Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

La mort de Staline

Nous sommes en train de crever en France d’alignement sur ce que l’événement manipulé par des spécialistes de la chose crée de grotesque, de dérisoire, nous interdisant de penser, d’intervenir. Il semble que les élections aboutissent à une sorte de surenchère dans l’imbécilité à tous les sens du terme (sottise et absence de protection) auquel est voué le citoyen (sic) non seulement dans l’actualité mais dans la mémoire elle-même. Il est clair que tout est fait avec la complicité plus que trentenaire des dirigeants communistes français pour d’abord créer une équivalence Communisme (égale Staline) et nazisme (égale Hitler). Mais cela ne suffit plus le nazisme trouve des défenseurs dans les “égarés” que l’on réintègre alors qu’on continue à vilipender le “totalitarisme” stalinien qui lui s’est incarné dans la Chine, Poutine, l’adversaire d’aujourd’hui. Il en sera ainsi tant que par manque de courage, ignorance, les communistes français laisseront à un Mélenchon l’honneur de refuser l’antisoviétisme. En attendant le retour de l’intelligence et de l’honneur, nous nous contenterons de publier les textes qui apportent des informations d’autres partis communistes qui eux ont la chance d’oser aborder le passé. (note de Danielle Bleitrach traduction de Marianne Dunlop)

https://gazeta-pravda.ru/issue/23-31516-56-marta-2024-goda/smert-stalina/

N° 23 (31516) 5-6 mars 2024

Auteur : Alexandre Nikolaïevitch DOUGUINE, Docteur en Histoire

Chacun de nos lecteurs possède probablement son propre dossier médical, dans lequel les notes des médecins, les résultats des tests, les prescriptions, les diagnostics, etc. sont consignés dans l’ordre chronologique. Le lecteur peut-il imaginer une situation fantastique dans laquelle son dossier médical personnel serait délibérément corrigé par un inconnu, modifiant ainsi les indications objectives initiales, les diagnostics, l’évolution des pathologies et l’ordre de traitement des maladies ? Il semble que si quelqu’un veut répondre à cette question par l’affirmative, il aura besoin d’arguments très sérieux pour le faire. En effet, pourquoi devrions-nous modifier le dossier médical ? D’autant plus si le patient est, malheureusement, décédé ?

Pourquoi posons-nous des questions aussi étranges ? Tout simplement parce que leur absurdité ne semble telle que jusqu’au moment où l’on ouvre le dossier médical de …

Joseph Staline, que l’écrivain-historien I.I. Tchiguirine a étudié avec le plus grand soin. L’autorisation de publication lui a été donnée par les proches de Staline encore en vie.

  Logiquement, note Ivan Tchiguirine, nous devrions voir dans ce dossier médical les réponses les plus détaillées aux questions posées au début de notre article : quelles analyses du patient Staline ont été faites, où et quand, les diagnostics, les recommandations des médecins, enfin, bien sûr, comprendre quelles sont les causes de la mort du patient ? Et pas n’importe quel patient, mais un homme qui a longtemps exercé un pouvoir politique colossal sur un immense pays et qui a parfois pris des décisions politiques historiques dépassant le cadre de l’Union soviétique.

La première impression que l’on a en consultant le dossier médical de Staline est la perplexité face à l’apparence des documents qui y sont conservés : presque tous ont été renumérotés, recousus et retirés à plusieurs reprises. On peut constater qu’après la mort du dirigeant, l’histoire de la maladie [ou anamnèse, NdT] de Staline a été corrigée à la fois par les médecins et le personnel des archives.

Essayons maintenant d’examiner de plus près les documents qui ont survécu. Les premiers dossiers des médecins remontent aux années 20 du siècle dernier : rien de grave, sauf, peut-être, un dossier d’intervention chirurgicale pour une appendicite. D’ailleurs, ce dossier n’a attiré l’attention que parce que Staline y est désigné par le patronyme, non pas de “Vissarionovitch”, mais “Illarionovitch”. Rien d’anormal donc, l’opération s’est déroulée sans complications. En revanche, le fait que, pour toute la période d’avant-guerre, un seul électrocardiogramme de Staline ait survécu, suscite la perplexité. Pourquoi cette “perplexité” ? Tout simplement parce que, dès les années 1930, de nombreux fonctionnaires du Kremlin ont subi des examens médicaux réguliers et que leur dossier médical contient beaucoup plus de résultats d’examens médicaux, y compris d’électrocardiogrammes, que celui de Staline lui-même.

L’un des premiers points d’interrogation dans l’étude des antécédents médicaux de Staline apparaît presque automatiquement lorsque l’on examine les dossiers relatifs au début du mois de décembre 1946. « Dans les derniers jours précédant le 6 décembre, le camarade Staline a ressenti une indisposition générale. Dans la nuit du 6 décembre, après un refroidissement important, la température est montée à 39,0 ; en même temps, il y a eu des douleurs (à l’estomac – A.D.), des nausées et une faiblesse générale, et à ces phénomènes se sont bientôt ajoutées des diarrhées, atteignant jusqu’à 14 fois par jour ».

Auparavant, Staline n’avait jamais eu de tels symptômes. Le docteur N.A. Kipshidze, spécialiste en médecine interne, est appelé pour le soigner et ne peut manquer de procéder aux examens appropriés.

Cependant, du dossier médical devant contenir les résultats de ces tests, il ne reste que des traces sur une feuille sur laquelle le médecin a écrit sa conclusion. Le fait même que des documents aient été retirés de l’histoire de la maladie n’indique qu’une chose : sur l’histoire de la maladie ne pouvaient “travailler” que des personnes partageant les mêmes idées, qui ont conduit Staline à la mort en 1953 et ne voulaient pas laisser de traces de leur crime. C’est peut-être en 1946 qu’ils ont tenté pour la première fois d’assassiner Staline. Nous expliquerons un peu plus loin pourquoi nous disons “la première”, mais il nous semble que ce sont précisément des documents susceptibles d’indiquer une tentative d’empoisonnement de Staline qui ont été retirés du dossier médical.

