Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

A propos du Front : il faut savoir raison garder et tenir le choc…

Je dois dire qu’il y a de grands émotifs qui ont failli me mettre en colère hier, depuis les bulletins du PCRF, qui à l’ordinaire ne donne pas dans cette fébrilité et qui depuis un fait militaire revoit toute sa copie, jusqu’à ce jeune homme qui lui est coutumier du fait et parle de “débâcle” russe à propos de la percée ukrainienne de Kharkov, il est nécessaire de donner à voir les problèmes, d’en chercher la solution politique mais pas d’aller dans le sens de la panique voulue par l’adversaire ; premièrement, on ne juge pas d’une guerre qui a toute chance de durer sur un seul fait et au rythme voulu par les Ukrainiens, les USA et nos médias. Deuxièmement qui êtes-vous combattants de pacotille pour affaiblir et entraîner dans le sens que veut l’OTAN. Même s’il ne s’agit que d’un moment, les médias du monde entier sont prêts à l’utiliser pour affaiblir d’autres résistances aussi fragiles que la vôtre? Parce que ce qu’on découvre à l’occasion de ce premier engagement qui est au profit de l’armée ukrainienne la nature réelle de l’affrontement: c’est l’OTAN, ses armes, son commandement essentiellement britannique qui dirige l’opération et le fait est que nous sommes en guerre, que cela va nous coûter un bras et que le monde entier va devoir le reconnaitre. Il faut nécessairement que la Russie reconsidère sa stratégie face au dévoilement de l’ennemi et les options restent à définir, les nôtres sont de refuser d’être enrôlés dans cette guerre par procuration. Il faut vous calmer et j’aime bien la mise en garde ci-dessous de Sacha Bergheim (faut-il que ce soit un Israélien, un sioniste? qui vous donne cette leçon?) que j’assortis personnellement de la multiplicité des fronts mis en place y compris celui des sanctions, celui de l’international y compris en extrême-orient. Celui encore plus préoccupant de la fascisation de l’Europe avec les élections en Suède, celles qui menacent en Italie. On se calme et on tente de raison garder vous les experts militaires derrière les ordinateurs des réseaux sociaux, dites-vous bien que la situation menace hélas de n’en être qu’aux débuts… (note de Danielle Beitrach pour histoireetsociété)

J’ajouterai à la mise en garde de Sacha Bergheim celle de ce site bien connu pour ses positions “partisanes” émanant du Donbass, mais il en est de l’esprit partisan comme de ces mises en garde burlesques de face book (site d’un gouvernement étranger) comme si ceux au bombardement desquels nous sommes soumis étaient de l’information pure et simple…

https://alawata-rebellion.blogspot.com/2022/09/une-tempete-russe-va-sabattre-sur.html

La mise en garde de Sacha Bergheim

Le 23 mars 2022, le Pentagone annonce la reprise de Kherson par les forces ukrainiennes. Début avril, le MI6 britannique déclarait que la Russie n’aurait plus de munitions d’ici une quinzaine de jours. Entre ceux qui prédisaient l’effondrement de l’économie russe, qui pérorent à parler de pertes monstrueuses côté russe, allant jusqu’à évoquer, suivant l’évaluation américaine, près de 80.000 tués, soit un tiers des troupes jugées effectives de l’armée, et ceux qui frétillent à la moindre annonce d’une victoire ukrainienne, comme lorsque le 6 septembre Zelenski annonce le contrôle d’un village au sud de Krivoi Rog comme résultat de la fameuse vraie fausse offensive de Kherson, je crois que beaucoup oublient que la guerre est aussi médiatique, ce qui signifie que les affirmations des uns comme des autres sont à prendre dans ce calcul de l’influence de l’opinion publique.

