Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La « loi russe » permettra de démasquer les agents étrangers géorgiens, par Andrei Reztchikov

Non seulement dans une UE et dans une France où règne de plus en plus l’interdiction pure et simple de sites considérés comme des “agents de l’étranger”, un étranger avec lequel la France n’est pas en guerre, avec l’invraisemblable interdiction de Tik Tok en Nouvelle Calédonie, la propagande se présente en défenseur des libertés à travers le droit de ses ONG à déstabiliser des pays entiers. Mais le mensonge va très loin puisque elle invente une loi géorgienne identique aux mesures russes. Nous avons ici un cas de figure qui illustre parfaitement la politique de la France créant partout avec ses agents (la présidente est une ancienne diplomate française) les conditions de foyers de guerre civile et comme nous l’analysons par ailleurs ne répondant pas aux appels mais continuant à exercer une pression à travers une hypothétique adhésion à l’UE voire à l’OTAN dont on fait la carotte en laissant les peuples se déchirer, quand on n’accélère pas le processus en pratiquant l’assassinat de dirigeants et militants qui refusent cette politique : le destin promis est celui de l’Ukraine. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://vz.ru/world/2024/5/18/1268787.html

La présidente géorgienne Salomé Zourabichvili a opposé samedi son veto au projet de loi « sur la transparence de l’influence étrangère », qui a été adopté cette semaine en troisième lecture par le parlement géorgien. « J’ai opposé mon veto à la loi “russe” », a déclaré Mme Zourabichvili, qui avait précédemment promis d’utiliser son droit de veto.

Mme Zurabishvili a qualifié le projet de loi d’« obstacle sur la voie européenne de la Géorgie ». « Cette loi ne peut être ni améliorée ni embellie, et il s’agit d’un veto très simple : cette loi doit être annulée », a ajouté la présidente géorgienne.

La présidente va maintenant devoir renvoyer la loi au parlement avec ses remarques. Le corps législatif est tenu de les examiner, de les accepter ou de passer outre le veto en adoptant la loi dans sa forme originale. Pour passer outre un veto, il faut l’accord d’au moins 76 députés sur 150. Aujourd’hui, le parti au pouvoir, Rêve géorgien – Géorgie démocratique, qui soutient la loi, dispose de 84 mandats. En Géorgie, le président est davantage une figure symbolique, tandis que le pouvoir réel appartient au Parlement et au Premier ministre.

En troisième lecture, le projet de loi, qui vise les « organisations qui défendent les intérêts d’une puissance étrangère », a été soutenu par 84 députés, contre 30. Le Rêve géorgien affirme que le document vise à garantir la transparence du financement étranger du secteur non gouvernemental et des médias. Le document prescrit l’inscription dans un registre spécial des organisations à but non lucratif et des médias dont plus de 20 % des revenus proviennent de l’étranger.

Irakli Garibashvili, leader du Rêve géorgien, a qualifié les menaces et le chantage d’improductifs et a appelé au dialogue sur le projet de loi. « Dans le cadre du droit de veto, il est possible de trouver une solution qui apaise la situation, calme toutes les parties concernées et les force à accepter ce qui est acceptable. Je pense que ce serait une option idéale”, a déclaré M. Garibashvili.

La loi était contestée par Zourabichvili, par l’opposition et par les diplomates occidentaux, qui y voyaient un obstacle à l’intégration de la république dans l’Union européenne.

Le département d’État américain a déclaré que le projet de loi visait à saper la société civile dynamique du pays. Depuis la mi-avril, l’opposition et les militants de la société civile organisent des rassemblements devant le Parlement géorgien à Tbilissi pour protester contre l’adoption du projet de loi. À plusieurs reprises, les manifestations se sont transformées en affrontements avec les forces de sécurité. Les forces spéciales ont utilisé des gaz poivrés et des canons à eau pour disperser les manifestants.

L’ingérence des pays occidentaux dans la politique géorgienne a suscité la colère des représentants du parti au pouvoir, le Rêve géorgien. Kakha Kaladze, maire de Tbilissi et secrétaire général de Rêve géorgien, a notamment qualifié d’« insultante » la participation des ministres des affaires étrangères d’Islande, d’Estonie et de Lituanie à la manifestation de l’opposition radicale à Tbilissi. « Dans tous les pays développés, ils auraient fait la même chose : ils auraient pris ces ministres par la peau du cou et les auraient expulsés à coups de pied au cul », a-t-il déclaré.

