Je m’étais trompée en croyant que la question du gouvernement avec la présence de Lucie Castets serait le centre des débats de cette université d’été… Peut-être certains l’auraient-ils conçu ainsi mais le fait est que ce ne fut pas l’essentiel, et quand nous analyserons l’atelier animé par Léon Desffontaines sur la question de l’organisation du parti nous verrons encore mieux ce qui se joue entre l’ancien et le nouveau et que j’ignorais… J’avais même pensé être censurée parce qu’il fallait que ce soit la bataille pour un gouvernement du Nouveau Front populaire qui s’imposerait en tant qu’ordre du jour… Que certains aient eu cette orientation, c’est possible mais ça c’est passé autrement … Et même la censure, la tentative de poursuivre notre stigmatisation nous et les questions que nous posons, a perdu de son impact, d’abord dans nos têtes… l’image qu’a encore pu donner à l’extérieur cette université est partiellement inexacte, la réalité de ce que pourrait être ce parti a débordé et la fraternité a vaincu quelques idées préconçues…
C’est un peu comme le festival d’Avignon, il y a eu le programme et le off qui débordait, vivait …
Nous étions nombreux à échanger impressions et analyses sur ce qui se passait dans cette université d’été, à partir des ateliers que nous avions fréquentés… Les débats hors débats témoignaient d’une exigence sur ce qui était attendu, ce qui se réalisait à la marge de l’organisation officielle, non pas contre mais pour ce qui pourrait être. et s’il y avait les interventions de la tribune, il y avait aussi le public, la manière dont il y répondait avec amitié mais sans se laisser détourner de sa propre exigence qui s’avérait souvent être celle du collectif…
Oui il y avait cette inquiétude au départ, des camarades voulaient intervenir pour demander : qu’est-ce que vous croyez pouvoir faire avec ce rapport des forces ? dans quoi vous engagez-vous? D’autres dont moi se réjouissaient de la manière dont Macron ne permettrait pas un tel gouvernement… Mélenchon, qui est tout sauf un imbécile a tout de suite pris une position qui lui permettait d’apparaître comme se sacrifiant pour l’union tout en ne se mouillant pas dans ce machin sans issue…
Et nous qui renâclions, râlions, avions tous conscience que le capital en pleine crise voulait la guerre partout et que cela ne cesserait de monter, que le PCF ne pouvait s’engager dans un tel chemin avec des alliés prêts à l’union sacrée… Nous nous sentions seuls dans un parti qui s’avançait vers sa fin… Ces journées nous ont prouvé que tout ça avait moins d’importance que nous le pensions… Dans le fond, ce qui est le plus difficile est de ne pas accorder d’importance à ce qui est sans importance ou est secondaire pour construire les possibles et surtout s’acharner sur les difficultés réelles, celles qui ne naissent pas de nos divisions apparentes mais bien de l’état réel du capital, de son catastrophisme permanent…
Il y avait au moins cette idée dans ma tête, les divisions, les compromis sans issue et le sentiment permanent d’échec ne nait pas de nous mais d’un capitalisme impérialiste en crise incapable de faire autre chose que détruire, diviser, semer des illusions, nous faire perdre notre temps… Ce sentiment de notre propre échec il est celui d’une societe capitaliste qui effectivement comme Macron accumule les choix destructeurs en tentant de nous convaincre que le reste sera pire… Ce “ruissellement” dans le parti y compris dans le refus de combattre la guerre il ne faut pas l’attribuer au parti et à ses dirigeants mais à leur incapacité à rompre…
Nous nous sommes même retrouvés une vingtaine pas loin de cet état d’esprit d’un échec définitif, le vendredi après-midi au couvent des Ursulines pour préparer la rencontre de Vénissieux sur l’international (qui aura lieu en novembre). Vénissieux est une institution ouverte à tous et nous vous en reparlerons, une création de la mairie et de la section du PCF de cette ville du Rhône restée ouvrière, et avec l’aide ce qu’on appelle “le réseau” … Un mouvement à l’origine du Manifeste du 38e Congrès, qui est devenu depuis la ligne officielle du PCF. Il s’agissait de voir si ce qui avait été décidé au 38e puis au 39e Congrès, en particulier les diverses campagnes électorales avaient été fidèles ou non à ce renouveau du parti ou si au contraire il y avait eu régression… Quelle limite peut-on admettre à cette régression dans le cadre de campagnes électorales dans lesquelles il ne s’agit pas de refaire le terrain mais de l’utiliser ?