Les réseaux d’information dits open-source sont eux-mêmes noyautés comme on peut le constater par la concentration de flux de désinformations allant tous dans le même sens. Les deux camps sont dans la même hystérie hollywoodienne, voyant dans une guerre une succession linéaire d’opérations héroïques ou criminelles selon que l’on prend parti, croyant que tout se joue à qui fera mouche du premier coup.. Autrement dit, il faut faire preuve de circonspection.

Si dans l’ensemble, par défaut de moyens et absence de contrôle des grands médias, la version russe a rapidement fait long feu (expression qui indique un coup manqué, d’ailleurs), il n’est pas pour autant certain que la coordination entre les annonces d’opérations militaires et les “déblocages” d’une manne ahurissante à coups de milliards pour l”Ukraine”, ah oui, quand même le Pentagone avoue ne pas savoir où vont les armes et où CBS révèle que le front ne reçoit que 30 à 40% des armes fournies, relève d’une approche conforme au réel.

Comment s’en rapprocher? Pour le plus grand déplaisir de certains dont les facultés manichéennes se limitent à cataloguer dans un camp ou un autre selon qu’ils jugent la nature de ce que je partage, j’aimerais partir d’une réalité simple. Le tank! Lorsqu’un tank tire sur une cible, dans un film américain, et bien la cible est touchée du premier coup, les méchants (arabes, afghans… mettez ce que vous voulez) meurent à la pelle. Super. En réalité, sur une cible statique, le facteur de probabilité que vous touchiez la cible et qu’elle soit détruite est toujours de 68%. Cela signifie que pour un char, il faut 1,3 tirs pour atteindre une cible statique dans des conditions optimales. Imaginez maintenant que votre tank est soumis à un contrefeu, que la cible soit mobile, et que la météo soit défavorable, que la fatigue fasse que vous n’avez pas la précision optimale. A cela vous devez travailler avec d’autres chars (trois qui visent la même cible font passer le facteur de probabilité à 95%, pas 100!). On peut ajouter la présence de drones, d’unités adverses mobiles anti-char, d’hélicoptères etc. Ce qui que d’un facteur initial de 1,3, ce sont des centaines de paramètres qui déterminent la nature des opérations tactiques, qui à leur tour, s’intègrent dans une stratégie où le facteur humain corrige ou altère les possibles prévisions.

Les expertises sur le conflit omettent généralement cette dimension horizontale, sauf à en faire des objets de communication qu’on appelle généralement le “military porn”. Mais de manière un peu plus complexe, au niveau vertical, comme l’Ukraine intègre depuis 2015 le programme de standardisation de l’OTAN, préalable à son intégration formelle, cela veut dire qu’elle obéit aux protocoles de l’OTAN (qui permet aux pays membres de se coordonner selon les mêmes procédures). Loin de l’image d’Épinal des films de Hollywood, qui réduit tout à l’Execution Order (oui, dans l’OTAN, on parle anglais 😉 ), tu balances ton missile et boum, plus d’ennemis, la paix (pax americana) est restaurée et seuls les méchants (et les civils jugés sympathisants) peuvent pleurer, la phase de l’Execution Order n’est qu’en bout de chaîne mais pas nécessairement la conclusion obligée de la procédure de planification et exécution. Il faut un Ordre de Déploiement qui n’est possible que si a été planifiée les différents Courses of Action, destinés à réaliser l’objectif, allant du ravitaillement en repas, aux lubrifiants moteurs, aux obus et autres roquettes, aux opérations aériennes requises (ooops, on élimine). Les hommes sur le terrain, avant de savoir comment ni où agir, reçoivent un Ordre d’Alerte. Chaque niveau peut être affecté par le renseignement qui peut fournir un Warning Alert.

