Histoire et société

Dieu me pardonne c'est son métier

Les troupes fascistes et terroristes formées en Ukraine ne sont que la pointe de l’iceberg

L’affaire du Daguestan et la forte réaction du Kremlin à des événements considérés non seulement comme “antisémites” mais révélateurs de la manière dont les Etats-Unis entretenaient en Ukraine et dans le Moyen Orient comme en Asie centrale et en Afrique des foyers d’extrême-droite, ont une fois de plus laissé voir les enjeux réels des guerres par procuration impérialistes. Comment l’Ukraine était depuis longtemps un des lieux de formation et d’approvisionnement du terrorisme international que les Etats-Unis et l’occident prétendent combattre ce qui leur permet d’installer eux mêmes des forces armées et des bases qui en fait ont pour finalité d’empêcher tout mouvement d’indépendance nationale et en particulier ceux dirigés par des communistes et des progressistes. Le trafic de drogue, d’armes et de pétrole fait partie du système. Les banderistes ukrainiens sont ceux qui forment dans tout le Caucase et même en Europe les terroristes “islamistes” comme les “suprématistes blancs”. Rien de nouveau dans ce recrutement multiforme de “combattants” qui peuvent retourner comme un boomerang vers leurs expéditeurs. Un livre est enfin publié dont son auteur, il y a 35 ans déjà, le journaliste Christopher Simpson [décrit que] cette “politique de Libération du bolchevisme”, concept puisé à l’arsenal sémantique du IIIe Reich, avait nécessité l’embauche américaine (britannique et française), précoce et systématique, de criminels de guerre, nazis allemands et collaborateurs du Reich dans toute l’Europe occupée, URSS comprise. (1)

Les héros de la liberté (le libéralisme) ou les troupes russes

Comme les faits affleurent nous commençons à avoir droit à des reportages sur les “héros” qui se battent du côté sanctifié par la propagande de l’Otan à savoir le régime ukrainien avec sa tête d’affiche Zelensky.

Ainsi en est-il avec ce reportage de l’AFP qui décrit la manière dont des opposants russes à Poutine prennent les armes en Ukraine.

Dans un ravin sablonneux près de Kiev, la capitale ukrainienne, des soldats en tenue de camouflage apprennent les rudiments de la guerre. Ils sont Russes et sont venus pour se battre contre leurs concitoyens. Ces hommes appartiennent à une nouvelle unité, formée d’une cinquantaine de Russes et dénommée “Bataillon sibérien”, intégrée au sein de l’armée ukrainienne.

“J’ai pris la décision de me rendre en Ukraine dès que possible, pour lutter contre la Russie, contre le régime de (Vladimir) Poutine, contre l’impérialisme”, explique l’un des combattants, qui se fait appeler “Gretcha” (sarrasin en russe).

La guerre en Ukraine a attiré des volontaires étrangers de tous horizons. La plupart servent dans la Légion internationale — dont le Bataillon sibérien fait partie — intégrée à l’armée ukrainienne, et dont il existe des bureaux de recrutement à Paris n’est rien d’autre qu’une officine fascisante recrutée sur des bases qui ne le sont pas moins et dont certaines recrues ne se sont pas cachés d’aller suivre un entraînement dont la finalité est la reconquête armée de son propre pays pour le nettoyer…

Le visage couvert, les combattants qui s’entraînent ne souhaitent pas dévoiler leur vrais noms. Le groupe compte à la fois des Russes de souche, opposants de longue date au régime de Moscou, et des membres de groupes ethniques minoritaires de Sibérie. Le Bataillon sibérien n’est pas la seule unité de Russes qui combattent avec l’Ukraine. Au printemps dernier, deux autres formations ont fait parler d’elles après de brèves incursions à la frontière russe : le Corps des volontaires russes, qui a des liens avec l’extrême droite et les hooligans, et la Légion de la liberté de la Russie.


Sous couvert d’anonymat, le porte-parole de la Légion internationale ne dit pas comment les Russes entrent en Ukraine, indiquant simplement que certains viennent en petits groupes et d’autres seuls. “Nous ne les faisons pas venir dans des coffres de voiture”, assure-t-il. “Il ne s’agit pas de passages illégaux. C’est tout à fait légal”, insiste le porte-parole. Les recrues sont sous contrat militaire, et il n’y a pas de prisonniers de guerre, ajoute-il.

“Gretcha”, est né en Crimée, péninsule ukrainienne annexée par la Russie en 2014, mais a vécu principalement à Moscou, où il était auxiliaire médical. “Nous devons libérer l’Ukraine, la patrie où je suis né en Crimée, c’est mon rêve”, dit l’homme, dont les opinions politiques sont “plus libérales qu’en Russie actuellement”.