Nous reviendrons sur ce qui s’est passé dans cette rencontre, mais aujourd’hui nous voudrions vous faire comprendre ce qui s’est esquissé et qui s’est poursuivi tout au long de ces journées d’une manière vivante et qui tournait autour de ce possible du 38e congrès. Il est clair que ce que nous pensions dans cette réunion a évolué tout au long de cette université…
L’originalité de la situation a été celle d’un bilan ouvert avec des communistes qui ne veulent pas renoncer…
Ce bilan nous ne l’avons pas opéré en vase clos mais dans une confrontation permanente avec d’autres camarades. Tout devenait prétexte à aller vers le fond, y compris ce qui aurait pu nous diviser, ce qui manquait à cette université. Un exemple, cette longue discussion que j’ai eue avec Frédéric Boccara, Durand, les camarades qui animent le site de Pierre Bénite à propos de la “théorie”…Le débat informel avec Frédéric est parti du constat de la faible part qui a été donnée dans cette université d’été à la théorie, à la philosophie, de fait l’interdiction du léninisme… Nous y reviendrons à partir de cet atelier sur Politzer qui a été pris d’assaut, la petite salle débordant de gens assis par terre tant le besoin de théorie, de philosophie est grand… le moins que l’on puisse dire est que la soif de théorie, de philosophie, n’a pas été comblée… Là, debout accoudés au bar, entre deux ateliers, nous avons pu pour la première fois depuis tant d’années esquisser une discussion sur le rôle joué par Paul Boccara, le CME pour justifier le “spontanéisme” de l’eurocommunisme, la remise en cause de l’Etat, l’abandon du léninisme… Dans la situation d’absence de stratégie ou plutôt de contradictions stratégiques du capital, n’est-ce pas comme déjà sous Bernstein, le moment où fleurissent des “utopies” à prétention théorique qui disent que le socialisme, voire le communisme est déjà là ? La réponse de Frédéric : oui ! ils ont fait jouer ce rôle à Paul mais Paul au contraire insistait sur la nécessité de la bataille… Il m’a annoncé un livre qui partira de cette nécessité de la théorie…
Nous y reviendrons, à propos de la journée de dimanche, mais entre temps nous avons vécu une autre expérience, celle de la lutte pour la paix qui concrètement marque la place irremplaçable d’un parti communiste. Pratiquement nous quatre là (photo ci-dessous ), sans prendre rendez-vous nous sommes retrouvés dans des débats sur la paix et l’international alors que d’autres avec des préoccupations semblables se retrouvaient autour de l’industrialisation, de la planification. Les camarades du Pas-de-Calais et de leur journal Liberté ont une obsession, il faut ré-industrialiser la France… Nous quatre, nous sommes retrouvés dans tout ce qui traitait de la paix, de l’international…
Il y a eu un moment qui nous a mieux aidé à percevoir ce qui se passait… C’était le samedi matin autour de la paix, dans l’atelier consacré à Quelle politique de paix aujourd’hui ? – avec deux intervenants Vincent Boulet, membre du secteur International et du CEN du PCF & Alain Rouy, secrétaire national du Mouvement de la paix.
Alain Rouy était vraiment impressionnant dans sa manière de poser la question de la paix, il nous a montré en quoi le “pacifisme” avait changé de nature avec les communistes. Ceux-ci avaient réussi à avoir une vision offensive de la paix qui ne se séparait jamais de la lutte pour le pain et pour l’émancipation. Effectivement le mouvement ouvrier mais surtout l’instauration du premier État socialiste qu’a été l’URSS a résolument tranché sur ce qu’avaient été jusqu’ici les relations internationales. Dans les sociétés jusqu’ici, la guerre consistait à piller, annexer mais aussi la volonté d’élargir le régime d’exploitation à l’intérieur comme à l’extérieur, avec des guerres d’annexion, en créant des blocs militaires et à poursuivre la course aux armements et cette tendance comme l’a montré Lénine s’accroit encore dans la période monopoliste impérialiste. L’État socialiste, lui au contraire s’affirme contre toute annexion et recherche la paix. On peut considérer que la contrerévolution qui se déroule depuis les années soixante et dix et qui s’est traduite par la fin de l’URSS loin d’assurer la paix a ré-ouvert un cycle de guerre, de pillage, de renforcement des blocs et la course aux armements.