Sur la base d’un même renseignement, on peut conclure à l’imminence de l’invasion russe en Ukraine, et de l’autre à un jeu de pression sans intention d’envahir. Là, intervient l’erreur humaine. Mais aussi pour les planificateurs à un niveau moindre: deux bataillons se regroupent dans tel point: réserve? offensive en préparation? Dissuasion? Interviennent les différentes sources du renseignement pour corroborer ou non la lecture des intentions ennemies: sigint, humint, comint représentent une masse d’information traitée par AI et par des analystes, qui à leur tour peuvent omettre un élément, ou influencer un officier qui de son côté peut tirer une lecture dans un sens ou l’autre. S’il se trompe (“il ne s’agit que d’une réserve” ou “c’est une offensive d’ampleur”) cela influencera la chaîne de décision, puisque le Course of Action déterminera par erreur l’ordre de déploiement et d’exécution.

A cela vous ajoutez l’interopérabilité entre armées, coordonner renseignement, air, terre, unités d’artillerie, de reconnaissance, d’infanterie, blindés, etc et vous avez une idée du fait qu’on ne s’improvise pas expert dans ces domaines. De fait, ce n’est pas par une quelconque affection pour un camp que je procède à telle ou telle conclusion mais par tentative de reconstitution sur la base de données excoriées des concrétions de manipulation ou réécriture, que j’ai affirmé que la reprise de contrôle de Kharkov n’était au final pas un point de rupture.

Simplement, il faut se rappeler que si on avait diffusé massivement la destruction de la Marine américaine à Pearl Harbour, on aurait cru à une victoire ultime japonaise. Pareil après la Blitzkrieg allemande sur la France. Une guerre est longue et faite d’incertitude. Mais une chose est certaine, on peut mettre à la poubelle les expertises qui parlent depuis x mois de victoire ukrainienne. C’est un peu comme le type qui ne sait pas jouer au basket, lancera 100 fois la balle vers le panier et n’en marquera qu’un seul, mais diffusera que ce dernier shoot. Il ne sera pas Lebron James ni Kobe Bryant pour autant…

A bon entendeur!

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2 Commentaires

  • gilbert
    gilbert

    En fait ce n’est pas le PCRF qui a commis cet article odieux mais le PRCF.

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  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Scott Ritter sur la situation en Ukraine.

    Scott Ritter est un ancien inspecteur de la commission spéciale des nations unies (UNSCOM) en Irak entre 1991 et 1998, ancien officier du renseignement de l’armée des USA, corps des Marines.

    En résumé:

    L’abandon de Kharkiv par les troupes russes est une erreur qui nuit à la confiance dans l’armée russe. Scott Ritter est étonné que les renseignements russes n’aient pas anticipé la contre offensive. À Kharkiv il n’y avait pas de réserves et de soutien d’artillerie.

    La destruction de l’armée ukrainienne a en grande partie été effectuée dans les premiers mois de l’opération spéciale et jusqu’au printemps.

    L’armée russe peut-elle vaincre sur le champ de bataille avec 200 000 hommes ? Non !
    Elle peut stabiliser le front. Le Donbass n’est pas totalement libéré 25% est encore sous contrôle ukrainien.

    Cependant les milices du Donbass ont résisté face à l’armée ukrainienne pendant 8 ans, les forces ukrainiennes envoyées dans la contre offensive sont des forces de réserves, quand les troupes professionnelles sont parties s’entraîner à l’arrière et dans les pays de l’OTAN.

    L’armée ukrainienne est devenue de fait une composante de l’OTAN, elle reçoit les renseignements et l’ordre de bataille de l’OTAN et selon des procédures OTAN. Comme les percées rapides derrière les lignes ennemies.

    Scott Ritter observe que les pertes ukrainiennes sont énormes et que malgré la surprise les russes se sont replié en limitant les pertes et dans l’ordre en abandonnant cependant beaucoup de matériel, les soldats sont préservés.

    Selon Scott Ritter la majorité des dirigeants européens actuels ne seront plus au pouvoir au printemps.

    La guerre est la politique par d’autres moyens et il faut analyser la guerre en dehors du champs de bataille. C’est une guerre économique mondiale et l’Europe est entrain de la perdre surtout si l’hiver est froid, déjà des entreprises ferment.

