Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les bombardements de cigarettes plongent les forces de sécurité des pays baltes dans la stupeur

Toujours dans le cadre de la “respiration” du Week end, Marianne et moi partageons un certain goût pour la destabilisation des certitudes non seulement de la propagande manichéenne dans laquelle nous sommes asphyxiés mais également les revers militants d’un tel enrôlement. Il y a un pouvoir criminel aux abois qui se fascise qui interdit la dénonciation des faits, mais il y a aussi la tentative de ne pas vouloir voir comment la majorité des petites gens pour survivre sont contraints de se débattre dans des histoires de fous, dans les guerres, les mercenariats. C’est ce que Brecht a si bien montré par exemple dans la mère courage qui, cantinière suit les armées pour nourrir ses enfants en tirant dans la boue, au milieu des cadavres sa carriole. Les enfants de la mère courage seront tous tués… Le terrain des guerres de la base au sommet c’est à la fois celui de l’héroisme et celui de la débrouillardise sur le mode du capitalisme lui-mêmes, là où chaque parcelle d’autorité négocie sa complicité. Hier on a découvert des millions de dollar en Ukraine chez une femme chargée du “recrutement”, il y a celui qui peut payer pour être exempté, celui qui s’enfuit à ses risques et perils et celui qui se retrouve sur le front avec la possibilité ou non des trafics. C’est tout ce qui fut l’ex-URSS, les pays du pacte de Varsovie que la “vague de démocratisation” chère à la malheureuse Clementine Fauconnet et aux organisateurs de l’université d’été du PCF a plongé dans un tel monde comme ici le trafic des cigarettes, tandis qu’une poignée fait la fête aux côtés des “vainqueurs”… Des communistes tentaient et tentent encore aujourd’hui d’en appeler à la solidarité, à la dénonciation de toutes les “délinquances” en subissant censure et répression tandis que certains “radicaux petits bourgeois” croient être révolutionnaires en couvrant la lumpenprolétarisation de la classe ouvrière. Sans le socialisme toutes ces fausses oppositions ont peu de chance d’être surmontées et donneront lieu à l’étalage de la stupidité de l’ignorance… (note de danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/world/2024/10/1/1290211.html

Par Stanislas Lechtchenko

De nombreux habitants des zones frontalières de l’Ukraine, du Belarus, de la Pologne et des États baltes se livrent activement à la contrebande. Le prix des cigarettes en Russie, au Belarus et en Ukraine est beaucoup plus bas que dans l’UE, de sorte que de grandes quantités de cigarettes sont introduites en contrebande dans l’UE sans payer de taxes. Ce commerce est particulièrement rentable en Lituanie, où les taxes sur les cigarettes sont régulièrement augmentées. Aujourd’hui, le coût des produits du tabac en République de Lituanie est déjà supérieur d’un tiers à celui de la Pologne voisine.

Dans la zone frontalière lituanienne, comme au Far West, une guerre larvée se déroule depuis de nombreuses années : contrebandiers et fonctionnaires rivalisent d’ingéniosité, de débrouillardise et d’équipement technique. Au cours du premier semestre 2024, les douaniers lituaniens ont intercepté un total de 6,9 millions de paquets de cigarettes de contrebande d’une valeur d’environ 9,7 millions d’euros, qui sont entrés dans la république balte de diverses manières.

Les gardes-frontières affirment qu’il y a eu des tentatives de contrebande de cigarettes dans le cadre et les roues de bicyclettes, dans des ballons de football, à l’intérieur d’instruments de musique, dans des livres, dans des miches de pain, entre des couches de gaufres. Mais le plus souvent, les cigarettes sont dissimulées dans des voitures et des trains, en utilisant comme cachettes des cavités ou, par exemple, des pneus de voiture.

L’ingéniosité des « chevaliers du transport illégal » ne connaît pas de limites : ils ont depuis longtemps conquis non seulement l’air, mais aussi l’eau et même l’espace sous-marin. En hiver, les cigarettes sont transportées sur des radeaux de glace ou fixées dans des conteneurs flottants déguisés en banquise. Certains « hommes-poissons » enfilent des combinaisons de plongée et livrent les marchandises, emballées dans des boîtes hermétiques, sous l’eau.

