Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

L’Allemagne, dommage collatéral de la nouvelle guerre froide américaine

1 AVRIL 2024

Au-delà de l’Allemagne c’est l’Europe qui est la cible, la France y compris… Ceux qui ont joué la diabolisation de Poutine, et continuent tout en disant qu’il faut la paix, ne sont pas crédibles, si Poutine est coupable de tout, s’il est ce monstre d’extrême-droite qui doit perdre, etc.. etc.. leur discours sur la paix n’est que pipeau et compagnie surtout quand on se flanque comme référence Hubert Védrine. Si l’on veut la paix il faut avoir le minimum de courage d’oser dire ce qu’il en est de l’origine de toutes les guerres à savoir la stratégie des USA à laquelle la totalité du monde politique français est accro comme un alcoolique qui n’arrive pas à se sevrer même quand les conséquences sont là, dramatiques à commencer par l’Ukraine et l’OTAN, la “défense” européenne n’est qu’une manière d’augmenter la part du budget pour défendre le système US, les pays européens vont consacrer à l’armement aux dépends de tous leurs autres investissements, sociaux industriels, etc.. le tout livré au privé… sans que la “gauche” y trouve à redire. La gauche française elle est désormais en état de coma dépassé face à une telle incohérence. Les bellicistes “cohérents” ceux qui appuient l’impérialisme de Gaza, à Kiev en passant par Taiwan, Glucksmann et Hidalgo ont au moins pour eux la logique de la guerre et de notre ukrainisation, et c’est tout bénéfice pour une social-démocratie mitterrandienne et pour une extrême-droite qui apparait comme la seule force d’opposition “nationale” crédible en Allemagne comme en France. (note et traduction de Danielle Bleitrach)

PAR MICHAËL HUDSONFacebook (en anglais seulementGazouillerSur RedditMessagerie électronique

Source de la photographie : Maison Blanche – Domaine public

L’Allemagne, dommage collatéral de la nouvelle guerre froide américaine

Le démantèlement de l’industrie allemande depuis 2022 est un dommage collatéral dans la guerre géopolitique menée par les États-Unis pour isoler la Chine, la Russie et les pays alliés, dont la prospérité et l’autosuffisance croissantes sont considérées comme un défi inacceptable à l’hégémonie américaine. Pour se préparer à ce qui promet d’être un combat long et coûteux, les stratèges américains ont pris des mesures préventives en 2022 pour détourner l’Europe de ses relations commerciales et d’investissement avec la Russie. En fait, ils ont demandé à l’Allemagne de commettre un suicide industriel et de devenir une dépendance des États-Unis. Cela a fait de l’Allemagne la première et la plus immédiate cible de la nouvelle guerre froide américaine.

Lors de son entrée en fonction en janvier 2021, Joe Biden et son équipe de sécurité nationale ont déclaré que la Chine était l’ennemi numéro un des États-Unis, considérant son succès économique comme une menace existentielle pour l’hégémonie américaine. Pour éviter que ses opportunités de marché n’attirent la participation européenne alors qu’elle construisait sa propre défense militaire, l’équipe Biden a cherché à enfermer l’Europe dans l’orbite économique des États-Unis dans le cadre de sa campagne visant à isoler la Chine et ses partisans, dans l’espoir que cela perturberait leurs économies, créant une pression populaire pour qu’elle abandonne ses espoirs d’un nouvel ordre économique multipolaire.

Cette stratégie nécessitait des sanctions commerciales européennes contre la Russie et des mesures similaires pour bloquer le commerce avec la Chine afin d’empêcher l’Europe d’être balayée dans la sphère émergente de prospérité mutuelle centrée sur la Chine. Pour se préparer à la guerre entre les États-Unis et la Chine, les stratèges américains ont cherché à bloquer la capacité de la Chine à recevoir un soutien militaire russe. Le plan était d’épuiser la puissance militaire de la Russie en armant l’Ukraine pour entraîner la Russie dans un combat sanglant qui pourrait entraîner un changement de régime. L’espoir irréaliste était que les électeurs incrimineraient la guerre, tout comme à l’époque de la guerre en Afghanistan qui avait contribué à mettre fin à l’Union soviétique. Dans ce cas, ils pourraient remplacer Poutine par des dirigeants oligarchiques prêts à poursuivre une politique néolibérale pro-américaine. politiques similaires à celles du régime d’Eltsine. L’effet a été tout le contraire. Les électeurs russes ont fait ce que n’importe quelle population attaquée aurait fait : ils se sont ralliés à Poutine. Et les sanctions occidentales ont obligé la Russie et la Chine à devenir plus autosuffisantes.