L’entrée suivante dans le dossier médical, qui a attiré notre attention, se rapporte à la fin du mois de mars 1947 : « Malaise général… Diarrhée jusqu’à 20 fois par jour pendant les 10 premiers jours de la maladie… » En tout et pour tout, la maladie a duré jusqu’à la fin du mois de juillet. N’est-ce pas étrange : une banale intoxication alimentaire qui dure plus de quatre mois chez le chef de l’État ? Pendant cette période de maladie de Staline, parmi ses médecins traitants, se trouvait le docteur V.N. Vinogradov. Celui-là même qui, en 1942, en tant que thérapeute en chef du Kremlin, refusa un examen approfondi de Mikhaïl Kalinine. Deux ans plus tard, lors d’une opération, on découvrit que Kalinine était atteint d’une tumeur cancéreuse avec des métastases dans le foie. L’opération était alors dénuée de perspectives médicales et le patient est décédé en 1946.

Alexandre Chtcherbakov, qui souffrait d’une maladie des vaisseaux cardiaques, devait observer un repos au lit, mais ses médecins traitants, suivant les recommandations du même Dr V.N. Vinogradov, lui permirent de mener une vie active, et en mai 1945, Chtcherbakov mourut subitement. En 1948, le même V.N. Vinogradov s’oppose catégoriquement au diagnostic correct (infarctus du myocarde), posé par Lydia Timashuk concernant le patient Jdanov. Andrei Jdanov, tout comme Chtcherbakov, a continué à mener un style de vie assez actif, ce qui l’a finalement conduit à la mort.

Il convient d’ailleurs de noter que le 27 mars 1953, le professeur V.N. Vinogradov écrivait à L.P. Beria : « Il faut tout de même admettre qu’A.A. Jdanov a eu une crise cardiaque, et le fait que les professeurs Vasilenko, Egorov, les docteurs Mayorov et Karpai et moi-même l’ayons nié a été une erreur de notre part. En même temps, nous n’avons pas eu d’intention malveillante en établissant le diagnostic et la méthode de traitement ».

Tchiguirine demande : « En est-on vraiment sûr ? »

Et maintenant, nous allons tenter de répondre à la question : « Pourquoi assassiner Staline ? ».

Malheureusement, le format de l’article ne nous permet pas de raconter en détail toutes les “bizarreries” de l’histoire de la maladie de Staline. C’est pourquoi nous proposerons au lecteur les plus choquantes de toutes les “étrangetés”.

Par exemple, d’après les résultats des quatre mois de maladie de Staline en 1947, il a été diagnostiqué qu’il souffrait d’une maladie chronique de l’estomac. Or, aucune des 43 (quarante-trois) analyses effectuées pendant sa maladie ne l’indiquait. Fait surprenant et nouvellement découvert : pour les quatre mois de la maladie, qui s’est accompagnée de diarrhées sanglantes répétées, seules les analyses des trois premiers jours ont été conservées dans l’historique de la maladie. Où sont les autres ? N’ont-elles pas été retirées de l’histoire médicale pour dissimuler la véritable cause de la maladie ?

Et comment, du 7 avril au 29 juillet 1947, Staline, prétendument atteint d’une maladie infectieuse, a-t-il pu dans son bureau du Kremlin consacrer 58 jours à des réceptions, rencontrant 554 visiteurs soviétiques et étrangers ? Et aucun d’entre eux n’a été infecté ? Les médecins traitants de Staline, dont le susmentionné V.N. Vinogradov, lui ont permis, on ne sait pourquoi, de travailler avec une tension artérielle constamment élevée (190/100). Et pourquoi un tel “traitement de faveur” pour un patient malade a-t-il été accordé, sans qu’aucune étude ECG n’ait été conservée dans les antécédents médicaux ? Ou, plus vraisemblablement, ont-ils été retirés plus tard ?

Une maladie presque similaire a été observée chez Staline en août 1950 à Sotchi. Là encore, hypertension artérielle, diarrhée sanglante fréquente. Encore une infection ? Comme l’a fait remarquer à juste titre Tchiguirine, de même qu’en 1946 et 1947, Staline ne souffrait pas de dysenterie et il suppose donc à juste titre que la cause des fortes douleurs d’estomac, des vomissements sanglants et des selles fréquentes est un empoisonnement par une substance chimique inconnue. L’absence d’électrocardiogrammes pour cette période renforce ce soupçon, d’autant plus que l’écoute du cœur et l’hypertension artérielle sont mentionnées dans les dossiers de chaque maladie.

Seuls quatre électrocardiogrammes ont été conservés dans le dossier médical de Staline, le premier datant de 1926 et les trois derniers des jours précédant la mort de Staline. Les autres électrocardiogrammes du dossier médical ont été supprimés, probablement pour qu’ils ne puissent pas être comparés à ceux qui sont actuellement disponibles. Pour les spécialistes, il est clair que les ECG saisis auraient été très utiles pour déterminer les causes des vomissements et diarrhées sanglants de Staline en 1946, 1947 et 1950, puisque la recherche médicale fondamentale établit un lien direct entre les empoisonnements et les troubles du système cardio-vasculaire.

Parlons maintenant un peu plus de ces trois ECG de Staline avant sa mort. Leurs copies ont été montrées à plusieurs médecins contemporains ayant plus de vingt ans d’expérience en cardiologie. Une autre “étrangeté” inexplicable a été constatée. Si les descriptions des indicateurs ECG, faites par les médecins en 1953, affirment que les changements dans le cœur de Staline se sont produits dans la paroi postérieure du ventricule gauche, TOUS les experts modernes ont conclu que les altérations se sont produites dans la paroi apicale et antérolatérale. Comment comprendre cela ?

