Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Afonine : une loterie pour résoudre la crise démographique ? vous plaisantez !

Le jour où Fabien Roussel et son solide sens des réalités rencontre pour tout de bon les camarades du KPRF on peut être assuré qu’ils se tomberont dans les bras… Non qu’ils soient d’accord sur tout mais parce qu’ils ont en commun l’art de dénoncer les tortueux chemins par lesquels les démagogues prétendent la jouer “populaire” tout en privant les couches populaires de ce à quoi elles ont droit. Dans le fond c’est ce qui a séduit beaucoup d’intellectuels dans le communisme, cet art d’aller à l’essentiel : un mathématicien est séduit quand une équation est arrivée à sa forme la plus épurée et un intellectuel éprouve une sorte de soulagement et de bien être esthétique quand le “prolétaire” lui économise de multiples démonstrations. Le sujet n’est pas secondaire, puisqu’il s’agit de ce dont Emmanuel Todd et la plupart des démographes mettent en évidence à savoir la baisse démographique, le non renouvellement des populations, en Russie comme dans toute l’Europe, en Chine comme dans toute l’Asie, pas un continent n’y échappe même l’Afrique comme on le voit dans certaines zones comme le Cap vert est entré dans le processus. Le bon côté de l’affaire est qu’en général la chute démographique freine le bellicisme et incite à des politiques plus “raisonnées”. Mais les effets réels n’existeront qu’en 2030 et entre temps… (note de Danielle Bleitrach et traduction de Marianne Dunlop pour histoireetsociete)

Le vice-président de la Douma d’État, membre du parti libéral-démocrate de Russie (LDPR [extrême-droite]), a proposé que des appartements soient attribués par tirage au sort parmi les familles où un enfant est né.

Je voudrais demander : n’envisagez-vous même pas la possibilité de fournir simplement un logement à toutes les familles, comme à l’époque soviétique ?

Afin d’augmenter le taux de natalité, Boris Chernyshov, vice-président de la Douma d’État issu du LDPR, a suggéré que 10 appartements, 100 voitures et 1000 appareils électroménagers soient tirés au sort chaque mois entre les familles ayant un nouveau-né.

Que dire de cette idée ?

Le taux de natalité en Russie a atteint un niveau historiquement bas. À la fin de l’année, il devrait être inférieur à celui de l’année 1999 de M. Eltsine, lorsque le précédent anti-record a été établi. Le nombre de naissances est une fois et demie inférieur au nombre de décès ! Mais la Russie n’est pas un petit pays, et il y a encore environ 100 000 bébés qui naissent chaque mois. La chance de gagner un appartement ne sera donc que de 1 sur 10 000.

Quelqu’un pense-t-il vraiment que de nombreuses personnes sont prêtes à prendre une décision sérieuse pour avoir un enfant, en se basant sur le hasard ? À la poursuite d’une chance aussi fantomatique ?

Il est clair, bien sûr, qu’après que la Banque centrale a poussé le taux directeur au-dessus de 20 %, la majorité absolue des familles russes doivent oublier ce moyen d’acheter leur logement sous la forme d’un prêt hypothécaire. Les paiements sont devenus inabordables. Mais une loterie aux chances négligeables ne remplacera pas un prêt hypothécaire abordable.

Et je voudrais aussi vous demander : pourquoi vous, messieurs, essayez-vous toujours de « réinventer la roue » ? Pourquoi ne voulez-vous pas utiliser l’expérience évidente, qui peut VRAIMENT augmenter le taux de natalité ?

Historiquement, jusqu’au milieu des années 1980, la Russie, qui faisait alors partie de l’Union soviétique et s’appelait la RSFSR, comptait deux fois plus de naissances par an qu’aujourd’hui.

Et il ne s’agissait pas d’un pays patriarcal où les femmes restaient à la maison et ne faisaient rien d’autre qu’accoucher et faire le ménage (certains proposent aujourd’hui de revenir au Moyen Âge et d’organiser quelque chose comme ça, mais c’est une utopie réactionnaire). Non, presque toutes les jeunes femmes soviétiques des années 1980 travaillaient ou étudiaient. Et avaient au moins un niveau d’éducation secondaire. Mais elles avaient suffisamment d’enfants pour que le pays ne connaisse pas un déclin démographique.

Alors pourquoi ne voulez-vous pas vous inspirer de cette expérience et l’utiliser ? L’expérience soviétique se résume à ce qui suit. Chaque jeune famille recevait un logement. Si ce n’est pas un appartement tout de suite, c’est au moins dans un foyer familial. Les soins de santé et l’éducation étaient entièrement gratuits. Les enfants constituaient une « classe privilégiée », pour laquelle il existait un vaste réseau de camps de pionniers, de cercles gratuits et de services. Et leurs parents avaient un emploi garanti et décemment rémunéré, ainsi qu’une confiance totale dans l’avenir.

Réfléchissez donc à la manière de rétablir tout cela. Mieux encore, lisez le programme du CPRF, tout y est écrit. Et ne vous laissez pas aller à inventer des idées exotiques comme les loteries, censées vous sauver de la crise démographique.

Source : VK (V Kontakte)

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