Ce plan américain pour une nouvelle guerre froide mondiale prolongée avait un problème. L’économie allemande jouissait de la prospérité en exportant des produits industriels vers la Russie et en investissant dans les marchés post-soviétiques, tout en important du gaz russe et d’autres matières premières à des prix internationaux relativement bas. Il est évident que, dans des conditions normales, la diplomatie internationale suit l’intérêt national. Le problème pour les guerriers de la guerre froide américains était de savoir comment persuader les dirigeants allemands de faire un choix non économique d’abandonner son commerce rentable avec la Russie. La solution était de fomenter la guerre avec la Russie en Ukraine et d’inciter à la russophobie pour justifier l’imposition d’un vaste éventail de sanctions bloquant le commerce européen avec la Russie.

Le résultat a été d’enfermer l’Allemagne, la France et d’autres pays dans une relation de dépendance vis-à-vis des États-Unis. Comme les Américains décrivent par euphémisme ces sanctions commerciales et financières parrainées par l’OTAN dans un double langage orwellien, l’Europe s’est “libérée” de sa dépendance à l’égard du gaz russe en important du gaz naturel liquéfié (GNL) américain à des prix trois à quatre fois plus élevés, en se défaisant de ses liens commerciaux avec la Russie et en transférant certaines de ses grandes entreprises industrielles aux États-Unis (ou même en Chine) pour obtenir le gaz nécessaire à la production de leurs produits manufacturés et chimiques.

La participation à la guerre en Ukraine a également conduit l’Europe à épuiser ses stocks militaires. Elle est désormais contrainte de se tourner vers les fournisseurs américains pour se réarmer, avec des équipements qui n’ont pas donné satisfaction en Ukraine. Les responsables américains entretiennent le fantasme d’une invasion de l’Europe occidentale par la Russie. L’espoir n’est pas seulement de réarmer l’Europe avec des armes américaines, mais aussi que la Russie s’épuise en augmentant ses propres dépenses militaires en réponse à celles de l’OTAN. On refuse généralement de considérer la politique de la Russie comme défensive face à la menace de l’OTAN de perpétuer et même d’intensifier les attaques pour s’emparer de la base navale russe de Crimée, dans le but de réaliser le rêve de démembrer la Russie.

La réalité est que la Russie a décidé de se tourner vers l’Est dans le cadre d’une politique à long terme. L’économie mondiale est en train de se fracturer en deux systèmes opposés qui laissent les Allemands pris entre deux feux, leur gouvernement ayant décidé d’enfermer la nation dans le système unipolaire américain. Le prix à payer pour son choix de vivre dans le rêve américain de maintenir une hégémonie centrée sur les États-Unis est de souffrir d’une dépression industrielle. Ce que les Américains appellent la « dépendance » vis-à-vis de la Russie a été remplacée par une dépendance vis-à-vis de fournisseurs américains plus chers, tandis que l’Allemagne a perdu ses marchés russe et asiatique. Le coût de ce choix est énorme. Elle a mis fin à l’emploi industriel et à la production en Allemagne. Cela a longtemps été un soutien majeur du taux de change de la zone euro. L’avenir de l’UE s’annonce comme une dérive descendante à long terme.

Jusqu’à présent, le perdant de la nouvelle guerre froide a été l’Allemagne et le reste de l’Europe. La vassalité économique aux États-Unis vaut-elle la peine de renoncer à l’opportunité d’une prospérité mutuelle avec les marchés mondiaux à la croissance la plus rapide ?

Une version abrégée de cet article a été publiée dans L’édition du week-end du Berliner Zeitung.

Le nouveau livre de Michael Hudson, The Destiny of Civilization, sera publié par CounterPunch Books le mois prochain.

