Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La région de Koursk déchire les radicaux et les modérés en Occident

Les Russes que le “narratif” occidental qu’il soit “modéré” ou “radical” peignent unanimement comme sous-informés, soumis, aliénés au nouveau tsar que serait Poutine, en fait ont une connaissance très fine de ce qui se dit en Occident. Les textes que nous choisit Marianne comme celui-ci en témoignent : ils ironisent très souvent sur la confusion généralisée en montrant que comme ici en fait les deux narratifs “radicaux” et “modérés” de l’occident se rejoignent et ne vont jamais jusqu’à dénoncer le soutien de l’OTAN et de leurs propres gouvernement à ce qui se joue depuis des années en Ukraine contre la Russie. La propagande est totale (totalitaire serait le mot) puisque nous avons au sein même du PCF les deux tendances : celle radicale de Vadim Kamenka responsable du secteur international de l’Humanité (et d’autres) qui est membre de l’organisation des Russes pour la liberté dirigée par l’ancien député communiste Ponomarev (devenu un agent de la CIA) qui revendique sa participation à l’opération et celle des “modérés” du groupe communiste, qui dit vouloir la paix tout en approuvant le soutien à la victoire de l’Ukraine (c’est d’ailleurs le cas de toutes les forces représentées au parlement). Cette double tendance de l’atlantisme militant est celle de la maison mère les USA. Elle se retrouve dans d’autres conflits et par exemple dans l’estimation de ce qui se passe au Venezuela, en Afrique comme à Gaza ou en mer de Chine, partout entre férocité du radicalisme militant derrière l’OTAN, ses guerriers par procuration ou opportunisme cautionnant l’armement.. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/opinions/2024/8/12/1281729.html

On observe un décalage entre les deux “récits ukrainiens” de base de l’Occident. Les “modérés”, qui évaluent la situation dans la logique de l’ancienne guerre froide, et les “radicaux”, qui exigent que la Russie soit vaincue ici et maintenant, ont divergé dans leur évaluation de l’attaque contre la région de Koursk.

Texte : Gleb Kouznetsov

Ce qui se passe dans la région de Koursk est le premier événement d’envergure du conflit ukrainien dont l’évaluation fait apparaître un clivage clair entre les deux “récits ukrainiens” fondamentaux de l’Occident.

Les “modérés”, qui évaluent la situation dans l’esprit et la logique de l’ancienne guerre froide (une confrontation nécessitant une patience stratégique et une approche responsable et équilibrée), et les “radicaux”, qui exigent que la Russie soit vaincue (avec une décolonisation à suivre) ici et maintenant, ont coexisté en Occident depuis le tout début. Leurs positions se sont opposées sur des points de détail, mais dans l’évaluation de la situation dans son ensemble, elles se sont plutôt complétées. En outre, les modérés ont essayé de ne pas risquer d’être accusés de manquer d’amour pour l’Ukraine et se sont exprimés de la manière la plus évasive possible.

Dans le contexte de la région de Koursk, les choses ont changé. Les évaluations sont presque inversées.

Les “Vétérans de la guerre froide”.

– On ne sait pas très bien pourquoi ils (les Ukrainiens) font cela ; quelle est la tâche à accomplir ?

– Si vous avez 10 000 soldats équipés, pourquoi ne pas les utiliser là où on vous chasse des positions importantes pour vous ?

– Oui, il y aura des résultats politiques et une amélioration du moral des troupes, très probablement, mais à quel prix ? Cela en vaut-il la peine ?

– Si l’opération échoue, ne s’agira-t-il pas d’un traumatisme critique pour l’Ukraine ?

– Dans une situation d’inégalité fondamentale des forces, le camp le plus faible a intérêt à réduire l’espace de confrontation directe plutôt qu’à l’élargir. Quel est l’intérêt d’ouvrir eux-mêmes de nouveaux fronts, sur lesquels ils devront dépenser des ressources limitées ?

En résumé, ce qui se passe est plutôt une aventure (et une aventure personnelle de Zelensky), qui risque fort de mal se terminer pour l’Ukraine à moyen et à long terme.