Dans les années qui ont suivi la mort de Staline, les idées des médecins sur l’emplacement des parois antérieure et postérieure du ventricule gauche du cœur n’ont pas pu changer. Par conséquent, dans l’histoire de Staline, quelqu’un a fabriqué de faux cardiogrammes ! Qui a pu faire cela et quand ? Les médecins traitants indépendants de Staline ne pouvaient pas commettre une telle falsification, ils étaient trop attachés à leur réputation professionnelle. Mais dans ce cas, une question légitime se pose : qui, parmi les dirigeants politiques de l’époque, a pu forcer des médecins à commettre une infraction officielle et à remplacer les transcriptions de vrais ECG par des faux ?

Le docteur en sciences médicales Sigismond Sigismundovitch Mironine note des détails très importants sur le traitement de Staline dans les derniers jours de sa vie :

« La date à laquelle les enregistrements ont été réalisés (ou falsifiés) soulève de sérieuses questions. Par exemple, l’enregistrement de l’état du patient le 5 mars à 16 heures précède celui de midi. Pourquoi réorganiser les entrées ? On peut supposer qu’ils ont oublié de faire une entrée à 12 heures et qu’ils l’ont ajoutée plus tard. Mais pourquoi certaines entrées du 3 mars viennent-elles après certaines entrées du 5 mars ? Il est possible que le journal ait été réécrit après le 26 juin 1953, lorsque Beria n’était plus en vie. Comment les signatures ont-elles été fabriquées ? Elles ressemblent beaucoup aux vraies. Les a-t-on forcés, intimidés, trompés, disant que tout ça avait été fait par Beria, qui avait tué Staline, et que l’on n’était pas encore autorisé à le dire au peuple ? Jusqu’à présent, nous ne pouvons que spéculer ».

Dans le « Dossier des brouillons de prescriptions médicales et des horaires de service pendant la dernière maladie de Staline » se trouve une « prescription de procédures pour les 5 et 6 mars 1953 ». Elle devait être exécutée par les infirmières Panina, Vasina, Demidova et Moiseïeva.

Le 5 mars à 20 h 45, l’infirmière Moiseïeva administre au mourant une injection de gluconate de calcium – c’est la première et la dernière injection de gluconate de calcium administrée à Staline pendant toute la durée du traitement de sa dernière maladie. Une heure et cinq minutes plus tard, la même Moiseïeva signera qu’elle a injecté de l’adrénaline au patient, également la première pendant toute la durée du traitement. Et déjà, la toute dernière pour Staline : quelques secondes plus tard, il meurt. L’infirmière savait-elle que l’adrénaline, qui provoque des vasospasmes, est absolument contre-indiquée dans le cas d’une personne en état critique ? Qui lui a donné cette instruction ou était-ce sa propre initiative ?

La rédaction de l’ « Histoire de la maladie, compilée sur la base des comptes rendus quotidiens sur l’évolution de la maladie de Staline », a été confiée au professeur Loukomski. Au cours de son travail, il a réécrit à plusieurs reprises certaines parties de ce document, en modifiant la formulation. Par exemple, en ce qui concerne les événements du 5 mars 1953, le professeur a d’abord noté : « Le patient a connu à plusieurs reprises des phénomènes de défaillance cardiovasculaire aiguë (collapsus), qui pouvaient dépendre dans une certaine mesure de l’hémorragie gastrique. …. Loukomski ». L’hémorragie gastrique est d’ailleurs l’un des symptômes d’un empoisonnement grave.

Un peu plus tard, cette dernière formulation a été modifiée par Loukomski, qui l’a remplacée par : « …dans une certaine mesure, cela pourrait dépendre de l’hémorragie gastrique ». Dans la troisième révision, le professeur a biffé les mots “pourrait” et “dans une certaine mesure” et a écrit à la place : « dans une large mesure dépendait de l’hémorragie gastrique ».

Cependant, en juillet 1953, déjà après l’arrestation de Beria, le consilium des médecins a corrigé son collègue, approuvant le texte suivant : « Le 5 mars 1953, le patient a présenté des phénomènes répétés de collapsus, qui dépendaient dans une certaine mesure d’une hémorragie gastrique ». Plus loin dans le même texte, au lieu de la phrase écrite par Loukomski : « Cependant, la tension artérielle a continué à se maintenir à un niveau élevé jusqu’à l’apparition du collapsus du 5 mars dû à l’hémorragie gastrique », le texte suivant est apparu : « Cependant, la pression artérielle a continué à rester à un niveau élevé jusqu’à ce que le collapsus se produise le 5 mars ».

La troisième version de juillet de l’anamnèse a également été supprimée, ainsi que la phrase qu’elle contenait à l’origine, selon laquelle « l’hémorragie gastrique a contribué à des crises répétées de collapsus, qui se sont terminées par le décès ».

L’ « acte d’examen anatomo-pathologique » note : « Le contenu de l’estomac est un liquide de couleur noire d’une quantité de 200 centimètres cubes. De multiples petits points noirs-rouges, facilement détachables à l’aide d’un couteau, ont été trouvés sur la muqueuse de l’estomac. Après leur élimination, la muqueuse de l’estomac présente de petites dépressions en pointillés. La muqueuse gastrique est lissée. La muqueuse du duodénum présente les mêmes caractéristiques. Au sommet des plis du jéjunum supérieur, la muqueuse présente de petites hémorragies ponctuelles. Les mêmes hémorragies sont également observées à certains endroits de l’intestin grêle. Dans la lumière de l’intestin grêle, on observe une masse dense de couleur vert foncé, qui devient noire dans le reste de l’intestin. La muqueuse de l’intestin grêle est intensément colorée par cette masse semi-liquide de couleur noire à certains endroits… ».

Qu’en dites-vous, ami lecteur? Avez-vous besoin d’autres preuves de la mort violente de Staline ?