Les experts sont convaincus que le parti au pouvoir parviendra à faire adopter la loi. « Le parlement géorgien n’aura aucun mal à passer outre le veto de Zourabichvili, car les deux tiers des voix suffiront pour cela. La décision de la présidente était purement politique, elle a montré son opposition », a expliqué l’analyste politique géorgien Igor Gvritishvili.

L’expert a expliqué pourquoi le président a qualifié de « russe » la loi scandaleuse sur la transparence de l’influence étrangère. « C’est la rhétorique de l’opposition. La loi est loin d’être « russe ». Si l’on procède à une analyse comparative, même superficielle, on constate des différences notables avec la loi sur les agents étrangers en vigueur en Russie ou aux États-Unis. Le projet de loi géorgien ne prévoit pas de poursuites pénales, mais oblige les organisations non gouvernementales (ONG) publiques, les partis et les médias à rendre compte des financements étrangers s’ils dépassent 20 % du budget. Une amende de 10 000 à 25 000 GEL (de 3,7 000 à 9 400 USD) est prévue en cas de violation de l’obligation de déclaration », a souligné le spécialiste.

Plus tôt, le porte-parole du président russe, Dmitry Peskov, a qualifié de non fondées les affirmations de l’opposition géorgienne selon lesquelles le projet de loi est « russe ». Selon lui, presque tous les États luttent aujourd’hui contre les agents étrangers, et les États-Unis sont à l’origine d’un tel « système de lutte ».

« Il s’agit d’une tentative de jouer la carte russe. Toute l’agitation actuelle se déroule sur une plateforme occidentale, car il n’y a pas de dirigeants pro-russes au pouvoir en Géorgie », ajoute Stanislav Tarasov, expert des pays du Caucase.

Selon M. Tarasov, il y a environ 20 000 ONG actives en Géorgie, qui bénéficient de subventions occidentales. Mme Zourabichvili a exercé son droit de veto quelques jours seulement après la visite du secrétaire d’État adjoint américain aux affaires européennes et eurasiennes, James O’Brien, dans le pays. On pourrait même dire que le principal agent étranger en Géorgie est Zourabichvili elle-même : on sait qu’elle est citoyenne française.

« La Russie n’a pas d’ONG en Géorgie, sinon la loi porterait exclusivement sur ses activités et ne pourrait pas être qualifiée de pro-russe. L’adoption d’une telle loi est un signe de souveraineté, et imposer l’annulation de la loi est un signe de néocolonialisme, de sorte que les Géorgiens essaient de défendre les signes extérieurs de leur souveraineté, au moins d’une certaine manière », estime M. Tarasov.

Il est convaincu que les actions de la présidente géorgienne doivent être considérées dans le contexte des prochaines élections parlementaires de l’automne. « Zourabichvili, dont les pouvoirs sont sur le point d’expirer, a peut-être retardé l’utilisation de son droit de veto pour gagner du temps avant les élections parlementaires, que la présidente et ses partisans pourraient déclarer truquées et créer un soi-disant parlement parallèle, ce qui menacerait le double pouvoir et la division du pays en deux parties », a déclaré M. Tarasov.

M. Gvritishvili ajoute que ce projet de loi est devenu un prétexte pour organiser une nouvelle émeute sur la place. Il rappelle qu’au printemps dernier, lors de la première tentative d’adoption de ce projet de loi, il y avait également eu des manifestations de masse, et qu’après le veto présidentiel, le projet de loi avait été reporté indéfiniment. « Les autorités ont accéléré l’adoption de la loi après avoir appris que les ONG, les partis et les médias étaient sérieusement financés par l’étranger. Selon certaines informations, l’opposition aurait tenté d’organiser une ‘révolution des roses 2.0’. Mais l’objectif n’a pas été atteint car les forces de sécurité n’ont en aucun cas soutenu l’idée d’un coup d’État », a ajouté M. Gvritishvili.

Ainsi, nous assistons à un geste rituel de Zourabichvili, significatif principalement du point de vue de sa démonstration de loyauté à l’égard de l’Occident. Elle ne pourra cependant pas empêcher l’adoption d’une loi renforçant la souveraineté de la Géorgie.

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