On comprenait mieux en l’écoutant à quel point, quel que soit l’intérêt de l’analyse du mouvement de la paix, les difficultés d’une association sont grandes quand il n’y a plus le parti qui a pour but le socialisme et son projet internationaliste. Plus Alain Rouy éclairait les enjeux, le rôle de ce qu’était l’OTAN y compris dans sa poursuite de l’agression contre la Russie avec comme but maintenir l’hégémonie impérialiste des USA, plus on savait qu’on avait besoin de l’analyse politique, théorique de la spécificité du socialisme et de l’anti-impérialisme : une association et même un syndicat ne peut pas remplacer un parti avec des militants conscients de leur rôle et à qui ils doivent s’opposer pour empêcher la guerre.
Alain Rouy avait le mérite de s’inscrire a contrario de la présentation-introduction de Roubaud-Qashie sur les orientations de cette université d’été. Dans l’ouverture, R.Q avait fait un portrait de Macron, se voulant “le maitre du temps”. Il avait avec beaucoup de brio multiplié les jeux de mots autour de la notion de “temps”, un exercice de jongleur, du Offenbach, une coupe de champagne et son discours était interrompu par les applaudissements devant tant de virtuosité… On se serait cru à l’inauguration des jeux olympiques avec Marie Antoinette et son époux épris d’horlogerie portant leur tête sous le bras… Un exercice qui à défaut d’effort conceptuel pouvait donner l’illusion de la pensée audacieuse… Mais il avait chuté sur le constat que les communistes soutenaient deux malheureux peuples agressés le peuple palestinien et le peuple ukrainien. Cet amalgame a certes des vertus sentimentales mais sur le plan théorique et donc “pratique” on ne voit plus très bien quel est l’adversaire et le rôle spécifique des communistes en train de fait de s’opposer aux Etats-Unis en Palestine, et les soutenir en Ukraine… Bref cela nous renvoie à l’impossibilité de mener la moindre politique en faveur de la paix y compris pour le mouvement du même nom dans un contexte politique qui ne sait plus s’il faut ou non s’opposer à l’OTAN ou au contraire l’encourager.
Cette présentation de ce qu’allait être l’université d’été par RQ disait les limites de l’intellectualisme quand il n’y a pas de théorie, pas de carte d’état-major pour voir le chemin ! Et le même jeu d’illusionniste talentueux s’est reproduit dans ce débat consacré à la paix à travers l’intervention de Vincent Boulet.
Alors qu’Alain Rouy, le secrétaire du mouvement de la paix nous ramenait à la conception de la paix qui était celle des communistes, de leur parti, des États socialistes, hier l’URSS, aujourd’hui Cuba et la Chine… L’intervenant suivant, Vincent Boulet, le dirigeant du secteur international a réintroduit la confusion de l’introduction de Roubaud Qashie sur l’adversaire et ce qui pouvait favoriser l’intervention populaire…
Cette confusion, cette incapacité à voir qui est l’adversaire, empêche toute bataille véritable pour la paix… Cette confusion sur l’adversaire va avec la question de l’union que nous voulons : si toutes les actions des militants communistes, leurs actions sont prises dans des union permanentes avec la social démocratie, la petite bourgeoisie, comme l’était la NUPES ou comme certains voudraient que soient le Nouveau Front populaire, voire le programme de gouvernement qui a été signé sous la pression de Glucksmann… Même avec un mouvement de la paix qui va le plus loin possible dans ses analyses, il n’y aura pas de bataille pour le cessez-le-feu, pour le choix des négociations.