Dans l’abondante littérature consacrée à Staline, plusieurs noms de dirigeants du pays de l’époque, susceptibles d’avoir participé à l’organisation de son assassinat, sont mentionnés. Parmi ces personnages figurent les noms de Beria, Khrouchtchev, Boulganine, Mikoïan et quelques autres. Notre conviction profonde est que Lavrenti Beria doit être exclu de la liste des suspects. Cette conviction ne repose pas sur des affects, mais sur des faits, convaincants à nos yeux.

Tout d’abord, depuis 1946, Beria n’avait aucune relation directe avec les forces de l’ordre, puisqu’il s’occupait du projet atomique et de la construction des célèbres gratte-ciel de Moscou en tant que vice-président du gouvernement.

Deuxièmement, il ne pouvait pas participer au remplacement des personnes qui assuraient la garde de Staline tout au long de ces années. Ignatiev était à la tête du MGB et son premier adjoint était Serov. Tous deux étaient des hommes non pas de Beria mais de Khrouchtchev qui, en tant que secrétaire du comité central du parti, supervisait à la fois le ministère de l’Intérieur et le MGB.

Troisièmement, Staline avait de nombreux griefs contre Ignatiev et Serov dans le cadre de l'”affaire de Leningrad” et de l'”affaire des médecins” organisées par le MGB. Le 2 mars 1953, il est donc décidé de fusionner le ministère de l’Intérieur et le MGB en un seul ministère, qui sera dirigé par Beria. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé le 5 mars 1953, 1 heure et 10 minutes avant la mort de Staline.

Beria n’a pas pu participer à la falsification de l’histoire de la maladie après la mort de Staline pour une autre raison, mais très significative et tragique : le 26 juin 1953, il a été écarté de la scène politique pour le fait que, peut-être, il était proche de démêler la véritable cause de la mort de Staline. Lors d’une réunion du Présidium du Comité central du PCUS, le 2 mars 1953, la question de l’arrestation d’Ignatiev devait être soulevée. Cet ancien ministre de la sécurité d’État de l’URSS aurait livré sans problème son complice et dans l’histoire serait resté à jamais Khrouchtchev assassin de Staline et non pas le “bourreau Beria”…

Voici une autre citation tirée de l’ouvrage de Mironine :

« Il est impossible de passer sous silence le fait que le texte dactylographié de la conclusion a été, comme nous l’avons déjà mentionné, compilé quelques jours après l’assassinat de Beria, le 26 juin 1953. Nous nous attarderons plus tard sur le fait que Beria n’a pas été arrêté, mais tout simplement tué, et que son “dossier” a été falsifié alors que Beria était déjà mort. C’est alors que quelqu’un de très puissant au sein de la direction du Kremlin a décidé ou a eu l’occasion de détruire le dossier médical officiel et le journal médical afin d’éliminer les preuves que Staline avait été tué à dessein sous le couvert d’un traitement médical.

La personne qui a donné l’ordre de détruire des documents de ce niveau disposait sans aucun doute d’un pouvoir très important, voire suprême, au sein de l’État. Il ne fait aucun doute que la destruction de documents aussi importants est un crime d’État grave. De telles choses ne sont pas faites pour le plaisir. Il ne peut y avoir qu’une seule explication : les documents du dossier médical de Staline ont été détruits pour dissimuler un autre crime, plus grave. Je pense que les falsificateurs n’ont pas supposé que quelqu’un enquêterait si rapidement (dans une perspective historique) sur la mort, ou plutôt l’assassinat de Staline.

Quelles preuves les documents médicaux peuvent-ils cacher ? C’est évident pour quiconque se représente de près ou de loin le travail d’un médecin. Dans le cas présent, il s’agit des causes de la mort du patient. Si elles sont naturelles, il n’est pas nécessaire de les détruire. Mais s’il s’agit d’un homicide, alors le dossier médical des symptômes divergera fortement du tableau clinique des événements naturels. Et là, il s’agirait de l’assassinat non pas du premier venu, mais du chef de l’État, c’est-à-dire d’un coup d’État ».

Poursuivons la citation de Mironine :

« Comme le montre le journal manuscrit, au chevet de Staline se trouvaient des médecins qui, à l’époque, représentaient la fine fleur officielle non seulement de la médecine soviétique, mais aussi de la médecine mondiale.

Le message gouvernemental du 3 mars indique que le traitement du camarade Staline a attiré les meilleures forces médicales : le professeur-thérapeute PE Loukomski, les membres titulaires de l’Académie des sciences médicales de l’URSS – le professeur-neurologue NV. Konovalov, le professeur-neurologue I.N. Filimonov, le professeur-neurologue R.A. Tkachev, le professeur-neurologue I.S. Glazounov, le professeur-thérapeute A.L. Miasnikov, le professeur-thérapeute E.M. Tareev, le professeur-thérapeute associé V.I. Ivanov-Neznamov.

On pourrait croire que si ces sommités de la médecine ne pouvaient rien faire, il n’y avait aucune chance de sauver le patient. Cependant, en y regardant de plus près, il apparaît clairement que cette impression a été créée à dessein et qu’en réalité, presque tous les médecins impliqués n’étaient pas des spécialistes dans le domaine de la médecine nécessaire au traitement du patient.

Ainsi, le seul relativement compétent dans le domaine médical nécessaire pour sauver Staline parmi tous les “spécialistes” était Loukomski, un expert en cardiologie. Les autres, à l’exception du mystérieux Ivanov-Neznamov, jouaient le rôle de professeurs d’opérette, de potiches, dont l’utilité réelle était inférieure à celle d’un auxiliaire médical de campagne.

Pour le traitement de Staline sont convoqués rien moins que des directeurs d’instituts de recherche, des chefs et des responsables de départements. Par la suite, la Commission a été renforcée par des personnalités aussi précieuses que le nouveau ministre de la santé A.F. Tretiakov, ancien directeur de l’Institut de recherche sur les thérapies thermales, et le nouveau chef du département médical et sanitaire du Kremlin I.I. Koupérine, qui s’occupait jusqu’alors principalement d’affaires économiques.

