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Liberté Actus – Le bonheur est toujours une idée neuveRechercheMON COMPTES’ABONNER
Voici un texte de benjamin Amar, avec lequel mon accord est quasi total… Dans le prolongement de l’l’intervention de Fabien Roussel aux 4 verités et dans une tonalité un peu moins ‘responsable’ celle de François Ruffin, tous ont posé le problème essentiel du moment à savoir que le peuple français, la France profonde a manifesté une forte de volonté de changement alors que la gauche sous aucune de ses formes ne pouvait traduire cette volonté. Eux, face à ce monde ouvrier, ont pris la vague en pleine figure et ils sont plus conscients que l’isolat de la région parisienne et de quelques métropoles. Autre chose est l’habitude de confondre un mouvement, y compris populaire, de classe avec une représentation politicienne comme le RN et d’en déduire que le RN serait miraculeusement devenu autre chose que ce leurre d’extrême-droite qu’il faut combattre avec ce que l’on a sous la main. Cet échec pour le PCF à représenter le changement est le nôtre à tous, il ne date pas d’aujourd’hui et nous y sommes tous confrontés depuis des décennies, pas de solution miracle… mais les conditions d’enfin aller jusqu’au bout d’un renouveau stratégique se créent. J’ajouterais en plaisantant que si le PCF a perdu un député, peut-être y gagnera-t-il un secrétaire national dont le travail principal ne sera plus les couloirs de l’assemblée nationale, mais de recréer un véritable parti communiste adapté aux tâches de l’heure et les défis sont énormes mais un texte comme celui-ci qui est aussi une sensibilité syndicale nous y aide. (note de Danielle Bleitrach pour histoireetscociété)
Législatives 2024 Extrême droite
Dans la séquence actuelle, chaque jour amène son lot d’imprévus et d’inédits, de coups d’éclat et de scénarios inattendus. Depuis le 30 juin cela s’est encore vérifié : avec le score très haut du RN, mais aussi celui de la gauche qui le talonne à moins de 400 000 voix (une réalité que les médias ont largement euphémisée), avec surtout une tendance très large au désistement dès lundi dans le cadre du front républicain surtout de la part du Front populaire, mais aussi chez Ensemble.
Les déclarations de Gabriel Attal sur le désistement des macronistes en faveur de la gauche prouvent toute la manipulation irresponsable de la majorité sortante pendant toute la campagne des européennes, autour d’une gauche toute entière prétendument antisémite, infréquentable, pro Hamas, hors de la République. Et au moment de vérité, finalement, cette gauche est invoquée pour empêcher les troupes lepénistes de prendre le pouvoir. Qui aurait pu prévoir cela il y a encore un mois ?
Nous avançons dans le noir et chaque analyse doit se pétrir dans le pain de l’humilité car depuis quelques semaines les certitudes s’effondrent une à une. Mais les derniers jours peuvent être défavorables au RN, avec les stratégies de désistement, mais aussi avec les portraits des candidats du RN qui ont surgi au milieu du débat public. Les médias qui en avaient fait des caisses sur certains candidats du NFP, se sont enfin attardés sur le tableau des « champions » lepénistes. On n’a pas été déçus devant cet aréopage de bras cassés et d’incompétents, au passé sulfureux et aux prestations médiatiques lamentables. Entre le libraire négationniste, la preneuse d’otage, la fan du IIIe Reich et des bals costumés, celle qui se défend d’être raciste car elle a des toubibs juif et musulman, et la cohorte des racistes et des antisémites, incapables d’aligner deux arguments économiques ou sociaux, ignorant toute préoccupation écologique, le spectacle de l’incompétence et de la toxicité de l’extrême droite méritait son pesant de cacahuètes.
Ainsi, le plan Matignon de Bardella semble se compliquer. Le président du RN, lui-même coquille vide qui n’a jamais travaillé, avait expliqué que son parti avait un vivier de candidats très compétents et responsables pour gouverner. Et l’effet de cet étalage de personnages nuls et haineux, digne de la boutique des horreurs fait s’effondrer le château de cartes. D’où les sondages récents qui voient la majorité absolue échapper au RN.