Vincent Boulet ou comment rien de ce qui est secondaire ne lui est étranger…
Vincent Boulet, le responsable du secteur international.du PCF est brillant comme Roubaud-Qashie.. Je ne l’avais jamais entendu mais chaque fois qu’on m’en parlait le même diagnostic revenait : ce qu’il dit n’est pas faux parfois même on a l’impression qu’il avance vers une position anti-impérialiste mais à la fin on ne sait plus quoi faire ? On tourne en rond … Comme on dit à Marseille : il a bien parlé mais qu’est-ce qu’il a dit…
Effectivement, il y a chez ce responsable un maniement de la rhétorique assez pervers… En l’écoutant, au bout de quelques minutes ma formation de latiniste-helleniste m’a incitée à reconnaitre Cicéron dans ce chef d’œuvre de mauvaise foi et de reconstitution des faits qu’est la conjuration de Catilina… Cela m’a aidée à voir le fonctionnement de la démonstration de Boulet, mais comment partager ce que je découvrais avec d’autres, il fallait que j’adopte un chemin plus simple que la référence aux plaidoiries cicéroniennes… Passer à l’évidence pour celui qui veut réellement agir : la démonstration de Boulet relevait tellement de l’enfumage que personne en train de se battre réellement ne peut adopter une telle manière de penser. Et cela ouvrait une perspective sur la direction du PCF, y compris nos craintes sur le choix de Roussel…
Fabien Roussel est un lutteur et il sait immédiatement ce qui est de l’ordre de la réalité et ce qui est de l’ordre du “cirque”, c’est ce qui fait l’intérêt de ses interventions, son côté “bon sens”, son refus du fatras qui ne mène nulle part. Il est clair aussi qu’il est mal à l’aise avec l’international, il pense que ce n’est pas ça qui fera bouger les masses populaires, encore moins la théorie… Alors il laisse Boulet et ses semblables tenir les rênes mais le jour où il comprendra l’utilité d’avoir une analyse de l’international pour aller plus loin, il ne pourra pas se faire avoir par pareil art de noyer le poisson… Est-ce que Roussel qui est un communiste, certes aimant plaire et adorant le débat médiatique dans lequel il excelle, pense actuellement qu’il peut réellement y avoir un gouvernement avec un programme minimal de réalisation de réformes en faveur des travailleurs, par exemple la réforme des retraites avec le choix de la guerre ? Cette volonté permanente d’élargir l’exploitation à l’extérieur mais aussi à l’intérieur qu’est l’impérialisme condamne toute expérience gouvernementale alors qu’elle peut s’accommoder d’autres actions limités avec des programmes qui ne sont pas ceux de l’État ?
Cette camarade dans la salle, qui simplement énonce “la paix c’est notre ADN de communistes” fait référence à ce besoin de lutter pour se défendre et elle renâcle instinctivement devant l’enfumage du discours de Boulet. Ce n’est pas une théoricienne mais elle sent que cette théorie-là ne l’aide pas…
Parce que voici le mode de fonctionnement du dit Boulet. D’abord il critique selon une logique anti-impérialiste le rôle par exemple de l’OTAN, pas un bouton de guêtre ne manque à la démonstration mais tout de suite après intervient un autre constat, certes l’OTAN n’est pas bien mais ce qui lui succédera a toute chance d’être pire, le statu quo s’avère la solution la moins mauvaise.
Mais là où la rhétorique devient un chef d’œuvre c’est quand il répond à une description simple de la situation : ainsi une camarade africaine faisant allusion au rôle terroriste des Ukrainiens dans le Sahel mettait en évidence la manière dont partout l’impérialisme entretenait misère, pillage et y compris le terrorisme qu’il feignait de combattre, elle dénonçait le soutien de fait à son oppression dans le manque de clarté sur ce que représente le soutien à l’Ukraine, pas au peuple ukrainien sacrifié non à des dirigeants qui le sacrifient. Là Boulet a été grandiose, il a reconnu que la France aux côtés des USA jouait ce rôle d’agresseur et il a énoncé quelque chose de parfaitement exact, le rôle joué par le franc CFA, une sorte d’équivalent néocolonial de l’universalisme du dollar et du droit donc à conserver les budgets des états africains y compris jusqu’à la sanction… Il faudrait supprimer le franc CFA a-t-il soupiré alors que l’assistance discutait de la nécessité de sortir de l’OTAN. Résultat, était écartée la revendication claire et simple de la sortie de l’OTAN et lui était substitué un machin technocratique sur lequel il n’y avait plus dans l’immédiat de mouvement de masse possible… Il y a la ligne rouge des principes et pas nécessairement la volonté d’élargir qui en fait affaiblit…