    Bientôt va arriver le général “boue” распутица rasputitsa qui va rendre les routes impraticables.
    Les russes vont bénéficier de leur supériorité aérienne. Puis viendra le général hiver donnant un avantage de manœuvrabilité aux russes.

    L’hiver apportera l’abandon des soutiens populaires en Ukraine et en Europe.

    La Russie consolide ses alliances son économie tient bon.

    La Russie devra agir pour atteindre ses objectifs peut être en augmentant à 300 ou 400 000 hommes sur le terrain, des renforts des populations du Donbas pourraient être appréciables.

    Mais la Russie n’est pas actuellement équipée pour gagner la guerre sur le champ de bataille seul, elle n’a ni les moyens économiques ni humains pour le faire, la guerre sera également sur le champs politique et économique.

    Pour sortir de ces guerres sans fin la Russie doit obtenir une coopération de sécurité européenne à laquelle elle participe.

    https://youtu.be/8_KB3MlgP-s

    ============

    Les moyens humains sont certes limités, mais la guerre se mène aussi par drones, l’Iran grand producteur de drones avait proposé d’armer la Russie, Les Russes ont déjà employé avec succès en Ukraine des drones kamikazes Lancet et Kub de fabrication russe.

    La Turquie souhaite acquérir le F16 Viper car elle a été exclue du programme F35 pour avoir acheté le système russe S-400. La Turquie va être déclassée face à la Grèce et pourrait faire appel aux avions de chasse Russes. La Turquie et la Russie maintiennent le dialogue et sont deux grands producteurs d’armes. La principale rivalité turque étant la Grèce autre membre de l’OTAN soutenue par la France. Les menaces deviennent sérieuses en septembre. Tout ceci sur fond de gaz en méditerranée orientale après le pillage de la Libye. L’ambition de la Turquie pourrait lui faire jouer d’autres atouts et reste un intermédiaire entre l’OTAN et la Russie elle est aussi le fournisseur de l’ukraine pour des drones de combat TB2.

    http://www.opex360.com/2022/09/13/m-macron-la-france-ne-laissera-sinstaller-aucun-desordre-en-mediterranee-orientale/

    Déclaration de l’Élysée :

    https://youtu.be/WmflDcztbOc

    Dans les semaines qui viennent il faudra aussi tenir compte des provocations américaines contre la Chine à Taïwan.

    Le risque de guerre mondiale sur deux ou trois fronts localisés, Ukraine, Taïwan, Méditerranée, pourrait rebattre sérieusement les cartes et desserrer l’étau sur la Russie.

    La France virée d’Afrique souhaite sortir ses militaires de Vigipirate.

    Nous avons stupidement perdu la Libye de Khadafi avec laquelle nous avions des liens, brisé nos relations avec la Russie pour l’Ukraine qui n’a rien à nous apporter et nous prenons parti dans le conflit gréco-turc auquel l’OTAN même ne souhaite pas se mêler.

    La Turquie dispose de la seconde plus puissante armée de l’OTAN après les USA avec deux fois l’effectif de l’armée française, plus un service militaire obligatoire de 15 mois avec 6 mois de classes soutenues et une industrie d’armement moderne et autonome.

    Si la maîtrise du gaz en méditerranée se fait par la force il faudra l’acheter à la Turquie qui a de bonnes relations commerciales avec un autre client pour le gaz, l’Allemagne.

    L’Algérie, client de l’armement russe, annonce qu’elle souhaite rejoindre les BRICS, alors qu’elle fait face au Maroc armé par les américains et l’OTAN.

    Où va la stratégie à long terme de la France dans ces temps troubles où des alliances nouvelles se forment ? Elle semble avoir oublié son rôle de puissance d’équilibre qu’elle a joué un certain temps. Peut être n’en avons nous plus les moyens, nous avons voulu participer à la curée avec les autres puissances capitalistes, mais le gibier ne se laisse plus dévorer. La seule sortie viable sera la coopération et la sortie du capitalisme.

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