Les “Radicaux” :

– Une opération gigantesque et phénoménalement réussie qui s’est déjà inscrite dans l’histoire de la science militaire. Très sérieusement, elle est comparée à l’opération Incheon du corps des Marines américains qui, en septembre 1950, a fait basculer le cours de la guerre de Corée en faveur de la Corée du Sud ;

– L’opération a changé la donne, la situation a été bouleversée. En raison du succès et de l’ampleur de l’opération, les négociations peuvent se dérouler différemment, jusqu’à l’adoption de la formule Zelensky ;

– Eh bien, ou selon le “programme minimum”, les troupes seront retirées du Donbass, ce qui permettra à l’AFU de lancer une offensive dans cette région, puis – si la chance nous sourit – de s’attaquer à la Crimée, et le mécontentement se manifestera à l’arrière, ce qui mettra en péril la stabilité du régime politique en Russie.

Il existe de nombreuses variantes de tout cela, avec des accents différents, mais avec une admiration commune pour le génie stupéfiant et l’échelle cosmique des perspectives.

Mes champions dans ce segment :

De l’autre côté de l’océan – The Atlantic. L’éditorialiste y écrit très sérieusement que Biden, libéré de la nécessité d’être élu, “a décidé d’infliger une défaite décisive à Poutine” et “met en œuvre un plan pour sortir la Russie de la guerre” par une victoire militaire complète dans la région de Koursk. L’article a été publié le jour où M. Biden s’est à nouveau perdu sur scène en saluant une personne invisible.

En Europe, le nouveau chef de la commission de la défense du Bundestag, Faber, qui a gagné non pas à Koursk, mais gagné tout de même, discute sur Twitter (bloqué en Russie) de la manière dont la brillante décision militaire de l’AFU permettra de négocier avec les successeurs de Poutine ( !) une reddition.

En outre, la “ligne de séparation” peut traverser les pages d’un même média : un éditorial est rédigé du point de vue du “pourquoi tout cela arrive” et s’attriste des risques, tandis qu’un chroniqueur d’un groupe de réflexion pro-guerre décrit déjà les résultats merveilleux, bien qu’éphémères, de la brillante victoire.

C’est l’un des nœuds importants de la situation. Les radicaux, dont les positions tout au long du conflit ont semblé inébranlables et plus sûres que celles des “vétérans” relativement réalistes mais ennuyeux, sont nerveux et masquent leur déception par un enthousiasme excessif à l’égard des événements de ces derniers mois. Et pour la première fois, les modérés sont prêts à manifester leur mécontentement, ne craignant plus les inévitables accusations de “manque d’enthousiasme”.

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3 Commentaires

  • Xuan

    Kamenka titre “Avec leur incursion en Russie, les Ukrainiens reprennent espoir”, dans un article où nous apprenons que les Ukrainiens s’appellent “Tania de Kiev”.

    “L’offensive lancée par l’armée ukrainienne en Russie dans la région de Koursk le 6 août ne faiblit pas. Dans ce territoire frontalier, 121 000 personnes ont déjà été évacuées. Cette incursion sur le sol russe a galvanisé le moral des Ukrainiens qui ont subi, depuis le printemps 2023, une poussée progressive russe sur une partie du front.”
    Kamenka ne dit pas la cause de cette évacuation, c’est-à-dire les bombardements de la population civile, que la presse bourgeoise signale pourtant.
    Il n’en déduit pas non plus que ces villages désertés n’offriront plus aucun bouclier humain aux troupes ukrainiennes.

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  • Grenier Merico Nicole
    Grenier Merico Nicole

    Les communistes nombreux qui ne partagent ni l’une ni l’autre des tendances évoquées par D Bleitrach – je cite les propos ci dessus –
    «  nous avons au sein même du PCF les deux tendances : celle radicale de Vadim Kamenka responsable du secteur international de l’Humanité (et d’autres) qui est membre de l’organisation des Russes pour la liberté dirigée par l’ancien député communiste Ponomarev (devenu un agent de la CIA) qui revendique sa participation à l’opération et celle des “modérés” du groupe communiste, qui dit vouloir la paix tout en approuvant le soutien à la victoire de l’Ukraine (c’est d’ailleurs le cas de toutes les forces représentées au parlement). »
    Donc ceux qui sont au pcf et qui ne se retrouvent pas dans ces deux tendances N’existent pas selon D Bleitrach

    Quelle déception de savoir que je n’existe pas et avec moi des tas d’autres communistes !

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    • Bosteph
      Bosteph

      Dans ce cas, exprimez vous camarades ! A moins que la presse aux ordres ait refusé de vous laisser la parole, ce qui est possible effectivement.

      Autrement, à votre place, dans la même idéologie, logiquement (excusez moi pour m’ exprimer ainsi), il y a le PRCF – dont l’ ancien résistant Léon LANDINI – qui s’ exprime(nt) ; bon, par internet il est vrai.

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