens de gauche – communistes et sociaux-démocrates – dans des camps de la mort.
- Hitler a procédé à une privatisation massive des biens – banques, usines, mines – qui avaient été nationalisés sous la République de Weimar. Et bien sûr, sous Hitler, l’économie allemande est restée essentiellement privée.
- Hitler a détruit les syndicats allemands et le mouvement ouvrier allemand.
- En l’absence de syndicats, Hitler a fourni aux capitalistes allemands un taux de profit sans précédent. Regardez le graphique. Sous le régime nazi, le taux de profit moyen des capitalistes allemands a été multiplié par 4 ou 5 ! Et ce, non pas par rapport à l’époque de la Grande Dépression, mais par rapport aux années 1926-28, très prospères.
- Hitler a fabuleusement enrichi les capitalistes en leur donnant des commandes de guerre. Alors que les Allemands ordinaires versaient leur propre sang et celui des autres, la grande bourgeoisie allemande tirait des profits fantastiques de la guerre.
- Hitler a fourni aux entreprises privées allemandes des millions d’esclaves pratiquement gratuits parmi les détenus des camps de concentration et les « Ostarbeiter ».
- D’une manière générale, les capitalistes allemands n’ont jamais vécu aussi bien que sous Hitler. Il y a bien eu une régulation économique sous les nazis. Et alors ? Pour les capitalistes, la croissance des profits est 4 à 5 fois mille fois plus importante que certaines « libertés économiques ».
Messieurs, si, sur la base de ces faits, vous considérez Hitler comme quelqu’un « de gauche », il y a lieu de s’interroger sur vos capacités mentales. Ou une autre question : connaissez-vous quoi que ce soit à l’histoire ? Ou avez-vous ne serait-ce qu’un grain de conscience, puisque vous êtes prêts à vous livrer corps et âme à la dernière manipulation de l’histoire ?
La raison pour laquelle la droite russe se livre à ce genre de déformation grossière est généralement compréhensible. Leurs idées, leurs attaques constantes contre les communistes et l’URSS ressemblent parfois à s’y méprendre aux produits du ministère de la propagande de Goebbels. Maintenant, ils vont nier cette ressemblance de la manière suivante : non, non, pas du tout, Hitler est de gauche, et nous sommes de droite.
Nous ne devrions jamais oublier que le glissement de l’Ukraine vers l’abîme a également commencé par un biais de droite en politique, par l’anticommunisme et l’antisoviétisme. Les cercles les plus réactionnaires du capital russe et leurs serviteurs politiques sont tout à fait capables de pousser la Russie sur la voie ukrainienne. La voie d’un nouveau fascisme.
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