Il a participé aux manifestations de l’opposition russe contre la guerre, mais les a jugées “inutiles”. “En Russie, il y a actuellement une dictature dont je suis évidemment très mécontent, même si elle ne m’affecte peut-être pas concrètement”, explique “Gretcha”. “Je ne suis pas en prison, je ne suis pas un agent étranger mais j’ai l’impression que l’Etat donne moins de liberté pour ses citoyens. Tôt ou tard, ce sera un grand camp de concentration, et c’est déjà le cas”, poursuit-il.Il a quitté la Russie en 2022, a cherché à entrer en Ukraine, mais “au début, il n’y avait aucune organisation, il n’y avait aucune information sur la manière d’entrer”, relate-il. Après être resté dans des pays sans visa pour les Russes, vivant souvent sous une tente, il a finalement trouvé une organisation appelée Conseil civique, dont le site internet recrute pour le Bataillon sibérien, à Varsovie. Selon “Gretcha”, l’organisation a accepté son transit avec sa femme. “J’ai passé du temps à attendre dans des pays tiers et, à un moment merveilleux, ils m’ont écrit que nous pouvions sortir, ils ont fourni l’itinéraire et ainsi nous sommes entrés en Ukraine”, raconte la recrue.

Ses parents ne savent pas qu’il s’est engagé: “Ils ont des points de vue différents sur cette guerre. Nous avons parlé de ce sujet à maintes reprises et nous nous sommes disputés à chaque fois.”

Un autre combattant, “Chved” (Suédois), affirme de son côté avoir quitté la Russie il y a plus de dix ans, “en raison de persécutions politiques”, et vivre en Suède depuis 2011. “J’ai participé pendant longtemps à des activités antigouvernementales et anti-Poutine, et j’ai été contraint d’émigrer”, dit-il, en se qualifiant d'”anarchiste”.
Parmi les autres Russes qui ont rejoint le Bataillon sibérien, figure notamment le militant anti-Kremlin Ildar Dadin. “Dans cette guerre, l’Ukraine se tient du côté de la liberté du peuple”, assure “Chved”, qui a commencé à combattre l’été dernier, dans une autre unité.

“Ce qu’il faut faire maintenant, c’est parvenir à la défaite de la Russie de Poutine”, dit-il, en espérant que cela déclenchera un changement politique en Russie et au Bélarus, son allié. “Et pour cela, nous avons besoin de la victoire de l’Ukraine.”

Notons que ces gens-là ne déparent pas en matière de “héros” libéraux mode Navalny qui s’est fait connaitre pour sa haine des peuples d’Asie centrale qu’il proposait d’écraser comme des cafards. Comme ces libéraux proposent d’en finir non seulement avec Poutine mais avec l’opposition communistes et qu’eux mêmes ne représentent dans toute la fédération de Russie que moins de 5% des opinions populaires on voit le projet démocratique que leur “opposition” porte. Si les libéraux prétendent recruter un maximum chez les bobos de Moscou et saint Petersbourg ces gens là tablent sur d’autres couches de la population, les voyous et hooligans des terrains de foot comme en Ukraine où le maïdan a représenté une sorte de rencontre entre ces deux populations avec le savoir faire et les moyens de la CIA.

Il est stupéfiant mais pas étonnant que la gauche européenne, celle qui avait déjà renoncé au combat de classe se soit retrouvée en principal soutien de ces dupes petits bourgeois et de ces brutes fascistes unis contre tout ce qui peut de près ou de loin ressembler au communisme mais le fait a été. Sur le modèle des démocrates aux Etats-Unis, le mitterrandisme, l’eurocommunisme a mythifié ces révolutions de couleur, comme les mêmes ont renversé le sens des printemps arabes.

Nous sommes à peine en train de mesurer le contenu réel des processus qui sont à l’œuvre derrière la multiplication des foyers de guerre, avec partout des leurres symboliques et une hystérisation des enjeux.

Si depuis ce qui s’est passé au Canada avec la mise en évidence d’une nazification des élites y compris gouvernementales depuis la deuxième guerre mondiale a été peu commenté par les médias, il existe une abondante littérature sur la question en particulier anglo-saxonne et l’on sait que la dénazification officiellement prescrite par les accords tripartites de Yalta et de Postdam a été remplacée par l’embauche massive des nazis spécialistes de la lutte anticommuniste. C’est pour cela que la “nazification” de l’Ukraine ne saurait être limitée à ces folkloriques bataillons. Ils en sont cependant le révélateur, la pointe visible d’un iceberg périodiquement révélé à l’occasion de tel ou tel événement mais qui est aussitôt passé sous silence au profit d’un discours consensuel sur la “démocratie” et ses vertueux héros.

Danielle Bleitrach

(1) Le Boomerang américain

29.00€

«Le Boomerang américain atteint enfin le public francophone après 35 ans de censure de fait et ce, dans une conjoncture internationale, la guerre russo-ukrainienne ou plutôt la guerre Russie-OTAN, que sa lecture éclaire. Son auteur, le journaliste Christopher Simpson [décrit que] cette “politique de Libération du bolchevisme”, concept puisé à l’arsenal sémantique du IIIe Reich, avait nécessité l’embauche américaine (britannique et française), précoce et systématique, de criminels de guerre, nazis allemands et collaborateurs du Reich dans toute l’Europe occupée, URSS comprise. Les services de renseignements américains, dominés par l’Office of Strategic Services (OSS, ancêtre de la Central Intelligence Agency, CIA) lié au département d’État et par le Counterintelligence Corps (CIC) du secrétariat à la Guerre, savaient tout, quand ils engagèrent ces criminels, allemands et “européens”, de leurs activités: ils avaient depuis 1941 consigné par écrit le moindre détail du palmarès sanglant, à travers le continent européen, des organisateurs, exécutants et tortionnaires de massacres et reconstitué leur cursus d’avant-guerre, déjà éloquent. Ces dossiers et listes interminables comportaient des millions de noms, allemands et “européens”, consignés dans l’immense registre américain de la “recherche des criminels de guerre” (Central Registry of War Criminals and Security Suspects, Crowcass).

