Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les leçons de l’histoire ou le “facteur humain” dans l’exploitation de la guerre par les capitalistes… ou ce qu’il reste à espérer de ces élections européennes ?

Il faut relire les bonnes feuilles du big business avec Hitler pour apprécier à sa juste valeur ce que les capitalistes attendent aujourd’hui de l’Ukraine, et des tous les travailleurs en Europe. Et dans cette campagne des Européennes qui n’est que propagande, duperie, incitation à la haine gratuite, s’il y a un filet d’espoir il provient des luttes de ceux qui combattent la concurrence déloyale que le capital tente d’instituer entre les producteurs, travailleurs comme on le voit pour les paysans et pour d’autres professions. Bien sûr tout va être fait par les institutions, syndicats mêmes complices du capital pour ne pas dénoncer le big business et tenter sur le thème de l’immigration de diviser les travailleurs entre eux. C’est pour cela que le choix de la campagne de la liste communiste de dénoncer la mise en concurrence qui est derrière les propositions d’intégration de l’Ukraine, de la Moldavie à l’UE-OTAN est avec l’obstination à vouloir la paix une des rares perspectives qui ne témoigne pas de la totale soumission de la vie politique française à l’ignorance et à l’aliénation, digne de la propagande de Goebbels en son temps. C’est ce qu’est aujourd’hui l’ignoble consensus sur lequel les forces vendues au capital, la droite, l’extrême-droite qui attend son sponsor pour livrer son public haineux, mais aussi les vendus comme Glucksmann s’entendent . Cette sociale démocratie de Glucksman est la même que celle d’ Ebert et ses hommes de main, celle qui a été capable de massacrer les spartakistes, noyer Rosa Luxembourg et créer toutes les lois et décrets contre les syndicats de la république de Weimar. Celle qui a élu le président Hindenburg comme un moindre mal et qui a fait que le nazisme n’a eu qu’à cautionner sa politique quand malgré la défaite du parti nazi qui avait perdu plus de 2 millions de voix alors que les communistes en avaient gagné 700.000 l’a fait appeler au pouvoir. Hitler par le biais de Goering avait promis aux trusts allemands de leur livrer une main d’œuvre docile… Faut-il se désespérer que les communistes ignorent tout de cette histoire, qu’ils ne lisent plus de la base au sommet ou au contraire noter qu’il sont les seuls à voir encore le lien entre la guerre et les profits que le capital tire de l’exploitation au lieu de se perdre dans le communautarisme et autres reflets déformés de ce que veut en matière de division le capital qui d’ailleurs est souvent resté en place et détient les moyens d’information.

Auschwitz monowitz-IG Farben

Il faut bien mesurer que pour les Russes, la manière dont a été contrée en Ukraine la tentative de l’OTAN de dépecer la fédération de Russie comme l’a été l’URSS est un scénario bien connu, celui de la deuxième guerre mondiale rappelé ici mais aussi comme je tenterai peut-être de vous le faire connaitre la manière dont dès la défaite de l’Allemagne obtenue les impérialistes de l’Entente et des Etats-Unis avaient prétendu organiser le blocus et le démantèlement de la Russie, créant les conditions de ce qui a été présenté comme une guerre civile, alors même que comme je tenterai de vous le rappeler les 23-27 novembre 1918, les troupes françaises débarquaient à Sébastopol et à Odessa, l’Angleterre opérait dans le nord et dans les pays baltes, les Etats-Unis s’incrustaient en Pologne et avec l’aide de l’armée française (ce fut la première mission de De Gaulle) formaient des forces capables de faire jonction avec celles qui étaient lancées depuis la Sibérie et en Ukraine. Il faudrait comprendre comment à la manière de Tusk bien des actuels “dirigeants” européens et canadiens sont les enfants et petits-enfants de ces noyaux dits “nationalistes”, rapidement “collaborationnistes” de l’Allemagne nazie. L’URSS n’a jamais cessé d’avoir à lutter contre ces forces “nationalistes” que les Russes identifient comme nazies. Mais la nouveauté n’est pas d’avoir trouvé des alliés dans une pseudo-gauche mais dans le parti communiste qui a été peu à peu vidé de son essence…