Tous ces prétendus médecins n’ont même pas pris la peine d’examiner le patient ! Ils s’installaient dans des pièces voisines et, comme en témoigne la fille de Staline, Svetlana Allilouïeva, “tenaient séance” sur la meilleure façon de soigner Staline. Il faut être très prudent avec les souvenirs des témoins oculaires, mais ici il est difficile de ne pas être d’accord avec Svetlana – il n’y a aucun document attestant d’examen médical, et il n’y en a même pas au début, où il y a des descriptions des symptômes. En fait, il s’agit au moins d’un manque flagrant de professionnalisme, à la limite du crime – même si le médecin n’est pas un spécialiste dans le domaine concerné, il est simplement obligé d’examiner le patient et d’interroger d’autres personnes. Comment peut-on traiter une maladie sans voir le patient ?

Ce qui est très révélateur, c’est que parmi les médecins, étaient absents non seulement les médecins personnels de Staline – Vinogradov et Préobrajenski, mais aussi des médecins qui étaient censés se rendre immédiatement au chevet du dirigeant en cas de maladie : le chef du département médical et sanitaire Egorov, emprisonné avec Vinogradov ; le ministre de la santé de l’URSS Smirnov – disparu juste à la veille de la maladie de Staline, remplacé par Tretiakov, qu’aucun des médecins ne connaît et qui ne connaît non plus aucun des spécialistes.

Il est intéressant de constater que, ces dernières années, tout a été fait pour recoller les morceaux de l’hypothèse de la “mort naturelle” de Staline, qui s’effondre. L’un de ses principaux éléments est l’affirmation selon laquelle, par exemple, le Lechsanupr (Service médical du Kremlin) était assuré par de mauvais médecins. Tout cela parce que le personnel médical, qui veillait sur la santé du Chef, était sélectionné, disons, principalement sur la base d’une loyauté inconditionnelle.

Dans ce but sont diffusées des histoires sur les erreurs des médecins du Kremlin. G. Kostyrtchenko, par exemple, écrit : « Il convient de noter en particulier que sous Staline, la qualité des soins médicaux offerts aux plus hauts dignitaires, qui faisait partie de ce que l’on appelle le “groupe spécial”, était loin d’être idéale, c’est le moins que l’on puisse dire. Dans la célèbre “clinique du Kremlin”, comme ailleurs, régnait l’esprit mortifère de la hiérarchie bureaucratique, du corporatisme, de l’omerta, avec toutes les conséquences de cette situation ».

Veuillez prêter attention à la manière classique d'”argumentation” des anti-staliniens – une série d’affirmations non fondées. Il y a celle sur “l’esprit mortifère” qui régnait “partout”, bien que les documents de l’époque montrent une image fondamentalement opposée : une activité très élevée de la société et un enthousiasme prononcé. Et l’idée qu’un groupe de dirigeants du pays, spécialistes de la gestion de la plus haute classe, soit représenté par une bande de dégénérés qui ne peuvent pas comprendre qu’ils sont soignés par une bande de charlatans. Les dirigeants du pays étaient-ils fous ?

Les professeurs du Lechsanupr avaient acquis leur vaste expérience en travaillant dans divers endroits et seulement ensuite invités à travailler au Kremlin. Je suppose que leur expérience s’est immédiatement évaporée après cela ? Non, les personnes qui font de telles affirmations sont des manipulateurs malhonnêtes.

Kostyrtchenko donne des exemples de bourdes évidentes commises par des médecins du Kremlin. Ainsi, le professeur P. Egorov a envoyé l’ancien ministre du contrôle d’État Léon Mekhlis, qui souffrait d’une insuffisance cardiaque, en Crimée au cours de l’été 1952. À l’époque, le voyage était considéré comme contre-indiqué pour une telle maladie. Quelques mois plus tard, Mekhlis est décédé (il avait 63 ans). La même erreur a été commise par le professeur M. Vovsi, qui a envoyé le maréchal en chef des forces blindées N. Fedorenko, souffrant d’une maladie cardiaque, à Sochi pour y être soigné. Fedorenko est mort à l’âge de 51 ans.

À la liste de G. Kostyrtchenko peut être ajouté le docteur R. Ryjikov, qui, le 9 mai 1945, a obéi aux souhaits de son patient – un fonctionnaire du parti de grande envergure, Chtcherbakov – et l’a autorisé à quitter le sanatorium pour une journée à Moscou afin d’assister aux célébrations, mais le lendemain, Chtcherbakov est décédé ! Nous pourrions condamner le médecin si nous n’imaginions pas ce qu’a été le jour de la Victoire pour l’homme qui a donné toutes ses forces pour rapprocher ce jour.

Kostyrtchenko donne un autre exemple : l’académicien Vinogradov, outre son travail de médecin à l’hôpital du Kremlin, a été chef du département du premier institut médical de Moscou, rédacteur en chef de la revue “Archives thérapeutiques”, chef du département d’électrographie de l’institut de thérapie et a occupé plusieurs autres postes administratifs. Tous les autres accusés dans l'”affaire des médecins” étaient incroyablement surchargés de tâches d’enseignement, éditoriales et scientifiques…. Mais en fin de compte, la médecine en tant que science est en constante évolution, il est nécessaire d’étudier en permanence – les professeurs ne disposaient pas d’un temps de vie et d’une énergie suffisants pour se perfectionner.

Le lecteur devrait en conclure que l’académicien Vinogradov ne savait pas soigner. Cependant, nous avons devant nous un exemple typique de falsification des faits et de supercherie : il ne découle nullement de ce qui a été écrit que Vinogradov, qui a réellement exercé, était un mauvais médecin.