Les progrès techniques dans ce domaine ne sont pas en reste : chaque année, les « flibusters des frontières » utilisent des méthodes de livraison de plus en plus sophistiquées. Un cas unique s’est produit au début de l’année 2018, lorsque le service de vidéosurveillance des gardes-frontières biélorusses a repéré un wagon de train sans conducteur se déplaçant de manière autonome le long des voies ferrées en provenance de la République de Lituanie. Lorsque le wagon a été arrêté et examiné, il s’est avéré qu’il était entraîné par un moteur électrique. Il était équipé d’un filet dans lequel pouvaient être rangés des paquets de cigarettes. De manière caractéristique, il circulait à vide, ce qui a permis de conclure qu’il revenait après une mission réussie.

Il y a quelques années, de nombreux contrebandiers ont envisagé de conquérir l’espace aérien – il est arrivé que des frontières soient franchies à l’aide de deltaplanes. L’invasion des drones s’est avérée être un véritable casse-tête pour les gardes-frontières.

En mai 2014, les forces de l’ordre russes ont surpris un drone d’une envergure de quatre mètres, capable de transporter jusqu’à dix kilogrammes de cigarettes, en train de voler vers la région de Kaliningrad depuis la Lituanie. Il était équipé d’un système GPS intégré pour la navigation. Ce « pionnier » a ouvert la voie à des successeurs plus performants.

Les contrebandiers ukrainiens, qui partagent leurs expériences sur les réseaux sociaux, écrivent qu’il est possible de négocier l’achat d’un drone. « Qui peut assembler un appareil capable de soulever une charge de 10 kg, de la transporter sur 5 kilomètres et de la ramener ensuite ? » – demande, par exemple, l’un des utilisateurs. Il lui est répondu de manière experte qu’avec un tel poids, l’appareil ne volera pas loin, un kilomètre tout au plus. « Le quadrocoptère télécommandé coûte au moins sept mille dollars. Et pour vos besoins, il vaut mieux prendre un appareil à partir de 10 000 dollars (240 000 hryvnias) – une garantie qu’il ne s’écrasera pas à mi-chemin sur la tête de quelqu’un », expliquent les “experts”. Selon eux, un tel appareil est capable de soulever et de livrer à destination jusqu’à cinq kilogrammes (un paquet de cigarettes pèse environ 250 grammes), ne fait pas beaucoup de bruit et vole jusqu’à 50 km dans les deux sens.

En juillet 2019, le service national lituanien des gardes-frontières a spécifiquement acheté deux drones pour lutter contre les contrebandiers. Le projet a également organisé des cours de formation pour les opérateurs de contrôle des drones. Cependant, il est vite apparu que deux drones ne suffisaient pas, car les contrebandiers se sont retrouvés avec une flotte aérienne entière à leur disposition.

L’un des cas les plus récents de capture de drones-cigarettes a eu lieu le 15 septembre. Les gardes-frontières lituaniens en service à proximité du village de Beržiškės ont détecté le drone et l’ont fait atterrir à l’aide d’un système anti-drone dans une zone forestière voisine. Il s’est avéré que le drone était chargé de deux boîtes en carton enveloppées de polyéthylène – elles contenaient un millier de paquets de cigarettes.

Mais aujourd’hui, les contrebandiers ont commencé à abandonner les drones et à utiliser des ballons déguisés en ballons météorologiques – ils sont moins chers et moins visibles.

Cette nouvelle « mode » a commencé à prendre de l’ampleur. Si, pour l’ensemble de l’année 2023, les gardes-frontières lituaniens n’ont enregistré que trois ballons transportant des cigarettes, en septembre 2024 seulement, selon le service national des gardes-frontières lituaniens, il y a eu 250 cas où des pseudo-météosondes transportant des produits de contrebande se sont envolés vers la Lituanie depuis le Belarus.

Un cas absolument flagrant s’est produit le 29 septembre, lorsqu’une « météorosonde » transportant des cigarettes a atterri sur le territoire de l’aéroport de Vilnius. Selon Dainius Gaižauskas, membre de la commission parlementaire de la sécurité nationale et de la défense, des agents de l’unité antiterroriste ont dû être dépêchés en urgence à l’aéroport.