Danielle Bleitrach

L’échec de la guerre éclair contre l’Union soviétique et les profits des trusts allemands… et autres…

L’échec de la “guerre éclair” contre l’Union soviétique empêcha le retour du front de millions de jeunes hommes et causa sur le “front interne” une pénurie de main d’œuvre. Le régime répondit à ce problème moins en envoyant les femmes à l’usine comme l’on faisait en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis qu’en faisant usage à grande échelle de travailleurs étrangers. L’industrie allemande “embaucha” au cours de la guerre au moins douze millions de ces travailleurs, et parmi eux figuraient des millions de civils et des prisonniers de guerre soviétiques ; de ces derniers la plupart n’ont pas survécu à cette expérience. Sur 5,7 millions, 3,3 millions moururent dans les camps.

Le grand avantage du point de vue des entreprises allemandes fut le travail forcé – relativement inefficace bien sûr, mais surabondant et bon marché, presque gratuit même – qui permettait admirablement de maximiser les bénéfices. Nous l’avons déjà évoqué et illustré par le cas d’IG Farben, dont les bénéfices augmentent en même temps que les coûts des salaires et des services sociaux baissaient ; l’entreprise gagnait, en pleine guerre, approximativement 1000 RM de plus par ouvrier par an qu’avant le début du conflit mondial.

La société Heinkel employait des détenus du camp de concentration d’Oranienburg. Siemens se servit notamment de femmes prisonnières à Ravensbrück. L’usine de Daimler Benz à Genshagen recruta dans le camp de Sachsenhausen et BMW avait comme partenaire le camp de Dachau. Mais le pire exemple est sans doute le camp d’extermination d’Auschwitz. A quelques kilomètres de ce camp avait été édifié une gigantesque usine, appelée Auxchwitz-Monowitz, un projet commun de la SS et d’IG Farben. Des milliers de détenus d’Auschwitz – surtout des juifs et des Roms, mais aussi des prisonniers de guerre soviétiques y ont trouvé la mort.

Considérons un instant le cas D’Auschwits-Monowitz dans le contexte de la guerre contre l’Union soviétique et le rôle de Deutschland AG dans cette guerre. Pour le régime nazi, la faillite du Blitzkrieg à l’est et, par conséquent, l’évaporation du rêve du pétrole caucasien, avait signifié une catastrophe militaro-stratégique et un présage de son propre trépas. Pour IG Farben, elle avait signifié la perte d’un important investissement. Cependant, pour le géant allemand de la pétrochimie, cette crise avait aussi créé de nouvelles possibilités de profits. Sans le pétrole soviétique, et sans le pétrole américain, l’Allemagne aurait désormais plus que jamais besoin de carburant et de caoutchouc synthétiques, produits qui étaient justement la grande spécialité d’IG Farben. Auschwitz Monowitz illustre l’intime collaboration entre l’Etat nazi, représenté par la SS, et le big business représenté par IG Farben, collaboration dont les deux côtés devaient tirer profit ; l’Etat nazi y obtient le carburant et le caoutchouc dont il avait besoin pour prolonger la guerre, et IG Farben y obtient la masse de main d’oeuvre presque gratuite requise pour produire – et pour réaliser des bénéfices ; que cette organisation entraînât la mort de centaines de milliers de juifs, prisonniers de guerre soviétique était voulu par les uns et tolérés par les autres.

Après l’échec de “la guerre éclair” devant Moscou en décembre 1941, Hitler et ses généraux savaient que l’Allemagne était condamnée à perdre la guerre. Et après la gigantesque bataille de Stalingrad, perdue par l’Allemagne au cours de l’hiver 1942-1943, tout le monde le sut.