Il cite également le cas de Joukov : selon les mémoires du Dr Tchazov, dans la “clinique du Kremlin” où le maréchal à moitié mort a été amené, un consilium de professeurs l’avait condamné à l’unanimité à une mort inévitable, et c’est seulement pour cette raison que le chirurgien cardiaque novice Tchazov a été autorisé à prendre un risque et à appliquer une méthode de traitement spéciale (le maréchal devait mourir de toute façon, il n’y avait donc aucun risque pour qui que ce soit) – et le jeune médecin a ramené Joukov de l’autre monde ! Tout cela, cependant, est connu par les paroles et l’interprétation de Tchazov lui-même. Il est loin d’être certain que les choses se soient passées ainsi dans la réalité.

… Apparemment, le véritable médecin traitant de Staline en mars 1953 était toujours Koulinitch. Nous avons une preuve documentaire directe – une prescription dans le dossier médical – et indirecte : les souvenirs du gardien Rybine. Comme l’a établi Tchiguirine, le Dr Koulinitch n’était pas un auxiliaire médical – c’est l’un des mythes selon lesquels “Staline était soigné par des auxiliaires médicaux”, comme les “démocrates” aiment à le raconter. En 1943, Koulinitch a soutenu sa thèse de doctorat et était connu comme un médecin très expérimenté.

Cependant, en mars 1953, le médecin traitant de Staline était un modeste thérapeute, Ivanov-Neznamov, tandis que le Dr Koulinitch, expérimenté et très instruit, a été exilé à Ijevsk, sans aucune raison valable et sans aucun lien avec “l’affaire des médecins” en cours à l’époque. Comme tout cela est étrange !

Quelle est la cause de la mort de Staline ? Voici ce qu’écrit le célèbre pathologiste, le docteur en médecine Mironine : « Le dicoumarol [dicoumarine  dans la terminologie russe, NdT] n’est pas de la mort aux rats. Il entre dans la composition du dipyridamole. La tâche consistait à transformer une petite hémorragie cérébrale, qui se forme souvent à la suite d’un coup à la tête, en une grosse hémorragie. Il s’agissait de la faire ressembler à un hématome lors de l’autopsie. Il était prévu que Staline ne soit pas tué immédiatement, mais qu’il reste en vie mais handicapé pendant un certain temps, jusqu’à ce que Boulganine, premier adjoint de Staline, soit consolidé au pouvoir. Khrouchtchev n’était pas du tout envisagé. Il était cinquième sur la liste des chefs. D’ailleurs, après la mort de Staline, il est tombé encore plus bas – il est devenu sixième. Regardez les chefs qui montent sur le podium du Mausolée le 1er mai 1953. Mais la dicoumarine est capricieuse. Le coup a été brutal, provoquant un hématome important, sans formation d’une cavité dans le cerveau, mais dans des zones vitales. Staline était paralysé parce que l’hématome avait comprimé la voie pyramidale.

La manipulation de la coagulation sanguine est attestée par des analyses sanguines portant sur la coagulation et l’hémorragie gastrique. Le foie est également hypertrophié. La dicoumarine déprime considérablement la fonction hépatique en bloquant le transport des facteurs de coagulation dans les cellules hépatiques et leur libération dans le sang.

Staline a ensuite été délibérément maintenu dans un coma douloureux. On lui a injecté des solutions salines sous la peau (!!!!), bien que les injections intraveineuses fussent connues depuis longtemps. On lui a régulièrement administré du camphre sous la peau, ce qui est très douloureux. On lui a administré le très douloureux sel de potassium de pénicilline. Son liquide céphalo-rachidien n’avait pas été analysé pour détecter la présence de sang dans les membranes cérébrales. Son fond d’œil n’a pas été examiné pour vérifier s’il y avait de l’hypertension. Aucun infarctus du myocarde n’a été constaté à l’autopsie. Les modifications aortiques ne correspondaient pas à celles observées en cas d’hypertension et d’athérosclérose. Je prépare un doctorat sur la morphologie artérielle dans l’hypertension. Ses artères présentaient des stries graisseuses, comme celles d’un enfant. Le plus intéressant est que l’autopsie de Staline a été pratiquée par un homme qui, en fait, a été pris dans la rue et ne comprenait rien à l’embaumement, et que les deux principaux spécialistes (le père et le fils Zbarsky) ont été suspendus. Zbarsky senior s’est retrouvé en prison. En outre, le dissecteur en chef de Staline s’est soudainement rendu à Prague pour embaumer Gottwald et n’est pas revenu avant longtemps, alors qu’il était nécessaire d’embaumer le corps de Staline. Apparemment, le corps de Staline était trop abimé et c’est pourquoi il n’y en a pas une seule photo. »

Le professeur Loukomski, connu dans les cercles médicaux comme un spécialiste très qualifié et un homme très honnête et décent, a noté dans l’histoire médicale que les phénomènes d’insuffisance cardiaque aiguë chez Staline “dépendaient en grande partie d’hémorragies gastriques”.

Cependant, les modifications apportées au dossier médical de Staline se sont poursuivies même après sa mort. La formulation de Loukomski ci-dessus a été remplacée par une autre : « Cependant, la pression artérielle a continué à se maintenir à un niveau élevé jusqu’au 5 mars, date à laquelle l’effondrement s’est produit ».

Mironine note : « La leucocytose de Staline augmentait, et sans déplacement significatif de la formule leucocytaire vers la gauche, en l’absence de réactions inflammatoires dans les poumons et d’inflammation du péritoine, ce qui suggère l’idée que l’on a utilisé pour l’empoisonner soit du dicumarol, soit de la warfarine ».

Mironine, dans le cadre de notre travail commun sur ce chapitre, a demandé à souligner un autre aspect, purement médical : Staline avait un foie fortement hypertrophié – un autre signe de la présence de poisons dans l’organisme.

Or, il est catégoriquement impossible de faire des injections simultanées de cytion, de camphre et de caféine à une pression sanguine aussi élevée. C’est exactement comme cela que des médecins tueurs auraient agi.

Dans le rapport d’autopsie, il est écrit que « de nombreuses hémorragies dans le muscle cardiaque, dans la muqueuse de l’estomac et des intestins… sont la conséquence de l’hypertension ». C’est un non-sens total, note Mironine, il n’y a pas d’hémorragies dans les organes vitaux en cas d’hypertension.