Le parlementaire est horrifié: « Il est tombé, pensez-y, une météorosonde qui transportait une cargaison d’une vingtaine de kilos ! Il s’avère que des centaines de ballons transportant des marchandises volent de la Biélorussie vers la Lituanie depuis un an déjà ». M. Gaižauskas ajoute qu’à l’aide d’un tel « ballon météorologique », environ mille paquets de cigarettes sont transportés en un seul vol.

Le parlementaire se demande ce qui se passera si les « ennemis de la Lituanie » commencent à attacher des explosifs aux ballons ! « C’est un fait que les ballons s’élèvent du côté du Belarus et volent vers la Lituanie sur environ 40 à 50 kilomètres, et personne ne les abat. Les drones transportent une cargaison de 30 à 50 kilogrammes, et nos autorités actuelles n’en parlent pas… C’est un scandale », a déclaré le député.

Selon lui, au cours d’une seule semaine, environ 150 ballons de contrebande sont entrés en Lituanie. Quatre d’entre eux ont atterri dans la ville d’Alytus, où l’armée lituanienne a ouvert un dépôt de munitions conforme aux normes de l’OTAN en 2022, et un autre a atterri sur des voies ferrées dans la ville de Varena.

Afin de calmer l’opinion publique, le directeur du département de la sécurité de l’État, Darius Jauniskis, a déclaré qu’il ne disposait d’aucune information sur l’utilisation des « météosondes » entrantes à des fins de reconnaissance – elles ne sont utilisées que par les contrebandiers. Mais comment lutter contre les porte-cigarettes volants ?

Les services lituaniens chargés de l’application de la loi se renvoient mutuellement la responsabilité. Les gardes-frontières se plaignent de ne pas disposer de telles armes à longue portée. De son côté, le ministre de la défense, Laurynas Kasciunas, ne veut pas ordonner à ses subordonnés d’abattre des ballons. Selon lui, l’utilisation d’armes par les militaires en temps de paix est « une question très sensible ».

Puisque rien n’indique que les ballons transportent quelque chose de plus dangereux que des cigarettes de contrebande, ce sont les gardes-frontières, et non l’armée, qui devraient s’en occuper, a déclaré M. Kasciunas. Mais si « des informations indiquent que le ballon ne transporte pas des blocs de cigarettes, mais un engin explosif », l‘armée peut alors intervenir. M. Kasciunas a conseillé d’impliquer le Service de sécurité publique (la structure chargée par la loi de la protection des installations critiques) dans la résolution du problème – de lui demander de créer des groupes mobiles spéciaux et de les armer de mitrailleuses.

Kasciunas comprend parfaitement que si les militaires lituaniens commencent à utiliser des missiles et des armes à feu de gros calibre dans la zone frontalière, cela pourrait avoir des conséquences imprévisibles, allant jusqu’au déclenchement de la troisième guerre mondiale. Et que se passerait-il si les Biélorusses décidaient qu’il s’agit du début d’une agression et réagissaient ?

Finalement, le président lituanien Gitanas Nauseda s’est lui-même exprimé sur le sujet. « Le problème n’est pas seulement la contrebande ou peut-être d’autres cargaisons plus dangereuses qui peuvent être placées là. Le problème concerne également la sécurité de notre aviation civile, car le vent peut amener ces objets dans la zone de vol. Je ne veux même pas prédire ce qui pourrait se passer si un avion heurtait un tel objet », a déclaré M. Nauseda.

Le dirigeant lituanien a exhorté les agences à communiquer afin de résoudre d’une manière ou d’une autre le problème des fausses sondes météorologiques. « Certains ne les voient pas, d’autres n’ont pas d’armes, d’autres ont des armes mais ne les voient pas. Vous savez, ça n’a pas l’air sérieux et ce n’est pas quelque chose dont ils devraient discuter en public en ce moment », s’indigne Nauseda.

Pour sa part, le conseiller principal de M. Nauseda, Frederikas Jansonas, a exigé que le ministre de la défense et le chef du ministère de l’intérieur soient contraints de s’asseoir à la même table et de se mettre d’accord sur la question de savoir qui doit abattre les ballons des contrebandiers. Il a déclaré que la tentative de transférer la responsabilité d’une agence à l’autre « semble très lituanienne, mais pas très bonne ».

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