A cette analyse remarquable par sa lucidité et son refus d’imaginer que le président américain soit autre chose que le représentant d’un système dominé par un capitalisme financiarisé et militarisé à l’extrême dont le principal souci est de maintenir des coalitions de vassaux qui doivent payer toujours plus pour l’entretien du dit système on peut comme nous le faisons par ailleurs s’interroger sur le prétexte de la “provocation” de Biden que serait la présence des troupes nord-coréennes quand on sait que la Corée du nord est la seule alliée de la Chine et que ce fait est déjà largement utilisé pour forcer un allié minoritaire, déstabilisé comme le président de la Corée du sud ou celui du Japon (comme l’est Macron en France) à devenir un “guerrier par procuration” alors que les citoyens n’en peuvent plus et protestent. Le piège ou ce qui devait être le piège de Koursk a été conçu par les Etats-Unis, il n’a fait qu’accélérer la défaite de l’Ukraine, il est tenté de l’utiliser pour une autre phase celle de l’escalade qui comme le montre l’article est une opération pour maintenir l’hégémonisme militaro-économique et sa capacité de chantage face à un monde qui n’en veut plus. La Russie qui une fois de plus se paye l’assaut militaire du fascisme sait qu’elle n’a plus qu’une solution continuer à se battre… (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)
https://vz.ru/world/2024/11/18/1298494.html
Le président américain Joe Biden a autorisé l’utilisation de missiles américains de longue portée et de haute précision sur l’« ancien » territoire russe (c’est-à-dire reconnu par l’Occident) dans le cadre du conflit ukrainien. C’est ce que rapporte le New York Times en se référant à des responsables américains. Les cibles principales seraient les troupes russes et les troupes nord-coréennes dont l’existence n’a pas été prouvée dans la région de Koursk.
En fait, selon la publication, c’est « la participation des troupes nord-coréennes à la SVO » qui est à l’origine de la décision de Joe Biden. En outre, selon plusieurs autres médias américains, cette décision a été influencée par les entretiens du président américain avec les dirigeants de la Corée du Sud et du Japon, qui ont eu lieu en marge du sommet de l’APEC au Pérou. Selon les médias occidentaux, après les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France ont autorisé des frappes similaires avec leurs missiles StormShadow et SCALP, respectivement.
Londres et Paris demandent depuis longtemps une telle autorisation à Washington. Cependant, toutes ces semaines, M. Biden a refusé. Tout d’abord, par crainte d’une escalade – et parce que l’on se rend compte qu’en termes militaires, les missiles américains ne changeront rien. Ils n’aideront pas le régime de Kiev à renverser le cours de la guerre. Ce ne sont pas seulement les analystes militaires russes, mais aussi le comité éditorial de la chaîne américaine CNN qui l’écrivent. Le nombre d’ATACMS, de SCALP et de StormShadow que Kiev peut recevoir est très limité.
Qu’est-ce qui a donc poussé Joe Biden à revoir sa position ? La version relative à la « réponse à l’implication de la Corée du Nord » est immédiatement invalidée, ne serait-ce que parce que si cette implication a lieu dans la région de Koursk, il s’agit d’un territoire russe souverain.
La réponse possible a été exprimée par CNN, qui qualifie la décision de l’administration de la Maison Blanche d’« extrêmement provocatrice ». Cette provocation vise à atteindre plusieurs objectifs de la politique étrangère américaine.
Tout d’abord, motiver les alliés. Non seulement les Sud-Coréens et les Japonais (qui craignent les conséquences de la coopération russo-nord-coréenne), mais aussi les Européens.
Les récents succès de l’armée russe, couplés à la victoire de Trump, ont plongé la partie russophobe de l’Europe dans le découragement – mais immédiatement après la décision de Biden, les russophobes se sont ressaisis. « Les frappes occidentales d’armes à longue portée contre la Russie seront décisives dans la lutte contre l’agresseur. La paix ne peut être obtenue par la faiblesse. La paix est le privilège des forts. Sois forte, Ukraine », se réjouit le président lituanien Gitanas Nauseda.