Pour notre article, Mironine a donné une explication très importante : « L’hypertension de Staline n’est pas confirmée par l’étude du fond de l’œil. Les artères de type musculaire sont très solides. Une hémorragie par fuite des capillaires est impossible, car l’hypertension elle-même est causée par la contraction des arthrioles et la haute pression n’atteint pas les capillaires. L’hémorragie cérébrale elle-même est peu probable sans la présence d’un anévrisme artériel, car l’onde de pouls ne passe pas dans le cerveau : toutes les artères alimentant le cerveau passent par le canal osseux rigide et ne peuvent pas augmenter leur diamètre à cet endroit. L’annulation des injections de pénicilline le 5 mars semble étrange et non motivée ».

L’absence d’hypertension chez Staline est également attestée par son écriture en 1952 (un an avant sa mort), alors qu’il travaillait sur le manuscrit de l’article “Problèmes économiques du socialisme”. Tout lecteur qui sait que l’hypertension affaiblit considérablement les capacités motrices peut s’assurer que les capacités motrices de Staline étaient normales en comparant l’écriture de Staline en 1935 et en 1952.

Mironine, se référant à l’ancien directeur du laboratoire du Mausolée, l’académicien S.S. Debov, et au rapport d’autopsie, note avec surprise et perplexité que « l’autopsie n’a pas vérifié la glande thyroïde, l’hypophyse, les glandes sexuelles, la cavité buccale, la langue, les amygdales, l’œsophage, le larynx et la trachée ». En d’autres termes, les médecins n’ont pas vérifié les organes qui pourraient immédiatement indiquer que l’empoisonnement est la cause de la mort de Staline. Les entorses médicales, si je puis dire, ne se sont pas arrêtées là. Selon les règles en vigueur à l’époque, les organes des membres décédés du Politburo et du Comité central du Parti devaient être conservés dans du formol pendant 7 ans. Les organes internes de Staline, décédé pour une “raison inconnue”, ont été incinérés, et le cerveau, immédiatement après la mort du dirigeant, a été prélevé et… a disparu ! Autre bizarrerie : les médecins savent qu’il faut au moins deux semaines pour effectuer une analyse histologique ; pourtant, un jour après la mort de Staline, le 7 mars, le rapport médical final sur les causes de son décès a été publié. Pourquoi une telle précipitation ? Les médecins n’avaient pas à se dépêcher dans ce cas, ce qui signifie que quelqu’un parmi les politiciens a donné l’ordre de cacher les indices dès que possible.

Mironine, analysant les données relatives à l’évolution de la maladie de Staline, parvient à une conclusion sans équivoque : Staline a été empoisonné.

L’élimination physique de Staline était profitable à deux forces : l’opposition politique intérieure et les oligarques occidentaux. En 1947, Staline prend une mesure plus dangereuse pour le système financier occidental que la bombe atomique : en URSS, le rouble est rattaché à la base-or. En avril 1952, une réunion économique internationale s’est tenue à Moscou. Dans un langage moderne, les participants ont discuté des moyens possibles de créer une monnaie internationale, indépendante du dollar américain. Le rouble pourrait devenir une monnaie mondiale alternative au dollar, ce que l’Occident ne pouvait pas permettre. (Un exemple récent : Mouammar Kadhafi, qui avait l’intention de créer un “dinar d’or”, a été massacré sous les yeux du monde entier). Comme vous le savez, en 1961, Khrouchtchev a procédé à une réforme monétaire qui a réduit de moitié le taux de change du rouble par rapport au dollar, une mesure très favorable pour le système financier américain.

Pour éliminer Staline, le président américain Truman a créé le Psychological Strategy Board en juin 1951. Il crée un groupe de travail chargé d’étudier la possibilité d’écarter Staline du pouvoir. La solution à ce problème est envisagée par le “Plan for Stalin’s elimination”. (Plan pour la disparition de Staline du pouvoir.)

Une autre chose. La nomenclature du parti avec la démission de Staline du poste de secrétaire général du comité central, qu’il a annoncée lors du plénum du comité central après le XIXe congrès du parti, perdait le pouvoir. Staline concrétise ainsi son idée de longue date selon laquelle le Parti ne doit s’occuper que des questions idéologiques et toutes les tâches économiques doivent être transférées aux soviets. Avec ce plan de Staline, le destin de la bureaucratie du parti était prédéterminé. Mais la nomenklatura du parti, en la personne de Khrouchtchev et d’Ignatiev, l’a devancé : il a été tué.

N’oublions pas qu’en décembre 1952, Staline a proposé de nommer au poste de président du Conseil des ministres de l’URSS l’un de ses adjoints, P.K. Ponomarenko, ancien premier secrétaire du comité central du parti communiste de Biélorussie et chef d’état-major des forces partisanes dans l’ensemble du pays. En fait Staline désignait son successeur.

Presque tous les membres du Présidium et les secrétaires du Comité central soutiennent cette proposition. Seuls G.M. Malenkov, L.P. Beria, N.A. Boulganine et N.S. Khrouchtchev n’ont pas voté en sa faveur. Ce sont eux qui rendent visite à Staline dans la nuit du 28 février au 1er mars. Bien que les invités se séparent pacifiquement de leur hôte, le lendemain, Staline est retrouvé inconscient. Après une longue et pénible agonie, Staline meurt dans la soirée du 5 mars.

Quelques mots pour conclure cet article. Des sources très autorisées nous apprennent qu’il existe encore, dans des entrepôts spéciaux, une autre histoire de la maladie de Staline, aussi étrange que cela puisse paraître, qui, pour des raisons évidentes, reste inaccessible à la plupart des chercheurs. Néanmoins, un historien célèbre a réussi à prendre connaissance de cette histoire. S’exprimant sur la station de radio Govorit Moskva le 30 mars 2014, il a affirmé qu’en 1950, Staline avait subi trois attaques cérébrales et s’était donc pratiquement retiré. L’introduction de ce cas historique dans la circulation scientifique pourrait clarifier davantage la question du retrait physique de Staline.

