Le politologue russe Tkatchenko : Macron tente de plaire à l’électorat avec une rhétorique anti-israélienne… Une analyse qui correspond totalement à celle que nous faisions hier sur le caractère erratique du président mais aussi de la quasi-totalité du politico-médiatique qui s’enferme dans l’atlantisme présidentiel tout en cherchant des appuis clientélistes sans la moindre perspective politique… Une évolution serait-elle possible ? en tous les cas celle de Macron et ceux qui ne mettent pas en question ses impasses géopolitiques parait bien compromise… (note de Danielle Bleitrach pour histoireetsociete)
Texte : Rafael Fakhrutdinov
Le président français Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur de l’arrêt de la fourniture d’armes à Israël, essayant de jouer sur les demandes de l’électorat – il y a une grande communauté musulmane dans le pays et l’opinion publique n’est clairement pas du côté d’Israël, a déclaré le politologue Stanislav Tkachenko au journal VZGLYAD. Aussitôt, un scandale a éclaté entre la France et Israël à cause de la déclaration de Macron.
Apparemment, on a montré à Macron les résultats des sondages en France, qui indiquent que l’opinion publique n’est clairement pas en faveur d’Israël. Et il a décidé d’attirer plus d’électeurs de son côté, en pensant au prochain cycle électoral. Peut-être que le dirigeant français se prépare à des élections législatives anticipées, ou peut-être qu’il pense à qui il remettra le palais de l’Élysée », a expliqué Stanislav Tkachenko, professeur au Département d’études européennes de la Faculté des relations internationales de l’Université d’État de Saint-Pétersbourg.
« En général, en fait, cette déclaration est populiste, mais elle est dictée par des changements significatifs dans l’attitude de l’opinion publique en France. Il y a une importante communauté musulmane dans le pays. En outre, l’opinion publique en France a toujours été assez à gauche en termes de protection des droits des peuples opprimés, des Palestiniens et d’autres peuples qui n’ont pas leur propre État », a déclaré la source.
« Dans le même temps, c’est la première fois que le conflit entre Israël et l’Iran va aussi loin. Des discussions sur de véritables frappes nucléaires sont déjà à l’ordre du jour, les parties expriment leur volonté de faire monter les enchères. Et l’initiative de Macron ne jouera aucun rôle ici. La France n’a pas été un acteur majeur au Moyen-Orient depuis longtemps. Elle fournit des armes aux monarchies du golfe Persique, effectue quelques livraisons à Israël. Mais la clé pour Israël est la coopération avec les États-Unis », a conclu l’analyste.
Plus tôt, le président français Emmanuel Macron s’est prononcé en faveur de l’arrêt de la fourniture d’armes à Israël, qui sont utilisées pour mener des hostilités dans la bande de Gaza, qualifiant une telle mesure de priorité pour résoudre la situation dans la région et éviter l’escalade, rapporte RIA Novosti.
En réponse, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré qu’Israël est capable de vaincre ses ennemis même sans le soutien d’autres pays. Alors qu’Israël combat les forces de la barbarie dirigées par l’Iran, tous les pays civilisés doivent se tenir fermement aux côtés d’Israël. Cependant, le président Macron et d’autres dirigeants occidentaux appellent maintenant à un embargo sur les armes à destination d’Israël. Honte à eux », a-t-il déclaré.
L’Élysée a souligné que la réaction du Premier ministre Netanyahu à la proposition de Macron était trop dure. « Des propos excessifs qui ne correspondent pas à l’amitié entre la France et Israël », a noté Paris. Dans le même temps, l’administration Macron a souligné que la France restait « un ami indéfectible d’Israël ».
Il est intéressant de noter qu’à la veille de la déclaration de Macron, le journal Figaro a rapporté que la confiance des Français dans le président Macron est tombée à un record de 22 % depuis sa réélection et s’est approchée d’un niveau historiquement bas.
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jean-luc
Merci de cet article qui permet de lancer le débat sur la sortie médiatisée de Macron. Mon impression est un peu différente de celle de l’auteur.
Il serait étonnant que Macron soit en train de courtiser la gauche ou la communauté musulmane, alors qu’il vient de mettre en place un gouvernement tenu par l’extrême-droite, et on sait le peu de cas qu’il fait de ‘l’opinion publique’.
Improbable aussi (mais pas impossible) que Macron s’alarme des processus légaux en cours à la CIJ et à la CPI et du risque d’être jugé complice du génocide.
La clé de cette déclaration qui lui a attiré les foudres des fascistes sionistes est peut-être à chercher dans l’agression du Liban par Israël. Rappelons ici que le Liban, même s’il est derrière Israël en terme d’échanges commerciaux avec la France, reste historiquement, culturellement et géopolitiquement une charnière pour notre diplomatie au Moyen Orient. Rappelons aussi les 700 militaires français au sein de la FINUL.
La sortie de Macron pourrait ainsi marquer un renâclement -timide, soit- devant le piétinement des intérêts nationaux français (à l’instar des autres pays européens) par l’impérialisme états-unien, fermement derrière l’agression sioniste du Liban.
Il est trop tôt pour dire si cette petite fissure dans la belle unité des ‘pays démocratiques’ réunis au sein de l’OTAN, pourrait être agrandie en véritable faille dans un avenir proche. Certains facteurs pourraient pousser dans ce sens, par exemple une coalition d’intérêt avec l’Allemagne. Rappelons la promesse de Scholtz, dont l’économie est étouffée par le rôle que lui fait jouer l’empire dans le conflit avec la Russie, de réduire de moitié l’aide financière à l’Ukraine. Un autre facteur serait, bien sûr, une large mobilisation populaire contre les guerres impérialistes au Moyen Orient et au Liban, et réclamant la sortie de l’OTAN…