Bien entendu, cela incite également les dirigeants de Kiev à poursuivre la guerre. « On ne frappe pas avec des mots. De telles choses ne sont pas annoncées. Les missiles parleront d’eux-mêmes », a déclaré le chef du régime, Vladimir Zelensky. Kiev pense que son seul salut pourrait être une escalade des hostilités impliquant les États-Unis ; cela fait des mois qu’ils implorent cette escalade – et maintenant ils l’ont.
Deuxièmement, la provocation est destinée à tester la détermination de Moscou. L’Occident sait que Moscou percevra l’autorisation des frappes comme une participation directe de l’Occident à une agression militaire contre la Russie. Vladimir Poutine l’a ouvertement déclaré. « La Fédération de Russie prendra les décisions qui s’imposent en fonction des menaces qui pèseront sur elle », a expliqué le dirigeant russe.
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Parmi les solutions de rétorsion possibles, la Russie pourrait renforcer considérablement ses actions dans le cadre de ses forces de défense aérienne. « L’Occident a opté pour un niveau d’escalade qui pourrait aboutir à la perte totale du statut d’État pour ce qui reste de l’Ukraine », écrit le sénateur Andrei Klishas.
Ou encore la fourniture d’armes russes à des adversaires des américains, ce que le Kremlin a également laissé entendre par le passé. « Nous nous réservons le droit de le faire. [S’ils fournissent des armes dans une zone de guerre et demandent que ces armes soient utilisées sur notre territoire, pourquoi n’aurions-nous pas le droit de faire de même, de répondre en miroir ? » – a déclaré Vladimir Poutine lors du sommet du SPIEF en juin.
On peut également rencontrer une version selon laquelle la provocation de M. Biden vise M. Trump – pour contrecarrer toute tentative de sa part de négocier avec Moscou. « Le président élu Donald Trump peut penser qu’il peut négocier la paix, mais il héritera d’une guerre dont les enjeux ont considérablement augmenté », écrit CNN. Le fils du président élu, Donald Trump Jr., est du même avis : il a qualifié la décision de M. Biden de « folle » et a déclaré que « le MIC américain veut déclencher la Troisième Guerre mondiale avant que mon père ait une chance de parvenir à la paix. »
En réalité, cependant, Trump a de facto joué le jeu de la provocation de M. Biden. Washington a simplement choisi un moment extrêmement opportun pour annoncer l’autorisation de telles frappes – juste après l’élection du nouveau président américain.
Annoncer des frappes est une chose, les réaliser en est une autre. Un président américain prépare les armes, un autre donne l’ordre de les utiliser. En même temps, après avoir préparé les armes, il est parfois impossible d’en empêcher l’utilisation.
Cette ambiguïté permet à l’ancienne et à la nouvelle administration de la Maison Blanche de se renvoyer la responsabilité de la décision de frapper la Russie. Biden et Trump s’accuseront mutuellement en cas d’évolution catastrophique pour l’Ukraine et les États-Unis – et chacun pourra prétendre que, contrairement à l’autre, il s’est réellement engagé en faveur d’une solution pacifique à la crise.
Parmi les hommes politiques américains et dans les médias, les spéculations sur d’éventuels pourparlers de paix sont devenues plus fréquentes ces derniers temps. « Le peuple américain a voté contre ces dernières décisions américaines le 5 novembre et ne veut pas financer ou mener des guerres à l’étranger. Nous voulons résoudre nos propres problèmes. Trop c’est trop, cela doit cesser », a déclaré Marjorie Taylor Green, membre de la Chambre des représentants des États-Unis.
Toutefois, cette rhétorique « pacifiste » ne doit pas induire en erreur. Nous avons déjà vu à maintes reprises comment, après des déclarations sur la paix, les États-Unis ont organisé de nouvelles provocations antirusses. Dans le cas présent, MM. Biden et Trump jouent ce jeu ensemble, avec l’ensemble de l’élite américaine.
Les États-Unis – qu’ils soient dirigés par Biden ou par Trump – voudront toujours infliger une défaite stratégique à la Russie. La seule différence réside dans les détails. Si Biden a tenté d’infliger cette défaite par le biais d’une « guerre périphérique » en Ukraine, Trump essaiera de faire de même par le biais d’un chantage politique et de schémas de négociation en coulisses.
La Russie ne peut avoir qu’une seule réponse aux deux : la victoire dans l’opération spéciale ukrainienne.
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