(1) Jacques Pauwels ; big business avec Hitler, éditions Delga (pp 114 à 116)

visite de l’usine…

La suite c’est bien sûr la tentative des “élites” allemandes pour éviter d’être entraînées dans la chute d’Hitler et la manière dont certains militaires ont feint de s’y opposer tandis que les capitalistes s’entendaient avec leurs homologues occidentaux pour poursuivre de manière de plus en plus ouverte leur croisade contre l’URSS qui n’a donc de 1917 à 1991 pas connu un instant de paix et les Russes ont conscience aujourd’hui d’être confrontés aux mêmes. (note de Danielle Bleitrach histoireetsociete)

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3 Commentaires

  • Daniel Arias
    Daniel Arias

    Ils sont très forts pour faire croire que le multipartisme et la démocratie permettent l’expression du pluralisme des idées et la défense du bien commun.

    Les documents historiques sont pourtant de plus en plus nombreux à décrire ce que déjà observaient les communistes d’avant la liquidation et en particulier ceux qui avaient fondé le PCF en rupture avec la Social Démocratie de la SFIO comme ceux qui avaient participé à la résistance, le texte de Croizat publié ici même montre qu’ils avaient une pleine conscience de ce qu’allait devenir l’UE comme concrétisation du plan Marshall lui même le produit de la collaboration plus ou moins acceptée entre les bourgeoisies États-uniennes, Allemandes, Britanniques et Françaises.

    Un point commun réuni tous ces acteurs leur classe sociale bourgeoise grande comme petite tant que leur talent permet de soumettre le travailleur, les petits bourgeois des petites entreprises comme les cadres et les classes moyennes servant de caution à cette “démocratie” pour soumettre la grande masse des travailleurs divisés et trompé à tour de rôle par ceux qui assurent le spectacle et garantissent la pérennité des profits.

    Ces mêmes classes moyennes qui réécrivent l’Histoire et organisent l’ignorance et le dégoût parmi les couches populaires.

    Combien de temps encore va-t-on nous faire croire que nous allons nous libérer avec cette classe qui a maté la Révolution Française en 3 ans pour porter partout la guerre impérialiste et toujours faire payer les travailleurs ?

    Le peuple ne croit plus en rien et ceux qui votent encore se trompent de colère ou s’imaginent encore vivre dans un pays puissant.

    Ça fait bien les affaires des plus riches qui nous disent maintenant “c’est fini la gratuité”, finit l’école, la santé “gratuite” ? Fini les services publics financés déjà par notre travail il faudra encore payer des profits supplémentaires ?

    Même sur la lutte pour la défense des services publics du bien du peuple la gauche est minable et nous raconte des conneries.

    L’UE n’est qu’une organisation mafieuse, anti démocratique et irréformable n’est ce pas ce que nous portions lors de la campagne de 2005 contre le TCE ?

    La seule solution est la sortie du capitalisme ce qui passera inévitablement par la fin de l’UE, de l’OTAN et de la classe bourgeoise dans son ensemble.

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  • Gérard Barembaum
    Gérard Barembaum

    Chère Danielle, j’ai été très ému par ton récit de l’assassinat de ton oncle Raymond par les fascistes lituaniens. J’ai dans mon ADN une gratitude profonde pour l’union soviétique qui a sauvé la vie de mes parents et de tant d’autres juifs. Mon père était né dans la partie de l’Ukraine dominée par l’État semi-fasciste polonais et libérée par l’armée rouge à l’automne 1939. Incorporé au moment de l’invasion nazie, il fut par la suite envoyé comme ouvrier soudeur à Krasnoiarsk en Sibérie. Il y rencontrera ma mère, jeune étudiante, juive de Varsovie, réfugiée avec toute sa famille . Ces juifs de Varsovie avaient réussi à fuir vers la zone soviétique avant qu’il ne soit trop tard. Toute la famille a vécu en Sibérie, étudiant et travaillant dans une complète égalité de droits. Et surtout en sécurité. Reconnaissance éternelle au pays des soviets, même si les relations entre certains juifs soviétiques et le pouvoir furent loin d’être simples par la suite en raison, notamment, de la dégradation des relations avec l’Etat d’Israël. Honte à Glucksman et ses sbires qui chaussent les bottes anti russes des bandéristes et autres pogromistes! No pasaran!
    Fraternellement et affectueusement.

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