Qu’est-ce qui favorise l’action, la multiplie ? une camarade se plaignait que l’on oblige les camarades de sa ville autour de l’Étang de Berre à descendre à Marseille pour un rassemblement de quelques dizaines de personnes… Il valait mieux qu’à une dizaine de ma petite ville nous nous rassemblions devant le panneau d’entrée, sur un terre-plein avec des lumières et des pancartes pour la paix comme l’ont fait les gilets jaunes… ne pas attendre les autres pour agir… partout être là… mais cela passe par une conscience de ce que l’on veut…
Imaginez le militant communiste qui cherche à dénoncer l’OTAN et qui se retrouve avec la proposition d’en finir avec le franc CFA, l’impuissance qui est la sienne… Comment mener la bataille, où est le levier et le point d’appui, Boulet l’a entraîné dans les sables mouvants…
Mais d’où vient la rethorique de Boulet pas des communistes, non c’est celle à l’oeuvre chez Macron quand il refuse au nom de la “stabilité” de l’Etat la candidate du NFP alors que c’est lui par la dissolution mais surtout par sa politique a été et demeure le principal facteur de destabilisation, il faut beaucoup de prejugé sur ses propres capacités pour oser de tels paradoxes de la “raison”, c’est le propre d’un “intellectualisme” qui s’appuie sur sa propre domination injustifiée…
L’ADN du parti communiste…
C’est là que j’ai vu ressurgir le PCF tel que je l’ai connu. C’est Marie-Christine Burricand qui a ouvert le ban en recentrant sur l’essentiel, l’OTAN, la paix, ne pas choisir à la place des autres les termes de la négociation… son intervention a été suivie de celle d’un jeune athlète dont il m’a semblé reconnaitre l’art de rester sur le fondamental en l’occurrence : “Tout cela est bien, mais que je sache je ne suis pas en guerre avec la Russie, et je ne tiens absolument pas à y rentrer et toutes ces arguties m’y mènent ! y compris de voter l’armement...” et il a ajouté “quand le parti a suivi cette voie-là moi qui m’étais impliqué dans la campagne j’ai pris mes distances et je ne suis pas le seul! ” C’était un jeune cheminot de Paris XIIIe … une tradition de formation des jeunes de la gare d’Austerlitz que j’ai vue se reproduire depuis de nombreuses décennies…
Et c’est là que Franck Marsal a fait son intervention sur le congrès et la position face à l’Ukraine… que nous avons publié hier… Franck a un véritable don, il intervient d’un ton calme, il hypnotise littéralement celui qui donne le micro et qui invite en général l’intervenant à ne pas argumenter… Calmement il a énuméré tout ce qui avait été voté au 38e congrès …
Et grâce à cette intervention, de l’écho qu’elle a eu, j’ai compris ce qui était commun à tous les communistes présents, il y avait eu les congrès, le 38e, le 39e et il n’était pas question de faire si comme tout ça n’avait pas eu lieu… C’était difficile mais on continuait… Ce constat expliquait beaucoup de choses sur lesquelles nous reviendrons et d’abord l’appui apporté à Fabien Roussel et à Léon Desffontaines, les applaudissements nourris qui les saluaient : ils s’étaient battus avec courage en défendant l’autonomie de la perspective communiste… Mais il fallait poursuivre et non pas retourner en arrière… sur la manière de poursuivre il y avait débat… Et il y avait l’ADN des communistes, guerre égale élargissement de l’exploitation externe et interne…
Et là, il y a eu sur un mode des plus tranquilles une série d’interventions sur le fait qu’avant de soutenir l’Ukraine peut-être faudrait-il comprendre comment on en est arrivés là ?
