Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Une zone de sécurité – peut-être jusqu’à la Pologne, peut-être jusqu’à Lisbonne, par Svetlana Gomzikova

A cette description il faudrait ajouter que depuis 2014 le régime de Kiev ne craint pas de bombarder le Donbass donc sa propre population civile et que tout le monde semble avoir oublié le massacre du théâtre proche de Moscou, il ne s’agit pas de cibles militaires mais bien de pratiques terroristes avec des armes et des hommes fournis par l’occident pour entretenir une guerre. Ici, comme à Gaza, la prétendue interdiction américaine est une fiction qui permet d’alimenter la propagande de guerre en inventant une réserve que devrait observer ses guerriers par procuration. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://svpressa.ru/war21/article/415549/

« Svobodnaya Pressa » a déjà écrit que Kiev a envoyé une demande officielle à l’administration du président américain Joe Biden pour qu’elle lève les restrictions sur l’utilisation des armes fournies par Washington pour des frappes sur le territoire russe.

En même temps, il est clair qu’aucune autorisation officielle ne sera donnée. D’autant plus que la prétendue désapprobation des Américains à l’égard des attaques ukrainiennes n’empêche nullement le régime terroriste de Zelensky de bombarder quotidiennement et de manière barbare la région frontalière russe et les nouveaux territoires, ainsi que le Donbass et la Crimée.

En outre, ils utilisent tout l’arsenal à longue portée fourni à Kiev par ses munitions occidentales – Storm Shadow britannique, SCALP français et le très américain ATACMS, dont le transfert était subordonné à l’obligation de ne pas les utiliser sur le territoire russe.

En d’autres termes, l’interdiction américaine est, dans l’ensemble, une fiction.

En fait, l’opération menée par nos forces armées dans la région de Kharkov était précisément une réponse au bombardement continu par les forces armées ukrainiennes de Belgorod et de quartiers résidentiels dans d’autres zones frontalières. Vladimir Poutine l’a rappelé une nouvelle fois lors d’une conférence de presse en Chine le 17 mai.

« Ils tirent directement sur le centre-ville, sur les quartiers résidentiels. Et j’ai dit publiquement que si cela continuait, nous serions obligés de créer une zone de sécurité, une zone sanitaire. C’est ce que nous faisons », a déclaré le président russe.

Et cette zone sanitaire pourrait bien atteindre les frontières de la Pologne, a averti à son tour le vice-président du Conseil de sécurité russe, Dmitri Medvedev.

Selon lui, les missiles Storm Shadow/SCALP-EG ont une portée d’au moins 550 kilomètres et, avec une distance de 429 kilomètres entre Belgorod et Kiev, la quasi-totalité du territoire central et une partie importante du territoire occidental de l’Ukraine se trouvent dans une telle zone sanitaire. Mais si les stratèges de l’OTAN continuent à fournir à Kiev de plus en plus d’armes à longue portée, la « zone sanitaire » se trouvera « quelque part à la frontière avec la Pologne » ou déjà en Pologne.

Alexei Fenenko, professeur à la faculté de politique mondiale de l’université d’État Lomonossov de Moscou et docteur en sciences politiques, estime que nous faisons trop souvent de grandes déclarations, mais que nous hésitons à les mettre en pratique.

– A quel point croyons-nous encore aux États-Unis et à la possibilité de parvenir à un accord avec eux, si ce n’est que maintenant nous commençons à réaliser que l’interdiction faite à Kiev de ne pas utiliser leurs armes sur le territoire russe est une fiction. Mais ce n’est pas le plus important.

C’est bien autre chose. Bien sûr, ils nous testent. Frappes sur la Crimée. Frappes sur Belgorod avec des ‘vampires’ tchèques. Les Américains observent notre réaction.

Comme notre réaction est modérée, ils se sont dit : pourquoi ne pas passer à l’étape suivante de l’escalade ? Et puis, encore une…

En fait, leur logique est très simple. Pourquoi ne pas le faire si la Russie réagit faiblement ou ne réagit pas du tout.

SP : Pensez-vous qu’une autorisation officielle suivra ?

– Peut-être que oui, peut-être que non. Qu’est-ce que cela changera si, par exemple, ils donnent officiellement à Kiev la permission de frapper notre territoire ? Washington est sûr que, de notre côté, tout se limitera à une déclaration d’inquiétude, à une autre déclaration selon laquelle les États-Unis ruinent les relations russo-américaines, etc.

La raison pour laquelle l’Ukraine a besoin d’une telle autorisation est claire. Ils veulent entraîner les pays de l’OTAN plus profondément dans le conflit. Après cela, il n’y aura plus de retour en arrière possible. Et les États-Unis, comme ils le pensent, n’auront plus qu’à les accompagner jusqu’au bout.

SP : Personne n’a donc pris au sérieux l’avertissement de Medvedev. Et si toute l’Europe se transforme en « zone sanitaire », que se passera-t-il ?

– Vous savez comment les Américains réagissent : si vous pouvez aller jusqu’aux frontières de la Pologne, allez-y. Prenez-le en silence et partez. Pourquoi en parler ?

Les Américains ne croient pas qu’après deux ans et demi, nous commencerons à réagir sérieusement. Leur raisonnement est le suivant : si vous vouliez réagir sérieusement, Kiev serait rayée de la surface de la terre. Comme Bagdad.

Mais nous ne faisons pas cela. Pourquoi ? Ce n’est pas à mo qu’il faut poser la question. Probablement parce que nous espérions parvenir à un accord avec l’Ukraine avant la fin de l’année 2022. Nous espérions parvenir à un accord avec les pays occidentaux sur l’Ukraine.

D’ailleurs, nous l’espérons toujours. Regardez l’intéressante interview du vice-ministre des Affaires étrangères Ryabkov publiée tout récemment, nous ne brûlons toujours pas les ponts avec eux, nous laissons encore une fenêtre d’opportunité pour parvenir à un accord.

SP : Pensez-vous que c’est déjà impossible ?

– Même un accord sera basé sur les résultats d’un conflit militaire. Qui le gagnera ou qui le perdra. Et pour gagner, nous devons au moins détruire toute la logistique de l’Ukraine. Jusqu’à présent, nous l’avons épargnée.

Et c’est en fait beaucoup plus compliqué que cela. Comprenez que la psychologie anglo-saxonne ne considère aucune nation du monde comme égale à elle. C’est la psychologie d’un joueur d’échecs. Voilà, j’ai mangé cinq pions. C’est triste ? Pas vraiment.

Et nous, nous pensons que le peuple ukrainien est notre peuple frère. Nous sommes désolés pour le peuple, etc. Nous sommes désolés pour eux, et eux non. C’est tout.

C’est exactement la raison pour laquelle les Anglo-Saxons ont inventé leur propre méthode de guerre : le génocide aérien par avion de la nation hostile.

Imaginez un instant : depuis le territoire du Mexique, les villes américaines seraient bombardées par des « Vampires ». Que feraient les Américains au Mexique ? Ils le réduiraient en cendres, cela ne fait aucun doute.

Les Américains et les Britanniques s’attendaient à ce que nous fassions la même chose pour l’Ukraine au printemps 2022. Comme nous ne l’avons pas fait, ils nous considèrent comme faibles.

SP : Peut-on les faire changer d’avis ?

– On peut, mais seulement par l’action. Disons qu’il faut priver complètement l’Ukraine de la possibilité de produire normalement de l’électricité et de faire fonctionner les chemins de fer.

C’est la première chose à faire, quelles que soient les conséquences – hélas ! – pour la population. Oui, à la guerre, comme à la guerre….

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