Et tout ça pour l’OTAN dont voici ici un résumé des actions vertueuses

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6 Commentaires

  • Bosteph
    Bosteph

    Je dirais “la totalité des partis politiques ayant pignon sur rue au seing des merdias” ! Reste 3 partis délibérément ignorés par la presse aux ordres : le PRCF, bien entendu, mais aussi l’ UPR et Solidarité et Progrès ; ces 3 partis ont un point de vue différent des partis “atlantistes”, et c’ est pourquoi on ne les voit pas dans la presse aux ordres !

    Au passage, info origine Gaza : un 2ème franco-tsahalien à été tué (mort de ses blessures), il était originaire de Bayonne . Info Twitter relayée par Hezbo 88, sur Réseau International.

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    • Gérard Barembaum
      Gérard Barembaum

      C’est quoi un “franco-tsahalien”?
      Décidément “l’antisémitisme est le socialisme des imbéciles ” (Auguste Bebel)

      Répondre
    • Gérard Barembaum
      Gérard Barembaum

      Si la paternité de cette phrase est contestée, sa justesse est , elle, incontestable..

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  • Sigrid
    Sigrid

    Merci pour les articles et vos commentaires , Mme Bleitrach, je les apprécie et j’ai beaucoup apprécié votre geste de déposer des fleurs au consulat de la Russie à cause de l’acte terroriste à Moscou. Je vous en remercie.
    Ce même article de Michael Hudson est apparu samedi dernier dans la “Berliner Zeitung”. Concernant la question de la paix, vous avez mis le doigt sur le problème, la diabolisation de M. Poutine. J’ai l’impression que c’est ce phénomène qui bloque la grande majorité de la Gauche – ils réclament la paix , mais ils souhaitent en même temps le départ de M. Poutine, et cela déjà bien avant l’intervention en Ukraine. Objectivement, on se demande pourquoi, car le choix du président c’est bien l’affaire du peuple russe. Certains disent qu’il serait autoritaire et non démocratique. D’abord, la Russie est une Fédération avec des états fédéraux d’une certaine autonomie. Puis c’est un système présidentiel comme la France, avec un Conseil Fédéral et l’Assemblée Nationale, la Douma. Avant d’intervenir au Donbass, M. Poutine l’a fait voter par la Douma, et quelques jours plus tard la Russie était déjà prête à négocier la paix . On sait pourquoi ca n’a pas abouti.
    Certains reprochent, que M. Poutine aurait installé le capitalisme, c’est faux, il était déjà installé avant par Gorbatchev/Eltsine. Au contraire, M. Poutine l’a fait reculer par la ré-nationalisation du secteur gaz et pétrole. Réinstaller le socialisme ? Ca aussi c’est l’affaire du peuple russe, et le temps venu, il va le réclamer.
    Revendiquer la paix ne peut être qu’un premier pas, après il faudrait un système de securité en Europe, sans l’Otan, en incluant la Russie.

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    • Falakia
      Falakia

      L’esprit , la conscience morale et la vérité même si cette dernière a ses ennemi nous obligent à penser et être solidaires des victimes innocentes qui subissent la violence , la mort par ces guerres et attentats .
      On diabolise Poutine pour ne citer ” USA
      et l’union Européenne ” , seulement un très grand nombre des États dans ce monde autant les nations ne suivent pas et n’imputent pas la faute à Poutine de provoquer des crises mondiales , sachant
      que des Chefs d’États Africains ont rencontré Poutine pour le maintien du blé et des céréales au continent Africain.
      A qui profite le crime ? Qui refuse la paix ?
      Voire le socialisme ?
      L’avantage de la politique de Poutine est le contrôle de toutes les industries militaro- industriel , et des sociétés privées pour éviter le capitalisme inhumain .

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  • Bosteph
    Bosteph

    Je suis désolé de vous avoir choqué, Monsieur BAREMBAUM, mais ce n’ était pas de “l’ antisémitisme” pour moi, mais juste du mépris pour l’ armée la plus immorale du monde – je n’ ose vous dire à qui/quoi je la compare . Par contre, j’ ai du respect pour des personnalités comme vous et Monsieur Rony BRAUMAN.

    A propos, comment ne pas avoir de mépris pour “les 4000” qui se vantent de leurs méfaits………..tout en parlant bien le Français ! Conséquence, dans les mondes musulmans, les appels à la vengeance contre “les Français” (en général !) se multiplient ! “Gros merci” à ces “4000” qui nous mettent une cible dans le dos.

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