Voyez-vous je maintiens qu’il n’y aurait pas eu un seul parti en France aujourd’hui dans lequel tous les militants auraient pu comme je l’ai vu faire ce jour-là et d’autres jours, sans hostilité mais à partir comme ils le disaient de leur ADN monter au créneau pour exiger une politique de paix… L’essentiel ne résidait pas seulement dans cette unanimité des interventions mais dans le silence de ceux qui ne cherchaient même plus à défendre l’ambiguïté du discours de Boulet et ce qui s’est passé le dimanche matin lors de l’intervention invraisemblable de Clémentine fauconnier, une intervention sur laquelle nous reviendrons, qui a encore plus confirmé au final ce qu’étaient ces militants communistes et ce qu’ils voulaient non pas contre mais “pour”…
Cette question de la rupture avec une direction qui sur le plan international, celui de la guerre et de la paix, parait osciller entre le 38e congrès et la régression vers les décennies de soumission à de fait la politique du capital, nous nous la sommes posée à chaque moment mais le collectif des communistes rassemblé là nous a incité à refuser de “marquer les camps” simplement à chercher les moyens d’agir en fonction de cette volonté collective… dans le fond c’est de cela qu’il va être question dans ce compte-rendu de ce qui s’est passé à Montpellier… et qui se passera peut-être à la Fête de l’Humanité, à la réunion de Vénissieux… partout où les communistes cherchent le moyen de favoriser l’intervention populaire, l’élévation de la conscience des possibles… qu’est ce que l’on peut faire pour qu’il en soit ainsi ? là aussi on ne peut pas tabler seulement sur ce qu’est le parti dans sa masse, si on les isole, si on ne leur laisse pas la possibilité d’exprimer leur volonté réelle ? Quelle presse avons-nous ?
Quand il y a eu ce regard insistant chargé de haine de Nicolas Marchand et que je lui ai souri en lui disant “toi au moins, tu me reconnais!” Il a sifflé littéralement “on te reconnait tous et on te reproche ce que tu es ! mais je n’ai pas envie de me disputer avec toi !” Je lui ai répondu avec sincérité : “Nicolas tout cela est dépassé, vous ne pouvez plus rien contre moi et il faut que nous le réalisions… il y a d’autres problèmes…” j’aihaussé les épaules et dans ma tête j’ai poursuivi : Face à ce parti il fallait accorder de l’importance seulement à ce qui en avait et ça toi et moi Nicolas nous l’avons toujours su… L’important c’est la manière dont nous allons pouvoir dégager ce qui est nié cet intérêt collectif, celui de la souveraineté nationale qui passe par ceux que l’on nie… Ecoute ce que nous avons à dire, ne mets pas la tête dans le sac…
L’important c’est cette réflexion dans le blog aujourd’hui : “La guerre fait rage en Ukraine depuis 30 mois” / La guerre fait rage en Ukraine depuis 10,5 ans. Mais tous les gens massacrés entre Maïdan et février 2022 ne comptent pas pour l’OTAN.
L’important c’est de changer la perception de ce qui compte pour notre peuple, la vision de l’impérialisme ou la nôtre…
Danielle Bleitrach
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Bertrand Bickart
Merci Danielle
Francis
Bravo..Boulet,Marchand,le maire de Dieppe et bien d’autres sont des partisans des guerres de l’OTAN . Ils ne sont pas prêts d’abandonner leur soutien éhonté aux bandéristes..
Barbazange
Merci Danielle.
Paul
Joëlle Pitkevicht
Merci pour ces éclairages très importants pour moi qui ai quitté le parti il y a 30 ans. Un espoir de pouvoir peut-être m’y retrouver un jour. Pas facile, tout me semble verrouillé dans mon département, la Seine Saint Denis.
LEGRAND
Chère Joelle, je te propose de revenir au PCF, moi je l’avais quitté en 2009 et je l’ai retrouvé en 2019. La lutte idéologique est rude en son sein. J’ai été élu secrétaire de section à Albi mais avec une opposition farouche des liquidateurs que nous avons battu démocratiquement. Les éclairages de Danielle Bleitrach sont essentiels. Ne laissons pas le parti à ses fossoyeurs.
Martine Garcin
Sur les questions internationales et la paix, dans toutes les interventions de cette Université, il semble que l’essentiel ait été éludé : la réalité du monde, un monde qui évolue dans le bon sens, où de nombreux pays se libèrent du joug occidental, créent les moyens de leur développement. Dans ce nouveau contexte, la question de la paix se pose différemment.
Dans les interventions de cette Université, on sent le poids des idées rétrogrades diffusées par le responsable de l’International à l’Humanité, Kamenka. Pour apporter le nouveau souffle de l’histoire en marche, il aurait fallu des interventions comme celles de J-C DELAUNAY (et son mur enlierré) et XUAN dans ce blog.
Merci à Danielle pour ses comptes-rendus.