[…]

On dispose avec cette traduction d’un des meilleurs descriptifs des manifestations mortifères de la russophobie pendant une guerre d’extermination et dans l’après-guerre, où l’État vainqueur du Reich nazi redevint l’ennemi n° 1 de “l’Occident” chrétien. Comme la connaissance de l’histoire socio-économique et politique plus longue, Le Boomerang américain aidera ses lecteurs à bannir l’actuelle problématique obligatoire des délires de l’“empire russe” sur un “nazisme” ukrainien prétendu imaginaire. Sa publication, dans la terrible conjoncture actuelle, tombe à pic. »

Annie Lacroix-Riz (préface)

Christopher Simpson

Après une première carrière dans le journalisme d’investigation, puis un séjour à l’Institut des études politiques de Washington comme chercheur invité, il entre en 1992 à l’université américaine de Washington, dans son École de communication. Il y fait toute sa carrière, et prend sa retraite en 2019. Christopher Simpson est membre du conseil consultatif scientifique de plusieurs commissions fédérales américaines sur les spoliations nazies et l’application de la loi sur la divulgation des crimes de guerre nazis. Son œuvre lui a valu six prix, en histoire, en littérature, et pour la qualité ses recherches.

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4 Commentaires

  • Etoile rouge
    Etoile rouge

    Lisez et faites lire ce livre camarades et honnêtes gens. Voilà que j’apprends que le PCF va manifester contre l’antisémitisme ds un unanimisme avec les atlantistes de droite extrême droite,racaille social démocrate,écologistes réactionnaires verts de gris fauteurs de guerre,anticommunistes,racistes,soutenant des régimes néos nazis en Ukraine,antisémite en Pologne du sieur walesa,antisémite notoire, violent avec les femmes, son église polonaise de même bref les occidentalistes capitalistes de l’UE, l’OTAN qui détruisent les libertés, exploitent sans vergogne et non sans violences les travailleurs juifs ou non, soutiennent ou ont soutenu les islamistes en Afghanistan,contre la Yougoslavie, contre la Syrie légale, en lybie,fomentent des blocus ignobles menacent des peuples libres. Si le PCF manifeste il doit le faire à part de ces tortionnaires capitalistes . On ne peut lutter contre l’antisémitisme hors de l’égalité pour ts les peuples femmes et hommes. Ces régimes et ces partis en st l’antithèse. On ne peut lutter contre l’antisémitisme avec les exploiteurs et ceux qui soutiennent des néos nazis en Amérique latine, en Ukraine, à Paris, qui ns précipitent ds la guerre.

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  • marc6henri.broussaudier@gmail.com
    marc6henri.broussaudier@gmail.com

    Juste un petit extrait du livre, page 260
    En 1948, “à Lutsk, en Ukraine occidentale, par exemple, les guérilleros OUN/UPA concentraient leurs forces pour contrecarrer les efforts soviétiques pour établir des fermes collectives. Leur pratique selon un rapport du renseignement américain dépéché de Moscou, était d’identifier les paysans qui avaient accepté de rejoindre les fermes d’état. “Cette même nuit”, a câblé à Washington l’attaché militaire, les guérilleros de l’OUN “sont apparus dans les maisons de ces personnes et ont coupé les bras que les paysans avaient levés lors de la réunion [de ferme collective] pour signifier leur accord”.”
    On y apprend que les états unis ont fournis à ces “guérilleros” de l’OUN des hélicoptères, des jeeps, des grenades, des uniformes, bien après 1945.
    Un autre extrait, page 405 :
    “La première utilisation systématique d’ assassinats, de coups d’ État, de filières d’ évasion et de subversion a commencé, pour les Américains, en travaillant avec des agents de l’Axe à la suite de la seconde guerre mondiale”
    Cet excellent livre a été écrit au début des années 80.

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  • Trannoy
    Trannoy

    Interrogation ? La lutte nécessaire contre l’antisémitisme n’est t’elle pas devenu le cache sexe derrière lequel s’abritent TOUS CEUX porteurs de racisme à l’égard de TOUS les autres (Palestiniens, musulmans, russes, chinois, africains, latino… etc. Là le RN ne s’y est pas trompé.

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  • Nicolas
    Nicolas

    Bonjour,
    je suis en train de le lire après celui du colonel David Glantz sur la guerre germano-soviétique. Même maison d’édition. Instructif, et on se dit qu’on a du retard à rattraper dans notre pays…

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