En outre, des recherches supplémentaires sur le cerveau de Staline, qui devrait également avoir été conservé dans des conditions spéciales, permettraient de clarifier considérablement et probablement définitivement la question des raisons pour lesquelles Staline a cessé de vivre.

Print Friendly, PDF & Email

Vues : 616

Suite de l'article

8 Commentaires

  • Trannoy
    Trannoy

    A Voir
    Connaitre, comprendre l’autre : Le russe

    https://www.youtube.com/watch?v=Ka9KeaTN6aw&list=PLitx9zXoRqGki4mjVNff1f-tzqoTDgIdJ

    Répondre
  • Falakia
    Falakia

    Je suis une grande lectrice de ( Hannah Arendt ) et sa pensée sur le totalitarisme
    reste d’actualité dans notre monde – ci .
    Le travail de Arendt sur le totalitarisme comme elle le dît de son vivant , et en l’écrivant concerne uniquement le Nazisme ses crimes contre l’humanité en Allemagne et dans toute l’Europe .
    Arendt sur l’union soviétique et sur Staline avait dît qu’elle n’assimilait pas , et
    ne comparaissait pas l’horreur du nazisme avec le communisme de Staline , et a rajouté que Staline fait peut-être du mal à sa société comme d’autres États qui font du mal à leurs sociétés en Afrique , Amérique latine , Asie

    Répondre
  • Etoilerouge
    Etoilerouge

    Arrndt ne fournit aucune preuve concrète concernant la direction de Staline,elle est pourtant maquée avec un philosophe allemand et nazi
    Ses propos assimilant le colonialisme à Staline démontre qu’elle ne sait ni cue qu’est le colonialisme ni ce qu’est l’URSS.

    Répondre
    • Falakia
      Falakia

      Permettez moi de répondre .
      Arendt a dît qu’elle a une connaissance partielle sur le régime , l’État et le Parti en Union soviétique .
      Elle évoque le colonialisme britannique , de la France , de l’Allemagne .
      Quant a sa liaison avec Heidegger , ce n’est pas la faute d’une jeune fille juive , étudiante de 18 ans si son professeur Heidegger tomba amoureux d’elle .
      Mais Arendt lorsqu’elle a su que Heidegger avait sa carte d’adhérent du Part Nazi , elle avait prit ses distances .
      Et elle a répondu dans ses écrits à l’ouvrage de Heidegger sur ” l’être et le Temps ” , en lui disant que ” l’être c’est la pluralité ” .

      Répondre
  • Nicolas
    Nicolas

    Je n’ai pas lu Arendt, car il faudrait plus de temps malheureusement que je n’en dispose, pour lire tous ses écrits et cerner ainsi complètement sa démarche intellectuelle.
    Par contre, j’ai lu le livre d’Emmanuel Faye, philosophe et universitaire français : “Arendt et Heidegger, la destruction dans la pensée”, paru en 2020 chez Albin Michel. Lui a étudié la totalité de l’œuvre des deux personnages, et voici les premières lignes de la 4ème de couverture : “Hannah Arendt est connue pour sa critique du totalitarisme. Elle défend néanmoins sans réserve Heidegger à partir des années 1950. Celui-ci a pourtant publié, en 1953, un éloge de la” vérité interne et grandeur” du mouvement nazi. Une étude approfondie des écrits d’Arendt apparaît donc nécessaire, pour déterminer jusqu’à quel point elle s’est mise dans les pas de celui qui a entrepris de “démanteler la philosophie” […]”.

    Répondre
    • Falakia
      Falakia

      Que voulez vous que je dise .
      Hannah arendt si elle était en vie aurait apporté sa vérité et ses arguments à l’argument de l’intellectuel Emmanuel Faye.
      Personnellement , Monsieur , je ne m’intéresse pas à la vie amoureuse d’Heidegger avec Arendt .
      ce qui m’intéresse ce sont la pensée et les concepts de Arendt sur la bureaucratie , l’impérialisme , le colonialisme , sur l’opinion publique , sur la démocratie etc……
      Je sais qu’arendt avait demandé des explications à Heidegger pour son silence politique en 1933 et son égarement avec sa carte d’adhérent au Parti Nazi , et qu’elle lui avait dît : Pourquoi n’as – tu pas quitté l’Allemagne Nazi comme l’a fait ( Karl Jaspers )

      Répondre
  • Falakia
    Falakia

    Je vais répondre à la pertinence , le souci de la remarque à raison que fait Emmanuel Faye , sur Heidegger qui démantèle la philosophie .
    Certes Heidegger est un philosophe mais dans sa pensée un certains vide , une inconsistance via une faiblesse de responsabilité .
    Sur la philosophie il s’agit de liberté existentielle avec ses critères de la scientificité rigoureuse ce qui échappe selon moi à Heidegger qui ce dernier ne cesse de développer dans son Dasein une sorte de théologie de la parole poétique .
    Heidegger tout comme Nietzsche ne sont pas des modèles à suivre .

    Répondre
  • Falakia
    Falakia

    Une dernière chose Monsieur Emmanuel Faye a vu juste sur Heidegger .
    Mais Emmanuel faye a tout faux sur la pensée d’arendt et sur ses travaux.
    D’ailleurs Arendt avait répondu au Dasein d’Heidegger , qui pour Arendt signifie la condition humaine.
    Madame Hannah Arendt , a raison pour son souci au monde qui dît : qu’il appartient aux éducateurs , l’école pour les nouveau – nés en leurs disant : voici notre monde .
    Tout comme l’oeuvre d’Heidegger ” l’être et le Temps ” , et Arendt y a donné sa version que l’être c’est ” nous ” .

    Répondre

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.

La modération des commentaires est activée. Votre commentaire peut prendre un certain temps avant d’apparaître.