Pour autant, des questions nous taraudent. Au-delà du scrutin du 7 juillet et de l’objectif sacré de bloquer le RN, que faire à gauche ? Bien entendu, toute coalition politique d’union nationale après le 7 juillet, avec les macronistes est très périlleuse politiquement. Car si le RN est le pire de nos ennemis de classes et s’il faut tout faire pour le faire rentrer dans sa niche et dans la pénombre, s’allier pour gouverner avec des ennemis de classes libéraux qui ont servi la soupe aux troupes de Marine Le Pen serait mortifère et encouragerait encore la désespérance et la défiance vis-à-vis de la politique. Cela nourrirait à terme l’araignée du RN. Et il est fort à parier qu’après sept ans de macronisme, les travailleuses et les travailleurs nous jetteraient au visage, à juste titre, la première phrase de Cicéron dans les Catilinaires : « Jusqu’à quand, enfin, Catilina, vas-tu abuser de notre patience ? »
L’urgence à gauche est de savoir comment convaincre dans tous les territoires et vis-à-vis de tous les pans du salariat. Toute la France n’est pas Paris 20e. La défaite de Fabien Roussel ou les difficultés de François Ruffin dans des circonscriptions frappées par la désindustrialisation où vivent des classes populaires attirées par le vote du RN doit nous alerter. Loin d’être des traitres au combat communiste, la stratégie de ces deux responsables politiques courageux, qui veulent réconcilier les populations de cette France périphérique avec la gauche, doit être renforcée et perpétuée. Sous peine de nous condamner à la cornérisation et à la minorité permanente.
(1) Note de Danielle Bleitrach sur Catilina
Benjamin Amar n’ignore pas sans doute que sa référence à Catilina peut être prise à double sens et personnellement ces deux sens me paraissent être en débat :
D’abord celui de son texte, face à une gauche et un gouvernement qui multiplient les manœuvres d’appareils et dont un dernier sondage dit que 56 % des Français voient dans les “appels” l’occasion une fois de plus d’une conjuration d’intérêts particuliers pour garder le pouvoir et effectivement nombreux sont les électeurs qui même s’ils vont faire barrage pourraient prononcer le discours de Ciceron à celui qui voulait détruire la démocratie romaine : « Jusques à quand, Catilina, abuseras-tu de notre patience ? Combien de temps encore serons-nous ainsi le jouet de ta fureur ? Où s’arrêteront les emportements de cette audace effrénée ? Ni la garde qui veille la nuit sur le mont Palatin, ni les postes répandus dans la ville, ni l’effroi du peuple, ni le concours de tous les bons citoyens, ni le choix, pour la réunion du sénat, de ce lieu le plus sûr de tous, ni les regards ni le visage de ceux qui t’entourent, rien ne te déconcerte? Tu ne sens pas que tes projets sont dévoilés ? Tu ne vois pas que ta conjuration reste impuissante, dès que nous en avons tous le secret ? Penses-tu qu’un seul de nous ignore ce que tu as fait la nuit dernière et la nuit précédente, où tu es allé, quels hommes tu as réunis, quelles résolutions tu as prises ? »
Mais Benjamin Amar ne peut pas ignorer que le discours de Cicéron sur Catilina est considéré comme un chef d’œuvre de la mauvaise foi rhétorique de Cicéron non seulement parce qu’il a été écrit quelques années après les événements (la mémoire de Cicéron est prodigieuse et entraînée) mais parce qu’il a chargé la barque de l’emphase en économisant la preuve. Et à ce titre on peut également considérer que le gouvernement, les gouvernements successifs qu’ils soient de gauche ou de droite se sont économisé la preuve dans leur dénonciation du socialisme au nom de la liberté, que ces hypocrites qui ont créé un signe d’égalité entre communisme et nazisme non seulement ont pratiqué la politique de l’impérialisme et du capitalisme mais l’ont fait avec une emphase et une mauvaise foi qui hier comme aujourd’hui économise la preuve. (note de Danielle Bleitrach)
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